31 mars 2020 — Le monde est confronté à une épreuve sans précédent. Et c’est le moment de vérité.

Des centaines de milliers de personnes tombent gravement malades de la COVID-19 et la maladie se répand à vitesse grand V.

Les sociétés sont dans la tourmente et les économies sont en chute libre.

Le Fonds monétaire international a réévalué les perspectives de croissance pour 2020 et 2021 et déclaré que nous étions entrés en récession, une récession aussi grave, voire plus grave que celle de 2009.

Nous devons réagir ensemble, de manière décisive et innovante, pour empêcher la propagation du virus et faire face aux ravages socioéconomiques que la COVID-19 fait partout.

La réponse doit être à la mesure de la crise : il faut intervenir à grande échelle, de manière coordonnée et globale, les ripostes nationales et internationales devant être guidées par l’Organisation mondiale de la Santé.

Et elle doit être multilatérale, les pays devant faire preuve de solidarité envers les communautés et les nations les plus vulnérables.

Le message que transmet le rapport que nous publions aujourd’hui est sans équivoque : responsabilité partagée et solidarité mondiale sont les mots d’ordre face à l’impact de la COVID-19.

C’est un appel à l’action.

Il faut que les pays s’unissent non seulement pour combattre le virus, mais aussi pour s’attaquer à ses répercussions profondes.

Premièrement, un appel à l’action sanitaire immédiate et coordonnée, afin d’empêcher la transmission et de mettre fin à la pandémie. 

Une action qui multiplie les capacités sanitaires en matière de dépistage, de traçage, de quarantaine et de traitement, tout en garantissant la sécurité du personnel qui assure les premiers secours et en prenant des mesures pour limiter les mouvements et les contacts.

Une action qui offre un accès universel au traitement et au vaccin, lorsqu’ils seront prêts.

Il faut absolument que les pays développés aident immédiatement les pays moins développés à renforcer leurs systèmes de santé et leur capacité de riposter pour arrêter la transmission.

Sinon, nous serons pris dans un cauchemar : la maladie se propagera dans les pays du Sud comme un feu de forêt, elle fera des millions de morts et risquera de réapparaître là où elle avait disparu.

N’oublions pas que dans le monde interconnecté qui est le nôtre, notre force se mesure à l’aune de notre aptitude à soutenir les systèmes sanitaires les plus précaires.

Je suis particulièrement préoccupé par le continent africain et j’encourage vivement le G20 à faire avancer l’initiative Pacte avec l’Afrique, comme cela a été proposé au Sommet.

Deuxièmement, nous devons nous attaquer aux dimensions sociales et économiques dévastatrices de cette crise, en nous concentrant sur les plus touchés : les femmes, les personnes âgées, les jeunes, les travailleurs peu rémunérés, les petites et moyennes entreprises, le secteur informel et les groupes vulnérables, en particulier ceux qui font face à une crise humanitaire ou à un conflit.

Il faut que les pays s’unissent non seulement pour combattre le virus, mais aussi pour s’attaquer à ses répercussions profondes.

Pour cela, il faut élaborer des politiques budgétaires et monétaires qui permettent d’accorder directement des ressources aux travailleurs et aux ménages, d’offrir une assurance maladie et une assurance chômage, d’améliorer la protection sociale et de renforcer l’aide aux entreprises pour éviter les faillites et les pertes d’emplois massives.

Il faut une réponse multilatérale à grande échelle, qui soit coordonnée et globale et qui représente au moins 10 % du PIB mondial.

Les pays développés peuvent le faire seuls et certains le font déjà d’ailleurs.

Mais nous devons accroître considérablement les ressources des pays en développement en donnant une plus grande latitude au Fonds monétaire international pour qu’il émette des droits de tirage spéciaux et en donnant les moyens aux autres institutions financières internationales d’injecter rapidement des ressources dans les pays qui en ont besoin.

Des échanges coordonnés entre banques centrales peuvent également apporter des liquidités aux économies émergentes.

L’allégement de la dette doit être une priorité – y compris l’exonération immédiate du paiement des intérêts pour 2020. 

Le système des Nations unies est pleinement mobilisé : il donne des orientations pour l’action mondiale, soutient les interventions des pays et met ses chaînes d’approvisionnement à la disposition du monde entier. 

Et pour soutenir nos efforts, nous mettons en place un fonds d’affectation spéciale pluripartenaire pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement afin d’aider les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire à faire face à l’urgence et à se remettre du choc socioéconomique.  

Dans le monde entier, les coordonnateurs résidents des Nations unies seront les moteurs de l’intervention des Nations unies sur le terrain : ils veilleront à ce que toute l’étendue des compétences et des moyens du système des Nations unies serve à soutenir les pays de la manière la plus efficace et la plus utile possible.   

Enfin, lorsque nous aurons surmonté cette crise – et nous la surmonterons ! - nous devrons choisir.

Nous pourrons revenir au statu quo ou nous pourrons nous attaquer résolument aux problèmes qui nous rendent tous inutilement vulnérables face aux crises.

Le Programme 2030 et les 17 objectifs de développement durable guident nos pas.

Après la crise de la COVID-19, le relèvement doit ouvrir la voie à une économie différente.

Dans tout ce que nous faisons pendant et après cette crise, nous devons mettre l’accent sur l’édification d’économies et de sociétés plus égales, plus inclusives et plus durables, qui soient plus résistantes face aux pandémies, aux changements climatiques et aux nombreux autres défis mondiaux que nous devons relever.

Ce dont le monde a besoin maintenant, c’est de solidarité. 

Grâce à la solidarité, nous pouvons vaincre le virus et bâtir un monde meilleur.