28 mars 2019 – Les monuments et mémoriaux jouent un rôle crucial dans la préservation et la gestion de la mémoire, ainsi que dans l’éducation du public sur l’histoire et les répercussions culturelles de la traite transatlantique des esclaves. C’était le thème de la réunion d’information pour les organisations non gouvernementales (ONG), organisée par le Département de la communication globale des Nations Unies sous le titre « Le rôle des mémoriaux dans la préservation de l’histoire ».
Organisée par le programme « En mémoire de l’esclavage » du groupe Action éducative en partenariat avec les groupes Relations avec les organisations non gouvernementales et Sensibilisation et projets spéciaux, la manifestation a eu lieu dans la salle du Conseil économique et social au Siège de l’Organisation Nations Unies à New York, et était animée par Sherrill D. Wilson, professeure d’anthropologie urbaine et Directrice-fondatrice du Bureau de l’éducation publique et de l’interprétation pour le Monument national African Burial Ground à New York.
Parmi les intervenants figuraient : Marie-Paule Roudil, Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à New York et Représentante de l’UNESCO auprès des Nations Unies ; Rodney Leon, concepteur de l’Arche du retour, le Mémorial permanent en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves aux Siège de l’Organisation des Nations Unies ; Jacques Martial, Président du Mémorial ACTe en Guadeloupe ; Malick Kane, Administrateur culturel à la Fondation mondiale pour le Mémorial et la sauvegarde de Gorée au Sénégal ; et Noah J. Brown, un artiste, designer et conservateur de Toronto âgé de dix-neuf ans.
Dans son allocution d’ouverture, M{s+}me{e+} Wilson a déclaré : « La valeur des monuments consistent en ce qu’ils parlent au nom des ancêtres africains du passé. Ils nous parlent dans le présent. Et ils parleront à nos descendants dans le futur, aux enfants de nos enfants. » Appelant les communautés noires à réécrire leur histoire dans une perspective d’inclusion plutôt que d’exclusion, elle a déclaré : « Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est le devoir de lutter pour créer de nouveaux monuments, une signalisation publique, des repères historiques. »
M{s+}me{e+} Roudil a expliqué comment, depuis sa création, l’UNESCO n’a cessé d’œuvrer pour sensibiliser à la traite transatlantique des esclaves, notamment par l’intermédiaire de son projet « Le Route de l’esclave ». Elle a également mentionné que l’UNESCO publiait un livre intitulé Héritages de l’esclavage : un guide pour les gestionnaires de sites et itinéraires de mémoire, qui fournit une analyse comparative des expériences en matière de préservation et de promotion des sites de mémoire dans le monde et propose des conseils pratiques pour leur gestion et leur développement.
Dans son exposé, M. Leon a déclaré que les mémoriaux étaient des espaces sacrés conçus pour transporter psychologiquement et spirituellement les visiteurs vers un lieu où la reconnaissance, l’éducation, la réflexion et la guérison pouvaient avoir lieu. Expliquant comment il avait conçu l’Arche du retour, il a indiqué que sa forme extérieure était censée ressembler à un navire, en hommage aux millions d’Africains transportés sur des navires négriers. Des cartes représentant le commerce triangulaire des esclaves ont influencé son utilisation du triangle comme élément principal dans la conception de la forme du Mémorial. Le Mémorial a également été organisé de manière à ce que les visiteurs puissent le traverser et faire l’expérience intime des trois éléments principaux de l’espace intérieur, à savoir « Reconnaître la tragédie », « Prendre conscience de l’héritage » et « Ne pas oublier ».
M. Martial a partagé avec l’auditoire des dates historiques importantes liées à l’esclavage en Guadeloupe. Il a également noté qu’en 2001, le Parlement français avait voté à l’unanimité pour déclarer l’esclavage et la traite des esclaves comme un crime contre l’humanité. Expliquant le design unique du Mémorial ACTe, évoquant des racines d’argent sur une boîte noire, il a déclaré qu’il mettait en lumière l’histoire et la mémoire des Africains réduits en esclavage. Mais il rend également hommage aux serviteurs sous contrat qui avaient été amenés en Guadeloupe depuis l’Inde. Le Mémorial comporte une exposition permanente présentant des objets du patrimoine, de l’art et des nouvelles technologies. Il s’attache également aux nouvelles formes d’esclavage qui subsistent encore aujourd’hui dans le monde.
M. Kane a montré une vidéo soulignant le soutien international au projet de Mémorial de l’île de Gorée au Sénégal, qui n’a pas encore été construit. Il a déclaré que le Mémorial reflèterait un message d’estime et de confiance en soi pour les victimes de la traite transatlantique des esclaves et leurs familles. Sa valeur fondamentale avait été décrite par Joseph Ki-Zerbo, du Burkina Faso, qui avait dit : « L’Afrique [...] a été déchirée et dispersée sur la terre. Il est de notre responsabilité de la reconstituer. » Le Mémorial sera conçu pour mettre en valeur les villages divisés qui ont été séparés pendant la traite transatlantique des esclaves. Il relatera un récit africain qui devra être écrit et enseigné dans l’ensemble du continent par des compatriotes africains.
Étant donné l’importance des jeunes dans la conversation, M. Brown a été désigné comme leur représentant pour la manifestation. Présentant son propre travail, qui explore différentes formes d’expression du genre et de l’identité raciale, il a déclaré que les jeunes d’aujourd’hui n’avaient pas conscience de leur identité ancestrale et de leurs liens historiques en raison de la grande perte d’informations qui s’est produite à la suite de la traite transatlantique des esclaves. Il a également présenté les œuvres d’autres artistes de couleur nés après 1991. Ces artistes sont liés à la diaspora africaine et travaillent à démanteler les concepts systématiquement oppressifs qui prévalent dans la société. Noah a conclu en disant : « La connaissance est le pouvoir [...]. Si les jeunes artistes de couleur continuent à exposer leurs œuvres au public, nous, en tant que société, pouvons écouter et apprendre de leurs histoires pour devenir une race humaine tolérante. »
Après les exposés, l’animatrice a guidé les participants lors d’une session de questions et réponses. La séance a été bien accueillie par le public, qui comprenait des représentants d’ONG, des étudiants, des éducateurs, des membres du personnel des Nations Unies, des diplomates et des membres du grand public. Regarder le webcast archivé

De gauche à droite : Hawa Diallo, Département de la communication globale des Nations Unies ; Malick Kane, Fondation mondiale pour le Mémorial et la sauvegarde de Gorée, Sénégal ; Rodney Leon, concepteur de l’Arche du retour ; Marie-Paule Roudil, Représentante de l’UNESCO auprès des Nations Unies ; Sherrill D. Wilson ; Jacques Martial, Président de Mémorial ACTe, Guadeloupe ; Kimberly Mann, Département de la communication globale des Nations Unies ; Noah J. Brown ; Maher Nasser, Directeur de la Division de la sensibilisation du public au Département de la communication globale des Nations Unies. Photo : Bo Li]
Le programme des Nations Unies « En souvenir de l’esclavage » et ses partenaires célèbrent les personnes d’origine africaine lors de manifestations à Washington D.C.
L’héritage et les contributions des personnes d’ascendance africaine ont été reconnus lors de deux manifestations organisées par le Département de l’information des Nations Unies
et ses partenaires dans la région de Washington, D.C. en octobre 2017.
Une discussion dirigée, intitulée « L’héritage et les contributions des personnes d’ascendance africaine », s’est tenue le 17 octobre à l’auditorium Jack Morton du campus de l’Université George Washington (GWU), en partenariat avec l’Université George Washington, l’Université Howard, l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire afro-américaines (ASALH) et Afrodiaspora Inc. Dans son discours d’inauguration, M. Ben Vinson III, Doyen du Columbian College of Arts & Sciences de l’Université George Washington, a déclaré qu’il était enthousiaste et honoré que la GWU organise le premier événement de collaboration entre éducateurs et étudiants sur ce sujet dans la région de Washington. Il a également animé la réunion-débat à laquelle participaient Sheila Walker, anthropologue culturelle et cinéaste ; Mohamed Camara, professeur et directeur du Département d’études africaines de l’Université Howard ; Omyma David, interlocuteur du programme des Nations Unies « En mémoire de l’esclavage » ; et Sylvia Cyrus, Directrice exécutive de l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire des Afro-Américains.
Avant la discussion dirigée, le public a visionné une bande-annonce de sept minutes du nouveau film documentaire de Sheila Walker, Familiar Faces/Unxpected Places : A Global African Diaspora. En évoquant le film, M{s+}me{e+} Walker a expliqué que « compte tenu de la base démographique africaine des Amériques – sur les six millions et demi de personnes qui sont venues d’Europe et d’Afrique sur le continent américain entre 1500 et 1800, un million venait d’Europe et cinq millions et demi d’Afrique –, on peut donc affirmer que l’écrasante majorité de la population qui a créé les fondements des Amériques modernes était composée d’Africains et de leurs descendants. Elle estime donc qu’il est impossible de raconter l’histoire des Amériques sans inclure les rôles joués par cette majorité. M{s+}me{e+} Walker a également noté que l’asservissement des Africains pour construire les Amériques nécessitait un transfert de technologie de l’Afrique vers les Amériques et que certains Africains étaient asservis spécifiquement pour leurs connaissances et leurs compétences en métallurgie et en agriculture.
Dans son exposé, M. Camara a affirmé que « l’une des contributions les plus importantes des personnes d’ascendance africaine à la civilisation mondiale des temps modernes a été la lutte inébranlable pour la liberté, la dignité et la justice sociale, non seulement pour elles-mêmes mais aussi pour tous les peuples opprimés dans le monde ». Il estime également que l’humanisme et le spiritualisme africains ont perpétué l’identité, les valeurs éthiques et la vision du monde civilisationnelle des personnes d’origine africaine. À l’heure de la mondialisation, où l’interdépendance transnationale et l’introversion culturelle se côtoient, les personnes d’origine africaine doivent promouvoir l’Afrique de manière décisive dans le monde et faire progresser l’unité transcontinentale et la conscience collective de soi.
M{s+}me{e+} David et M{s+}me{e+} Cyrus ont informé l’auditoire de la manière dont des institutions telles que les Nations Unies et l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire des Afro-Américains contribuent à sensibiliser le public à l’héritage et aux contributions des personnes d’origine africaine. Dans sa présentation, M{s+}me{e+} David a expliqué que le thème « Mémoire de l’esclavage : reconnaître l’héritage et les contributions des personnes d’ascendance africaine » a été choisi pour guider les activités et les résultats de 2017 du programme des Nations Unies « En mémoire de l’esclavage ». Les activités ont inclus des expositions, des projections de films, des séances d’information pour les ONG, des vidéoconférences mondiales d’étudiants, une réunion commémorative annuelle de l’Assemblée générale, une manifestation culturelle et culinaire et des activités dans les Centres d’information des Nations Unies du monde entier. M{s+}me{e+} David a également fait remarquer qu’il était important de sensibiliser les gens à l’héritage et aux contributions des personnes d’origine africaine car « cela contribue à donner le pouvoir aux personnes d’origine africaine et à changer certaines des points de vue et des informations erronés qui existent à leur sujet ».
Comme l’a expliqué M{s+}me{e+} Cyrus, « l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire des Afro-Américains (d’origine noire) est la plus ancienne organisation intellectuelle noire du monde ». Elle a été créée en 1915 par l’historien afro-américain Carter G. Woodson pour promouvoir, rechercher, préserver, interpréter et diffuser des informations sur la vie, l’histoire et la culture des Noirs pour la communauté mondiale. Le Mois de l’histoire des Noirs, observé tous les ans aux États-Unis au cours du mois de février, est une initiative de cette organisation, c’est pourquoi chaque année l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire des Afro-Américains détermine le thème national de la commémoration. En outre, les principales publications de l’organisation – le Journal of African American History et le Black History Bulletin – sont conçues pour aider les éducateurs à préserver l’héritage et à mettre en valeur les contributions des personnes d’origine africaine. M{s+}me{e+} Cyrus a également vivement encouragé les éducateurs à continuer de trouver des moyens créatifs pour sensibiliser les élèves à l’héritage et aux contributions des personnes d’origine africaine tout au long de l’année, malgré la surcharge des programmes scolaires.
Le lendemain, le mercredi 18 octobre, la projection en avant-première du film documentaire Familiar Faces/Unxpected Places : A Global African Diaspora, suivie d’une discussion dirigée, s’est tenue dans le Hall des Amériques du bâtiment principal de l’Organisation des États américains (OEA) en partenariat avec le Bureau du Secrétaire général adjoint de l’OEA et Afrodiaspora, Inc. La discussion a été modérée par M. Mauricio Rands, Secrétaire pour l’accès aux droits et à l’équité de l’Organisation des États américains, et les intervenants étaient M{s+}me{e+} Walker, M{s+}me{e+} David accompagnée de M{s+}me{e+} Ariana A. Curtis, conservatrice du Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines (NMAAHC)/Smithsonian Institution et de M{s+}me{e+} Betilde Muñoz-Pogossian, Directrice du Département de l’inclusion sociale au Secrétariat pour l’accès aux droits et à l’équité de l’OEA.
Dans son discours d’inauguration, le Secrétaire général adjoint de l’OEA, Nestor Mendez, a salué le documentaire pour avoir mis en évidence « la résolution de la diaspora africaine à s’épanouir quelles que soient les circonstances ». Il a assuré que l’OEA œuvrait elle aussi pour célébrer l’expérience de la diaspora africaine dans les Amériques, où le nombre de personnes d’origine africaine est estimé à 200 millions. « Les personnes d’origine africaine sont présentes dans tous les pays de notre hémisphère et ont influencé nos sociétés de bien des manières. Elles y jouent un rôle essentiel dans la construction des sphères sociales, économiques, politiques et culturelles. »
En préambule à la projection de son documentaire, M{s+}me{e+} Walker a souligné l’importance de cette initiative pour donner de la visibilité et de la reconnaissance à d’innombrables communautés africaines présentes dans des régions inattendues du monde. Au cours de la discussion qui a suivi la projection, elle a expliqué que les communautés de descendants africains existent non seulement dans toutes les nations des Amériques, mais aussi, entre autres, en Mélanésie, en Turquie, dans les îles de l’océan Indien et dans plusieurs États de l’Inde. M{s+}me{e+} Walker a également rapporté qu’au cours de ses nombreux voyages, elle a observé que « les descendants africains ont conservé des éléments de cultures ancestrales dans la diaspora, en particulier dans le domaine de la spiritualité, et que des points communs se retrouvent chez des populations éloignées ».
Dans sa présentation, Betilde Muñoz-Pogossian a souligné le travail de l’OEA pour faire avancer les droits de l’homme et l’inclusion sociale des personnes d’ascendance africaine. Elle a cité la Convention interaméricaine contre le racisme, la discrimination raciale et les formes connexes d’intolérance, qui fait date et traite spécifiquement de la protection des droits des personnes d’origine africaine, parmi d’autres groupes historiquement discriminés. L’organisme est également convenu d’un plan d’action régional pour mettre en œuvre les priorités de la Décennie dans chaque région. En outre, le Secrétaire général de l’OEA a demandé que les droits des personnes d’ascendance africaine soient inclus dans les réunions, politiques, programmes et projets de l’OEA. M{s+}me{e+} Muñoz-Pogossian estime qu’il faut prévenir le racisme au niveau individuel comme national. Sur le plan individuel, elle encourage un mouvement d’éloignement de la « culture des privilèges » vers une « culture de l’égalité ». Au niveau national, elle a appelé à davantage de réglementations et de politiques pour criminaliser les comportements racistes et les pratiques de discrimination positive dans l’éducation et l’emploi.
M{s+}me{e+} Curtis, du NHAAHC, a affirmé que le Musée, nouvellement construit, est le seul musée national des États-Unis consacré exclusivement à la documentation de la vie, de l’histoire et de la culture afro-américaines. Elle a expliqué que « le musée comprend l’identité afro-américaine comme une identité mondiale construite, qui n’est pas limitée par les frontières des États-Unis, mais qui partage l’héritage africain, les continuités et les expressions culturelles avec d’autres peuples d’origine africaine dans le monde ».
M{s+}me{e+} Curtis s’est également félicitée de la manière dont les personnes d’origine africaine étaient présentées dans le documentaire intercontinental de M{s+}me{e+} Walker. Elle estime qu’en plus des continuités culturelles, « il est tellement important de voir les Noirs comme des êtres vivants modernes dans ces espaces autour du globe. Et que nous nous considérions comme des créateurs, des artisans, des architectes, des producteurs de culture. Notre visibilité est essentielle. »
Dans l’ensemble, les deux manifestations ont contribué à sensibiliser aux contributions culturelles, sociales et économiques des personnes d’ascendance africaine au développement des sociétés du monde entier ; elles ont souligné l’importance de donner une visibilité et une reconnaissance aux innombrables communautés africaines présentes dans des régions inattendues du monde et ont informé le public de la manière dont des organisations telles que les Nations Unies, l’Organisation des États américains, le Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines et l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire afro-américaines contribuent à faire avancer le programme de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024). Une exposition produite par le groupe Action éducative du Département intitulée, En mémoire de l’esclavage : reconnaissance, justice et développement, visant à célébrer le dixième anniversaire du programme et à mettre en évidence les objectifs de la Décennie, a été montrée lors de ces deux manifestations.

Exposition En mémoire de l’esclavage : reconnaissance, justice et développement, Photo : DPI

Manifestation à l’Université George Washington, Photo : DPI

Exposition En mémoire de l’esclavage : reconnaissance, justice et développement, Photo : DPI

Manifestation à l’Université George Washington, Photo : DPI

Manifestation à l’Université George Washington, Photo : DPI

Le Secrétaire général adjoint Nestor Mendez fait un discours d’inauguration lors de la manifestation de l’OEA,
Photo : OAS

Réunion-débat lors de la manifestation de l’OEA, Photo : OAS

Le public lors de la manifestation de l’OEA, Photo : OAS
La traite transatlantique des esclaves et les contributions socio-économiques des personnes d’ascendance africaine
30 mars 2017 – Alors que l’influence culturelle des personnes d’origine africaine est généralement bien reconnue dans le monde entier, leurs contributions au développement économique et social des sociétés, depuis l’époque de la traite transatlantique des esclaves jusqu’à aujourd’hui, devraient être mieux connues. C’est pourquoi le Département de l’information des Nations Unies a organisé le 30 mars 2017 une réunion d’information pour les organisations non gouvernementales (ONG) intitulée « La traite transatlantique des esclaves et les contributions socio-économiques des personnes d’ascendance africaine ».
Organisée par le programme « En mémoire de l’esclavage » du groupe Action éducative en partenariat avec les groupes Relations avec les organisations non gouvernementales et Sensibilisation et projets spéciaux, la manifestation a eu lieu dans la salle du Conseil économique et social au Siège de l’Organisation Nations Unies à New York et était animée par la professeure Abena P. A. Busia de l’Université Rutgers. Parmi les intervenants figuraient : M{s+}me{e+} Joseph E. Inikori, professeur et historien de l’économie à l’Université de Rochester ; M. Cy Richardson, Président adjoint senior pour les programmes d’économie et de logement à la National Urban League à New York ; la professeure Verene A. Shepherd du campus Mona de l’Université des Indes occidentales, en Jamaïque ; et M. Ben Vinson III, Doyen du Collège colombien des arts et des sciences de l’Université George Washington à Washington, D.C.
M{s+}me{e+} Vinson s’est exprimé sur les nombreuses contributions historiques des personnes d’origine africaine aux Amériques hispanophones. Qualifiant l’Amérique latine de « cas de réussite noire », il a décrit le rôle important que les personnes d’origine africaine ont joué dans le développement du monde colonial, qui est devenu plus tard le fondement des sociétés latino-américaines modernes. Une contribution moins connue qu’il a soulignée est celle du service militaire. Il a affirmé que le rôle joué par les Noirs dans la conquête du Nouveau Monde a donné naissance à un service militaire dont l’héritage perdurera tout au long de la période coloniale. Il a déclaré : « Avant 1700, le gros des forces armées espagnoles dans le monde était composé d’hommes de couleur, qui utilisaient leur relation militaire spéciale avec le roi pour faire pression en faveur de privilèges qui amélioraient leur vie et la situation de leur famille
Dans son exposé, la professeure Shepherd a choisi de se concentrer sur la situation contemporaine dans les Caraïbes. Elle a donné des exemples clairs de la manière dont les survivants de la traite transatlantique des esclaves dans les Caraïbes ont développé des entreprises économiques, contribué au développement des pays européens, créé de la richesse et renforcé le commerce régional. Cependant, les profits dont ils sont à l’origine dans les plantations ont enrichi les institutions européennes tout en appauvrissant les Caraïbes. Soulignant les contributions sociales dans des domaines tels que l’architecture, la culture, la langue, la mode, la cuisine, la spiritualité, la philosophie, les noms de lieux et les contes populaires, elle a insisté sur le fait que les héritages les plus importants appartiennent aux domaines de la résistance, de l’idéologie de la liberté et de la recherche constante du respect, de l’identité, de la justice, des droits du travail et de l’égalité des sexes.
M{s+}me{e+} Inikori a fait un exposé sur les contributions économiques des personnes d’origine africaine au Brésil et aux États-Unis. Il a fait valoir que l’emploi d’esclaves africains pour la production de marchandises à grande échelle dans les Amériques du XVIe au XIX{s+}e{e+} siècle était au cœur de l’économie atlantique du XIX{s+}e{e+} siècle et, en fin de compte, de l’économie mondiale. Il a fait remarquer qu’au fil des ans, ces connaissances sont restées réservées à un cercle d’historiens. À cet égard, il a intégré des données dans son exposé pour démontrer de façon convaincante que les Africains réduits en esclavage et leurs descendants ont payé un coût élevé pour leurs contributions.
M. Richardson a axé son exposé sur l’héritage du mouvement des droits civils aux États-Unis et sur la lutte continue pour un développement équitable. Il a affirmé que « les idéaux, les pratiques et les tactiques de ce mouvement constituent une contribution massive des personnes d’origine africaine aux États-Unis ainsi qu’une sorte de modèle pour l’écosystème international plus large des droits civils et humains ». Il a affirmé qu’en plus de promouvoir l’engagement politique et civique, le mouvement des droits civils et la lutte pour l’égalité raciale ont contribué à accélérer le développement d’autres valeurs clés de la vie démocratique, telles que la tolérance, la modération, le compromis et le respect des points de vue opposés. Il a également noté que l’un des principaux résultats du mouvement a été l’élection de l’ancien Président des États-Unis Barack Obama mais a averti que cela ne signifiait pas que nous étions en présence d’une « Amérique post-raciale ». Il a reconnu que la lutte a été longue et qu’à mesure que le mouvement évoluait, l’accent était désormais mis sur l’inégalité économique et la réduction de l’écart de richesse entre les races.
Étant donné l’importance de la jeunesse sur ces questions, une participante à la manifestation, M{s+}me{e+} Ruth Brinkley, représentant le Hip Hop pour DPI et la New Future Foundation Inc. a évoqué la perspective de la jeunesse. Elle a souligné la contradiction entre les nombreuses contributions importantes apportées par les personnes d’origine africaine au développement des sociétés du monde entier et la myriade de luttes qu’elles continuent à mener. Elle a estimé que les établissements d’enseignement devraient se concentrer non seulement sur les événements traumatisants de la traite transatlantique des esclaves, mais aussi sur les contributions positives et les qualités de dirigeants des personnes d’origine africaine.
Après les exposés, l’animatrice a guidé le public et les intervenants dans une riche session de questions et réponses, dominée par la participation des jeunes. La séance a été bien accueillie par le public, qui comprenait des représentants d’ONG, des étudiants, des éducateurs, des membres du personnel des Nations Unies, des diplomates et des membres du grand public. Regarder le webcast archivé.

De gauche à droite : M. Courtenay Rattray, Représentant permanent de la Jamaïque auprès des Nations Unies ; S. E. M. José Luis Fialho Rocha, Représentant permanent du Cap-Vert auprès des Nations Unies ; la professeure Verene Shepherd, Université des Indes occidentales ; M{s+}me{e+} Omyma David, Département de l’information des Nations Unies ; M{s+}me{e+} Ruth Brinkley, représentante Hip Hop pour le DPI et la New Future Foundation Inc ; S. E. M{s+}me{e+} A. Missouri Sherman-Peter, Observatrice permanente de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) auprès des Nations Unies ; la professeure A. Busia, de Université Rutgers ; Cristina Gallach, Secrétaire générale adjointe du Département de l’information des Nations Unies ; M. Cy Richardson de la National Urban League ; M. Ben Vinson III de l’Université George Washington ; M. Joseph Inikori, de l’Université de Rochester
La traite transatlantique des esclaves : résistance et impact
31 août 2016 – Bien que l’esclavage ait été officiellement aboli il y a longtemps dans les Amériques, ses conséquences se font encore sentir aujourd’hui. Afin de lutter contre ses héritages parfois néfastes, il est important d’apprendre la vraie nature de ce qui s’est passé, de corriger les idées reçues et d’avoir des discussions franches sur la manière d’aller de l’avant. Telles étaient quelques-unes des questions abordées ce jour au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York. Les participants se sont réunis pour une conférence intitulée « La traite transatlantique des esclaves : résistance et impact », organisée par le programme « En mémoire de l’esclavage » du Département de l’information et la Bibliothèque Dag Hammarskjöld.
L’allocution d’ouverture a été prononcée par Ramu Damodaran, Responsable de la Division de la sensibilisation du public du Département, qui a déclaré : « En réfléchissant à l’impact que l’institution de l’esclavage a eu sur la société, nous pouvons voir que beaucoup de travail reste encore à accomplir pour en guérir les cicatrices ». Il a également souligné le racisme et les inégalités dont sont victimes les personnes de couleur, ainsi que leur lutte pour la reconnaissance et la justice.
Marie Paule Roudil, Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à New York, a également pris la parole. Elle a fait remarquer que la lutte contre le racisme et la discrimination devait commencer par l’enseignement du respect et de la tolérance. Elle a ajouté qu’il était nécessaire de raconter l’histoire commune de toute l’humanité – y compris ses chapitres les plus tragiques. À cet égard, elle a souligné le potentiel unique du cinéma pour favoriser une telle compréhension.
Au cours de son exposé, Natasha Lightfoot, professeure associée d’histoire à l’Université de Columbia, a attiré l’attention sur de nombreux exemples de résistance à l’esclavage, soulignant que ces efforts « démontraient une désir inébranlable de liberté » et ont contribué aux débats antiesclavagistes dans le passé. Dans ce contexte, elle a soutenu que « les esclaves étaient les auteurs de l’abolition ». Elle a également établi des liens entre la révolution haïtienne, l’esclavage aux États-Unis et les conditions auxquelles sont confrontées les personnes de couleur dans les Amériques aujourd’hui.
La conférence a suscité un certain nombre de questions. En réponse à une question sur les réparations, M{s+}me{e+} Lightfoot a répondu que tous les aspects de la vie publique avaient été touchés par l’esclavage, et qu’il fallait donc réparer ce tort. « Cela a duré bien trop longtemps sans que cela ne soit reconnu », a-t-elle déclaré. Lorsqu’on lui a demandé ce que vaudraient des excuses d’un pays qui a été impliqué dans l’esclavage sans réparation, elle a indiqué que, si elles seraient certainement les bienvenues, elles seraient loin d’être suffisantes.
Répondant à une autre question sur la manière d’encourager les jeunes à chercher à prendre conscience de la vraie nature et de l’héritage de l’esclavage, M{s+}me{e+} Lightfoot a souligné qu’il était essentiel de parler de ces questions et de partager des histoires réelles. Elle a également souligné l’importance d’utiliser le terme « personnes asservies » par opposition au terme « esclaves » afin de se souvenir de l’humanité des victimes et de ne pas tomber dans le piège de les considérer comme des marchandises achetées et vendues.
Cette manifestation faisait partie d’une série de conférences organisées dans tous les États-Unis du 21 août au 30 octobre 2016. Cette initiative de renforcement des connaissances et de la communauté – qui a réuni les Nations Unies, l’American Library Association, Fox Searchlight Pictures et BazanED – visait à examiner les effets durables des injustices de la traite transatlantique des esclaves. Elle s’inspirait du film de Nate Parker, The Birth of a Nation, et commémorait la rébellion d’esclaves qui a changé l’histoire, lancée le 21 août 1831 par le protagoniste du film, Nat Turner. En plus de marquer le 185{s+}e{e+} anniversaire de la rébellion de Turner, elle s’inscrivait également dans le cadre de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, célébrée chaque année par l’UNESCO le 23 août.
Le projet de l’UNESCO « La Route de l’esclave » a été lancé en 1994 et vise à contribuer à une meilleure compréhension des causes, des modes de fonctionnement, des enjeux et des conséquences de l’esclavage dans le monde ; à mettre en lumière les transformations mondiales et les interactions culturelles qui ont résulté de cette histoire ; et à contribuer à une culture de la paix en favorisant la réflexion sur le pluralisme culturel, le dialogue interculturel et la construction de nouvelles identités et citoyennetés.
Regarder le webcast archivé de la conférence

Natasha Lightfoot, professeure associée d’histoire à l’Université de Columbia ; Ramu Damodaran, Responsable de la Division de la sensibilisation du public au Département de l’information des Nations Unies ; Marie Paule Roudil, Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à New York

Conférence « La traite transatlantique des esclaves : résistance et impact », Siège de l’Organisation des Nations Unies, New York, 31 août 2016
Le voyage musical de la diaspora africaine

(De d. à g.) Le Prof. Craig Boyd, le Dr. Melissa Gonzales, le Dr.Marta Moreno Vega, le Prof. Peter Manuel et Mme Kimberly Mann
14 avril 2016 -- Les esclaves apportaient dans les sociétés dans lesquelles ils arrivaient de nombreux talents et compétences. Bien souvent aussi, ils y apportaient de leurs terres natales des traditions rythmiques et musicales qui les aidaient à survivre et à maintenir leur identité, selon les experts venus participer à un événement organisé le 14 avril au Siège, sur le « voyage musical de la diaspora africaine ».
Lorsque l’on s’intéresse à la diaspora africaine, on peut voir que la musique et la danse « indigènes » rappellent largement le continent africain, bien que tous ne reconnaissent pas cet état de fait. L’étape suivante dans ce voyage musical est de documenter les origines africaines de ces formes artistiques. Ce processus de mémoire permet de reconnaitre la créativité et les contributions des Africains, en appréciant une musique que nous nous sommes tous approprié aujourd’hui.
« Nous devons nous regarder, trouver l’autre en nous et faire les connexions », dit Marta Moreno Vega, modératrice du panel et fondatrice et Présidente du Caribbean Cultural Center African Diaspora Institute à New York City. Elle ajoute que l’étude de l’Afrique et de la diaspora africaine, entravée par le colonialisme, n’en est encore qu’à ses balbutiements. « Les Nations Unies peuvent nous aider à faire ces connexions », dit-elle.
Selon elle, la créativité et l’innovation, dont ont fait preuve les esclaves africains dans des conditions effroyables pour se souvenir de leurs traditions musicales, tiennent du miracle : « C’est un état d’esprit compréhensible ». Organisée dans le cadre de la Célébration de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, cette rencontre se déroulait sous le patronage de la Section de l’action éducative du Département de l’information, en partenariat avec la Section des ONG et du plaidoyer.
Pour répondre à l’incrédulité des participants au panel quant au manque de reconnaissance du lien entre l’Afrique et les différents types de musique et de danse dans le monde, le professeur Craig Boyd, du Suffolk County Community College, a dit penser qu’il était important de partager ses traditions le plus largement possible : « Nous devons aussi apprendre aux étudiants l’origine des sons qui se sont liés au gospel, au jazz, au blues et au rock’n’roll, mais aussi aux autres genres musicaux aux Etats-Unis ».
Mme Melissa Gonzalez, qui enseigne au Hunter College et à Montclair State University, a dit que la technologie, sans entrave financière ou bureaucratique, peut servir à créer des listes musicales et d’information qui aident les jeunes à savoir comment les chansons contemporaines qu’ils écoutent tous les jours puisent leurs racines dans le continent africain. Elle a donné l’exemple de la Samba brésilienne, du tango argentin et de la cumbia colombienne, qui reflètent des accents dansants et musicaux africains.
M. Peter Manuel, professeur d’ethnomusicologie à John Jay College et au Graduate Center of the City University of New York, a expliqué comment les Africains avaient créé de nouveaux types d’instruments, tels que les steel drums de Trinidad, contre l’oppression des gouvernements. Il a aussi dit que de nombreux rythmes et instruments populaires dans les Caraïbes sont d’origine africaine, tels que le Congo drum, les Bata drum et le Mbira.
Mémoire de l’esclavage : de Bunce Island aux Amériques

Photo de groupe des participants et des orateurs à la table ronde organisée le 24 mars 2016 à l'occasion de la commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves (Photo ONU/Rick Bajornas)
24 mars 2016 -- Des dizaines de milliers d’Africains ont été capturés et transportés vers les Amériques depuis Bunce Island, en Sierra Leone, pendant l’époque de la traite transatlantique des esclaves. La préservation de ce site est de ce fait primordiale pour préserver les liens qui existent entre les descendants de ces esclaves et leur pays d’origine. Nombreux parmi ces esclaves étaient des cultivateurs expérimentés de riz qui ont participé à la fondation de la culture, de l’histoire, de l’économie et du langage de la communauté gullah, établie sur les îles côtières de Géorgie et de Caroline du sud, ainsi qu’en Nouvelle Ecosse et en Jamaïque.
La Mission permanente de Sierra Leone a organisé un panel de discussion et une représentation artistique le 24 mars au Siège de l’Organisation, pour célébrer la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves et faire parler de cette partie de l’Histoire. Intitulé « The Transatlantic Slave Trade : Constructing New Amistad, Bunce Island, Gullah, Maroon and Nova Scotia Bridges », cet événement était sponsorisé par la Mission permanente de la Jamaïque, la Commission des monuments et reliques de Sierra Leone et du programme éducatif des Nations Unies En mémoire de l’esclavage.
M. Vandi Chidi Minah, Représentant permanent de la Sierra Leone aux Nations Unies, a expliqué que construire des ponts aide à commémorer le passage de l’esclavage à l’émancipation culturelle et politique des gens de couleurs. « Aujourd’hui, nous parlons de célébration et de commémoration. Aujourd’hui nous devons non seulement reconnaitre le passé, mais aussi bâtir sur ce passé pour créer l’avenir », a dit l’Ambassadeur Minah. Les discours d’ouverture ont été prononcés par Mme Cristina Gallach, Secrétaire général adjointe à la communication, et Mme Shorna- Kay Richards, Représentante permanente adjointe de la Jamaïque auprès des Nations Unies.
Près de 400 000 victimes de la traite transatlantique étaient originaires de Sierra Leone, a dit Mme Sylviane A. Diouf, Directrice du Lapidus Center for the Historical Analysis of Transatlantic Slavery au Schomburg Center for Research in Black Culture de la Bibliothèque publique de New York. Ce pays de l’Afrique de l’ouest tient une place unique dans la traite transatlantique des esclaves car il était aux confluents de plusieurs mouvements migratoires.
« C’était un point de départ, un point de retour, un exil et un refuge », a ajouté Mme Diouf qui modérait le panel. Se rappeler le passé vient avec une certaine responsabilité vis-à-vis du présent et de l’avenir, a dit Mme Diouf. En reconnaissant les endroits de souffrance, de résistance, de résilience et de créativité, le passé peut être lié au présent et à l’avenir.
Le Panel comprenait : M. Al Marder, Président du Comité Amistad, de New Haven dans le Connecticut ; Dr. Bernard Powers, professeur d’histoire au College of Charleston, en Caroline du sud et Membre du comité de direction de l’ International African American Museum (IAAM) ; Mme Isatu Smith, Présidente de la Commission des monuments et reliques de Sierra Leone était représentée par M. Melbourne Garber ; Dr. Christopher DeCorse, professeur d’anthropologie, Maxwell School, Syracuse University ; et M. Roy Anderson, réalisateur et producteur des film Akwantu: The Journey et Queen Nanny: Legendary Maroon Chieftainess. Ron Daise, chanteur et compositeur et ancient Président du Federal Gullah/Geechee Cultural Heritage Corridor Commission, a interprété plusieurs chansons. Dr. Sylvester Rowe, ancient Représentant permanent adjoint de la Sierra Leone auprès des Nations Unies, a joué un rôle crucial dans l’organisation de cet événement.
La vérité : les femmes, la créativité et la mémoire de l’esclavage


L’impact des arts visuels, des arts littéraires et des arts du spectacle n’a jamais été aussi manifeste que pendant la table ronde du 5 octobre 2015, consacrée au thème : « La vérité : les femmes, la créativité et la mémoire de l’esclavage », qui s’est tenue sur le campus du Lincoln Center de l’Université Fordham, à New York. Cette manifestation, organisée par le programme éducatif En mémoire de l’esclavage, en association avec l’Université Fordham, faisait partie d’une série de conférences ayant pour thème « Les femmes et l’esclavage ». Le thème de cette année a été choisi par l’ONU pour rendre hommage à la lutte menée par les femmes esclaves pendant la traite transatlantique des esclaves ainsi qu’aux efforts héroïques qu’elles ont déployés pour résister à l’institution de l’esclavage et transmettre le riche patrimoine culturel de l’Afrique à leurs enfants.
La table ronde consacrée au thème : « La vérité : les femmes, la créativité et la mémoire de l’esclavage », a réuni des artistes et des universitaires qui se sont penchés sur les œuvres réalisées par des femmes esclaves de la diaspora africaine; les participants se sont ainsi interrogés sur la question de savoir comment celles-ci avaient utilisé leur art pour dénoncer leur condition, alliant l’endurance, la capacité à survivre et une volonté d’affranchissement pour elles-mêmes et pour leur peuple. Par le biais de leurs exposés, les participants de la table ronde ont fait part des diverses manières dont les femmes artistes contemporaines d’ascendance africaine avaient su représenter de façon créative le vécu des femmes esclaves et ont analysé les enseignements que pouvait tirer le monde actuel des vertus émancipatrices de la créativité.
Dans ses observations liminaires, Mme Kimberly Mann, Chef de la Section de l’action éducative du Département de l’information, devant une salle comble rassemblant du personnel de l’ONU, des diplomates ainsi que des membres du corps enseignant et des étudiants, a réitéré l’engagement du programme éducatif En mémoire de l’esclavage à aider les jeunes à tirer les leçons de ce passé afin de lutter contre le racisme et les préjugés qui ont cours aujourd’hui. Mme Mann a également rappelé à son auditoire que d’innombrables récits faisant état de l’héroïsme et de la bravoure des femmes esclaves face à une existence empreinte d’une cruauté inimaginable demeuraient méconnus.
Le débat était animé par Mme Aimee Meredith Cox, anthropologue et professeur d’études africaines et afro-américaines à l’Université Fordham. Parmi les experts invités à la table ronde figuraient : Mme Deborah Willis – Présidente du Département de photographie et d’imagerie de la Tisch School of the Arts de l’Université de New York; Mme Nicole R. Fleetwood, maître de conférences au Département d’études américaines et directrice de l’Institut de recherche sur les femmes à l’Université Rutgers, campus du New Brunswick; Mme Yolanda Arroyo Pizarro, romancière primée, nouvelliste et essayiste; Mme Gabriela Salgado, conservatrice d’art contemporain indépendante et consultante auprès de divers organismes d’Europe et d’Amérique latine; Mme Iyunolu Osagie, maître de conférences au Département d’anglais de l’Université d’État de Pennsylvanie ainsi que Mme Yuko Miki, maître de conférences en Histoire du monde ibéro-atlantique à l’Université Fordham. Chaque oratrice a montré à quel point les arts pouvaient aider les femmes esclaves à acquérir droit de cité dans le discours historique, qui met l’accent le plus souvent sur les soulèvements dirigés par les hommes.
Le programme éducatif En mémoire de l’esclavage a été établi par l’Assemblée générale en 2007 afin d’honorer la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, et s’efforce de sensibiliser le public aux causes, aux conséquences et aux enseignements de la traite transatlantique des esclaves grâce à l’organisation d’activités et à la mise au point de supports pédagogiques tout au long de l’année. Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter Omyma David à l’adresse électronique david17@un.org ou consulter le site Web Remember Slavery, à l’adresse rememberslavery.un.org.
Une table ronde de haut niveau braque les projecteurs sur le projet Histoire générale de l’Afrique
Le Département de l’information de l’ONU et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont organisé une table ronde de haut niveau sur le thème « L’Histoire générale de l’Afrique : apprentissage et enseignement du patrimoine africain », à New York le 10 juillet 2015. Les objectifs de ce projet pédagogique sont, d’une part, l’élaboration de contenus communs à utiliser dans les écoles primaires et secondaires d’Afrique et à l’intention de la diaspora et, d’autre part, la mise au point de matériel d’enseignement aux fins de l’intégration de ces contenus aux programmes d’enseignement nationaux. Le matériel d’enseignement inclura des manuels sur l’esclavage et la traite des esclaves.


Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, M. Maher Nasser, Chef par intérim du Département de l’information, le Représentant permanent de la République du Kenya auprès de l’ONU, le Représentant permanent adjoint du Brésil auprès de l’ONU, le Conseiller hors classe de la Mission permanente d’observation de l’Union africaine auprès de l’ONU et des experts membres du Comité scientifique pour l’utilisation pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique ont participé à la table ronde. La manifestation était ouverte à tous et a été organisée en coopération avec le programme « En mémoire de l’esclavage » (Remember Slavery Programme) du Département de l’information.
Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, a déclaré que l’Afrique était le berceau de l’humanité tout entière. « Une meilleure connaissance de l’histoire de l’Afrique est essentielle pour encourager la citoyenneté mondiale dans le monde d’aujourd’hui », a-t-elle dit. M. Maher Nasser, Chef par intérim du Département de l’information, a animé le débat et a souligné que l’histoire de la traite transatlantique des esclaves ne devait pas être enseignée indépendamment des importantes contributions que les Africains ont apportées à l’humanité.
S. E. M. Macharia Kamau, Représentant permanent de la République du Kenya auprès de l’ONU, a fait valoir avec éloquence combien ce projet restait essentiel pour contrer la domination du point de vue occidental sur l’histoire de l’Afrique. S. E. M. Kamau a souligné qu’il était impératif que ce projet continue de bénéficier d’un soutien solide.
S. E. M. Guilherme Patriota, Représentant permanent adjoint du Brésil auprès de l’ONU, a déclaré que le projet revêtait une importance particulière pour le Brésil, dont la population compte le plus grand nombre de personnes d’ascendance africaine à l’extérieur de l’Afrique. À son avis, le projet marquait une étape cruciale dans l’instauration d’un nouveau degré de prise de conscience et de connaissance d’un élément essentiel de l’identité du Brésil en tant que société et en tant que nation.
M. Adonia Ayebare, Conseiller hors classe de la Mission permanente d’observation de l’Union africaine auprès de l’ONU, a insisté sur l’importance de l’enseignement d’une version africaine de l’histoire qui mette l’accent sur la solidarité, l’intégration politique et économique, ainsi que sur les importantes contributions de l’Afrique à l’humanité.
Examinant le projet Histoire générale de l’Afrique, les experts ont présenté leurs points de vue sur les réussites et les défis d’un projet qui dure depuis 35 ans et aura mobilisé plus de 230 historiens et les 54 pays africains.
M. Ali Moussa Iye, Chef de la Section Histoire et mémoire pour le dialogue (UNESCO), a déclaré que le projet proposait un regard africain sur l’histoire de l’Afrique. Tout en faisant état des défis posés par l’intégration de contenus communs à tous les programmes d’enseignement africains et par l’élaboration du Volume IX, qui contribuera à renouveler les connaissances sur l’histoire africaine, il a dit que l’on espérait que le Volume IX apporterait une importante contribution à la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine et constituerait une ressource facile à utiliser.
M. Jean-Michel Mabeko-Tali, professeur d’histoire à Howard University, a déclaré que l’objectif du projet était d’amener réellement les enfants africains à se percevoir comme les citoyens de la future Afrique unie. Il a mis l’accent sur l’utilité et l’importance du projet.
Le professeur Lily Mafela, parlant depuis l’Université du Botswana à Gaborone, membre et Rapporteure du Comité scientifique pour l’utilisation pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique, a dit que le projet visait à promouvoir une optique positive récusant la négativité attachée au passé de l’Afrique, qui aiderait les jeunes à se sentir fiers de leur histoire. Le professeur Mafela a déclaré que, grâce à l’étroite collaboration avec l’UNESCO, le projet établirait des ponts entre les Africains du monde entier.
Faisant écho au message des autres intervenants selon lequel il est important de fournir une perspective plus large de l’histoire de l’Afrique, le professeur Mamadou Diouf, membre de l’équipe de rédaction du Tome 2 du Volume IX de l’Histoire générale de l’Afrique : Beyond the Slave trade and slavery: Reconnecting with the African history, a souligné qu’il était important de former la prochaine génération d’enseignants afin que la complexité de l’histoire de l’Afrique soit comprise.
Après les exposés, les membres du panel ont tenu un débat interactif très animé avec le public sur divers sujets. Plus de 125 participants ont assisté au débat, notamment des diplomates, des experts universitaires, des enseignants, des groupes de la société civile et des membres du personnel.
En 1964, l’UNESCO a lancé le projet Histoire générale de l’Afrique afin de remédier à l’ignorance générale de l’histoire de l’Afrique. Le défi consistait à reconstruire l’histoire de l’Afrique, en la débarrassant des préjugés racistes issus de la traite des esclaves et de la colonisation, et à promouvoir un point de vue africain.
On peut voir un enregistrement vidéo de cette manifestation sur UN WEBTV et des photos sur la page Facebook de « Remember Slavery Programme ».