Dans le cadre de la série de vidéos intitulée « Questions et réponses sur l’ONU », des experts du système des Nations Unies répondent aux questions fréquemment posées sur l’Organisation. L’épisode sur les activités de maintien de la paix de l’ONU donne la parole à Nick Birnback, le chef du Groupe de la communication stratégique du Département des opérations de paix des Nations Unies.


En quoi consistent les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ?

Nick Birnback : Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont lancées une fois que le Conseil de sécurité des Nations Unies en autorise le déploiement et qu’une résolution est adoptée pour nous permettre, au Secrétariat, de réunir toutes les ressources dont nous avons besoin, et que le Conseil a autorisées, en vue d’accomplir les tâches spécifiques qui nous ont été confiées. Nous allons donc là où le Conseil de sécurité nous envoie, ce qui signifie qu’il s’agit en fin de compte d’une question de volonté politique de la communauté internationale. D’une certaine manière, c’est la grande force des opérations de maintien de la paix de l’ONU : en nous déployant, nous représentons la volonté politique de la communauté internationale et bénéficions dès lors de sa légitimité.

Chaque mission est dotée de son propre mandat, qui est conçu par le Conseil de sécurité et par nos soins pour tenter de répondre aux problèmes spécifiques qui se posent sur le terrain dans chaque situation particulière. Ainsi, si chaque déploiement a ses caractéristiques propres, les missions se répartissent en trois catégories de base, que nous appelons chapitre 6, chapitre 7 et chapitre 8. Les missions relevant du chapitre 6 consistent à assurer une sorte de suivi et d’observation. On les appelle parfois « opérations classiques de maintien de la paix ». Ce sont généralement des missions qui ont été autorisées dans les années 1960, 1970 et 1980. Le chapitre 7 concerne davantage l’imposition de la paix et le chapitre 8 porte sur la collaboration avec d’autres institutions multilatérales que nous avons autorisées à effectuer les missions en notre nom.

Les soldats de la paix sont issus de toutes les régions du monde. Plus de 150 pays participent ou ont participé à des opérations de maintien de la paix et ont détaché des effectifs militaires, civils et policiers dans ce cadre. Les civils peuvent être des ressortissants internationaux ou nationaux ; le personnel policier peut se composer d’un seul agent ou contrôleur de police ou d’unités entières, par exemple des unités anti-émeute ; et les militaires peuvent être regroupés au sein de contingents, c’est-à-dire des bataillons d’infanterie ou d’autres unités spécialisées. Le Conseil de sécurité définit les exigences particulières en fonction de la situation sur le terrain. Dès lors, les mandats, les chapitres en vertu desquels ils sont autorisés par le Conseil et les configurations sont à chaque fois différents, mais sont toujours conçus aux mêmes fins, à savoir accomplir les tâches qui nous sont confiées par le Conseil de sécurité pour tenter de promouvoir la paix et la sécurité dans un pays donné.

Conseil a autorisé le déploiement d’une opération de paix environ 70 fois au cours des sept dernières décennies. Nos contingents et notre personnel proviennent de plus de 150 pays, et le fait que nous représentions une si grande partie du monde est l’une de nos grandes forces, car nous ne sommes pas seulement l’expression de la volonté politique de la communauté internationale, mais aussi la manifestation physique de cette volonté. Les mandats s’achèvent une fois que toutes les tâches énoncées par le Conseil ont été accomplies ou lorsqu’il est décidé que la mission n’est plus nécessaire. La plupart des missions qui ont été autorisées ont été clôturées. La majorité des missions sont menées à bien et englobent une variété de tâches allant de la protection des civils à la sauvegarde du processus politique ou électoral, en passant par la protection des droits de l’homme et des convois acheminant l’aide humanitaire ainsi que par une diversité d’autres activités définies par le Conseil de sécurité. Mais l’essentiel est que les forces de maintien de la paix des Nations Unies se déploient lorsque le Conseil de sécurité des Nations Unies leur demande de s’efforcer de promouvoir la paix et la sécurité dans un contexte particulier, en utilisant les effectifs que la communauté internationale met à notre disposition ou, plus précisément, nous prête. Il s’agit d’un partenariat qui permet de protéger les civils dans certaines des régions les plus dangereuses du monde.


Comment les opérations de maintien de la paix de l’ONU sont-elles mises en place ?

Nick Birnback: Lorsqu’une situation particulière est portée à l’attention du Conseil de sécurité des Nations Unies, celui-ci dispose d’un éventail de réponses, allant de l’envoi d’une mission de bons offices ou de négociateurs à la mise sur pied d’une opération de maintien de la paix dans les cas où la situation s’est détériorée à tel point que la communauté internationale se doit d’intervenir, et a la volonté politique d’intervenir. Une fois qu’un mandat est autorisé, il incombe alors au Secrétariat de s’adresser aux États Membres afin, essentiellement, qu’ils nous prêtent le personnel nécessaire pour exécuter les tâches particulièrement complexes qui nous sont confiées par le Conseil de sécurité lorsqu’il organise le déploiement d’une mission de maintien de la paix.


Qui sont les « Casques bleus » ?

Nick Birnback: Donc, les casques bleus - et vous pouvez en voir un au-dessus de mon épaule juste ici - sont des femmes et des hommes, des civils, des militaires et des policiers qui servent sous le drapeau de l’ONU en vue d’exécuter le mandat d’une mission de maintien de la paix. Ils accomplissent un large éventail de tâches, comme la protection des civils, l’aide à la mise en place d’institutions de gouvernance et la promotion de l’État de droit, des droits de l’homme, des affaires civiles, de l’égalité des sexes ou encore des droits de l’enfant, autant d’aspects qui sont inhérents aux missions de maintien de la paix. Mais toute leur action est au service de leur objectif ultime, qui consiste à mettre en œuvre le mandat de la mission tel qu’il a été défini par le Conseil de sécurité. Les casques bleus sont issus du monde entier. Ce sont des femmes et des hommes, des civils, des militaires et des policiers qui travaillent ensemble pour répondre aux exigences spécifiques du mandat défini par le Conseil de sécurité. 


Quels sont les principes du maintien de la paix de l’ONU ?

Nick Birnback: Les opérations de paix et les missions de maintien de la paix de l’ONU ont des mandats différents en fonction des circonstances sur le terrain et des critères établis par le Conseil de sécurité. Toutefois, quelle que soit son ampleur, chaque mission se fonde sur un certain nombre de principes cohérents, à savoir : l’impartialité, l’utilisation de la force principalement en cas de légitime défense ou pour défendre le mandat et le consentement des parties. En gardant ces éléments à l’esprit, nous continuons à exécuter les tâches qui nous ont été confiées par le Conseil de sécurité. Cela ne veut pas dire que les soldats de la paix ne sont jamais contraints d’utiliser la force, conformément à ce qu’on appelle leurs règles d’engagement. Ils le font parfois, mais toujours dans le respect de ces principes fondamentaux. En général, la structure de maintien de la paix de l’ONU n’est pas une institution guerrière. Notre travail consiste à tenter de promouvoir la paix et la sécurité et à gagner du temps dans l’attente de l’instauration d’un processus politique. Nous sommes toujours au service du politique. Nous appelons parfois ce principe la « primauté du politique » et il s’agit-là d’un mot d’ordre dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Nous accompagnons le processus politique, mais nous ne pouvons pas le remplacer.


Comment les jeunes peuvent-ils contribuer au maintien de la paix ?

Nick Birnback: Les jeunes sont essentiels pour l’avenir des Nations Unies, l’avenir de la planète et l’avenir des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Le programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité du Secrétaire général sous-tend l’ensemble de nos travaux. Les jeunes, la paix et la sécurité sont le thème de la Journée des Casques bleus des Nations Unies que nous célébrerons le 29 mai prochain. Nous travaillons en étroite collaboration avec des jeunes activistes du monde entier pour tenter de promouvoir notre message de paix et de sécurité. Ce dont nous avons besoin, c’est que les jeunes nous aident en se faisant l’écho de nos messages, en les amplifiant, en devenant eux-mêmes des activistes, en s’adressant à la classe politique des pays dont ils sont originaires et en exigeant que les dirigeants politiques abordent les problématiques importantes aux yeux de la jeunesse, mais aussi en relayant les messages des Nations Unies afin de faire avancer l’idée selon laquelle la promotion de la paix et de la sécurité est essentielle pour notre avenir. La paix et la sécurité sont liées à l’ensemble du programme des Nations Unies, qu’il s’agisse des mesures visant à combattre les inégalités économiques ou des stratégies de lutte contre la dégradation de l’environnement. Ces questions sont étroitement liées et nous avons besoin de jeunes militants qui soient prêts à nous aider à souligner à quel point il importe d’aborder les principaux aspects du programme en matière de paix et de sécurité et à contribuer à promouvoir le bon travail effectué par les soldats de la paix des Nations Unies dans le monde entier.