ODD: les jeunes peuvent aider

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ODD: les jeunes peuvent aider

—Samuel Malinga
Kingsley Ighobor
Afrique Renouveau: 
Samuel Malinga
Samuel Malinga
—Samuel Malinga
En 2015, Samuel Malinga, 26 ans, a fondé Sanitation Africa - une entreprise spécialisée dans la transformation des déchets en combustibles pour la cuisson et en engrais agricoles. Samuel a été reconnu par plusieurs organisations pour son approche novatrice, dont la Fondation Tony Elumelu, qui l'a subventionné pour continuer à développer son activité. En 2014, le magazine Ventures Africa l'a classé parmi les 40 innovateurs africains à suivre. Lors de sa visite au siège des Nations Unies (NU) à New York, Samuel a voulu partager son expérience avec Kingsley Ighobor d’Afrique Renouveau

Afrique Renouveau: Quelle est la raison de votre visite au siège des NU?

Malinga: Je suis ici avec 16 autres jeunes leaders du monde entier pour rédiger un plan d'action d'un an visant à promouvoir les Objectifs de Développement Durable [ODD] pour s'assurer de leur réalisation d'ici 2030.

Comment avez-vous été sélectionné pour ce voyage?

Je réalise des projets d'assainissement. Je modernise et conçois des toilettes innovantes à faible coût qui répondent aux défis du changement climatique, comme l'affaissement des sols. Nous disposons d'une solution innovante pour vidanger les toilettes, surtout dans les zones qui ont des infrastructures défectueuses. Notre technologie permet aux gens de réutiliser leurs toilettes dans les zones où il n’y a pas beaucoup d'espace, au lieu de creuser de nouvelles fosses.

Combien cela coûte-t-il?

Pour vidanger une toilette, un client paie environ 50$. La construction de nouvelles toilettes coûte entre 200 et 400$. Il est donc moins coûteux de vidanger les anciennes (quand la fosse est pleine après plusieurs mois d'utilisation, tout dépend du nombre d'utilisateurs) que de construire de nouvelles toilettes.

Pouvez-vous nous décrire brièvement votre solution ?

Nous transformons les déchets en combustibles pour la cuisson et en engrais agricoles. Nos recherches ont démontré que nos combustibles brûlent plus longtemps et sont quatre fois moins chers que le bois. Nous avons conçu une pompe pour vidanger les fosses ainsi qu'une usine de traitement qui transforme les boues sèches en briquettes pour la cuisson.

Dans combien de communautés travaillez-vous en Ouganda?

Nous travaillons dans trois régions: à Kampala et dans certaines régions de l'Est et de l'Ouest. Nous avons l'intention de diffuser cette technologie à travers l'Afrique.

Combien de personnes employez-vous?

Nous avons six employés permanents, et nous embauchons des jeunes à temps partiel pour faire du marketing. Nous embauchons davantage pour la construction des toilettes, parfois entre 10 et 20 personnes.

Qu'auraient fait les collectivités avec lesquels vous travaillez si vous n'aviez pas été là

Je pense qu'il y aurait de graves problèmes, car les gens déversent leurs déchets dans les canaux de drainage, qui se retrouvent ensuite dans les réservoirs d'eau et les systèmes d'approvisionnement. Il y aurait beaucoup de contaminations.

Qui finance vos opérations?

Je dois avouer, avec fierté, que le premier financement que j'ai obtenu provenait de Future Project à Lagos, au Nigeria, dirigé par la Fondation Tony Elumelu. Ils m'ont offert environ deux millions de naira (10.000$ en 2014). Nous pourrions avoir encore plus d'un impact, mais les financements sont limités. Les banques hésitent à accorder des prêts en raison du manque de garantie.

Mais c'est une entreprise rentable?

Oui.

A l’avenir, pourriez-vous auto-financer?

Oui, c'est le but ultime. Une marge bénéficiaire de 25% pourrait financer nos opérations de manière pérenne. Ce n'est pas toujours viable de solliciter des fonds comme le font les autres ONG.

En quoi votre action contribue-t-elle aux efforts réalisés pour atteindre les ODD?

Nous allons beaucoup solliciter les communautés car, pour atteindre les ODD, nous devons nous assurer que tout le monde est impliqué, en particulier les jeunes. Les gouvernements doivent prendre conscience de l'importance de la jeunesse dans le développement.

Comment décririez-vous les conditions socio-économiques des jeunes ougandais?

La plupart des jeunes, notamment ceux qui sont éduqués, s'attendent à trouver un emploi à la sortie de l'école. Mais c'est loin d'être facile. C'est pourquoi beaucoup revendiquent maintenant leurs droits: ils veulent être impliqués dans la prise de décisions, dans la politique, et même dans le processus de préparation des budgets.

Quels autres défis les jeunes ougandais rencontrent-ils?

Les jeunes ont besoin de mentors. Ils manquent de financement pour démarrer leurs projets et ne sont pas convenablement représentés sur la scène politique.

Qui vous a inspiré?

La communauté dans laquelle j'ai grandi. À l'âge de 12 ans, j'ai vu des personnes souffrir des maladies liées aux mauvaises conditions sanitaires comme le choléra, la diarrhée et la dysenterie. Je me suis inscrit en ingénierie et une fois mon diplôme en poche, j'ai commencé à réfléchir à des solutions. 

Comment imaginez-vous votre entreprise dans les 5 à 10 prochaines années?

Nous souhaitons travailler dans les villes qui connaissent une croissance rapide et d'autres régions d’Afrique de l'Est, étendre nos opérations, et embaucher plus de jeunes.

Comment jugez-vous les politiques actuelles en faveur des jeunes en Ouganda?

Il n'y a pas de politiques claires à l'égard des jeunes et c'est l'un des sujets que nous espérons pouvoir défendre.