L'importance des groupes

L'importance des groupes

 

Les délégations travaillent très souvent en coopération avec les autres. Quand plusieurs délégations travaillent ensemble pendant une période assez longue, elles sont fréquemment considérées comme formant un groupe. Ces groupes peuvent être appelés groupes politiques ou caucus parce qu’ils se concentrent sur des questions politiques. L’interaction avec les groupes auxquels participe sa délégation est l’une des activités principales d’un représentant.

C’est particulièrement important lorsqu’il s’agit des activités du C de S. Comme la composition du Conseil est limitée à seulement 15 membres, la participation des groupes régionaux aux réunions du C de S est essentielle pour aider à assurer le devoir du Conseil d’agir au nom de tous les Membres de l’ONU, comme énoncé dans l’article 24 de la Charte. De plus, inviter les organisations régionales à aider à répondre aux menaces à la paix et à la sécurité internationales est devenu de plus en plus courant dans les résolutions du C de S. Il en résulte que depuis les années 90, les demandes d’inclure ces organisations dans les efforts de maintien de la paix et de la sécurité internationales dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte ont augmenté.

Des groupes bien organisés et établis depuis longtemps comme le G-77 et l’Union européenne ont des systèmes bien rôdés pour collecter l’information et développer des politiques communes sur un grand nombre de questions en jeu devant une grande conférence internationale. Pour les petites délégations, se souvenir de tout ce qui se passe et se concentrer sur les questions de première importance pour elles serait plus difficile et impossible à certains moments si elles devaient le faire seules. C’est rassurant pour les délégations de savoir qu’elles ne sont pas isolées et qu’elles sont entourées, au moins jusqu’à un certain degré, de personnes partageant les mêmes vues et avec qui elles peuvent partager leurs impressions et leurs préoccupations.

Pour les délégations plus importantes, la participation dans des groupes accroit leur charge de travail (car elles doivent assurer la coordination, la diffusion de l’information et le développement des positions du groupe) ; mais ceci augmente leur potentiel à influencer les délégations de leurs groupes à voir les choses comme elles et cet appui les aide à pousser leurs objectifs dans les échanges avec les délégations hors de leur groupe.

Pour les délégations plus petites, il existe un risque de pression à appuyer des positions plus conformes aux objectifs d’autres membres du groupe qu’aux leurs. Dans le même temps, elles peuvent avoir une possibilité de pousser leurs objectifs en ayant le poids du groupe derrière elles. Pour ce qui est des activités du C de S, les groupes politiques peuvent leur apporter d’importantes contributions de différentes façons. C’est un moyen utile de diffuser l’information sur les travaux du Conseil, ce qui est essentiel pour assurer leur transparence. De la même façon, des informations sur les vues, souhaits et positions des membres des groupes peuvent être réunis et transmis par le coordinateur et le porte-parole du groupe durant les réunions du Conseil, lorsqu’ils sont invités à prendre la parole.

 

Les groupes comme plateforme d’informations

Tous les groupes politiques discutent de diverses questions et échangent de l’information et des évaluations les concernant et en ce sens sont très utiles aux délégations participantes. En fait pour la plupart des délégations, les réunions des groupes auxquels elles participent est leur principale source d’information pour développer des positions sur ces questions.

Un représentant apporte au groupe sa connaissance et sa compréhension d’une question particulière ou d’un de ses aspects, un autre a des échanges à ce propos avec le président ou des membres d’un autre groupe. L’ensemble dépasse de beaucoup l’information et l’évaluation qu’une seule délégation peut avoir sur une question. Les membres d’un même groupe se font généralement confiance et peuvent dès lors parler plus librement dans ce cadre.

Naturellement, le volume d’information est plus important et mieux analysé quand tous les membres du groupe apportent leurs connaissances et leur compréhension. Les groupes ont aussi l’avantage de pouvoir s’entendre de façon officieuse sur la répartition des tâches au sein du groupe. Le représentant A, qui a de bonnes relations avec la délégation X à l’extérieur du groupe, peut se charger de lui demander ses vues sur un point particulier. Le représentant B peut avoir de bonnes relations avec une autre délégation, et ainsi de suite.

De la même manière, les représentants ne doivent pas avoir peur de poser des questions à propos de certains éléments qu’ils ne connaissent pas ou ne comprennent pas. Ceci les aide non seulement eux, mais aussi d’autres membres du groupe qui bénéficient de la clarification. De plus, poser des questions peut aider ceux qui pensent savoir à éclaircir leurs propres pensées ou la façon de présenter la réponse. Les questions peuvent aussi aider à identifier les points sur lesquels le groupe a besoin de plus d’information ou de réflexion. Les réunions de ces groupes donnent également aux délégations la possibilité de faire connaître leurs vues, d’expliquer leurs positions et de chercher à amener les autres délégations à penser comme elles.

 

Les positions de groupe

Les groupes politiques rassemblent non seulement de l’information et des idées, mais ils cherchent souvent à développer des positions de groupes, pour guider leurs membres et/ou pour préparer des déclarations communes et / ou pour négocier des objectifs et des positions. Souvent un porte-parole est choisi pour parler ou négocier au nom du groupe. En général, une délégation appartient à plusieurs groupes de ce type.

 

Les groupes constitués par question

De tels groupes s’occupent de questions spécifiques sur lesquelles leurs membres ont des vues similaires et souhaitent développer des positions communes. Sur d’autres questions, ils restent libres de prendre des positions différentes, voire opposées.

Une forme commune pour ces groupes est le groupe de co-auteurs. Comme le nom l’indique, c’est un groupe de délégations qui associent leur nom – ou projettent de le faire - à une proposition formellement présentée à une conférence. Comme ils sont tous « copropriétaires » de la proposition, ils doivent se réunir pour décider de son texte original ou de tout changement postérieur. Ils se partagent fréquemment l’approche des autres délégations pour obtenir leur appui, font rapport entre eux sur les réactions obtenues, discutent et décident alors ensemble de la suite à donner.

Un groupe de co-auteurs est spécifique à une proposition particulière. Une délégation peut appartenir à plusieurs de ces groupes, chacun d’eux ayant une composition différente. Et quand la proposition a terminé son cours, le groupe se dissout. D’autres groupes sont formés par des délégations souhaitant étendre leur coopération au-delà d’une résolution particulière et continuer à travailler ensemble sur la question sur une base à long terme pour développer leurs vues et plans communs. De tels groupes se donnent alors un nom et certains d’entre eux peuvent durer de nombreuses années. Ils peuvent organiser des conférences spéciales et même se doter de secrétariats.

Ces groupes peuvent être formés par :

  • · Des délégations qui pensent avoir des vues communes
  • · Des délégations dont les gouvernements souhaitent, pour des raisons politiques, unifier leurs positions (même si elles sont initialement très distantes)

Comme avec les groupes de co-auteurs, de nombreuses délégations appartiennent à plusieurs de ces groupes dont la composition diffère et de nouveau, ils sont libres d’avoir des vues différentes entre eux sur d’autres questions.

 

Les Groupes Politiques Plus Importants

Par définition, ces groupes sont moins liés à une question spécifique et ont à des degrés divers, les aspects d’une coalition, d’un groupe d’appui mutuel, de solidarité et de discipline. Dans certaines occasions, ils peuvent développer des déclarations de position commune, articulées aussi par des groupes plus larges regroupant également d’autres groupes et délégations.

 

Les déclarations de groupe

De nombreux groupes politiques sont importants. Au C de S, leurs déclarations sont souvent faites dans le contexte de débats thématiques sur une large gamme de questions. Conformément à l’article 37 du Règlement intérieur provisoire du Conseil, les délégations sont aussi invitées à faire des déclarations au nom des groupes durant les réunions d’information et autres réunions officieuses quand leurs intérêts sont affectés par un conflit particulier dont traite le Conseil. Les groupes invités à parler le font habituellement après que les membres du Conseil ont eu la possibilité de le faire.

Inviter les groupes politiques à parler comprend divers avantages :

  • · Une déclaration commune au lieu de plusieurs déclarations similaires des Etats Membres de façon individuelle, dont bon nombre peuvent être répétitives, économise du temps à la fois à la réunion en général et aux délégations en particulier
  • · Une déclaration unique ou combinée est de loin plus claire et plus cohérente qu’une multitude de déclarations avec différentes audiences nationales en tête, des tonalités, des préoccupations et des modes d’expression internes, voir des contradictions et des incohérences
  • · Une déclaration faite au nom de plusieurs délégations a plus de poids politique qu’une déclaration faite au nom d’une seule délégation
  • · Une déclaration de groupe peut être aussi une démonstration de solidarité ou de l’étendue de l’appui à une position particulière
  • · Une déclaration de groupe peut se baser sur la connaissance et les compétences de plusieurs membres du groupe. Sa qualité est dès lors probablement meilleure qu’une déclaration produite par un seul membre du groupe

Il peut y avoir des inconvénients quand, comme c’est souvent le cas, il existe des vues ou des orientations différentes dans le groupe :

  • · La négociation d’une déclaration de groupe peut prendre du temps
  • · Cette déclaration commune peut ne pas refléter les vues ou la flexibilité de tous les membres du groupe
  • · Elle peut exposer des zones de désaccord (une omission dans letexte peut être perçue comme une indication que le groupe n’a pas une position commune sur un point particulier donné)

D’une façon pratique, les déclarations communes pour les grands groupes ont tendance à être rédigées au départ par un petit nombre de délégations dans le groupe, mais il est essentiel d’assurer que tous les membres du groupe l’acceptent. Ceci peut nécessiter des négociations ultérieures avec des délégations individuelles ou au sein du groupe dans son ensemble. L’avantage d’une déclaration de groupe est complétement perdu si un membre du groupe se dissocie du texte – ce qu’il risque probablement de faire si ses vues n’ont pas suffisamment été prises en considération.

Quand un État Membre du C de S fait une déclaration, il commence généralement par s’associer avec la déclaration faite au nom du groupe auquel il participe, avant même que le représentant du groupe n’ait prononcé la déclaration commune au groupe. Ceci s’applique aussi pour les déclarations de groupe faites au nom de membres qui appartiennent aussi à des groupes plus larges. Le non-respect de cette règle sera noté par les autres délégations qui pourront avoir leur propre interprétation de la situation.

Les déclarations de groupe ont la priorité sur la liste des orateurs par rapport aux déclarations individuelles, et la déclaration d’un groupe important aura la priorité sur celles d’un groupe plus petit, dont les membres sont aussi membres du grand groupe.

Choses à retenir en organisant votre conférence : Si la conférence du C de S fait partie d’un Modèle ONU plus large, il est alors plus facile d’inclure une gamme plus étendue de groupes dans les réunions d’information du Conseil. Cependant, si la conférence ne porte que sur le Conseil, les organisateurs doivent par avance décider s’ils veulent inclure un ou deux participants pour représenter un groupe politique qui est invité à parler en plus des 15 membres du Conseil.