Mémoire et prévention : Le rôle de la commémoration et de la mémoire dans la prévention du génocide
Chaque 9 décembre, le Bureau du conseiller spécial pour la prévention du génocide célèbre l'adoption de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, un engagement mondial fondamental pris lors de la création des Nations Unies, juste avant la Déclaration universelle des droits de l'homme. Par la résolution A/RES/69/323 de l'Assemblée générale du 29 septembre 2015, ce jour est également devenu la Journée internationale de commémoration des victimes du crime de génocide, d’affirmation de leur dignité et de prévention de ce crime.
Cette année, cette Journée est organisée entre deux commémorations importantes. En avril 2024, le Rwanda a commémoré les 30 ans du génocide perpétré en 1994 contre les Tutsis. En juillet 2025, la Bosnie-et-Herzégovine marquera les 30 ans du génocide de Srebrenica en 1995. L'événement sera donc consacré au rôle de la commémoration et des efforts de commémoration non seulement pour honorer les victimes et les survivants du génocide, mais aussi en tant que mécanismes efficaces pour la prévention de génocides futurs. Il se concentrera sur les expériences du Rwanda et de la Bosnie-Herzégovine afin d'explorer les façons dont la commémoration et la mémoire des génocides passés servent de composante essentielle de la prévention.
Les initiatives de commémoration et de mémoire sont inextricablement liées aux deux obligations énoncées par la Convention sur le génocide, à savoir la prévention et la répression du crime de génocide. En encourageant l'établissement de la vérité et la poursuite du processus de réconciliation, en favorisant une culture de l'éducation à la paix, de la cohésion sociale et du respect de la diversité, en gardant la mémoire du passé et en recueillant les témoignages des victimes et des survivants, en créant et en conservant des archives et en contribuant à réduire les cas de déni du génocide et de glorification des criminels de guerre, ces efforts contribuent de manière significative à la mise en œuvre de ces deux obligations essentielles.
La nécessité d'investir dans la prévention des génocides, telle qu'envisagée par les rédacteurs de la convention sur le génocide il y a 76 ans, reste plus que jamais d'actualité.
Événement 2024
9 décembre 2024
11 h – 13 h (heure de New York)
L'événement de haut niveau se tiendra au Siège des Nations Unies à New York, dans la salle du Conseil de tutelle. Il sera également retransmis en direct sur UNTV. Il comprendra des remarques liminaires, suivies d'une table ronde et de déclarations de groupes régionaux d'États Membres. L'événement est ouvert aux États Membres, au personnel de l'ONU, à la société civile, aux médias et au public. Parcourez l'invitation officielle et regardez l'événement sur UN WebTV.
À propos du crime de génocide
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948) définit, en son article 2, le génocide comme étant l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
- Meurtre de membres du groupe ;
- Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
- Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
- Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
- Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Elle confirme, en son article 1, que le génocide, qu’il soit commis en temps de paix ou en temps de guerre, est un crime en droit international, que les Parties s’engagent « à prévenir et à punir ». Il incombe au premier chef à l’État où le génocide est commis de prévenir ce crime et d’y mettre fin.
La Journée internationale
Le 29 septembre 2015, dans sa résolution 69/323, l'Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le 9 décembre, Journée internationale de commémoration des victimes du crime de génocide, d’affirmation de leur dignité et de prévention de ce crime. Le 9 décembre est la date anniversaire de l'adoption de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide (la « Convention sur le génocide »). L’objectif de cette Journée est de mieux faire connaître la Convention sur le génocide et son rôle dans la lutte contre le génocide et la prévention de ce crime, tel que défini dans la Convention, et de commémorer et honorer les victimes. En adoptant la résolution sans vote, l'Assemblée de 193 membres a réitéré la responsabilité de chaque État de protéger ses populations du génocide, ce qui implique la prévention de ce crime et de l'incitation au génocide.
Prévention du génocide
Pour prévenir le génocide et les conflits génocidaires, il est impératif d’en comprendre les causes profondes. Alors qu’un conflit ordinaire peut avoir des causes diverses, le conflit génocidaire a pour cause première l’identité. Le génocide, tout comme les atrocités qui y sont associées, risque en effet de survenir là où différents groupes nationaux, raciaux, ethniques ou religieux s’affrontent sur des questions identitaires. Il trouve rarement son origine dans les différences réelles ou perçues entre ces groupes mais plutôt dans les inégalités qui en émanent : impossibilité de participer au pouvoir, d’accéder à la prospérité, aux services, aux biens et à l’emploi, de prendre part au développement, d’obtenir la qualité de citoyen ou encore d’exercer les libertés et droits fondamentaux. Le génocide est attisé par la discrimination, par les appels à la haine, ainsi que par l’incitation à la violence et à la violation des droits de l’homme.
Pour le prévenir, il est impératif de dégager les éléments (discriminations) qui, dans une situation donnée, conduisent à traiter de manière profondément inégale les divers groupes de population; mais il faut aussi s’employer à atténuer ces facteurs de déclenchement et, à terme, les supprimer. Comme il n’existe aucun pays où la population soit parfaitement homogène, le génocide est un problème qui se pose véritablement à l’échelle mondiale.
Exposition : Stories of Survival and Remembrance (Récits de survie et de mémoire)
Un appel à l'action pour la prévention du génocide
Les objets présentés dans cette exposition reflètent la vie de leurs anciens propriétaires et les répercussions de la guerre, des traumatismes, des déplacements et de l'exil sur leur vie. Les objets ont survécu à l'Holocauste, au génocide et à d'autres crimes atroces au Cambodge, à Srebrenica et au Rwanda.
Voir l'exposition (page en anglais)
Responsabilité de protéger
Au Sommet mondial de 2005, les chefs d’État et de gouvernement ont unanimement affirmé que « c’[était] à chaque État qu’il incomb[ait] de protéger ses populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité ». Ils sont convenus que, lorsqu’il y aurait lieu, la communauté internationale aiderait les États à s’acquitter de cette responsabilité en renforçant leurs capacités avant que les crises et les conflits n’éclatent.
Toutefois, lorsqu’un État « n’assure[rait] manifestement pas » la protection de ses populations contre les quatre crimes visés, la communauté internationale devrait être prête à mener une action collective par l’entremise du Conseil de sécurité, conformément à la Charte des Nations Unies. L’intervention n’a lieu que lorsque la prévention échoue. La prévention est donc le principe de base de la responsabilité de protéger.
Les trois piliers de la responsabilité de protéger sont définis dans le Document final du Sommet mondial de 2005 (A/RES/60/1, par. 138 à 140) et formulés dans le rapport du Secrétaire général (A/63/677) présenté en 2009 sur le sujet. L'engagement politique pris par les États Membres en 2005 est profondément enraciné dans le droit international, notamment la Convention sur le génocide.
Les Conseillers spéciaux pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger
Les Conseillers spéciaux du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide et pour la responsabilité de protéger, qui sont investis de missions distinctes mais complémentaires, œuvrent de concert pour promouvoir des initiatives aux niveaux national et international en vue de protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité, ainsi que l’incitation à les commettre.
L’une de leurs tâches principales est le recueil d’informations sur les situations où il peut y avoir un risque de génocide, de crimes de guerre, de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité, sur la base des facteurs de risque énoncés dans le Cadre d'analyse des atrocités criminelles. En raison de la nature sensible de leur mandat, une grande partie du travail du bureau se fait loin des regards du public. Toutefois, lorsque les Conseillers spéciaux jugent que le partage de leurs préoccupations avec le public permettra de réduire le risque de crimes atroces dans une situation spécifique, ils le font par le biais de déclarations publiques et, sur demande, en informant le Conseil de sécurité.

Cliquez sur le visuel pour le télécharger. Merci de respecter les règles d'utilisation.
Plus d'informations
Ressources
Documents
- Résolution déclarant la Journée internationale de commémoration des victimes du crime de génocide, d’affirmation de leur dignité et de prévention de ce crime (A/RES/69/323)
- Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide (A/RES/260/III)
- États parties à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide
- Résolution du Conseil des droits de l’homme sur la prévention du génocide (A/HRC/RES/28/34)
- Résolution du Conseil de sécurité sur la prévention et la lutte contre le génocide et autres violations graves du droit international humanitaire [S/RES/2150(2014)]
- Document final du Sommet mondial de 2005 (A/RES/60/1)
Autres liens
- Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la prévention du génocide
- Cadre d'analyse des atrocités criminelles
- Programme de communication sur le génocide au Rwanda
- Programme de communication sur l'Holocauste
- Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995
Vidéos
Convention sur le génocide
Quand les mots tuent
Immaculée Songa : survivante du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda.
Article
« Nous devons lutter contre les discours de haine si nous voulons empêcher de futurs génocides » - Entretien avec Alice Wairimu Nderitu, conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, par Zipporah Musau d'Afrique Renouveau