25 mars 2020 — Les Jeux olympiques d’été de 2020, qui devaient se tenir à Tokyo du 24 juillet au 9 août, se dérouleront donc en 2021. Ainsi en ont décidé le Comité international olympique (CIO) et le gouvernement japonais au vu de l’expansion rapide de la pandémie de COVID-19. Un report sans précédent qui s’appuie sur les données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dont les avis et recommandations sont particulièrement suivis dans le monde du sport. 

« Dans les circonstances actuelles et sur la base des informations fournies aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la Santé, le président du CIO et le Premier ministre du Japon ont conclu que les Jeux olympiques de Tokyo doivent être reprogrammés après 2020 et au plus tard à l’été 2021, afin de préserver la santé des sportifs et tous ceux impliqués dans les JO ainsi que la communauté internationale », ont annoncé mardi le CIO, partenaire des Nations Unies, et le Comité d’organisation Tokyo 2020 dans un communiqué.

Cette déclaration conjointe se réfère à l’avertissement lancé mardi par le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, selon lequel la propagation mondiale du virus « s’accélère ». Il a en effet fallu 67 jours pour atteindre 100 000 cas, onze jours pour atteindre 200 000 cas et seulement quatre jours pour atteindre 300 000 cas, a-t-il précisé au cours d’une conférence virtuelle depuis Genève. 

Le coronavirus a tué au moins 18 440 personnes dans le monde depuis décembre, selon le dernier décompte de l’OMS publié aujourd'hui. Le nombre de cas confirmés de COVID-19 recensés par l’agence onusienne s’établit à plus de 372 755 cas dans 165 pays et territoires, soit une hausse de 39 827 en l’espace de 24 heures.

Un report devenu inéluctable et soutenu par l’OMS

Alors que les appels au report se faisaient pressants au sein de la communauté sportive, le chef du gouvernement japonais, Shinzo Abe, a indiqué avoir proposé au président du CIO, Thomas Bach, de reporter les Jeux « d’environ un an », ce que ce dernier a « accepté à 100% ». Une décision qualifiée de « très sage » par le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, qui a souligné la « nécessité de poursuivre la distanciation sociale afin d’inverser la courbe » des contaminations.

L’OMS a pour sa part indiqué mercredi qu’elle soutenait la décision des autorités japonaises et du CIO « compte tenu de l'ampleur et de la nature en rapide évolution de la pandémie de COVID-19, en particulier du nombre croissant ces derniers jours ».

La probabilité que les Jeux olympiques puissent se dérouler à l'heure prévue s’était réduite ces derniers jours, les comités olympiques de plusieurs pays, comme le Canada, l’Australie et la Norvège, ayant annoncé qu'ils n'enverraient pas d'athlètes à Tokyo cet été. D’autres pays, notamment le Brésil et la Slovénie, avaient pris position pour un report d’un an, imités par le président de la Fédération internationale d’athlétisme, Sebastian Coe.

 

« Nous devons rappeler à tous que nous sommes une seule humanité. La santé passe en premier. Tout le reste est secondaire ».

 

Dans une « lettre aux athlètes » diffusée dimanche, M. Bach avait officiellement évoqué « le scénario d’un report », affirmant comprendre les questions qu’une telle décision poserait en termes d’entraînement, de qualification et de participation effective aux Jeux. Il avait ajouté que le CIO s’appuierait sur « les conseils d’un groupe de travail comprenant l’Organisation mondiale de la Santé » pour se forger un avis.    

Les conseils de l’OMS relayés par les autorités sportives 

Face au risque de transmission du virus entre communautés, l’OMS a publié des recommandations invitant les pays à réduire les rassemblements de masse susceptibles d’amplifier la maladie. Les rencontres sportives figurant au nombre de ces rassemblements, une prise de conscience s’est produite parmi les organisateurs, les responsables de fédérations et les sportifs eux-mêmes, à mesure qu’évoluait l’épidémie. 

S’il n’appartient pas à l’agence des Nations Unies de décider de l’annulation d’un événement, ses outils permettent aux autorités de prendre en compte les facteurs de risques ainsi que la manière dont ils peuvent être gérés. De plus, l’OMS collabore de longue date avec des organisations internationales telles que le CIO et plusieurs de ses équipes ont travaillé à l’organisation des Jeux olympiques au cours des deux dernières décennies.

Soucieux de faire bénéficier le monde sportif des « toutes dernières informations » de l’OMS sur la maladie de COVID-19, le CIO propose à présent un lien sur son site Athlete365 qui renvoie au service de messagerie mis en place voilà quelques jours par l’agence sanitaire sur l’application de réseau social Whatsapp. Pour le contacter, l’utilisateur est invité à enregistrer le numéro +41 22 501 76 55 ses contacts téléphoniques et à envoyer un message afin d’activer la conversation.

Selon l’OMS, ce service - également disponible sur Facebook - fournit, entre autres données, des précisions « sur les symptômes et la façon dont les personnes peuvent se protéger et protéger les autres ». Il permet également d’accéder aux derniers rapports de situation de l’agence et aux chiffres qu’elle diffuse en temps réel.

« Faites passer le message » 

Dans le même esprit collaboratif, la Fédération internationale de football (FIFA) et l’OMS ont uni leurs forces en lançant lundi, au siège de l’agence à Genève, une campagne de sensibilisation intitulée « Faites passer le message pour battre le coronavirus », avec l’appui de 28 stars de ce sport.

L’objectif de cette campagne est rappeler au plus grand nombre d’individus dans le monde cinq principes-clés contre la COVID-19 : bien se laver les mains ; se couvrir le nez et la bouche avec un mouchoir ou le pli du coude lorsqu’on éternue ou renifle ; éviter de toucher son visage, ses yeux, sa bouche et son nez ; se maintenir à une distance d’au moins un mètre des autres personnes ; se tenir informé et contacter les services médicaux si l’on ressent des symptômes.

Infographie de l'OMS, Passe le message : cinq mesures pour éliminer le coronavirus.

« Le football peut atteindre des millions de personnes, en particulier les jeunes, ce que ne peuvent faire les responsables sanitaires », a relevé le Dr Tedros lors de la présentation à la presse. Également présent, mais se tenant à distance raisonnable, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a insisté sur l’importance de « l’esprit d’équipe » pour vaincre la maladie. « Le football représente beaucoup pour des milliards de personnes dans le monde. Il est donc clair que nous devons faire preuve de leadership et de solidarité dans ces jours difficiles ».

En octobre dernier, la FIFA et l’OMS avaient conclu un accord de collaboration pour quatre ans en vue de « promouvoir des modes de vie sains » par le biais du football ». Elles étaient alors bien loin d’imaginer qu’une pandémie menacerait toute la population mondiale. Les championnats de football ont depuis été suspendus, mais les deux organisations ont décidé de renforcer leur collaboration. La FIFA a ainsi versé 10 millions de dollars au Fonds de solidarité de l’OMS pour la riposte à la COVID-19.

« Nous devons rappeler à tous que nous sommes une seule humanité. La santé passe en premier. Tout le reste est secondaire », a souligné le président de la FIFA. « Nous devons être forts et suivre les conseils de l’OMS et des gouvernements ».