
Programme des commémorations 2008
« Rompre le silence : Souvenons-nous »
La traite transatlantique des esclaves a perduré pendant quatre siècles.
Imaginez être arraché(e) à votre famille en pleurs à la suite d’une guerre ethnique… obligé(e) de marcher des centaines de kilomètres jusqu’à la rive ouest-africaine de l’océan Atlantique. Vous êtes dépouillé(e) de votre nom, de votre identité, de tous les droits que mérite un être humain. Le navire européen à bord duquel vous êtes contraint(e) d’embarquer se dirige vers les plantations des Caraïbes et de l’Amérique du Sud en traversant l’Atlantique, un voyage à travers le funeste « Passage du milieu ». Une multitude de Noirs de toutes sortes, enchaînés les uns aux autres, ayant à peine la place de se retourner, voyageant pendant des mois, ayant le mal de mer, entourés par des baignoires crasseuses remplies de vomi dans lesquelles les enfants tombaient souvent, certains allant jusqu’à s’étouffer. Les cris des femmes et les gémissements des mourants rendent toute cette scène d’horreur presque inconcevable. La mort et la maladie sont omniprésentes et seule une personne sur six survivra à ce voyage et au travail brutal et épuisant qui lui succède.
Message du Secrétaire général | Message du Président de l’Assemblée générale des Nations Unies | Calendrier des évènements | Fiche d’information
Contexte
Imaginez être arraché(e) à votre famille en pleurs à la suite d’une guerre ethnique… obligé(e) de marcher des centaines de kilomètres jusqu’à la rive ouest-africaine de l’océan Atlantique. Vous êtes dépouillé(e) de votre nom, de votre identité, de tous les droits que mérite un être humain. Le navire européen à bord duquel vous êtes contraint(e) d’embarquer se dirige vers les plantations des Caraïbes et de l’Amérique du Sud en traversant l’Atlantique, un voyage à travers le funeste « Passage du milieu ». Une multitude de Noirs de toutes sortes, enchaînés les uns aux autres, ayant à peine la place de se retourner, voyageant pendant des mois, ayant le mal de mer, entourés par des baignoires crasseuses remplies de vomi dans lesquelles les enfants tombaient souvent, certains allant jusqu’à s’étouffer. Les cris des femmes et les gémissements des mourants rendent toute cette scène d’horreur presque inconcevable. La mort et la maladie sont omniprésentes et seule une personne sur six survivra à ce voyage et au travail brutal et épuisant qui lui succède... La traite transatlantique des esclaves a perduré pendant quatre siècles.
L’esclavage et la traite des esclaves font partie des pires violations des droits humains jamais commises dans l’histoire de l’humanité. La traite transatlantique des esclaves est unique dans l’histoire de l’esclavage à plusieurs égards : sa durée (quatre-cents ans), son envergure (environ 17 millions de personnes en ont été victimes, sans compter celles qui sont mortes durant la traversée), et la légitimité dont elle jouissait, conférée notamment par les textes de loi adoptés à cette époque.
La traite transatlantique des esclaves a représenté la plus importante opération de déportation de l’histoire humaine, et est souvent qualifiée de premier phénomène de mondialisation. De ses débuts, au XVIe siècle, à ses derniers soubresauts, à la fin du XIXe siècle, elle couvrait plusieurs régions du monde et continents – l’Afrique, les Amériques, l’Europe et les Caraïbes –, et se traduisit par la vente et l’exploitation de millions d’Africains par des Européens.
Le « commerce triangulaire »
Des navires quittaient les ports d’Europe et faisaient voile vers l’Afrique de l’Ouest, avec à leur bord des armes, de l’alcool et des chevaux notamment. Arrivés à destination, les équipages échangeaient ces marchandises contre des Africains destinés à être réduits en esclavage. Ces personnes soit avaient été capturées au cours de guerres, soit étaient tombées aux mains de trafiquants, dont le commerce de capture et de vente d’esclaves était florissant.
Une fois leurs cales pleines d’esclaves africains, les navires reprenaient la mer, en direction de ce l’on appelait « le Passage du Milieu », à destination des colonies américaines et européennes situées dans les Caraïbes et en Amérique du Sud. Pour pouvoir embarquer le maximum d’esclaves, l’entrepont du navire était souvent enlevé. Selon les estimations, un esclave sur six aurait péri au cours de cette traversée en raison de l’exiguïté et de l’insalubrité. À bord des navires où éclataient des mutineries ou se propageaient des maladies, ce taux aurait été plus proche de plus d’un sur deux.
Une fois les esclaves survivants vendus, les navires reprenaient la route de l’Europe, chargés de marchandises produites grâce au travail des esclaves, telles que le sucre, le tabac, le coton, le rhum et le café.
Justification de l’esclavage en tant que système
La traite transatlantique des esclaves constituait un système économique complet à très grande échelle. Les principaux pays à l’avoir pratiquée – l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, l’Angleterre et la France – enregistraient des bénéfices considérables sur chaque tronçon du trajet triangulaire, et nombre de villes européennes se sont enrichies et épanouies sur le dos – littéralement – des esclaves africains qui composaient la grande majorité de la main d’œuvre des filières agricoles concernées.
Des raisons philanthropiques ou religieuses étaient souvent avancées pour justifier la pratique de l’esclavage. Cette pratique avait même été codifiée par le législateur français, dans le tristement célèbre « Code Noir » de 1685, qui énonçait les droits et les devoirs des maîtres et des esclaves des colonies des Amériques et, en son article 44, « Déclar[ait] les esclaves être meubles ». Il établissait un système de discipline féroce, qui prévoyait le recours au fouet et au marquage au fer rouge pour des délits mineurs ; toutefois, il était jugé être « un avantage » pour les esclaves, dans la mesure où il les protégeait des pratiques abusives de leurs maîtres, prévoyait des fêtes religieuses chômées, la pratique forcée du catholicisme, tolérait les mariages consanguins et promouvait la préservation des familles.
Abolition de la traite transatlantique des esclaves
À la fin du XVIIIe siècle, le nombre des opposants à la traite des esclaves, pour des raisons morales et politiques, ne cessait d’augmenter en Grande-Bretagne et aux États-Unis, ainsi que dans d’autres régions d’Europe. Des sociétés telles que la Société religieuse des Amis – les Quakers – en Amérique du Nord, et la Society for the Extinction of the Slave Trade (la Société pour l’extinction de la traite des esclaves), en Grande-Bretagne, ont joué un rôle déterminant dans la sensibilisation du public à la question de la traite des esclaves, au moyen de pétitions, de campagnes de boycott, de distribution de pamphlets et d’illustrations décrivant, par les mots et l’image, les conditions de vie des esclaves à bord des navires négriers ou leurs conditions de travail dans les plantations.
Les esclaves eux-mêmes se sont révoltés contre leur asservissement, l’exemple de soulèvement le plus marquant étant la Révolte de Haïti, qui a duré de 1791 à 1804. Ce soulèvement a marqué un tournant décisif dans la traite des esclaves, les pouvoirs coloniaux commençant à prendre toute la mesure des risques politiques et militaires de ce type de rébellions. Cette prise de conscience, alliée à l’ampleur grandissante du mouvement abolitionniste et à l’évolution de la donne économique, qui voyait certaines colonies européennes perdre peu à peu en importance, allait annoncer le début de la fin du commerce transatlantique.
Il y a deux-cents ans, début mars 1807, le Président des États-Unis, Thomas Jefferson, signait la loi abolissant la traite des esclaves. Un peu plus tard au cours de ce même mois, le parlement britannique, sous l’impulsion des abolitionnistes William Wilberforce, le Révérend James Ramsay et John Wesley, interdisait la traite des esclaves dans l’ensemble de l’Empire britannique. Le vent avait tourné.
Au cours des années qui ont suivi, d’autres pays européens ont eux aussi adopté des textes de loi visant à abolir et à interdire l’esclavage ; toutefois, ce n’est que 80 ans plus tard que la traite transatlantique des esclaves s’éteignait pour de bon, Cuba et le Brésil l’abolissant en 1886 et en 1888 respectivement.
Héritage
L’héritage de la traite transatlantique des esclaves fait l’objet de moult débats. Il ne fait aucun doute que la traite des esclaves a eu pour effet de détruire des pans considérables de la langue, de la culture et de la religion de millions d’Africains réduits en esclavage. L’enlèvement d’Africaines et d’Africains en si grand nombre a perturbé l’économie africaines, et certains spécialistes de ces questions sont persuadés qu’il a à jamais désavantagé l’Afrique par rapport à d’autres parties du monde. En outre, l’esclavage a redéfini les Africains aux yeux du monde, laissant derrière lui un héritage fait de racisme et de stéréotypes, selon lesquels les Africains constitueraient une race inférieure.
Rompre le silence : souvenons-nous
Le 17 décembre 2007, l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le 25 mars Journée internationale annuelle de commémoration du bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique des esclaves, et ce à compter de 2008. On sait peu de choses sur la traite transatlantique des esclaves, malgré les quatre-cents ans durant lesquels elle a été pratiquée, et sur ses conséquences, qui se font toujours sentir dans le monde, ou encore sur la contribution des esclaves au développement des sociétés qui les avaient asservis. Ces connaissances lacunaires ont eu pour effet de marginaliser les personnes d’ascendance africaine en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud.
Cette Journée de commémoration a pour objet de rendre hommage à la mémoire de celles et ceux qui sont morts de l’esclavage, ainsi que de celles et de ceux qui ont été exposés à l’horreur du Passage du Milieu, et qui se sont battus pour se libérer de leurs chaînes. Elle a également pour objet d’encourager les échanges sur les causes et les conséquences de la traite transatlantique des esclaves, et les leçons qu’il y a lieu d’en retirer, afin de sensibiliser les générations actuelles et futures aux dangers du racisme et des préjudices.
Sources:
- “« Struggles Against Slavery » (les luttes contre l’esclavage) ” (UNESCO, 2004)
- Projet d’éducation « Breaking the Silence » (Rompre le silence) (UNESCO)
- Anti-Slavery International (ONG, Royaume-Uni)
Message du Secrétaire général
Je vous remercie, Monsieur le Président.
Ambassadeur Mahiga, Président de l’Union africaine,
Ambassadeur Hackett, Président du Groupe des ambassadeurs de la CARICOM,
Monsieur le Député Payne,
M. Belafonte,
Excellences, collègues et amis,
Je suis profondément ému d’être avec vous pour cette commémoration solennelle des victimes de la traite transatlantique des esclaves, l’une des plus grandes atrocités de l’histoire. Cette tragédie mondiale sans précédent a coûté la vie à des millions de personnes pendant quatre siècles et a laissé un terrible héritage qui continue de déshumaniser et d’opprimer des personnes dans le monde entier jusqu’à aujourd’hui.
Le déplacement forcé des Africains de l’Ouest à travers l’Atlantique s’est produit à un niveau sans précédent de brutalité et d’inhumanité, de meurtres et de violence. Des millions de personnes sont mortes sans pouvoir être enterrées, sans laisser de traces.
Ce chapitre de l’histoire de l’humanité est d’autant plus répréhensible que ce commerce a apporté une prospérité importante dans les pays où l’esclavage était perpétré sous couvert de la loi. Ces États n’ont payé aucun prix monétaire pour leurs progrès, mais ils ont subi un coût terrible sous la forme d’un racisme bien ancré que nous combattons encore aujourd’hui. La traite des esclaves a laissé une marque indélébile, non seulement parce qu’elle offensait la conscience humaine, mais aussi parce qu’elle était le résultat d’une complicité choquante de nations qui y ont participé au nom du « commerce » pendant 400 ans.
Compte tenu de ses proportions et de ses effets historiques énormes, c’est une ironie cruelle que l’on sache peu de choses sur la traite des esclaves. C’est pourquoi cette journée est si importante. Nous devons nous souvenir de ceux qui ont passé leur vie en tant qu’esclaves, qui n’étaient définis par les lois que comme des biens meubles et des propriétés, qui étaient essentiellement traités non pas comme des humains mais comme des « choses », et les honorer.
Il est difficile de savoir comment expier ce crime. Nous devons reconnaître la grande erreur de jugement moral qui a permis que cela se produise. Nous devons exhorter les générations actuelles et futures à éviter de répéter l’histoire. Nous devons reconnaître les contributions que les Africains asservis ont apportées à la civilisation. Et les pays qui ont prospéré grâce à la traite des esclaves doivent examiner les origines des inégalités sociales actuelles et s’efforcer de démêler les causes de la méfiance entre les communautés.
Surtout, alors que nous pleurons les atrocités commises contre les innombrables victimes, nous nous réjouissons du courage dont ont fait preuve les esclaves qui se sont levés pour défaire le système qui les opprimait. Ces courageux individus, et les mouvements abolitionnistes qu’ils ont inspirés, devraient nous servir d’exemple à tous alors que nous continuons à lutter contre les formes contemporaines d’esclavage qui souillent notre monde aujourd’hui.
À notre époque, le travail forcé, l’exploitation sexuelle et la traite des êtres humains touchent des millions de personnes dans le monde entier, y compris des enfants qui travaillent dans des conditions indignes. Le racisme et la discrimination raciale font encore des ravages graves et parfois mortels. Nous sommes tous entachés par ces crimes répugnants. Et nous sommes tous mis au défi de réagir.
Il est donc tout à fait approprié que cette première Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, historique, tombe l’année du 60{s+}e{e+} anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’article 4 de la Déclaration nous dit, je cite : « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. » Fin de la citation.
Donnons vie à ces mots. Honorons les victimes de la traite des esclaves en nous souvenant de leur combat. Faisons en sorte que personne ne soit privé ni de sa liberté, ni de sa dignité, ni de ses droits fondamentaux.
Merci beaucoup.
Message du Président de l’Assemblée générale
Déclaration faite au nom du Président de l’Assemblée générale à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves
New York, le 25 mars 2008
Le Secrétaire général, Ban Ki-moon
Excellences,
Délégués distingués,
Mesdames et Messieurs,
J’ai l’honneur de faire la déclaration suivante au nom du Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale.
Le Président regrette profondément ne pouvoir être avec nous aujourd’hui pour célébrer un évènement aussi important. Il est actuellement en visite officielle en Europe.
J’aimerais pour commencer remercier les organisateurs du programme de cette journée, à savoir la Communauté des Caraïbes, l’Union africaine, l’Union européenne, la Mission des États-Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations Unies et le Département de la communication globale.
Nous sommes rassemblés aujourd’hui car, l’année dernière, les États Membres de l’Assemblée générale ont adopté une résolution déclarant le 25 mars Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.
L’Assemblée générale a en outre décidé d’ériger un mémorial permanent au Siège de l’Organisation des Nations Unies, destiné à témoigner de la tragédie et à faire prendre conscience des séquelles de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. J’aimerais remercier celles et ceux qui ont fait une contribution au fonds créé à cette intention, et invite toute autre partie intéressée à en faire autant.
Mesdames et Messieurs,
L’esclavage est un fait, déplorable, de l’histoire humaine. L’esclavage remonte à la nuit des temps, bien avant la tenue de registres écrits. Il a existé, et existe encore, dans presque toutes les cultures, sur presque tous les continents.
Il a été légitimé par le racisme et les discriminations extrêmes, ou simplement par les conventions sociales et l’opportunisme économique.
L’année dernière, nous nous sommes rassemblés pour commémorer le bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique des esclaves, ce jour même qui allait marquer le début de la fin de la traite transatlantique des êtres humains.
L’enlèvement de 25 millions d’Africaines et d’Africains entre 1500 et 1900 a eu un impact considérable sur le continent africain. Il s’est agi d’un crime contre l’humanité.
Cette journée du souvenir nous donne à toutes et à tous l’occasion de prendre conscience du caractère profondément honteux de la traite coloniale des esclaves, et de nous souvenir des millions de femmes et d’hommes qui l’ont subie. Elle nous donne également l’occasion de rendre hommage au courage et à la conviction morale de toutes celles et de tous ceux qui se sont battus pour abolir cette pratique honteuse.
Toutefois, accepter les injustices du passé ne suffit pas : il nous faut également reconnaître la cruauté indicible qui persiste aujourd’hui.
L’esclavage moderne prend diverses formes – telles que le travail forcé et l’esclavage par ascendance, le recrutement sous la contrainte de main d’œuvre enfantine et d’enfants soldats, la traite des êtres humains et le commerce illicite du sexe.
On estime à 5,7 millions le nombre d’enfants qui sont victimes de pratiques de travail forcé et asservi, et à 1,2 million le nombre d’enfants qui sont victimes de la traite.
Quelque 300 000 enfants sont actuellement enfants soldats dans plus de 30 zones de conflit dans le monde.
L'Organisation internationale pour les migrations estime que chaque année, 700 000 femmes, filles, hommes et garçons font l'objet d'une traite transfrontalière, sont arrachés à leur famille et à leur foyer, et réduits en esclavage.
La traite s'accompagne de l'exploitation commerciale sexuelle d'enfants dont 1 million, essentiellement des filles, sont chaque année forcés de se prostituer. Ces filles sont vendues comme prostituées ou à des fins de pornographie infantile tant dans les pays développés que dans les pays en développement.
Si nous voulons, sincèrement, rendre hommage aux souffrances des esclaves, pour certaines qui ont entraîné la mort, nous devons faire bien davantage pour protéger et promouvoir les droits humains, la liberté et la dignité de toutes les personnes, en particulier de celles qui continuent de souffrir, réduites en esclavage, sous l’une ou l’autre de ses formes modernes.
Suivant le principe fondamental posé dans le premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’article 4 énonce :
« Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. »
Toutefois, la traite des personnes demeure un formidable défi, même au XXIe siècle. Elle représente une grave menace, à la fois pour notre dignité humaine et pour la sécurité des humains.
Le temps est venu de déclarer sans fard notre volonté politique de mettre un terme à la traite des êtres humains. L’Assemblée générale est particulièrement bien placée pour accomplir cette tâche.
C’est pourquoi j’entends convoquer une réunion spéciale de l’Assemblée générale sur la question de la traite des êtres humains le 3 juin.
Il nous faut sensibiliser le monde à l’étendue de ce problème, promouvoir un partenariat international et envisager de quelle manière le système des Nations Unies, en travaillant avec l’ensemble des parties prenantes, peut s’y attaquer au mieux.
Comme l’a dit de manière mémorable Martin Luther King Jr., qui s’est battu et a donné sa vie pour les droits civiques,
« Où qu’elle règne, l’injustice compromet la justice partout ailleurs. Ce qui affecte l’un de nous directement nous affecte tous indirectement. »
Je vous remercie de votre attention.
Calendrier des événements
Mardi 25 mars – Cérémonie solennelle
Le Département de la communication globale des Nations Unies, en collaboration avec les Représentants permanents du groupe des ambassadeurs de la Communauté des Caraïbes et le groupe des ambassadeurs africains auprès des Nations Unies, a organisé une cérémonie de commémoration solennelle dans la salle de l’ECOSOC de 10 heures à 12 h 30. Le Secrétaire général, Ban Ki-moon, fera une déclaration, ainsi que le Président de l’Assemblée générale. M. Donald Payne, membre du Congrès américain, qui a déposé un projet de loi relatif à la commémoration du bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique des esclaves aux États-Unis, et M. Harry Belafonte, lauréat d’un Academy Award et militant des droits humains, prendront également la parole. Voir le programme
Maître de cérémonie : M. Kiyotaka Akasaka, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, Département de la communication globale des Nations Unies
- Prestations par le Mangue Sylla Group et le City South Steel Band (Patrick Johnny Gomes, soliste)
- S. E. M. Ban Ki-moon
- Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies
- Message de S. E. M. Srgjan Kerim
- Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale des Nations Unies
- S. E. M. Augustine P. Mahiga
- Représentant permanent de la République-Unie de Tanzanie, Président de l’Union africaine
- M. Donald M. Payne
- Représentant de la 10e circonscription du New Jersey
- S. E. Sir John Sawers
- Représentant permanent du Royaume-Uni
- Prestation par le City South Steel Band (Patrick Johnny Gomes, soliste)
- S. E. M. Christopher Hackett
- Représentant permanent de la Barbade, Président du groupe de la Communauté des Caraïbes (CARICOM)
- S. E. M. Antonio Pedro Monteiro Lima
- Représentant permanent de la République du Cap Vert, Président de du groupe des ambassadeurs africains auprès des Nations Unies
- S. E. M. Zalmay Khalilzad
- Représentant permanent des États-Unis
- Prestation par le Mangue Sylla Group, avec chanteur de gospel
- Intervenant principal : Harry Belafonte, acteur et militant connu, et ambassadeur de bonne volonté du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF)
- Prestations par le Mangue Sylla Group et le City South Steel Band
Mercredi 26 mars – Inauguration de l’exposition
Une exposition organisée par le Département de la communication globale des Nations Unies, en collaboration avec Amistad America Inc., le McKissick Museum de l’Université de Caroline du Sud et le Schomburg Center for Research in Black Culture, sera inaugurée dans la Galerie nord-est du Hall des visiteurs mercredi 26 mars à 18 heures. Il s’agit d’une exposition en deux parties :
« Le Passage du Milieu : Navires blancs/Cargaison noire » – La première partie se compose de dessins exécutés par Tom Feelings au moyen de plusieurs techniques et supports – détrempe, crayon, textile –, qui rendent compte de l’horreur de la destinée de ces millions d’Africains arrachés à leur vie en tant qu’êtres libres pour être exportés vers un nouveau monde étranger : le monde de l’esclavage. L’exposition comprend également trois sculptures du même artiste.
« L’Amistad : l’histoire » – La seconde partie s’articule autour d’une maquette de l’« Amistad », et raconte le moment où, en 1839, des esclaves africains ont pris le contrôle de cette goélette du XIXe siècle et exigé d’être remmenés dans leur pays. C’est ainsi que l’« Amistad » allait devenir l’un des symboles du mouvement abolitionniste. En juin 2007, une réplique exacte grandeur nature de l’« Amistad » a fait voile vers le continent africain, larguant les amarres dans tous les ports de la côte atlantique concernés par la traite transatlantique des esclaves, pour marquer le bicentenaire de l’abolition de la traite des esclaves, lorsque la Grande-Bretagne et d’autres nations impliquées dans la traite des esclaves ont (bientôt suivies par les États-Unis) signé un traité international interdisant cette pratique. Des photos de ce périple contemporain seront également exposées.
Jeudi 27 mars – Séance d’information des organisations non gouvernementales
La section des ONG du Département de la communication globale des Nations Unies et le Bureau de l’UNESCO Office à New York organisent une séance d’information des organisations non gouvernementales sur le thème « Souvenons-nous : rompre le silence concernant la traite transatlantique des esclaves », qui sera précédée de la première du documentaire « Routes de l’esclave : une vision globale » de 10 heures à 11 heures à l’Auditorium de la bibliothèque Dag Hammarskjöld.
Cet évènement devrait être enregistré en direct, et débutera par la projection en première du film novateur coproduit par Mme Sheila Walker, de 10 heures à 11 heures, suivie d’une rencontre avec la productrice, de 11 heures à 11 h 30, qui permettra aux spectateurs d’échanger à bâtons rompus avec elle.
Viendra ensuite, de 11 h 30 à 13 heures, une table ronde à laquelle participeront S. E. M. Raymond Wolfe, Représentant permanent de la Jamaïque auprès des Nations Unies ; S. E. Mme Karen Pierce, Représentante permanente adjointe du Royaume-Uni auprès des Nations Unies ; M. Howard Dodson, directeur du Schomburg Center for Research in Black Culture, et M. William D. Payne, ancien membre de l’assemblée législative de l’État du New Jersey. Voir le PDF
Projection
10 heures – 11 heures Première du film documentaire novateur intitulé « Routes de l’esclave : une vision globale »
Rencontre avec la productrice
11 heures – 11 h 30 Remarques de Sheila Walker, membre du Comité scientifique international du projet « La route de l’esclave : résistance, liberté, héritage »
Table ronde
11 h 30 – 13 heures
Animateur :
M. Eric Falt, directeur de la Division de la sensibilisation du public, Département de la communication globale
Intervenants
S. E. M. Raymond Wolfe, Représentant permanent de la Jamaïque auprès des Nations Unies
S. E. Mme Karen Pierce, Représentante permanente adjointe du Royaume-Uni auprès des Nations Unies
M. Howard Dodson, directeur du Schomburg Center for Research in Black Culture
M. William D. Payne, ancien membre de l’assemblée législative de l’État du New Jersey
Les représentants des ONG sont invités à prendre part au temps d’échange avec la productrice.
Vendredi 28 mars – Vidéoconférence mondiale des Étudiants
La première Vidéoconférence mondiale annuelle des Étudiants se déroulera à partir de l’Auditorium de la bibliothèque, au Siège de l’Organisation des Nations Unies, de 9 h 30 à 13 heures – « Souvenons-nous : rompre le silence concernant la traite transatlantique des esclaves ». En collaboration avec Amistad America Inc., le Département de la communication globale des Nations Unies invitera les jeunes à se pencher sur la traite transatlantique des esclaves et sur les dangers du racisme et des préjudices.
Les élèves ayant pris place à bord de la réplique de la goélette l’« Amistad », qui a repris la route de la traite transatlantique et larguera les amarres à Sainte-Lucie le 26 mars, participeront à la vidéoconférence. Les autres sites de la vidéoconférence se trouvent en Norvège, au Canada, au Cap Vert, en Sierra Leone, au Royaume-Uni et au Siège de l’Organisation des Nations Unies. La vidéoconférence sera diffusée en intégralité sur le site Internet créé par l’ONU, le Cyberschoolbus. Les centres de conférence dans le monde sont encouragés à participer en direct en envoyant au Siège de l’Organisation des Nations Unies, à New York, des commentaires et des questions, à partir de n’importe quel ordinateur, tout au long de la vidéoconférence, au moyen du formulaire qui sera mis en ligne sur Cyberschoolbus.
Fiche d’information : L’esclavage aujourd’hui
« Nous devons nous rappeler que, aujourd’hui encore, des millions d’êtres humains sont victimes de pratiques synonymes d’esclavage … Malgré tout ce que nous avons pu accomplir grâce aux campagnes que nous avons menées pour défendre les droits humains, il nous reste encore beaucoup à faire. »
Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies
Les formes modernes de l’esclavage
La première Journée internationale annuelle de commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves vient également nous rappeler que des formes contemporaines d'esclavage – trafic de personnes, prostitution forcée, enfants soldats, travail forcé et asservi et utilisation des enfants dans le commerce international des stupéfiants – fleurissent encore aujourd'hui, en grande partie à cause de la vulnérabilité exacerbée par la pauvreté, la discrimination et l'exclusion sociale.
On estime à plus de 250 000 le nombre d'enfants exploités aujourd'hui comme enfants soldats dans une trentaine de zones de conflit dans le monde. Un grand nombre des filles enlevées et transformées en enfants soldats deviennent également des esclaves sexuelles.
L'Organisation internationale pour les migrations estime que chaque année, 700 000 femmes, filles, hommes et garçons font l'objet d'une traite transfrontalière, sont arrachés à leur famille et à leur foyer, et réduits en esclavage.
On estime à 5,7 millions le nombre d'enfants soumis à un travail forcé et asservi, ce qu'on appelle aussi servitude pour dettes, et à 1,2 million le nombre d'enfants victimes de la traite.
La traite s'accompagne de l'exploitation commerciale sexuelle d'enfants dont 1 million, essentiellement des filles, sont chaque année forcés de se prostituer. Ces filles sont vendues comme prostituées ou à des fins de pornographie infantile tant dans les pays développés que dans les pays en développement.
« Il est possible de faire des comparaisons, d’échelle et de souffrance, désespérément crédibles, avec la traite transatlantique des Africaines et Africains, dans laquelle plus de 12 millions de personnes ont été embarquées de force sur des navires faisant voile vers les Amériques, et ce pendant quatre-cents ans. À notre grande honte, si les statistiques actuelles sont correctes, à savoir que 700 000 personnes font l’objet d’une traite transfrontalière et sont réduites en esclavage chaque année, nous aurons égalé ce nombre en à peine vingt ans. » – Mme Ndioro Ndiaye, Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale pour les migrations
C'est à nous tous qu'il incombe de remédier aux causes profondes de l'esclavage, d'aider et de protéger ses victimes et de veiller à punir ceux qui perpétuent cette pratique.
Sources:
- Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés
- Organisation internationale du Travail,
« La fin du travail des enfants : un objectif à notre portée » (2006) - Discours de la Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale pour les migrations (5 March 2007)