illustration de femmes journalistes derrière une barre de recherche en ligne
De plus en plus, les femmes journalistes sont confrontées à de nouvelles formes de violence numérique alimentées par l'intelligence artificielle : désinformation à caractère sexiste, surveillance, « deepfakes » et harcèlement.
Photo :UNESCO/Juliane C. Lelarge

 Chat GBV : Sensibiliser à la violence sexiste facilitée par l’intelligence artificielle à l'égard des femmes journalistes

Mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes est l’un des défis les plus importants et les plus complexes de notre époque. Il s’agit d’une nécessité fondamentale pour garantir le plein exercice du droit à la liberté d’expression ainsi que la possibilité pour tous et toutes de participer à un échange d’idées ouvert, libre et dynamique.

L'édition de cette année mettra en lumière les menaces auxquelles les femmes journalistes sont confrontées dans l’espace numérique, ainsi que l’effet dissuasif que ces violences peuvent avoir plus largement sur la liberté d’expression.

Les femmes journalistes sont de plus en plus exposées à des menaces alimentées par l’intelligence artificielle, telles que la désinformation genrée, la surveillance, les deepfakes et le harcèlement. Cette forme de violence, connue sous le nom de violence sexiste facilitée par la technologie (Technology-Facilitated Gender-Based Violence – TFGBV), s’est aggravée avec la montée en puissance de l’IA générative. L’étude de l’UNESCO The Chilling (2021, en anglais)  a révélé que 73 % des femmes journalistes avaient subi des menaces en ligne, et qu’une sur quatre avait été victime d’agressions hors ligne en conséquence. Plus largement, 58 % des jeunes femmes et filles dans le monde ont été confrontées à du harcèlement en ligne sur les réseaux sociaux, illustrant l’ampleur du phénomène au-delà du secteur du journalisme (« Ton avis ne compte pas, de toute façon » ).

Placée sous le thème Chat GBV : Sensibiliser à la violence sexiste facilitée par l’intelligence artificielle à l'égard des femmes journalistes, la Journée 2025 2025 entend répondre à ces menaces et renforcer la mise en œuvre du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. Cette Journée appelle à dénoncer et à contrer les violences facilitées par l’IA grâce au dialogue, au plaidoyer et à l’action politique, afin de garantir aux femmes journalistes des environnements numériques et physiques plus sûrs.

Pour en savoir plus : Note conceptuelle (PDF en anglais) .

Événements 2025

Cette année, la commémoration mondiale aura lieu le 2 novembre 2025 à Paris sous la forme d'un événement virtuel .

L'impunité pour les attaques contre les journalistes a un effet négatif sur la société

L'Amérique latine et les Caraïbes restent la région où le nombre d'assassinats de journalistes est le plus élevé, selon le rapport 2024 de la Directrice générale de l'UNESCO sur la sécurité des journalistes et le danger de l'impunité

Depuis 1993, plus de 1700 journalistes ont été tués dans le monde et près de 9 cas sur 10 n’ont pas été élucidés, selon l'Observatoire de l’UNESCO des journalistes assassinés . Ce cycle de violence à l’encontre des journalistes entraîne une augmentation des meurtres et est souvent révélateur d’un affaiblissement de l'État de droit et du système judiciaire.

Si les meurtres constituent la forme la plus extrême de censure des médias, les journalistes sont également confrontés à d'innombrables menaces, allant de l'enlèvement, de la torture et d'autres agressions physiques au harcèlement, notamment dans la sphère numérique. Les menaces de violence et les attaques contre les journalistes en particulier créent un climat de peur parmi les professionnels des médias, entravant la libre circulation des informations, des opinions et des idées au sein de la population.

Les femmes journalistes sont particulièrement touchées par les menaces et les attaques, notamment en ligne. Selon le document de travail de l'UNESCO intitulé « The Chilling: Global trends in online violence against women journalists »  (L'effroi : Tendances mondiales de la violence en ligne contre les femmes journalistes), 73 % des femmes journalistes interrogées ont déclaré avoir été menacées, intimidées et insultées en ligne dans le cadre de leur travail.

Dans de nombreux cas, les menaces de violence et les attaques contre les journalistes ne font pas l'objet d'enquêtes appropriées. Cette impunité conforte les auteurs des crimes et a en même temps un effet négatif sur la société, y compris sur les journalistes eux-mêmes. L'UNESCO est préoccupée par le fait que l'impunité nuit à des sociétés entières en couvrant de graves violations des droits humains, la corruption et la criminalité. Lisez et partagez les histoires des journalistes tués #TruthNeverDies  (#LaVéritéNeMeurtJamais).

En outre, les systèmes judiciaires qui enquêtent fermement sur toutes les menaces de violence à l'encontre des journalistes envoient un message fort, à savoir que la société ne tolèrera pas les attaques contre les journalistes et contre le droit à la liberté d'expression pour tous.

Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité

Affiche pour le 10e anniversaire du Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunitéLe Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité est le premier effort concerté au sein des Nations Unies pour lutter contre les attaques et l'impunité des crimes contre les journalistes, avec une approche multipartite et intégrée. Il réunit des organes des Nations Unies, des autorités nationales, des médias et des organisations de la société civile.

Depuis l'adoption du Plan, la question de la sécurité des journalistes a gagné en visibilité au sein des Nations Unies, comme en témoigne le nombre croissant de déclarations, résolutions et autres textes normatifs, ainsi que l'Appel à l'action pour les droits de l'homme du Secrétaire général des Nations Unies. La protection des journalistes fait également partie du Programme 2030 pour le développement durable. Le Plan a également contribué à la constitution de coalitions internationales de gouvernements et de la société civile et a servi à susciter des changements sur le terrain, comme la création de mécanismes nationaux de sécurité dans au moins 50 pays.

Malgré ces avancées, des défis subsistent. Le taux élevé d'impunité pour les crimes contre les journalistes persiste et de nouvelles formes de menaces se développent de manière inédite.

Le dixième anniversaire a été une étape importante pour réaffirmer, recommander et repositionner les efforts visant à faire progresser le plan des Nations Unies.

 

Historique

En décembre 2013, lors de sa 68e session, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution intitulée « La sécurité des journalistes et la question de l’impunité » (A/RES/68/163), qui a proclamé à la date du 2 novembre la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Cette résolution a exhorté les États Membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité. La date de cette journée internationale a été choisie en mémoire de deux journalistes français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés le 2 novembre 2013 au Mali.

Cette résolution historique condamne toutes les attaques et violences perpétrées contre des journalistes et des travailleurs des médias. Elle exhorte également les États Membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence, en faire rendre compte, traduire en justice les auteurs des crimes commis contre des journalistes et des travailleurs des médias, et veiller à ce que les victimes disposent de recours appropriés. Elle demande, en outre, aux États de promouvoir un environnement sûr et propice dans lequel les journalistes puissent effectuer leur travail de manière indépendante et sans ingérence indue.

Plus d'informations

Le saviez-vous ?

  • 162 journalistes ont été tués en 2023-2024.
  • 85 % des cas d'assassinats de journalistes depuis 2006 sont toujours non résolus ou ont été abandonnés.
  • Dix femmes journalistes ont été tuées en 2022.
  • Près de la moitié des décès ont eu lieu dans des pays en proie à un conflit armé, contre 38 % au cours des deux années précédentes.

Source : UNESCO 2022 

Sécurité des journalistes

Découvrez l'action des Nations Unies en matière de sécurité des journalistes .

Ressources

Documents

Des journalistes tendent leur micro

« Aujourd’hui, je peux dire que ma conscience civique est due en grande partie au travail et au courage des journalistes de mon pays, qui est la source de ma motivation et de mon indignation face aux conditions dans lesquelles ils exercent leur métier », déclare Diego Luna, acteur, réalisateur et producteur mexicain de renommée internationale, et défenseur des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information. Ce souci de souligner l’importance de la liberté de la presse a conduit M. Luna à produire le film documentaire State of Silence, réalisé par Santiago Maza, documentariste mexicain et défenseur des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.

Des journalistes en danger.

Ce rapport [en anglais] est un mécanisme unique dans le système des Nations Unies permettant d’assurer le suivi des assassinats de journalistes. Sa première publication date de 2008 et il est soumis tous les deux ans au Conseil Intergouvernemental du Programme international pour le développement de la communication de l’UNESCO (PIDC). Combattre l’impunité est une étape importante pour faire face aux chiffres élevés des assassinats de journalistes.

 

 

Portrait d'une femme souriante servant de lien vers la page des célébrations des Nations Unies

Chaque journée internationale représente une occasion d’informer le public sur des thèmes liés à des enjeux majeurs comme les droits fondamentaux, le développement durable ou la santé. Ces journées permettent au système des Nations Unies, aux pouvoir publics et à la société civile d’organiser des activités de sensibilisation et de mobiliser des ressources.