Rapport du GIEC sur les impacts, l'adaptation et la vulnérabilité : ce qu'il faut savoir

The Earth is feeling the heat.

 

Le 28 février, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), un organe des Nations Unies qui se consacre exclusivement à l’examen des aspects scientifiques du changement climatique, a publié un rapport majeur sur les conséquences de la crise climatique et sur les raisons pour lesquelles il est impératif d’agir maintenant pour faire face aux risques croissants.  

 

Effets en cascade et cumulatifs 

Les faits scientifiques sont très clairs : les impacts des changements climatiques augmentent en fréquence et en intensité partout dans le monde (vagues de chaleurs, inondations, tempêtes et sécheresses). 

Des données récentes montrent que certains de ces événements climatiques se produisent simultanément au même endroit et ont des effets d'entraînement et des impacts supplémentaires à plus long terme tels que l'insécurité alimentaire, la pauvreté profonde et les pertes économiques.

« Nous constatons ce que nous appelons des effets en cascade et cumulatifs. Par exemple, les incendies de 'l'été noir' en Australie, suivis d'inondations et d'autres événements extrêmes. Ceci est particulièrement inquiétant… et nous nous attendons à ce que ces impacts augmentent avec la poursuite du réchauffement climatique », dit Kathryn Bowen (auteure du rapport).
 


De l'Australie à l'Afrique, du haut des montagnes aux profondeurs des océans, les impacts des changements climatiques sont étendus et variés, affectant jusqu'à 3,6 milliards de personnes aujourd'hui qui sont considérées comme vivant dans des points chauds climatiques à travers le monde. C'est près de la moitié de la population mondiale.
 

Vulnérabilité : les points chauds climatiques 

En Afrique, la productivité agricole a chuté de 34 pourcents depuis 1961, soit plus que partout ailleurs dans le monde. De plus, d'ici à 2030, près de 116 millions de personnes vivant en Afrique pourraient être affectées par la montée du niveaux des océans. 

En Asie, l'augmentation en fréquence et en intensité des inondations, des sécheresses et des vagues de chaleur pourraient avoir des impacts négatifs sur la disponibilité et les prix de la nourriture. Les grandes villes asiatiques, comme en Inde, accueilleront près de 600 millions de personnes au cours des 15 pochaines années, soit deux fois la population des États Unis. « Ces villes doivent être préparées à ces nouveaux défis et à protéger leurs populations des catastrophes climatiques », dit Anjal Prakash (auteur du rapport).  

 

 


« Globalement, les glaciers fondent à une vitesse jamais constatée, notamment dans l'Himalaya », dit Aditi Mukherji (auteur et coordinateur du rapport), ajoutant que les communautés locales qui dépendent des glaciers sont de plus en plus touchées, « bien qu'elles soient les moins responsables des changements climatiques ».

De la même façon, l'Arctique subit des impacts des changements climatiques sans précédent à notre époque. Selon Sherilee Harper (auteure du rapport), « notre rapport montre que l'Arctique de 2050 sera bien différent de l'Arctique que nous connaissons aujourd'hui ».

Les écosystèmes terrestres, tels que le permafrost de l'Arctique, aident à éliminer le dioxyde de carbone de l'atmosphère. Mais à mesure que le permafrost dégèle en raison du réchauffement, l'écosystème passe d'un puits de carbone à une source de carbone. Actuellement, la région polaire se réchauffe plus de deux fois plus vite que la moyenne mondiale.  

L'océan, le plus grand puits de carbone au monde, subit des vagues de chaleur de plus longue durée qui blanchissent et détruisent les récifs coralliens, nuisent à la vie marine et aux oiseaux de mer, et laissent des impacts en cascade sur les communautés côtières et la biodiversité.  

« Le nombre de jours pouvant être classés comme canicules marines a augmenté de plus de 50 % au cours du siècle dernier », selon Simon Donner (auteur du rapport), soulignant l'impact dévastateur sur la vie marine qui a « moins d'endroits où se réfugier pour échapper à la chaleur ».

Les petits états insulaires et les communautés côtières continuent à pâtir des effets des changements climatiques, avec des vagues de chaleur maritimes, l'élévation du niveau de la mer, l'érosion des côtes et les inondations. Dans les endroits les plus bas, les événements extrêmes, qui se produisaient une fois par siècle, seront plus fréquents d'ici à 2050.

« Selon le rapport, à cause de l'élévation du niveau de la mer, les petites îles comme les Maldives disparaitront sous la surface des océans », prévient Mahmood Riyaz (auteur du rapport). Malgré ces dangers, les Madiviens sont « déterminés à se battre et à s'adapter aux changements climatiques jusqu'au bout », ajoute-t-il. 
 

 

Des progrès inégaux dans l'adaptation

Comment faire face à ces tendances extrêmement inquiétantes ? La science, la technologie et les solutions existent. Il faut désormais un un financement adéquat, un transfert de technologie, un engagement politique et des partenariats significatifs qui peuvent conduire à une adaptation aux changements climatiques plus efficace et à une réduction des émissions de gaz à effets de serre.

Aujourd'hui, malgré des risques sans cesse croissants, les progrès vers l'adaptation sont inégaux et on constate une disparité grandissante entre les actions entreprises et ce qui doit être fait pour gérer ces risques, selon le rapport. Ces différences sont encore plus flagrantes pour les communautés pauvres. Par exemple, dans les villes, l'écart est plus grand pour les 20 pourcents les plus pauvres de la population que pour les 20 pourcents les plus riches. 

« Au fur et à mesure que le réchauffement climatique progresse, il faudra encore plus de financement pour l'adaptation à l'avenir [...] Il est très difficile pour les communautés locales, en particulier les plus vulnérables, d'accéder à un soutien financier pour l'adaptation locale. Une estimation pour les pays en développement suggère que seulement 10 à 15 pourcents environ du financement de l'adaptation cible les personnes les plus vulnérables. », dit Mark New (auteur et coordinateur du rapport).

En 2009, les pays développés ont promis 100 milliards de dollars par an pour financer l'action climatique dans les pays en développement en 2020. Mais cet engagement n'a pas été respecté, laissant les impacts climatiques dépasser les efforts mondiaux pour s'y adapter. Dans l'intervalle, des estimations récentes montrent que les coûts d'adaptation actuels pour les pays en développement sont de l'ordre de 70 milliards de dollars par an, et pourraient s'élever à 300 milliards de dollars annuels d'ici à 2030.

De plus, investir dans l'adaptation maintenant aiderait le monde à éviter des investissements plus élevés à l'avenir, car les avantages potentiels de l'adaptation l'emportent sur leurs coûts à long terme. 

  

Le potentiel inexploité de la nature

il est de plus en plus évident que des écosystèmes divers et sains et une riche biodiversité sont nécessaires à la survie humaine, car ils permettent de réguler le climat, de réduire les risques et d'améliorer la vie des populations ... mais seulement si nous arrêtons de diminuer les contributions de la nature au bien-être humain.

« La nature dispose d'un potentiel inexploité pour réduire les risques climatiques, pour en gérer les effets et pour améliorer la vie et les moyens de subsistance des gens. Cependant, la nature subit également une pression importante en raison de la perte de biodiversité et de la dégradation écologique dans les zones rurales et urbaines », explique Timon McPhearson (auteur du rapport). 
 


Le rapport identifie deux ensembles d'actions combinés pour réduire durablement les risques climatiques et atteindre la résilience : réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine et transformer fondamentalement notre mode de vie. 

« Le message essentiel de ce rapport est un message d'espoir [...] Nous disposons d'une petite fenêtre d'opportunité et cela nous aidera quand même à faire face aux impacts du changement climatique. Il y a donc un sentiment d'urgence, mais aussi d'espoir et d'optimisme », dit Rupa Mukerji.
 

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