Cours d’alphabétisation pour adultes à Gao dans un centre soutenu par la mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA). Photo ONU/Harandane Dicko
L’adoption du Programme de développement durable à l ’horizon 2030 : un accomplissement sans précédent
- Pauvreté persistante et inégalités;
- Fragilité économique;
- Chômage, des jeunes notamment;
- Modes de production et de consommation non viables;
- Utilisation non viable des ressources naturelles;
- Effets des conflits en cours et persistance de ces effets après les conflits;
- Exposition aux catastrophes et conséquences de catastrophes récentes;
- Changements climatiques;
- Insuffisance des ressources;
- Faiblesses institutionnelles : précarité de l’état de droit, fraude fiscale et corruption;
- Manque d’espace pour la société civile.
Le défi des changements climatiques
Objectifs de développement durable : les progrès accomplis
L’aide des donateurs a augmenté, mais elle ne suffit toujours pas. On peut se féliciter que, en 2016, le montant net de l’aide publique au développement versée par les pays membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ait augmenté de 8,9 % en termes réels pour atteindre 142,6 milliards de dollars, un nouveau record. La hausse du montant alloué à l’aide aux réfugiés dans les pays donateurs est certes venue gonfler le chiffre global, mais même une fois ce montant déduit, l’augmentation s’établit à 7,1 %.
Données et statistiques sur les objectifs de développement durable
En 2017, la Commission de statistique a adopté un cadre mondial d’indicateurs donnant la mesure des progrès accomplis au regard des cibles et objectifs du Programme 2030. Suivre ces progrès suppose de recueillir un gigantesque volume de données ventilées à tous les niveaux, une gageure pour les systèmes statistiques nationaux et internationaux. La communauté statistique mondiale s’emploie donc à moderniser et à renforcer les systèmes afin de régler tous les problèmes relatifs à la production et à l’utilisation de données sur le développement durable.
À cette fin, le premier Forum mondial des Nations Unies sur les données, tenu en Afrique du Sud en janvier 2017, a rassemblé les principales parties prenantes, qui ont réfléchi aux innovations possibles en matière de renforcement des capacités. De son côté, le Groupe de haut niveau pour le partenariat, la coordination et le renforcement des capacités a élaboré le Plan d’action mondial du Cap concernant les données du développement durable, qui prévoit un ensemble de dispositions visant à remédier au manque de capacités des systèmes statistiques nationaux et propose des solutions novatrices devant per mettre d’exécuter le Programme 2030 dans son intégralité.
En février 2017, l’Assemblée générale a adopté les recommandations du Groupe de travail intergouvernemental d’experts à composition non limitée chargé des indicateurs et de la terminologie relatifs à la réduction des risques de catastrophe (résolution 71/276), qui portent sur les moyens de mesurer les progrès accomplis au regard des objectifs mondiaux arrêtés dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015 -2030). Ainsi, il est désormais possible de procéder à des mesures simultanées et cohérentes permettant de savoir où l’on en est à l’égard des cibles du Programme 2030 et de celles du Cadre de Sendai qui ont trait aux risques de catastrophe, ce qui a pour avantage d’alléger le travail de compte rendu qui incombe aux pays.
Les statistiques ventilées par sexe joueront un rôle déterminant dans le suivi des progrès accomplis en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, tous objectifs confondus. L’ONU collabore avec d’autres acteurs mondiaux, régionaux et nationaux, y compris les organismes nationaux de statistique en vue d’améliorer la disponibilité et l’utilisation de statistiques ventilées par sexe, d’accélérer ainsi la réalisation des 17 objectifs de développement durable et de parvenir à des résultats porteurs de transformation pour les femmes et les filles.
Moyens de mise en oeuvre
La réussite de l’ambitieux et complexe Programme 2030 dépend des moyens d’action dont les pays disposeront. On trouve dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement des moyens de débloquer les ressources et investissements nécessaires. Dans son premier rapport de fond, le Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement a établi que, d’après les prévisions actuelles, la croissance mondiale ne permettrait pas de venir à bout de l’extrême pauvreté d’ici à 2030. Il a néanmoins relevé que les mesures nationales et la coopération internationale pouvaient, ensemble, influer sur cette tendance et faciliter la réalisation des objectifs de développement durable. En 2016 et 2017, l’une des grandes initiatives du Groupe a été de dresser un inventaire complet des progrès accomplis au regard de plus de 300 engagements et mesures
pris par les États Membres.
On estime que le montant nécessaire pour atteindre les 17 objectifs de développement durable est de l’ordre de milliers de milliards de dollars par an. Pour faire en sorte que les flux de capitaux viennent servir ces objectifs, on peut notamment attirer, exploiter et mobiliser des investissements de toutes natures, publics et privés, nationaux et mondiaux. Le montant total de l’épargne mondiale est, en principe, suffisamment élevé pour alimenter cette transformation et, de plus, les investisseurs ont tout à gagner.
Il importe de renforcer les capacités des pays en développement pour les aider à se doter d’une fiscalité plus efficace et efficiente. Le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale a mis au point plusieurs prestations, en particulier des services de formation et d’assistance dans les pays, afin de seconder les États qui ont besoin d’adapter leur système d’imposition et, spécialement, de lutter contre la fraude fiscale. Par ailleurs, l’ONU, l’OCDE, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont lancé conjointement une nouvelle plateforme de collaboration sur les questions fiscales.
Le renforcement de la coopération en matière de développement a pour objet de donner aux pays en développement, en particulier aux pays les moins avancés, aux pays sans littoral et aux petits États insulaires en développement, des moyens adaptés et prévisibles d’appliquer les programmes et politiques visant à mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes. Le Forum pour la coopération en matière de développement, plateforme multipartite ouverte à tous, est le principal lieu où se discutent les mesures destinées à améliorer la qualité, l’impact et l’efficacité des activités de coopération. Dans le cadre de débats auxquels participent également d’autres acteurs, les partenaires du Sud y échangent données d’expérience, bonnes pratiques et solutions, et évoquent les difficultés à surmonter. Le Gouvernement argentin organisera, en collaboration avec l’ONU, un colloque de haut niveau sur la
coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire pour le développement à Buenos Aires, en septembre 2017.
Renforcement de l’appui de l’ONU
À présent, pour les États Membres, les organisations non gouvernementales et les entités du système des Nations Unies partenaires, tout l’enjeu est de parvenir, de façon coordonnée et cohérente, à donner effet aux textes adoptés
Le Programme 2030 propose un projet de développement qu’il s’agit maintenant de concrétiser. Il importe au plus haut point de mobiliser un appui, financier et autre, de veiller au bon fonctionnement des partenariats multipartites et d’avoir constamment à l’esprit les objectifs de développement durable. L’Assemblée générale m’a prié d’élaborer des propositions concrètes. Dans cette optique, je m’attache notamment à planifier des résultats collectifs et à établir un lien entre financement et considérations fonctionnelles. Les États Membres ont réaffirmé que les objectifs de développement durable ont des liens de complémentarité et de renforcement mutuel avec la paix et la sécurité, avec les droits de l’homme et avec les initiatives concernant la pérennisation de la paix.
Dimension régionale
De plus en plus fréquemment, des groupes régionaux et sous-régionaux de pays identifient ensemble des solutions à leurs problèmes de développement communs, et des institutions régionales sont appelées à mettre au point, de concert avec leurs États Membres, des stratégies et des approches régionales visant non seulement des questions transfrontières, mais encore des questions plus traditionnelles de développement économique et social durable.
En 2017, chaque commission régionale de l’ONU a encouragé ses États Membres à intégrer les dispositions du Programme 2030 dans leurs politiques de développement national et organisé un forum régional sur le développement durable qui rendra compte au Forum politique de haut niveau.
Pays en situation particulière
Tous les pays ont leurs problèmes, mais les plus vulnérables d’entre eux requièrent une attention particulière. L’ONU continue d’apporter son concours à l’exécution et au suivi du Programme d’action d’Istanbul (pays les moins avancés), du Programme d’action de Vienne (pays en développement sans littoral) et des Orientations du Samoa (petits États insulaires en développement), ainsi que du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba. Elle a également joué un rôle important dans la création de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, qu’il convient maintenant de rendre pleinement opérationnelle dans le cadre de la cible 8 de l’objectif de développement durable no 17.
Haïti
Les États Membres se sont félicités que l’ONU ait déployé en Haïti une nouvelle stratégie de lutte contre le choléra (A/71/620), qui comprend deux volets. Le premier volet vise à intensifier l’action menée pour améliorer les systèmes d’adduction d’eau et d’assainissement, tandis que le second consiste à mettre au point un dispositif d’aide matérielle et financière en faveur des Haïtiens les plus directement touchés par le choléra. Ma Représentante spéciale pour Haïti assure l’exécution de cette stratégie, qui a déjà commencé mais qui connaît d'importants problèmes de financement.
Impact de la criminalité sur le développement
La criminalité continue de peser sur la croissance et le développement et d’obscurcir les perspectives de paix et de sécurité des pays quel que soit leur niveau de revenus. Dans le cadre de l’action qu’elle mène pour assurer le financement régulier du développement envisagé dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, l’ONU a confirmé son approche stratégique, qui fait de la prévention de la criminalité une condition déterminante du développement durable. Cette approche consiste notamment à renforcer la capacité des États Membres à lutter contre les mouvements de fonds illicites, à prévenir la corruption et à intensifier la lutte contre le blanchiment de capitaux.
Catastrophes naturelles
Au cours des 10 dernières années, les pertes économiques entraînées par des catastrophes naturelles ont atteint près de 1 400 milliards de dollars et freiné la croissance économique et la réalisation des objectifs de développement durable. Il est plus impératif que jamais d’investir dans la résilience des communautés et dans une infrastructure qui soit respectueuse de l’environnement : écoles, hôpitaux, routes, ponts, adduction d’eau, assainissement, énergie, transports et logement. Il importe également d’investir dans des dispositifs d’alerte précoce efficaces et polyvalents. Il s’agit là d’un volet important de mon programme de réformes axées sur la prévention.
Forêts
Alors que depuis 1992 l’objectif visé à l’échelle mondiale était de ralentir la dégradation des forêts et le déboisement, le Forum des Nations Unies sur les forêts a pris en janvier 2017 la décision historique d’accroître de 3 % la surface forestière mondiale d’ici à 2030. Le plan stratégique des Nations Unies pour les forêts pour 2017-2030 (résolution 71/285) offre un catalogue complet de mesures qui peuvent être prises à tous les niveaux pour assurer une gestion durable de tous les types de forêts et d’arbres et mettre un terme au déboisement et à la dégradation des forêts. Ce plan est d’application volontaire et repose sur 6 objectifs d’ensemble et 26 cibles à atteindre d’ici à 2030. Ces objectifs et cibles vont dans le même sens que l’arrangement international sur les forêts et devraient contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable et de divers autres engagements internationaux en faveur des forêts.
La criminalité touche tous les aspects du développement, et la gestion forestière ne fait pas exception à la règle. Pour lutter contre cette forme particulière de criminalité qui vise la faune et la flore sauvages et les forêts, l’ONU ne se contente pas d’aider les États Membres à renforcer leur législation, leurs tribunaux et leurs services de police, elle aide aussi des populations rurales vulnérables, comme les communautés locales qui dépendent des ressources naturelles et de services écosystémiques, à améliorer leurs moyens de subsistance.
Donner aux catégories sociales vulnérables les moyens d’agir
Par sa volonté fondamentale de garantir la dignité de chacun, le Programme 2030 reconnaît les risques qui découlent aujourd ’hui, dans le monde entier, de la montée des inégalités, de la discrimination, de la xénophobie et de l’intolérance. Il reconnaît aussi l’importance de donner des moyens d’action aux populations vulnérables, y compris les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes vivant avec le VIH/sida, les personnes âgées, les peuples autochtones, les réfugiés, les déplacés et les migrants.
Réagissant à l’augmentation dramatique des mouvements de populations en quête de sûreté ou de travail, l’Assemblée générale s’est réunie en séance plénière au plus haut niveau le 19 septembre 2016 pour examiner la question des déplacements massifs de réfugiés et de migrants et a adopté la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants (résolution 71/1). Cette déclaration met en place les mesures voulues pour adopter dès 2018 :
- Un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières;
- Un pacte mondial pour les réfugiés visant un partage plus équitable des responsabilités en ce qui concerne l’accueil des réfugiés et l’aide à leur fournir.
À cette même séance, mon prédécesseur a lancé une campagne intitulée « Ensemble » qui réunit une coalition d’États Membres et d’organisations de la société civile et du secteur privé soucieux de renforcer la cohésion sociale, lutter contre la xénophobie et encourager un discours positif sur les réfugiés et les migrants.
En réponse au vieillissement de la population de la planète, l’Organisation est en train de créer un forum de dialogue sur les défis et les opportunités que présente ce phénomène. Par ailleurs, des interventions énergiques en faveur d’un développement qui inclue les personnes handicapées ont permis d’incorporer dans le Nouveau Programme pour les villes d’importants engagements inspirés par la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Pour ce qui est des jeunes, eux aussi de plus en plus nombreux dans le monde, l’ONU a entrepris d’élargir ses stratégies pour mieux les prendre en compte, qu’ils soient filles ou garçons, dans ses interventions humanitaires et de consolidation de la paix et pour mieux identifier d’éventuelles synergies à leur profit entre les trois piliers de son action.
Mon Groupe de haut niveau sur l’autonomisation économique des femmes a déterminé que l’achat de biens et de services à des commerces appartenant à des femmes est l’un des principaux facteurs de progrès dans ce domaine. Les entreprises et les gouvernements s’attachent donc de plus en plus à privilégier ces commer ces dans la passation de marchés publics et privés. De même, le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, qui réunit les dirigeants de 31 de ces organismes, a inscrit l’acquisition de biens et services auprès de sociétés appartenant à des femmes parmi ses priorités.