Thème pour l'année 2009 :

« Rompre le silence : N’oublions pas »

Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves

 

« L’histoire de la fin de la traite des esclaves mérite d’être racontée ici, aux Nations Unies.  En effet, la défense des droits de l’homme est au cœur de la mission générale de cette Organisation.  Notre Charte proclame l’égalité des droits.  La Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que « nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ».

Le Secrétaire général, Ban Ki-moon

 

La traite transatlantique des esclaves a perduré pendant quatre siècles.

Imaginez être arraché à votre famille en pleurs à la suite d’une guerre ethnique… Obligé de marcher des centaines de kilomètres jusqu’à la rive ouest-africaine de l’océan Atlantique. Vous êtes dépouillé de votre nom, de votre identité, de tous les droits que mérite un être humain. Le navire européen à bord duquel vous êtes contraint d’embarquer se dirige vers les plantations des Caraïbes et de l’Amérique du Sud en traversant l’Atlantique, un voyage à travers le funeste « Passage du milieu ». Une multitude de Noirs de toutes sortes, enchaînés les uns aux autres, ayant à peine la place de se retourner, voyageant pendant des mois, ayant le mal de mer, entourés par des baignoires crasseuses remplies de vomi dans lesquelles les enfants tombaient souvent, certains allant jusqu’à s’étouffer. Les cris des femmes et les gémissements des mourants rendent toute cette scène d’horreur presque inconcevable. La mort et la maladie sont omniprésentes et seule une personne sur six survivra à ce voyage et au travail brutal et épuisant qui lui succède.

 

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Contexte

Imaginez qu'on vous arrache à votre famille en pleurs… qu'à marches forcées, on vous emmène à des centaines de kilomètres jusqu'à ce que vous arriviez sur les rivages de la côte ouest-africaine de l'océan Atlantique. On vous dépouille de votre nom, de votre identité, de tous les droits inhérents à tout être humain. Le navire européen sur lequel on vous force à embarquer va traverser l'Atlantique en direction des plantations des Caraïbes et de l'Amérique du Sud; c'est la tristement célèbre « traversée du milieu » : une foule hétéroclite d'hommes et de femmes noirs enchaînés les uns aux autres, ayant à peine la place de bouger pendant une traversée de plusieurs mois. Souffrant du mal de mer, ils vivent dans la saleté, à proximité de bacs remplis de vomi où souvent des enfants tombent et se noient. Les cris des femmes et les râles des mourants rendent toute cette scène d'horreur presque inconcevable. La mort et la maladie sont partout. Une personne sur six périra pendant cette traversée et ou ne survivra pas au travail brutal et éreintant qui l'attend…

La traite transatlantique des esclaves a duré plus de quatre siècles.

 

Le « commerce triangulaire »

Des navires transportant des marchandises telles que des armes, de l'alcool et des chevaux quittaient les ports européens pour l'Afrique de l'Ouest, où ils échangeaient ces produits contre des Africains réduits en esclavage. Ces esclaves avaient soit été capturés au cours de guerres, soit étaient victimes d'entreprises locales fructueuses de capture et de vente d'esclaves.

Des bateaux lourdement chargés d'esclaves africains se lançaient alors dans la « traversée du milieu » en direction des colonies américaines et européennes des Caraïbes et de l'Amérique du Sud. Pour transporter le maximum d'esclaves, les navires supprimaient souvent leur entrepont. On estime à un sur six le nombre d'esclaves qui mouraient pendant la traversée en raison de l'insalubrité et du manque d'espace. Sur les navires frappés par des maladies ou en proie à une rébellion, le nombre de morts pouvait dépasser un esclave sur deux.

Une fois que les esclaves qui avaient survécu étaient vendus, les navires rentraient en Europe chargés de denrées produites par le travail des esclaves : sucre, tabac, coton, rhum et café. 

 

Justification du système esclavagiste

La traite transatlantique des esclaves s'inscrivait dans un système économique vaste et complet. Les principaux pays commerçants — Espagne, Portugal, Pays-Bas, Angleterre et France — réalisaient des profits à chaque étape du commerce triangulaire et un grand nombre de villes d'Europe ont prospéré grâce aux profits issus des industries agricoles érigées et fructifiées littéralement sur le « dos » des esclaves africains.

La pratique de l'esclavage était souvent justifiée par des raisons philanthropiques ou religieuses. Cette pratique était même codifiée par des lois comme le fameux « Code Noir » de 1685. Ce code français énonçait les droits et les devoirs des maîtres et des esclaves dans les colonies des Amériques et stipulait : « Nous déclarons les esclaves être meubles ». Il mettait en place un système disciplinaire rigoureux qui imposait de fouetter les esclaves et de les marquer aux fers pour des délits mineurs. Mais en même temps, il prétendait « protéger » les esclaves contre les abus de leurs maîtres et prévoyait des jours fériés pour les fêtes religieuses, imposait la religion catholique, tolérait les mariages mixtes et préconisait la préservation des familles. 

 

Abolition de la traite transatlantique des esclaves

Vers la fin du XVIIIe siècle, l'opposition morale et politique à la traite des esclaves grandissait en Grande-Bretagne et aux États-Unis, ainsi que dans d'autres parties d'Europe. Des groupes tels que les Quakers en Amérique du Nord et la Société pour l'abolition de l'esclavage en Grande-Bretagne jouèrent un rôle décisif pour sensibiliser l'opinion publique à la traite des esclaves par le biais de pétitions publiques, de campagnes de boycott et par la diffusion de documents décrivant et parfois illustrant les conditions de vie des esclaves à bord des navires négriers et sur les plantations.

Et il y eut également des révoltes d'esclaves, notamment en Haïti pendant la Révolution de 1791 à 1804. A lui seul, cet événement a marqué un tournant très important dans la traite des esclaves, car les puissances coloniales commencèrent à prendre conscience des risques politiques et militaires posés par ces soulèvements. Ce facteur, conjugué aux voix de plus en plus fortes du mouvement abolitionniste et à de nouvelles conditions économiques qui avaient diminué l'importance économique de certaines colonies européennes, signala le début de la fin de la traite transatlantique.

Il y a 200 ans, au début du mois de mars 1807, le Président des États-Unis, Thomas Jefferson, signait une loi abolissant la traite. Ce même mois, le Parlement britannique, sous l'impulsion des abolitionnistes William Wilberforce, le révérend James Ramsay et John Wesley, interdisait la traite des esclaves dans tout l'Empire britannique. L'Histoire avait pris un nouveau tournant.

Dans les années qui suivirent, d'autres pays d'Europe mirent en place des lois interdisant l'esclavage, mais ce n'est que 80 années plus tard que la traite transatlantique des esclaves a enfin cessé, après que Cuba et le Brésil l'ont abolie en 1886 et 1888 respectivement.

 

Legs

Le legs de la traite transatlantique des esclaves fait l'objet de nombreux débats. Il est certain que la traite a entraîné la destruction d'une partie importante de la langue, de la culture et de la religion de millions d'Africains réduits en esclavage. Le « départ » d'un si grand nombre d'habitants de l'Afrique a perturbé l'économie du continent et, d'après certains chercheurs, cela aurait désavantagé l'Afrique de manière permanente par rapport à d'autres régions du monde. D'aucuns font également valoir que l'esclavage a redéfini l'Afrique aux yeux du monde, laissant derrière lui un racisme persistant et l'image stéréotypé de l'infériorité des Africains.

 

Rompre le silence pour ne pas oublier

Le 17 décembre 2007, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé qu'à partir de 2008, le 25 mars serait chaque année la Journée internationale de célébration du bicentenaire de l'abolition de la traite transatlantique des esclaves. On ne sait pas grand-chose des 400 années qu'a duré la traite transatlantique des esclaves et de ses conséquences à long terme dans le monde, ni des contributions des esclaves à l'édification des sociétés qui les ont réduits en esclavage. Ce manque de connaissance a eu pour effet de marginaliser les peuples d'origine africaine en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud.

L'objectif de cette Journée est d'honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie à cause de l'esclavage et de ceux qui ont subi les horreurs de la traversée du milieu et ont lutté pour obtenir leur liberté. C'est également une journée consacrée à l'examen des causes, des conséquences, et des enseignements de la traite transatlantique des esclaves en vue de sensibiliser le public aux dangers du racisme et des préjugés.

Sources :

 

Tambours et esclavage

 

En Afrique sub-saharienne, la plupart des gens ne sont généralement pas enclins à séparer le rythme, les dimensions spirituelles et l'ordre de l'univers dans des compartiments. Les sociétés traditionnelles africaines considèrent que le tambour a un esprit et un caractère clairement observables. On croit, dans de nombreuses communautés africaines, que la voix des grands ancêtres se cache dans le bois des arbres, et que les hommes et les femmes peuvent entrer en contact avec eux quand ils en ont besoin. L'histoire africaine se transmet par tradition orale. 

Partout, les esclaves ont lutté pour garder leur héritage et la pratique du tambour vivants. Les tambours du Cameroun représentent de nombreux types de tambours africains. Du fait de ses nombreux peuples et de sa localisation géographique unique : sur la côte, au cœur de l'Afrique mais aussi aux portes du Sahara, le Cameroun est parfois perçu comme l'Afrique en miniature. Ces tambours sont aussi le reflet de perspectives spirituelles, sociales, ethno-anthropologiques et artistiques. La signification historique et culturelle des tambours au regard de la traite transatlantique des esclaves est remarquable.

Pendant le Passage, on encourageait les esclaves à battre le tambour. Mais à l'arrivée en Amérique, la pratique du tambour leur était interdite, pour la plupart d'entre eux. Néanmoins, le tambour a continué son voyage, et a accompagné les esclaves noirs partout où ils allaient, influençant ou créant de nouveaux genres artistiques et musicaux, tels que la forme « question-réponse » importée en Amérique  et dans le monde pour la première fois par les esclaves et aujourd'hui répandu dans le blues, le jazz, le rock and roll, et le hip-hop. Mais l'influence des tambours est allée au-delà de la musique. Les Tambours ont continué à galvaniser l'esprit guerrier des esclaves noirs comme au cours de la Révolte de Stono en Caroline du Sud ou le soulèvement de la Nouvelle-Orléans. Partout dans les Amériques, les esclaves africains célébraient leur liberté retrouvée en battant les tambours. C'est arrivé le 12 avril 1865 quand les Confédérés ont quitté Mobile et qu'un groupe de jeunes africains décidèrent de faire quelque chose « d'africain » pour fêter leur retour à la liberté. Ils ont sculpté un tambour, l'ont frappé et sa pulsation puissante les a ramenés en Afrique. L'un d'entre eux, Cudjo Lewis, a dit : “After dey free us, you understand me, we so glad, we makee de drum and beat it lak in de Affica soil.”  Cudjo Lewis faisait partie des derniers Africains à avoir été acheminés aux États-Unis par le commerce transatlantique des esclaves. Comme le symbolisait leur tambour, la liberté était pour eux directement liée à l'Afrique. 

L'exposition montre l'importance unique qu'a le tambour pour tous, constituant aujourd'hui encore un lien fort entre les anciens esclaves d'origine africaine et l'Afrique, malgré des siècles d'esclavage.

Des pièces très spéciales et très rares, dont des tambours royales font partie de l'exposition, pour laquelle DPI a collaboré avec le Centre Schomburg de recherche en culture noire et le Centre culturel caribéen de New York. En plus du matériel académique fourni par le Cameroun, les deux institutions ont contribué à l'exposition par des textes et des recherches.

 


Message du Secrétaire général

25 mars 2009

 

L'investiture, cette année, d'un fils d'Afrique comme Président des États-Unis a marqué pour beaucoup une étape historique dans un long voyage entamé il y a plus de 400 ans. D'un bout à l'autre des Amériques et des Caraïbes, il y a longtemps que les descendants des victimes de la plus grande migration forcée de l'histoire se battent âprement pour obtenir la justice, l'assimilation et le respect, et la lutte dure encore.

La Journée internationale du souvenir dédiée aux victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves est un hommage à la mémoire des millions d'Africains qui ont été arrachés à leur terre et réduits en esclavage. Les estimations du nombre de millions d'hommes et de femmes qui ont été déplacés varient, mais ce que personne ne peut contester, c'est l'héritage laissé par cet odieux trafic. L'Afrique ne s'est pas encore remise des ravages du commerce des esclaves, ni de la colonisation qui a suivi. Et, de l'autre côté de l'Atlantique, ainsi qu'en Europe et ailleurs dans le monde, des descendants d'Africains continuent de se débattre quotidiennement contre les préjugés profondément ancrés qui font qu'ils continuent de compter pour une part disproportionnée des populations qui vivent dans la pauvreté.

Bien que l'esclavage ait été officiellement aboli, le racisme continue de souiller le monde d'aujourd'hui. Il en est de même des formes contemporaines de l'esclavage que sont la servitude, la prostitution forcée et l'utilisation des enfants dans la guerre et le trafic international des stupéfiants. Nous devons absolument élever vigoureusement la voix contre ces atteintes. Selon la Déclaration universelle des droits de l'homme, « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Lorsque ce principe fondamental n'est pas respecté, on plonge directement dans l'inhumanité de l'esclavage et les horreurs du génocide.

Le thème des activités commémoratives organisées cette année est la dénonciation de l'esclavage. Il nous appelle à « Rompre le silence, tambour battant ». Depuis que le jour s'est levé, en Afrique, sur la race humaine, les tambours marquent le pouls de notre histoire, et ils continuent de nous aider à célébrer l'humanité que nous partageons. Aujourd'hui, j'exhorte tout un chacun, où qu'il ou elle soit, à battre le tambour pour proclamer que, noirs ou blancs, hommes ou femmes, nous ne formons qu'un seul peuple. Dans un orchestre, les musiciens jouent chacun sa partition, mais non sans s'écouter les uns les autres. Il nous faut suivre leur exemple. Nous ne pouvons trouver l'harmonie que si nous nous respectons mutuellement, nous apprécions notre diversité et nous collaborons dans la poursuite de nos objectifs communs.

Ban Ki-moon

 


Message du Président de l'Assemblée générale

25 mars 2009

 

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les musiciens et autres « saltimbanques »,
Mes chères sœurs, mes chers frères,

Permettez-moi de commencer par vous remercier tous d'avoir braqué l'attention — non seulement la nôtre, ici à l'ONU, mais celle du monde entier — sur cette Journée de commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. On dirait qu'après tant de siècles, le monde commence enfin à assumer ce qui est une des pires souillures laissées par notre long passé de traitement inhumain de nos frères et sœurs humains. C'est même paradoxal que nous saluions le souvenir d'un passé aussi cruel. Mais cela traduit un changement qui mérite d'être célébré et marqué avec solennité.

L'abolition de la traite transatlantique des esclaves remonte à 1808 : l'événement nous paraît éloigné dans le temps et donc lointain. Mais je suis persuadé que la plupart d'entre nous savons combien il importe d'appeler l'attention du monde entier sur cet événement historique.

En fait, l'abolition de la traite des esclaves, dont les vaisseaux avaient, pendant des centaines d'années, sillonné l'Atlantique, de l'Afrique à l'Europe, à l'Amérique latine et à l'Amérique du Nord, n'a pas mis fin à l'esclavage. Elle a même provoqué des ressentiments et fait couler le sang, d'une manière dont les effets nous hantent encore. Mais elle a marqué une étape importante sur le chemin de l'élimination de l'esclavage, car c'était une des premières décisions par lesquelles la communauté internationale s'unissait dans la lutte contre ce commerce si barbare et monstrueusement lucratif.

J'ai toujours été partisan du pardon et de la réconciliation. La traite des esclaves est un abominable crime contre l'humanité, et c'est extraordinaire qu'autant d'Africains et leurs descendants dans les Amériques aient eu la générosité de le pardonner. Mais il n'en reste pas moins qu'aucun de nous, où qu'il se trouve dans le monde, ne doit l'oublier.

Un des aspects de ce drame de dimension historique est que la traite des esclaves et l'esclavage lui-même restent d'une profonde actualité, même si on continue de les passer sous silence. Cela transparaît dans le racisme qui reste incrusté dans pratiquement toutes nos sociétés. N'oublions pas que c'est l'omniprésence de ce mal qui donne toute son actualité et son importance à la Conférence d'examen de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, qui doit avoir lieu à Genève le mois prochain. Unissons nos efforts pour que cette conférence, qui suscite la controverse, soit utile et réussie.

L'actualité de l'esclavage nous rappelle que la traite des esclaves est une institution qui n'a pas seulement dévasté un continent, mais aussi empoisonné à la racine, par sa présence corrosive, bien des sociétés, anciennes ou naissantes. Nous continuons tous à subir les conséquences de cette exploitation, quoique, bien évidemment, certains en pâtissent beaucoup plus que d'autres.

En même temps que nous portons notre attention sur les victimes de la traite des esclaves, il nous faut reconnaître qu'une forme contemporaine d'esclavage perdure parmi nous, souvent invisible et tolérée à l'échelon international. Malgré les lois qui proclament l'interdiction de l'esclavage et de la traite des esclaves sous toutes leurs formes, des millions de personnes restent entre les griffes de l'esclavage. Il suffit de voir ce qu'on rapporte sur les conditions abominables dans lesquelles vivent les ouvriers agricoles, souvent des autochtones, qui sont victimes des formes classiques d'asservissement.

Et il y a aussi les formes plus modernes de l'esclavage, qui reposent sur la traite d'êtres humains, le comble de l'infamie en matière de commerce international. Leurs victimes sont les travailleurs forcés, les enfants soldats et les esclaves sexuels, ainsi que ceux qui sont pris dans les mailles des réseaux d'adoption illégale ou du trafic d'organes. Je trouve que nous pouvons être fiers de l'action que mène l'Assemblée générale sur de multiples fronts pour punir et faire disparaître ces formes contemporaines de crimes contre l'humanité.

Mais aujourd'hui, nous sommes réunis pour commémorer les innombrables victimes de la traite transatlantique des esclaves, pour honorer leur mémoire et pour leur rendre la place dans l'Histoire que beaucoup préfèrent leur refuser. Je rends hommage au travail accompli par le Département de l'information, ainsi qu'à la générosité des musiciens qui sont venus si nombreux pour donner plus de retentissement à cette commémoration. Joignons-nous tous à l'action concertée menée pour faire de l'esclavage un lointain souvenir, et non plus la réalité cauchemardesque qu'il reste aujourd'hui.

Je vous remercie.

H.E. Mr. Miguel d'Escoto Brockmann

 


Célébration

 

Les divers évènements de la célébration ont rassemblé une large diaspora de personnalités connues, dont des artistes, auteurs et historiens descendants d'esclaves vivant maintenant dans les Caraïbes, en Amérique et bien sûr, en Afrique.

En plus des activités de New York, les Centres d'informations des Nations Unies de par le monde ont organisé d'autres évènements.

 

Projection de documentaires

Une projection de documentaires a été organisée dans l'Auditorium de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld le 24 mars 2009, de 13h15 à 18h00.

Les trois films ont été projetés à New York, retraçant l’histoire de la traite des esclaves et explorant les répercussions sociales et culturelles de l’esclavage ainsi que les réalisations extraordinaires des descendants d’esclaves qui ont accompli des choses formidables et stimulantes. 

Après la projection des documentaires a eu lieu une session de questions et réponses à laquelle ont assisté M. Georges Collinet (Cameroun/États-Unis), qui figure également dans le premier film Scattered Africa: Faces and Voices of the African Diaspora, M. Renato Barbieri (Brésil), directeur du second film Black Atlantic: On the Orixas Route, et M. Jeffery Heyman, directeur du troisième film Merritt College: Home of the Black Panthers.

 

Exposition de tambours

Le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, participe à la cérémonie d'inauguration de l'exposition « Rompre le silence, tambour battant  » aux côtés de la Ministre de la culture du Cameroun, Mme. Ama Tutu Muna.
Crédit : Photo ONU/Paulo Filgueiras 

Une exposition de tambours intitulée « Rompre le silence, tambour battant  » a été officiellement inaugurée dans la galerie nord-est de l'entrée des visiteurs, mardi 24 mars à 18 heures

Cette exposition, visible jusqu'au 24 avril, a pour objectif d'illustrer la signification unique et durable du tambour en tant que lien entre les descendants des anciens esclaves d'origine africaine et la « Mère Afrique  ». Le fil conducteur est le « voyage » du tambour, de l'Afrique aux Amériques, par le biais du la traite transatlantique des esclaves, qui a duré près de 400 ans. La collection de tambours présentée comprend un large éventail de tambours séculiers, sacrés, religieux et non religieux, cérémoniaux, ludiques et parlants, principalement du Cameroun et des Caraïbes. 

À l’occasion de l’ouverture formelle de l’exposition, le Secrétaire général a déclaré que « les tambours ont donné le pouls de notre histoire et ils continuent à nous aider à célébrer notre humanité commune. Nous devons battre le tambour pour proclamer que quelque soit notre couleur, quelque soit notre genre, nous sommes un peuple, avec un futur commun. Assurons-nous que ce futur soit un futur de paix, de respect et de liberté ».

À l’occasion de cette exposition, le Gouvernement du Cameroun a envoyé à New York une délégation de 30 artistes, experts et hauts fonctionnaires, conduite par la Ministre de la culture du Cameroun, Mme Ama Tutu Muna.

Mme Pauline Andela Tsala fait une démonstration de tambour parlant à la cérémonie d'inauguration de l'exposition « Rompre le silence, tambour battant » à laquelle assiste le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon.
Crédit : Photo ONU/Paulo Filgueiras 

Une des artistes de la délégation, Mme Pauline Andela Tsala, âgée de 76 ans, est une des dernières pratiquantes de la tradition du tambour parlant. Elle est connue pour sa capacité extraordinaire à déchiffrer et traduire les rythmes et les lignes des battements de tambour, avec le code Morse.

Un tambour très spécial a été envoyé par avion du Cameroun pour cette exposition; il s’agit du Ndek, un tambour de 230 ans, pesant 400 kilogrammes, et réputé être « l’âme » du peuple Gounoko du nord-ouest du Cameroun. Cet objet rare et sacré était utilisé pour envoyer des signaux aux jeunes Gounoko dans un rayon de 16 kilomètres afin de fuir les guerres et de se protéger des esclavagistes.

Avant de permettre aux autorités camerounaises d’envoyer le Ndek à New York, le peuple Gounoko a procédé à une cérémonie spéciale présidée par son roi (fon), en spécifiant que personne ne devrait jouer de ce tambour et en s’assurant auprès des autorités que le tambour sera restitué rapidement et en bonne condition à sa terre d’origine.

Pour faciliter ce retour, le peuple Gounoko a accepté de prêter ce bien culturel aux autorités à mi-chemin du territoire de la communauté. Dans un sens spirituel, ils ont ainsi éliminé tous les obstacles potentiels au retour du Ndek.

Des tambours appartenant au défunt maître du tambour nigérien, Babatunde Olatunji, sont également exposés.

 

Vidéoconférence pour les étudiants

La vidéoconférence a commencé mercredi 25 mars à 9h00 [heure de New York].

Des écoles des États-Unis ont participé à la conférence dans le cadre du Réseau des écoles associées de l'UNESCO et des écoles des Caraïbes invitées par l'Organisation Amistad America, avec des étudiants des écoles de la ville de New York rassemblés au Siège des Nations Unies.

 

Événement musical

Le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, a été rejoint au tambour par la Ministre de la culture camerounaise, Mme Ama Tutu Muna.
Crédit : Photo ONU/Paulo Filgueiras

À 12h00, mercredi 25 mars, le Secrétaire général a symboliquement lancé les Événementsde cette semaine en jouant quelques notes sur un tambour importé du Cameroun, aux côtés de musiciens, joueurs de tambour et groupes musicaux qui se sont produits sur la pelouse, à proximité de la Cloche de la paix.

M. Ban Ki-moon a été rejoint au tambour par la Ministre de la culture camerounaise, Mme Ama Tutu Muna.

L’événement a présenté des performances par des percussionnistes solo et en groupe : Vado Diamonde de Côte d’Ivoire, Manhattan Samba présentant de la musique brésilienne, Magbana Drum and Dance de Brooklyn, les New Yorkais Chauncey Yearwood et David Freyre, Harmony Music Makers, groupe musical des Caraïbes, un groupe d’enfants de l’École franco-américaine de New York, une représentation organisée par des joueurs de tambour et une cérémonie typique d’invocation des esprits (griot) du Cameroun.

Mme Demissa Williams, Représentante permanente de la Grenade, en sa qualité de Présidente de la Communauté caribéenne (CARICOM), a annoncé que la CARICOM sélectionnera bientôt un Ambassadeur de bonne volonté et mettra en place un fonds d’affectation spéciale pour travailler à la construction d’un mémorial permanent consacré au souvenir de la traite transatlantique des esclaves au Siège des Nations Unies.

Un artiste joue de son tambour pour marquer l'ouverture de la cérémonie « Rompre le silence, tambour battant ».
Crédit : Photo ONU/Mark Garten 

En sa qualité de Président du Groupe africain, le Représentant permanent de la Sierra Leone auprès des Nations Unies, S.E. M. Shekou Tourey, s’est aussi adressé à l’audience.

Alors que les sons des tambours retentissaient dans les étages du Secrétariat, les enfants discutaient de l’impact continu de l’esclavage transatlantique. Les visiteurs ont pu profiter de l’exposition qui illustre la signification unique et permanente du tambour en tant que lien entre les descendants d’esclaves africains et le continent africain.

Les roulements de tambour ont également raisonnés à l’Office des Nations Unies à Nairobi.

 

Conférence de presse

Gilberto Gil, ancien Ministre brésilien de la culture et star de la musique, a salué les Nations Unies pour chercher à se remémorer le passé, en œuvrant pour le futur.
Crédit : Photo ONU/Mark Garten 

Mercredi 25 mars, à 13 heures, dans la salle 226, le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, M. Kiyo Akasaka, a donné le détail des trois jours de festivités prévues au Siège de l’ONU, à New York, pour commémorer la Journée internationale en souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. 

Au cours de la conférence de presse qu’il a donnée aujourd’hui, M. Akasaka est apparu aux côtés du musicien vainqueur d’un Emmy Award et philanthrope Peter Buffet, de la vedette américano-sénégalaise du rap Akon, de l'ancien Ministre brésilien de la culture et star de la musique Gilberto Gil, du chanteur afro-pop malien Salif Keita, de la chanteuse haïtienne Emeline Michel, des musiciens Nile Rogers et Allan Buchman, directeur musical et producteur du concert, qui s'est tenu le 25 mars au soir dans la salle de l’Assemblée générale. 

 

Concert et événement culturel

Le concert a eu lieu dans le hall de l'Assemblée générale le mercredi 25 mars à 19h30.

Les spectateurs de l'événement culturel de mercredi soir se sont vu offrir un hommage émouvant aux victimes de la traite transatlantique des esclaves, par 30 artistes, allant des musiciens Salif Keita et Gilberto Gil aux actrices Whoopi Goldberg et Phylicia Rashad, qui étaient présents dans la salle de l'Assemblée générale.

Le concert était un des points forts de la Commémoration 2009 de la Journée internationale du souvenir des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.

Pour cette commémoration, le musicien — titulaire d'un Emmy Award — Peter Buffett et la star américano-sénégalaise du Hip-hop Akon ont interprété la première fois une nouvelle chanson, Blood into Gold, avec l'aide du légendaire producteur de musique Nile Rodgers, qui a accompagné plusieurs artistes au cours de la soirée.

La soirée a commencée avec les tambours traditionnels du Cameroun, suivi par le groupe The Blind Boys of Alabama, qui ont interprété un Spiritual traditionnel.

Les performances musicales étaient entrecoupées par la lecture de documents historiques et de poésie sur le thème de la soirée. Parmi les lecteurs, on pouvait compter l'athlète olympique Carl Lewis et la comédienne, actrice et poète Sarah Jones.

L'actrice et personnalité de la télévision Whoopi Goldberg a lu la Proclamation d'émancipation, le document original signé de la main d'Abraham Lincoln étant à ses côtés sur la scène.

Parmi les autres artistes présents se trouvaient la Soprano américaine Angela Brown, Emeline Michel d'Haïti, Izaline Calister de Curaçao et Ky-mani Marley de la Jamaïque, qui a interprété le succès de son père Bob Marley, Redemption Song.

L'actrice CCH Pounder et le Directeur de la Division de la sensibilisation du public du Département de l'information, Eric Falt, se partageaient les tâches de maîtres de cérémonie.

 

Table ronde

Jeudi 26 mars, à 10h15 a eu lieu une table ronde sur le thème de l'impact de la traite des esclaves sur la société moderne, en salle de conférence 4.

 

Dédicace d'ouvrages

La librairie des Nations Unies a organisé un événement sur l'esclavage et une dédicace d'ouvrages par les auteurs Ngugi wa Thiong'o et Sylviane Anna Diouf, jeudi 26 mars à 13h30.

 


Fiche d'information : l'esclavage aujourd'hui

Les formes modernes de l'esclavage

 

La  Journée internationale annuelle de commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves vient également nous rappeler que des formes contemporaines d'esclavage – trafic de personnes, prostitution forcée, enfants soldats, travail forcé et asservi et utilisation des enfants dans le commerce international des stupéfiants – fleurissent encore aujourd'hui, en grande partie à cause de la vulnérabilité exacerbée par la pauvreté, la discrimination et l'exclusion sociale.

  • On estime à plus de 250 000 le nombre d'enfants exploités aujourd'hui comme enfants soldats dans une trentaine de zones de conflit dans le monde. Un grand nombre des filles enlevées et transformées en enfants soldats deviennent également des esclaves sexuelles. 
  • L'Organisation internationale pour les migrations estime que chaque année, 700 000 femmes, filles, hommes et garçons font l'objet d'une traite transfrontalière et réduits en esclavage. 
  • On estime à 5,7 millions le nombre d'enfants soumis à un travail forcé et asservi, ce qu'on appelle aussi servitude pour dettes, et à 1,2 million le nombre d'enfants victimes de la traite. 
  • La traite s'accompagne de l'exploitation commerciale sexuelle d'enfants dont 1 million, essentiellement des filles, sont chaque année forcés de se prostituer. Ces filles sont vendues comme prostituées ou à des fins de pornographie infantile tant dans les pays développés que dans les pays en développement. 

C'est à nous tous qu'il incombe de remédier aux causes profondes de l'esclavage, d'aider et de protéger ses victimes et de veiller à punir ceux qui perpétuent cette pratique.

Sources :

 


Multimédia

 

Fond d'écran

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Vidéo

Une vidéo de trois minutes rappelle que le « roulement de tambour, lent et rapide parfois comme un tempo provenant de la Côte d'Or de l'Afrique de l'Ouest, triste et joyeux du tango au meringue, reste consistant dans son appel universel. En effet, les tambours continuent à apporter aux hommes et aux femmes de toute couleur et de toute confession un message qu'ils comprennent tous : c'est le son apaisant et obsédant de la liberté, même lorsque les voyages sont difficiles et longs. Partout, les tambours donnent naissance à une simple vérité : chaque fois que vous battez le tambour, vous brisez le silence. »

 


Documents

 

Résolutions adoptées par l'Assemblée générale

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