Paul (Interprète)

Comment avez-vous appris les langues que vous utilisez dans votre métier ? 

J’ai une licence et une maîtrise de français et 15 ans d’expérience dans des pays francophones, où j’ai étudié et travaillé. J’ai appris l’espagnol en prenant des cours à l’université et j’ai vécu et travaillé presque 5 ans dans des pays hispanophones. Je continue à entretenir les deux langues et à améliorer mon niveau.

Qu’est-ce qui vous a incité à rejoindre les services linguistiques de l’ONU ? 

Après ma formation universitaire en Jamaïque (University of West Indies), j’ai souhaité appliquer mes connaissances linguistiques de façon plus concrète et j’ai donc suivi une formation à l’École de traduction et d’interprétation de l’Université de Genève (ETI), d’abord comme traducteur puis comme interprète. Après la fin de ma formation à l’ETI en 1997, j’ai travaillé tour à tour comme traducteur, réviseur et interprète dans diverses organisations internationales et institutions financières internationales à Genève, Bruxelles, Washington, Panama, Mexico et La Haye. En 2008, j’ai décidé de me concentrer sur l’interprétation et d’arrêter de faire des va-et-vient entre les deux disciplines, d’autant plus que peu d’institutions permettent au personnel de faire les deux. J’ai passé et réussi le concours de recrutement de personnel linguistique en 2011, puis j’ai saisi l’occasion d’entrer à l’ONU comme fonctionnaire lorsqu’on m’a offert un poste d’interprète en 2012. Depuis, je ne me suis jamais retourné sur mon passé. 

Trouvez-vous votre travail à l’ONU différent de vos emplois précédents ? 

L’un des avantages d’être interprète fonctionnaire à l’ONU est que l’on couvre des sujets presque aussi variés que lorsqu’on travaille comme interprète indépendant sur le marché. La diversité des organes, des disciplines, des tribunes et des lieux de réunion crée un environnement qui ne cesse de changer et de nous confronter à des situations inattendues. 

Selon vous, quelles sont les principales qualités demandées par l’interprétariat ? 

Un intellect vif, un esprit curieux, des nerfs d’acier et la souplesse nécessaire pour s’adapter à un environnement en constante évolution. Le dévouement et l’adhésion aux idéaux de l’ONU sont les antidotes contre le cynisme et le blasement. 

Quels sont les aspects de votre travail qui vous intéressent le plus ? Et pourquoi ? 

Il y a beaucoup d’aspects intéressants dans mon travail. La bonne chose est que je ne sais jamais à l’avance quelle tâche restera gravée à jamais dans ma mémoire et pour quelle raison. Mais jusqu’à présent, les moments qui restent inoubliables sont ceux où je sers d’interprète à des gens dont l’histoire personnelle donne un visage et une voix humaine aux situations et aux crises que la communauté internationale tente de régler. C’est toujours un privilège et une chance rare de pouvoir leur prêter ma voix et de transmettre non seulement les mots et le sens de leur discours, mais aussi leurs émotions et leurs sentiments pour que le monde puisse entrer véritablement en résonnance avec leur histoire. 

Quels défis rencontrez-vous dans votre travail quotidien et comment y faites-vous face ? 

La vitesse, la vitesse et encore la vitesse ! De plus en plus de déclarations sont prononcées à une vitesse effarante et, souvent, nous n’avons pas de texte sur lequel nous appuyer. 

Vous arrive-t-il de rencontrer des mots ou des expressions que vous ne connaissez pas ? Comment faites-vous dans ces cas-là ? 

Pas très souvent, heureusement. Lorsque cela se produit, avec l’aide du contexte, de collègues attentifs, de l’expérience et d’un ordinateur portable fort pratique, des solutions se présentent en un clin d’œil. 

Quelles sont les tâches les plus difficiles qui vous ont été confiées ? 

Certaines sessions de rédaction de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI) ont le niveau de technicité le plus élevé que je connaisse. Les domaines de travail et la terminologie sont hautement spécialisés et exigent une précision extrême car les délégués formulent et reformulent le libellé de dispositions juridiques pour exprimer leur objectif avec précision. 

Que pensez-vous de l’évolution de la technologie dans votre profession ? A-t-elle eu une influence sur vos méthodes de travail ?

Les changements sont de plus en plus rapides et fréquents et pour la plupart ils jouent en notre faveur. Entre membres du service, nous échangeons constamment pour savoir comment utiliser au mieux la technologie afin d’optimiser nos résultats de façon harmonisée avec les autres équipes de notre département. 

Comment votre travail s’inscrit-il dans le cadre plus large des Nations Unies ? 

Nous jouons un rôle crucial dans le fonctionnement de l’ONU, car nous sommes l’un des rouages essentiels du mécanisme. Mais il faut beaucoup de travail en coulisse avant que les délégations puissent se réunir. Nous entrons en scène lors de la grande représentation finale qui a été préparée pendant des semaines et des mois par d’autres collègues qui ont travaillé d’arrache-pied en amont. 

Quel est le souvenir le plus marquant de votre carrière ? 

Je n’arriverai peut-être pas à raconter les faits de façon aussi drôle que lorsqu’ils se sont produits, mais je vais essayer. Disons que le délégué avait un rhume ou que j’ai tout simplement mal entendu... Quoi qu’il en soit, en écoutant une formule comme « tout sauf les bras » ou l’équivalent, j’ai compris « tout sauf les arbres » et c’est ce que j’ai aussitôt répété, puis je me suis tout de suite rendu compte de mon erreur et l’ai rectifiée. Évidemment, la salle a été secouée d’un grand éclat de rire, nonobstant ma rectification. Heureusement, j’ai pu en rire aussi moi-même car c’était vraiment drôle sur le moment ! 

Avez-vous des conseils à donner aux linguistes en herbe ? Par exemple, pour la préparation du concours de recrutement de personnel linguistique ?

Lisez abondamment dans toutes vos langues, y compris dans votre langue maternelle. Développez vos facultés d’analyse. Intéressez-vous de près aux activités de l’ONU et apprenez tout ce que vous pouvez sur ses programmes et son fonctionnement. Utilisez nos émissions diffusées sur le Web pour vous entraîner et vous former et devenez à la fois votre plus grand supporter et votre plus âpre critique !

Photo de Paul, Interprète
       
 

Nom : 

 

Paul

 

Pays de nationalité :

 

Jamaïque

 

Titre fonctionnel : 

 

Interprète

 

Langues de travail : 

 

Anglais (langue principale), espagnol et français