Le plus grand défi en matière de droits fondamentaux

Les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale et donc la moitié de son potentiel. L’égalité des genres, en plus d’être un droit humain fondamental, est essentielle à la mise en place de sociétés pacifiques dotées d’un plein potentiel humain et d’un développement durable. De plus, il a été démontré que l'autonomisation des femmes stimule la productivité et la croissance économique.

Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à la pleine égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes, estime ONU-Femmes , l'entité des Nations Unies chargée de promouvoir l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes. Il est primordial de mettre fin aux multiples formes de violences basées sur le genre et d'assurer aux femmes et aux filles, aux hommes et aux garçons, un accès à une éducation et à une santé de qualité, à des ressources économiques et de leur garantir une participation à la vie politique. Il est également primordial d'assurer l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi et aux postes de direction et de prise de décision à tous les niveaux.

L'égalité des genres est plus importante que jamais si nous voulons créer des économies prospères et une planète saine. Cependant, nous sommes confrontés à un défi majeur : la nécessité d'investir 360 milliards de dollars supplémentaires par an pour combler le fossé en matière d'égalité des genres d'ici à 2030.

Pour inverser cette tendance, le Secrétaire général des Nations Unies a identifié cinq domaines clés qui nécessitent une action commune : Investir dans les femmes, mettre fin à la pauvreté, mettre en œuvre un financement tenant compte de la dimension de genre, passer à une économie verte et à une société de soins et soutenir les féministes qui font bouger les choses.

António Guterres a également déclaré que l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles sont les véritables gageures de notre époque et le plus grand défi que le monde ait à relever en matière de droits fondamentaux.

Les Nations Unies et les femmes

La protection des droits de la femme est essentielle pour garantir la contribution des femmes au développement, à la paix et à la sécurité. L’ONU a reconnu ce postulat depuis sa création et en a fait l'un de ses objectifs. On le retrouve parmi les buts et principes énoncés à l’Article 1 de la Charte des Nations Unies : « Les buts des Nations Unies sont les suivants : (...) Réaliser la coopération internationale (…) en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion ».

Dès 1946, le Conseil économique et social des Nations Unies a établi la Commission de la condition de la femme , principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des genres et de l'autonomisation des femmes. Une de ses premières réalisations a été d’assurer l’existence de cette égalité lors de l’élaboration de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948 à Paris, en France.

Une histoire mondiale des droits des femmes, en 3 minutes

Les femmes et les droits de l’Homme

Texte fondateur, la Déclaration universelle des droits de l’homme, adopté par l’Assemblée générale le 10 décembre 1948 affirme que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » et que « chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »

Tandis que les mouvements féministes prenaient de l’ampleur un peu partout dans le monde dans les années 70, l’Assemblée générale proclama l’année 1975 Année internationale de la femme afin d’intensifier l’action nécessaire à la promotion de la condition des femmes. La même année, à la demande de la Commission de la condition de la femme, la première Conférence mondiale sur les femmes fut organisée au Mexique. Cinq mois plus tard, sur recommandation de la Conférence de Mexico, l’Assemblée générale proclama la Décennie des Nations Unies pour la femme (1976-1985) et mit en place un Fonds de contributions volontaires pour la financer.

En 1979, l’Assemblée générale adopta la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) , souvent décrite comme la « Déclaration internationale des droits des femmes ». Comportant 30 articles, elle définit explicitement les différentes formes de discrimination à l’égard des femmes et propose des orientations de politique nationale pour lutter contre celles-ci. La Convention se focalise sur les aspects culturels et traditionnels qui influencent le rôle des femmes dans la société et au sein du cadre familial. Il s’agit du premier traité international à reconnaître les droits reproductifs de la femme.

En 1980, cinq ans après la première Conférence de Mexico, une deuxième Conférence mondiale dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la femme fut organisée à Copenhague. Le Programme d’action qui en résulta appelait à des mesures nationales plus fortes pour assurer aux femmes l’accès à la propriété privée et le contrôle de leurs biens, ainsi que l’amélioration des droits des femmes en matière d’héritage, de garde d’enfants et de nationalité.

La naissance du féminisme mondial

La troisième Conférence mondiale chargée d’examiner et d’évaluer les résultats de la Décennie des Nations Unies pour la femme : égalité, développement et paix s’est tenue en 1985, à Nairobi. Le mouvement pour l’égalité des genres avait alors pleinement acquis une reconnaissance internationale et plus de 15 000 représentants d’organisations non gouvernementales (ONG) ont participé au forum des ONG organisé en parallèle.

De nombreux observateurs estiment que cette Conférence a permis la naissance d'un féminisme mondial. Toutefois, réalisant que les objectifs de la Conférence de Mexico n’avaient pas été atteints, les 157 gouvernements participants ont adopté les Stratégies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme pour l’an 2000. Ce plan d’action a ouvert de nouvelles perspectives et déclaré que tous les problèmes humains concernaient les femmes.

La Conférence de Beijing sur les femmes

La quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui s'est tenue en 1995 à Beijing en Chine, a ouvert un nouveau chapitre dans la lutte pour l’égalité des genres. En effet, le Programme d’action de Beijing affirme que le droit des femmes est partie intégrante des droits humains et promeut des actions spécifiques pour assurer le respect de ces droits.

En 2025, le Programme d'action de Beijing a célébré son 30ème anniversaire avec une nouvelle édition  qui passe en revue les progrès accomplis et souligne les priorités pour les actions futures, surtout si l'on considère que le rapport montre qu'en 2024, près d'un quart des gouvernements dans le monde ont fait état d'un recul des droits des femmes .

La Commission de la condition de la femme

La Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW)  est le principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des genres et de l'autonomisation des femmes. Elle joue un rôle important dans la promotion des droits des femmes en reflétant la réalité vécue par les femmes dans le monde entier et contribue à l'établissement de normes mondiales relatives à l'égalité des genres et à l'autonomisation des femmes.

Au cours de la session annuelle de la Commission, d'une durée de deux semaines, des représentants des États Membres des Nations Unies, d'organisations de la société civile et d'entités des Nations Unies se réunissent au siège de l'ONU à New York. Ils évaluent les progrès réalisés et les écarts à combler en matière de lutte pour l'égalité des genres. Les États Membres conviennent des mesures à adopter pour accélérer les progrès et promouvoir la pleine jouissance par les femmes et des filles de leurs droits politiques, économiques et sociaux.

Une organisation pour les femmes et le soutien d'autres agences des Nations Unies

Le 2 juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a approuvé à l’unanimité la création d’un organe unique : ONU-Femmes , chargé d’accélérer le processus pour parvenir à l’égalité des genres et l’autonomisation de la femme. Cette entité est le résultat de la fusion de quatre composantes distinctes du système des Nations Unies, dont l’important travail sert de base à la nouvelle entité :

  • la Division de la promotion de la femme (DAW) ;
  • l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) ;
  • le Bureau de la Conseillère spéciale pour la problématique hommes-femmes (OSAGI) et
  • le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM).

ONU-Femmes se concentre sur quatre domaines principaux : la promotion du leadership et de la participation politique des femmes, l'autonomisation économique des femmes, l'élimination de la violence à l'égard des femmes et le soutien à la participation pleine et égale des femmes aux processus de paix et aux efforts en matière de sécurité.

Outre ONU-Femmes, les Nations Unies comptent sur la participation active et le soutien d'autres agences telles que le FNUAP, l'UNICEF, la FAO et le PNUD, entre autres. Ces agences contribuent de manière significative à la sensibilisation à des questions sociales cruciales telles que le mariage des enfants, l'impératif de mettre fin aux mutilations génitales féminines, l'importance de garantir des grossesses saines et, enfin, la promotion du rôle des femmes dans les économies locales et nationales. Ensemble, ils forment un système complet et collaboratif qui s'engage à faire progresser les droits, la santé et l'autonomisation des femmes et des filles dans le monde entier.

ONU-Femmes : depuis 10 ans, porte-drapeau des femmes et des filles

Actions menées par les Nations Unies

Les femmes et les objectifs de développement durable

Les Nations Unies se concentrent aujourd’hui sur la réalisation des 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les dirigeants internationaux en septembre 2015. Les femmes ont un rôle essentiel à jouer  dans la mise en œuvre de tous ces objectifs, dont beaucoup reconnaissent spécifiquement l'égalité et l'autonomisation des femmes à la fois comme un objectif et comme une partie intégrante de la solution.

L’objectif 5, qui vise à parvenir à l’égalité des genres et autonomiser toutes les femmes et les filles, porte exclusivement sur les questions de genres. Des changements juridiques et législatifs majeurs sont nécessaires pour garantir les droits des femmes dans le monde, dans la mesure où 54 % des pays ne disposent toujours pas de lois dans tous les domaines clés de l'égalité des genres, y compris en ce qui concerne l'égalité des droits de contracter mariage et de demander le divorce.

Des disparités extrêmes entre les genres persistent  dans les domaines économiques et politiques. Malgré les progrès réalisés au fil des décennies, les femmes sur le marché du travail gagnent en moyenne 20 % de moins que les hommes. En 2024 , les femmes ne détenaient que 27 % des sièges dans les parlements nationaux et 35,5 % des postes au sein des autorités locales, et 107&mnsp;pays n’avaient jamais été dirigés par une femme.

Les faits sur l'égalité de genre et les objectifs de développement durable

Mettre fin à la violence à l’égard des femmes

Le système des Nations Unies continue à accorder une attention particulière au problème de la violence à l’égard des femmes. Adoptée par l’Assemblée générale en 1993, la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes  contient une définition explicite et complète de cette violence, ainsi qu’un énoncé très clair des droits à garantir pour y mettre fin sous toutes ses formes. Elle représente « un engagement des États à assumer leurs responsabilités, et un engagement de la communauté internationale à mettre fin à la violence à l’égard des femmes ».

La violence à l'égard des femmes est un véritable fléau qui touche tous les pays, même ceux qui ont enregistré des progrès remarquables dans d'autres domaines. Dans le monde, on estime que 736 millions de femmes  – soit près d’une sur trois – ont subi au moins une fois des violences sexuelles et/ou physiques de la part d’un partenaire intime, des violences sexuelles en dehors du couple, ou les deux (30 % des femmes âgées de 15 ans et plus).

Pour sensibiliser à ce fléau sans fin, les Nations Unies ont lancé en 2008 l'initiative « TOUS UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes  , un effort pluriannuel qui vise à prévenir et éliminer la violence faite aux femmes et aux filles dans le monde entier.

Cette initiative a été lancée, sous la direction du Secrétaire général des Nations Unies, en soutien à la campagne internationale « 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles » dirigée par la société civile.

Administrée par ONU-Femmes, l’initiative « TOUS UNiS ! » appelle les gouvernements, la société civile, les organisations de femmes, les jeunes, le secteur privé, les médias et le système des Nations Unies à se mobiliser pour lutter contre la pandémie mondiale de la violence à l’égard des femmes et des filles.

De plus, en septembre 2017, l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies se sont engagées dans une nouvelle initiative mondiale pluriannuelle visant à éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles : l’Initiative Spotlight. L’initiative est ainsi nommée, car elle attire l’attention sur ce problème, l’amenant sous les projecteurs et le plaçant au cœur des efforts menés pour atteindre l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, en accord avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La journée du 25 novembre a été proclamée Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Il n’y a #Pasdexcuse à la violence basée sur le genre

Journée internationale des femmes et autres célébrations liées à ce thème

La Journée internationale des femmes est célébrée chaque année le 8 mars. Elle est apparue dans le contexte des mouvements sociaux au tournant du XXème siècle en Amérique du Nord et en Europe. Célébrée dans de nombreux pays à travers le monde, c'est une journée où les femmes sont reconnues pour leurs réalisations, sans égard aux divisions, qu'elles soient nationales, ethniques, linguistiques, culturelles, économiques ou politiques.

En outre, l'ONU célèbre d'autres journées internationales consacrées à la sensibilisation aux différents aspects de la lutte pour l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes :

L'égalité des genres au sein du système des Nations Unies : Le langage inclusif et le Plan d'accélération de l'égalité des genres

Le langage inclusif

Comme la langue a le pouvoir de faire évoluer les attitudes culturelles et sociales, l’emploi d’un langage inclusif est un bon moyen de promouvoir l’égalité entre les genres et de lutter contre les préjugés.

Être inclusif du point de vue du langage tenant compte des questions de genre signifie parler et écrire d'une manière qui ne discrimine pas un sexe, un genre social ou une identité de genre en particulier, et qui ne perpétue pas les stéréotypes de genre.

Le site Internet de l'ONU, intitulé « Le langage inclusif » offre plusieurs recommandations visant à aider le personnel des Nations Unies à employer un langage inclusif dans toutes les situations de communication, à l’écrit comme à l’oral, dans un cadre officiel ou informel.

Les derniers efforts internes de l'ONU à cet égard se reflètent dans le lancement du Plan d'accélération de l'égalité des genres en mars 2024. Le Plan est une initiative phare menée par le Secrétaire général des Nations Unies qui définit l'engagement des Nations Unies à accélérer les efforts en cours pour réaliser une transformation interne nécessaire.

Lorsqu'il sera pleinement mis en œuvre, le Plan permettra à toutes les entités des Nations Unies, quel que soit leur mandat, de soutenir les 193 États Membres des Nations Unies et les autres parties prenantes pour faire progresser les droits des femmes et des filles.

Ce plan ambitieux s'appuie sur Notre Programme commun et s'engage à placer les femmes et les filles au centre d'un multilatéralisme renouvelé et inclusif.

Ressources