La pandémie de l’ombre: la violence domestique

Conférences | Femmes et égalité des genres

CONTEXTE

L’égalité des sexes est un droit humain fondamental. L’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, adopté par l’Assemblée générale le 10 décembre 1948, proclame « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » et l’article 2 déclare que « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, de naissance ou de toute autre situation. »

Trente et un ans après la création de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes a été adoptée par l'Assemblée générale le 18 décembre 1979. Elle a été suivie 16 ans plus tard par la Déclaration et Programme d'action de Beijing, adoptées en 1995 lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes à Beijing. La conférence de Beijing a été précédée de trois conférences sur les femmes et l'égalité des sexes. 

La première Conférence mondiale sur les femmes s'est tenue à Mexico en 1975, après que la Commission de la condition de la femme ait demandé que l'organisation de la première conférence mondiale sur les femmes coïncide avec l'Année internationale de la femme. La conférence a défini un plan d'action mondial pour la mise en œuvre des objectifs de l'Année internationale de la femme, qui offrait un ensemble complet de lignes directrices pour la promotion de la femme jusqu'en 1985.

En 1980, 45 États membres se sont réunis à Copenhague pour la deuxième Conférence sur les femmes, qui était la Conférence mondiale à mi-décennie de la Décennie des Nations unies pour les femmes. Elle visait à examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre des objectifs de la première conférence mondiale, en se concentrant sur l'emploi, la santé et l'éducation. Un Programme d'action préconisait le renforcement des mesures nationales visant à garantir la propriété et le contrôle des biens par les femmes, ainsi que des améliorations dans la protection des droits des femmes en matière d'héritage, de garde des enfants et de nationalité.

La troisième Conférence mondiale pour les femmes, la Conférence mondiale chargée d'examiner et d'évaluer les résultats de la Décennie des Nations unies pour les femmes, a eu lieu à Nairobi, au Kenya, en 1985. Le mandat de la conférence était d'établir des mesures concrètes pour surmonter les obstacles à la réalisation des objectifs de la Décennie. Les participants comprenaient 1 900 délégués de 157 États membres ; un forum parallèle des ONG a attiré environ 12 000 participants. Les gouvernements ont adopté les Stratégies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme, qui décrivent les mesures à prendre pour atteindre l'égalité des sexes au niveau national et pour promouvoir la participation des femmes aux efforts de paix et de développement.

Dix ans plus tard, la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui s'est tenue à Beijing, a marqué un tournant important pour l'agenda mondial de l'égalité des sexes. La Déclaration et le Programme d'action de Beijing, adoptés à l'unanimité par 189 pays, constituaient un programme d'autonomisation des femmes et sont aujourd'hui considérés comme les principaux documents de politique mondiale sur l'égalité des sexes. Le Programme d’action fixe des objectifs et des actions stratégiques pour la promotion des femmes et la réalisation de l'égalité des sexes en réponse à 12 domaines critiques. 

La conférence de Beijing s'appuie sur les accords politiques conclus lors des trois précédentes conférences mondiales sur les femmes et consolide cinq décennies de progrès juridiques destinés à assurer l'égalité des femmes et des hommes, en droit et en pratique. Plus de 6 000 délégués gouvernementaux ont participé aux négociations, aux côtés de plus de 4 000 représentants accrédités d'ONG. Un forum des ONG s'est tenu simultanément à Huairou, près de Beijing, et a rassemblé quelque 30 000 participants.

Ces quatre grandes conférences des Nations unies sur les femmes ont été suivies d'une série d'examens quinquennaux.

2000 : L'Assemblée générale a décidé de tenir une 23e session spéciale pour évaluer la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing sur les cinq dernières années et pour déterminer les actions et initiatives à venir. Intitulée « Les femmes en l'an 2000 : égalité des sexes, développement et paix pour le XXIe siècle », celle-ci s'est déroulée à New York et a débouché sur une déclaration politique et des nouvelles mesures et initiatives pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing.

2005 : Un examen d'évaluation après 10 ans du Programme d'action de Beijing a été mené dans le cadre de la 49e session de la Commission de la condition de la femme. Les délégués ont adopté une déclaration soulignant que la mise en œuvre complète et effective de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing est essentielle à la réalisation des objectifs de développement adoptés au niveau international, dont ceux de la Déclaration du Millénaire.

2010 : L'évaluation après 15 ans du Programme d'action de Beijing s'est faite à l'occasion de la 54e session de la Commission, en 2010. Les États membres ont adopté une déclaration saluant les progrès accomplis pour l'égalité des sexes et se sont engagés à prendre de nouvelles mesures en vue d'assurer la mise en œuvre complète et accélérée de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.

2015 : L’examen et l’évaluation des 20 ans après le Programme d’action de Beijing ont eu lieu lors de la 59e session de la Commission en 2015. La session a également abordé les possibilités de réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le Programme de développement après-2015. Les États membres ont adopté une déclaration politique qui saluait les progrès accomplis vers la réalisation de l’égalité des sexes, fournissait une solide base pour la mise en œuvre complète, efficace et accélérée des engagements pris à Pékin et défendait également le rôle clé de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes dans le développement après-2015.

2020 : L’examen et l’évaluation des 25 ans du Programme d’action de Beijing auront lieu lors de la 64e session de la Commission qui se tiendra en mars 2020. Cependant, en raison des préoccupations concernant COVID-19, la Commission s'est réunie une fois, pour une réunion le 9 mars 2020 qui comprenait des déclarations d'ouverture, l'adoption d'un projet de Déclaration politique. La réunion a été ajournée jusqu'à nouvel ordre.

LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME

La Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW) est le principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes. La CSW est une commission fonctionnelle du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) créée par la résolution 11(II) du Conseil du 21 juin 1946.

La Commission de la condition de la femme joue un rôle important dans la promotion des droits des femmes. Elle reflète la réalité vécue par les femmes dans le monde entier et contribue à l'établissement des normes mondiales relatives à l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes.

En 1996, dans sa résolution 1996/6, le Conseil économique et social des Nations Unies a élargi le mandat de la Commission. Il a en outre décidé que celle-ci devrait jouer un rôle de premier plan dans le suivi et l'évaluation des progrès réalisés et des problèmes rencontrés lors de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing ainsi que dans l'intégration d'une perspective de genre dans les activités des Nations Unies.

Au cours de la session annuelle de la Commission, d'une durée de deux semaines, des représentants des États membres des Nations Unies, d'organisations de la société civile et d'entités des Nations Unies se réunissent au siège de l'ONU à New York. Ils évaluent les progrès réalisés et les écarts à combler dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing de 1995 (document de référence en matière de lutte pour l'égalité des sexes à l'échelle internationale) et la 23e session extraordinaire de l'Assemblée générale qui s'est tenue en 2000 (Beijing +5), ainsi que les nouveaux enjeux qui touchent l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Les États membres conviennent des mesures à adopter pour accélérer les progrès et promouvoir la pleine jouissance par les femmes de leurs droits politiques, économiques et sociaux. Les conclusions et les recommandations de chaque session sont transmises à l'ECOSOC afin qu'il en assure le suivi.

ONU FEMMES

ONU Femmes appuie tous les aspects du travail de la Commission et facilite également la participation de représentants de la société civile à ses activités. Pendant de nombreuses années, l’Organisation des Nations Unies a été confrontée à d’importants défis dans ses efforts visant à promouvoir l’égalité des sexes partout dans le monde, parmi lesquels un financement insuffisant et l’absence d’une agence unique reconnue comme pilier pour guider les activités de l’ONU sur les questions d’égalité des sexes. Afin de relever ces défis, en juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a créé ONU Femmes, l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Les États membres de l’ONU ont franchi un cap décisif dans l’accélération des objectifs de l’organisation en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes. La création d’ONU Femmes est intervenue dans le cadre du programme de réforme de l’ONU, et regroupe les ressources et les mandats pour en renforcer l’impact. ONU Femmes est le résultat de la fusion de quatre organismes distincts du système des Nations Unies dédiées exclusivement à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et dont l’important travail sert de base à la nouvelle entité :

  • la Division de la promotion de la femme (DAW)

  • l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW)

  • le Bureau de la Conseillère spéciale pour la problématique hommes-femmes (OSAGI)

  • le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM)

Dessin d'un homme et une femme, illustratrant le problème de la violence à l'égard des femmes the issue of violence against women.

COVID-19 et la violence basée sur le genre

L'année 2020 étant le 25e anniversaire de l'adoption de la déclaration et du programme d'action de Beijing lors de la conférence de Beijing sur les femmes en 1995, elle devait être l'occasion d'examiner les réalisations et d'accélérer les progrès en matière d'égalité des sexes. Mais avec le début de la pandémie de COVID-19 en 2020, on s'est inquiété de l'augmentation de la violence à l'égard des femmes en raison de la pandémie et des mesures de confinement mises en place dans le monde entier.

Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, déclare dans un communiqué en avril 2020 qu’ « Alors  qu’un nombre croissant de pays déclarent des cas d’infection et imposent un confinement, les lignes d’assistance téléphonique et les centres d’accueil pour les victimes de violence domestique du monde entier font état d’une augmentation des appels à l’aide. »

Depuis l'épidémie de COVID-19, la violence contre les femmes et les filles s'est intensifiée dans les pays du monde entier. Alors que les mesures de confinement contribuent à limiter la propagation du virus, les femmes et les filles victimes de violence domestique sont de plus en plus isolées des personnes et des ressources qui peuvent les aider. Dans cette nouvelle annonce de service public, ONU Femmes s'associe à Kate Winslet pour mettre en lumière la pandémie de l’ombre et partager trois choses que vous pouvez faire pour aider.