Premier plan de quatre jeunes filles voilées en train de faire une expérience scientifique dans une salle de classe
Des élèves participent à un cours de sciences dans le camp de réfugiés de Al-Wehdat, géré par l’UNRWA, à Amman, en Jordanie.
Photo :ONU/Mark Garten

Conflits armés : Quand le bruit des armes réduit l'éducation au silence

« L’éducation n’est pas seulement un droit humain fondamental, c’est aussi une condition indispensable à la réalisation de tous les droits humains », affirme le Secrétaire général António Guterres, soulignant les ravages physiques, psychologiques et émotionnels de la guerre chez les jeunes apprenants.

Ce sont les connaissances, les compétences et le soutien acquis par l’éducation qui permettent aux différentes générations de survivre aux crises et d’emmener le monde vers un avenir durable. Ceci est particulièrement vrai pour les groupes les plus vulnérables comme les filles, les migrants, les réfugiés et les personnes handicapées.

Les lieux d'enseignement devraient donc être des havres de paix pour les enfants, les étudiants et le personnel éducatif. Cependant, trop souvent, ces derniers et les lieux où ils apprennent deviennent soit des cibles directes, soit des dommages collatéraux dans les contextes de conflit.

Les attaques contre l'éducation peuvent avoir des répercussions physiques et psychologiques graves et à long terme sur les élèves et les enseignants. Les attaques peuvent interrompre l'enseignement et l'apprentissage, conduire à une augmentation significative des taux d'abandon scolaire et empêcher les élèves d'accéder à leur droit à une éducation de qualité et aux opportunités qui en résultent.

Le coût incalculable payé par les enfants piégés dans les conflits

Le rapport annuel du Secrétaire général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés pour l'année 2023 présente un compte-rendu déchirant de la violence subie par les enfants dans les zones de conflit. Le rapport a identifié 32 990 violations graves à l'encontre de 22 557 enfants, soulignant une augmentation alarmante de ces incidents par rapport aux années précédentes.

Les données incluent pour la première fois des rapports d'Haïti et du Niger, contribuant ainsi à donner une image plus globale des 25 situations suivies. Les régions les plus touchées sont Israël et le territoire palestinien occupé, la République démocratique du Congo, le Myanmar, la Somalie, le Nigéria et le Soudan.

Les violations ont été perpétrées à parts à peu près égales par les groupes armés et les forces gouvernementales, les groupes armés étant principalement responsables des enlèvements, du recrutement, de l'utilisation et des violences sexuelles, tandis que les forces gouvernementales ont été principalement impliquées dans les meurtres, les mutilations et les attaques contre les écoles et les hôpitaux. Le rapport souligne notamment l'impact dévastateur des armes explosives dans les zones peuplées, qui non seulement causent des morts et des blessés, mais entravent également l'acheminement de l'aide humanitaire.

Nous manquons à notre devoir envers les enfants

Le nombre alarmant d'enfants ayant subi de graves violations lors de conflits en 2023 est une « sonnette d'alarme », selon la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Virginia Gamba.

Virginia Gamba a déclaré que nous sommes en train de manquer à notre devoir vis-à-vis des enfants et a appelé la communauté internationale à « s'engager à nouveau en faveur du consensus universel visant à protéger les enfants des conflits armés ». Elle a également appelé les États Membres de l'Organisation des Nations Unies à « s'acquitter de leur responsabilité première de protéger leurs populations et à respecter toutes les normes et règles applicables à la conduite des situations de conflit armé ».

En Afghanistan, les filles veulent retourner à l'école

Une fille voilée et au regard sombre face à la caméra

Après la prise de pouvoir par les talibans en Afghanistan en 2021, Mursal, 17 ans, n'en revient toujours pas de ne pas pouvoir retourner à l'école. « Ce n'est pas normal qu'ils nous ordonnent de nous cacher le visage et d'arrêter d'aller à l'école. J'espère que les jeunes filles n'abandonneront pas », dit-elle. Son rêve de devenir médecin est aujourd’hui remis en question. Elle refuse cependant d’abandonner tout espoir. Découvrez son histoire.

Contexte

La journée a été proclamée à la suite d'une décision unanime de l'Assemblée générale des Nations Unies, appelant l'UNESCO et l'UNICEF à sensibiliser le public au sort de millions d'enfants vivant dans des pays touchés par un conflit. La résolution proclamant la journée a été présentée par l'État du Qatar et coparrainée par 62 pays.

La résolution 74/275 de l'Assemblée générale affirme en effet que les gouvernements ont la responsabilité première de fournir une protection et d'assurer une éducation de qualité inclusive et équitable à tous les niveaux à tous les apprenants, en particulier ceux qui se trouvent dans des situations vulnérables. Elle souligne en outre la nécessité d'intensifier les efforts et d'augmenter le financement pour promouvoir des environnements scolaires sûrs et protecteurs dans les situations d'urgence humanitaire ; elle affirme que doivent être prises toutes les mesures possibles pour protéger les écoles, les apprenants et le personnel éducatif contre les attaques ; elle appelle enfin à s'abstenir de toute action entravant l'accès des enfants à l'éducation et souligne la nécessité de faciliter l'accès à l'éducation dans les situations de conflit armé.

L'UNESCO, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, et l’UNICEF, Fonds des Nations Unies pour l’enfance, encouragent la célébration annuelle de la journée en étroite collaboration avec des partenaires au sein et en dehors du système des Nations Unies. Travaillant en première ligne dans les pays touchés par des conflits, les entités des Nations Unies aident depuis longtemps les États Membres à renforcer leurs capacités à offrir à tous l'accès à une instruction de qualité en temps de crise.

Plus d'informations

Le saviez-vous ?

  • En 2023, 32 990 violations graves ont été vérifiées à l'encontre de 22 557 enfants.
  • Le nombre d'enfants tués en 2023 (5 301) équivaut à près de 15 enfants tués chaque jour.
  • Le plus grand nombre de violations graves a été vérifié en Israël et dans le territoire palestinien occupé, en République démocratique du Congo, au Myanmar, en Somalie, au Nigeria et au Soudan.
  • Environ 50 % des violations ont été commises par des groupes armés, y compris ceux désignés comme terroristes par les Nations Unies, tandis que le reste a été commis par des forces gouvernementales et par des auteurs non identifiés, comme les mines terrestres et les engins explosifs improvisés.
  • Malgré la multiplication et l'escalade des crises, plus de 10 600 enfants anciennement associés à des forces ou groupes armés ont bénéficié d'une protection ou d'un soutien à la réintégration au cours de l'année 2023.

Source : Rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés (pour l'année 2023)

Une fille devant le tableau noir à l'extérieur d'une salle de classe détruite

La Déclaration sur la sécurité dans les écoles a été ouverte à la signature des États à Oslo (Norvège), en mai 2015. Il s’agit d’un engagement politique visant à mieux protéger les élèves, les enseignants, les établissements scolaires et les universités pendant les conflits armés, à favoriser la poursuite de l’enseignement en temps de guerre et à mettre en place des mesures concrètes pour éviter l’utilisation des établissements scolaires à des fins militaires.

Des garçons en âge scolaire en Syrie

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés est le principal défenseur des Nations Unies pour la protection et le bien-être des enfants touchés par les conflits. Les attaques contre les écoles sont l'une des « six violations graves » qui justifient l'inscription sur les listes des gouvernements ou des groupes armés figurant dans les annexes au Rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés présenté au Conseil de sécurité.

 

Portrait d'une femme souriante servant de lien vers la page des célébrations des Nations Unies

Chaque journée internationale représente une occasion d’informer le public sur des thèmes liés à des enjeux majeurs comme les droits fondamentaux, le développement durable ou la santé. Ces journées permettent au système des Nations Unies, aux pouvoir publics et à la société civile d’organiser des activités de sensibilisation et de mobiliser des ressources.