17 juin 2020 — Aux côtés des gouvernements, les 131 équipes de pays des Nations Unies mobilisent tout le système onusien pour « aplatir la courbe » de la COVID-19. Avec leur soutien, de nombreuses initiatives innovantes ont vu le jour et trouvent aujourd’hui leur place dans le plan de relance initié par l’ONU pour répondre aux impacts socioéconomiques de la pandémie.

Ce plan a pour feuille de route le « Cadre des Nations Unies pour une réponse socioéconomique immédiate à la COVID-19 », qui se concentre sur le renforcement des systèmes de santé et la protection des emplois, des entreprises et des moyens de subsistance afin de « reconstruire en mieux » les sociétés et les économies, dans le respect de la durabilité environnementale.

Chargées de déployer ce cadre d’action au cours des 12 à 18 prochains mois, les équipes de pays s’emploient actuellement à évaluer au niveau national les impacts de la crise, sous la supervision technique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). À cette heure, 63 évaluations ont été réalisées : 31 en Afrique, 11 en Amérique latine et dans les Caraïbes, 9 en Asie-Pacifique, 6 dans les États arabes et 6 en Europe et dans la Communauté des États indépendants.

En Éthiopie, par exemple, le Coordonnateur résident, à la tête de l’équipe de pays, a impliqué 16 agences de l’ONU dans ce travail préparatoire.  Ensemble, elles ont évalué les impacts de la COVID-19 sur les indicateurs macroéconomiques, la pauvreté, l’emploi, les entreprises et les secteurs d’activité, mais aussi sur les groupes vulnérables et les droits de l’homme. Leur analyse et les recommandations politiques qui en découlent doivent à présent alimenter le plan national de relance.

Dans certains pays, ce processus est déjà très avancé. C’est notamment le cas en Ouzbékistan, où l’effort d’évaluation mené par 16 agences onusiennes et 5 institutions financières internationales, parmi lesquelles la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, a permis de bâtir un dispositif de redressement spécifiquement conçu pour compléter le plan national de préparation et de réponse stratégiques.

D’une manière générale, ces évaluations font apparaître une forte adhésion aux différents volets du Cadre établi par l’ONU pour la relance économique et sociale. Certaines actions innovantes engagées par les pays dans le cadre de leur réponse à la pandémie s’y intègrent de façon évidente, tout en permettant de progresser vers les objectifs de développement durable. En voici quelques exemples. 

L’innovation stimulée par la crise

La COVID-19 a contraint les entités de l’ONU agissant sur le terrain à repenser l'utilisation des ressources existantes en privilégiant les solutions innovantes dans la lutte contre la propagation du virus. Alors que le confinement des populations était décrété, elles ont notamment soutenu les efforts de transformation numérique entrepris par les pays en développement.

Avec l’appui financier de la Banque mondiale, le Timor-Leste et les États fédérés de Micronésie ont ainsi pu accélérer la mise en œuvre de leur plan de numérisation, ce qui leur permet d’assurer la continuité de leurs activités parlementaires. De même, des tribunaux tiennent désormais des audiences en ligne au Bangladesh et aux Maldives - y compris la Cour suprême de cet archipel de l’océan Indien - grâce à  l’assistance technique du PNUD.

Dans le même ordre d’idées, les directives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les aides de la Banque mondiale ont contribué à la généralisation du paiement électronique pour les transferts sociaux en Inde et aux Philippines. Le Cambodge a quant à lui renforcé l’écosystème de son commerce électronique en se conformant aux recommandations de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Une jeune femme au telephone dans un centre de données en temps réel.

Au Bangladesh, le PNUD a également soutenu la mise en place du programme gouvernemental d’innovation a2i, qui permet, entre autres, de se connecter à un réseau de 4 000 médecins via l’application mobile gratuite Doctor’s Pool. En cette période pandémique, environ 2 500 professionnels de santé répondent chaque jour à des appels de citoyens.

Autre innovation technologique : l’acquisition par le Rwanda de cinq « robots anti-épidémiques », fruit d’un partenariat entre le laboratoire d’accélération local du PNUD et le ministère des technologies et de l’innovation. Ces engins intelligents sont déployés dans deux centres de traitement COVID-19 et à l’aéroport international de Kigali, où ils allègent la pression sur les soignants en effectuant des opérations de dépistage, de collecte des données et de transport des médicaments et de la nourriture.

De son côté, l’équipe des Nations Unies au Viet Nam encourage le gouvernement et la société civile à promouvoir des initiatives solidaires pour répondre à la COVID-19, à l’image des « distributeurs automatiques de riz » installés dans le pays pour offrir une aide alimentaire aux plus démunis. Des supermarchés « zéro dong » proposent par ailleurs cinq articles gratuits, deux fois par semaine, pour les personnes dans le besoin.

 

Les données comme outils de réponse et de relance

La crise actuelle est aussi marquée par l’utilisation en temps réel de données et d’échanges de bonnes pratiques en réponse aux besoins d’informations et d’analyses des gouvernements pour faire face à la pandémie et préparer le redressement.

L’un des exemples les plus frappants de ce traitement des données est à trouver en Moldova, où l’équipe de l’ONU - Bureau du Coordonnateur résident, PNUD, OMS, Fonds des Nations Unies pour la  population (UNFPA) et Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) - a lancé une plateforme de big data sur la COVID-19, en partenariat avec les autorités sanitaires, l’Agence spatiale européenne (ESA) et des entreprises privées. Le but est d’aider le gouvernement dans ses prises de décision tout en fournissant des statistiques fiables et actualisées sur l’évolution de la pandémie à quiconque se connecte au site du ministère de la santé. 

En Bolivie, l’ONU a participé à la création d’une cellule de crise destinée à soutenir le dispositif de réponse du gouvernement. Composée d’experts du Bureau du Coordonnateur résident, de l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS), du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), du Programme alimentaire mondial (PAM) et du PNUD, cette structure contribue à l’analyse des données sectorielles et à la modélisation de scénarios sur la pandémie.

Ecran de telephone montrant l'application « Vérifié », lancée fin mai 2020 par les Nations Unies.

Dans l’optique de la phase de relance, le PNUD a aussi procédé à une évaluation de l'impact de la COVID-19 sur les entreprises du secteur privé en Chine. L’objectif de ce traitement de données est cette fois de mesurer les effets de la crise sur les grandes sociétés non gouvernementales et les petites et moyennes entreprises tout en éclairant les partenaires internationaux potentiels sur la possibilité de projets communs.

Facilité par l’équipe de pays et réalisé dans un temps record, ce travail d’analyse s’appuie sur dix enquêtes réalisées en ligne auprès de 78 000 entreprises privées. Des recommandations sont formulées à l’attention du gouvernement chinois, des institutions financières et des entreprises elles-mêmes.

Rétablir la confiance en luttant contre la désinformation

Un autre enseignement de cette crise est qu’une communication publique régulière des directives et des mesures prises est indispensable pour renforcer la confiance dans les institutions. Des collaborations innovantes ont ainsi permis de mener des campagnes sur les réseaux sociaux afin de relayer les avis de santé publique et faire barrage à la désinformation.

En Libye, par exemple, la guerre n’a pas empêché la Mission d'appui des Nations Unies (MANUL) et le PNUD d’unir leurs forces pour informer et sensibiliser le public sur la nécessité d’un arrêt des combats afin de lutter contre le coronavirus. Cet effort a notamment pris la forme de forums virtuels plaidant en faveur de la réconciliation et de l’appel au cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Dans un contexte plus pacifique, l'OMS et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont proposé le mois dernier un cours en ligne accessible à tous et disponible en quatre langues sur le journalisme en période de pandémie.

Organisée par le Knight Center for Journalism in the Americas, basé à l’Université du Texas, et soutenu par le PNUD, cette formation en ligne de quatre semaines visait à fournir aux journalistes du monde entier les connaissances et les outils nécessaires pour couvrir la crise sanitaire ainsi que ses conséquences sociales, financières et politiques. L’un de ses modules était consacré à la lutte contre la désinformation et la mésinformation sur la COVID-19.

Cette même question est au centre de la campagne « Vérifié » récemment lancée par les Nations Unies pour endiguer la « désinfodémie » qui déferle sur les médias sociaux. Son principe : élargir le volume et la portée des informations fiables et des données scientifiques en circulation sur la maladie.  

Développée par le Département de la communication globale (DCG), cette initiative se concentre sur les informations portant sur la science, la solidarité et les solutions à la crise. Elle a aussi pour vocation de promouvoir les plans de relance nationaux qui s’attaquent à la crise climatique et aux causes profondes de la pauvreté, des inégalités et de la faim.

L’autre originalité de « Vérifié » est d’inviter les personnes du monde entier à s’inscrire pour devenir des « volontaires de l’information ». Concrètement, ces « premiers intervenants numériques » reçoivent un flux quotidien de contenus vérifiés dont le partage permet de contrecarrer directement la désinformation ou de combler un vide d’information.

Cette campagne est menée en partenariat avec les agences et les équipes de pays des Nations Unies, les influenceurs, la société civile, les entreprises et les médias. Elle vise à diffuser des contenus fiables et précis, tout en collaborant avec les plateformes de médias sociaux pour éradiquer la haine et les informations préjudiciables sur la COVID-19.