6 août 2020

Il y a 75 ans, le 6 août 1945, la première bombe atomique était larguée sur Hiroshima, au Japon, et, en un instant, la ville a été réduite en cendres. Elle a détruit la ville et tué de nombreuses personnes. De plus, elle a, au fil du temps, effacé l’histoire, la culture et les souvenirs familiaux de la région.

La Loi concernant la construction d’Hiroshima en tant que ville-mémorial de la paix, qui soutient la reconstruction d’après-guerre, a été promulguée en 1949 (Showa 24). Après le bombardement, il avait été dit qu’aucune plante ne pousserait à Hiroshima pendant 75 ans. Mais grâce aux efforts de sa population, la ville a connu une nouvelle naissance en tant que ville de la paix. Aujourd’hui, en se promenant dans Hiroshima après avoir visité son Musée du Mémorial de la paix, nombreux sont ceux qui sont surpris de voir les résidents vivre dans une ville verte et fleurie. Soixante-quinze ans après le bombardement atomique, la population d’Hiroshima, y compris les survivants, sur la base de leur expérience, ont lancé un appel au monde pour abolir les armes nucléaires, avec la détermination qu’une telle tragédie ne devrait jamais se répéter. Aujourd’hui, l’éducation est un moteur fort de la promotion de « l’éducation à la paix ». J’aimerais partager des idées sur la manière de travailler ensemble pour promouvoir la paix dans l’enseignement supérieur par le biais d’une approche fondée sur les carrefours d’apprentissage mondiaux.  

Le désarmement est un critère déterminant pour l’humanité. La société attend du monde de l’enseignement supérieur un leadership orienté vers l’avenir ainsi qu’une pensée stratégique. Le carrefour d’apprentissage, un sujet populaire de nos jours, est un espace d’apprentissage de haute performance pour la nouvelle génération, mais un « carrefour d’apprentissage mondial » doit faire partie des ressources humaines du XXIe siècle avec des établissements d’enseignement supérieur qui collaborent entre eux dans un monde où la coexistence et la coopération sont nécessaires. Il s'agit d'une idée stratégique en faveur du partage des évaluations dans des domaines tels que l’enseignement des connaissances et de la technologie, ainsi que des tests et des évaluations dans un contexte mondial.

Dans ce concept stratégique, nous construirons une plate-forme universitaire mondiale en utilisant des technologies futuristes, telles que des cours en ligne ouverts à tous et à toutes (MOOC) et des stratégies d'apprentissage innovantes, telles que l'apprentissage créatif. Il est important d'avoir une conception de base sur la manière de partager et de réaliser des versions uniques de « l'enseignement supérieur ». Qui détient l'enseignement supérieur ? Il doit, bien entendu, être accessible à toutes les sociétés et à tout le monde.

Au cours des dernières années, le développement de compétences polyvalentes a été souvent discuté dans l’enseignement supérieur, mais les généralités non culturelles ne sont qu’une copie. L’enseignement supérieur, en particulier le premier cycle, est une culture internationale, et le développement des facultés cognitives supérieures (HOTS) est soutenu par la philanthropie et la contribution sociale.

L’acquisition de ces facultés est essentielle. En outre, la polyvalence de l’enseignement supérieur à l’avenir est, bien sûr, la clé de son soutien, mais la polyvalence des domaines (dans des domaines très spécialisés) est également importante. Le pouvoir de façonner la paix et la durabilité et de créer une société durable, est une compétence du XXIe siècle; il s’agit du type de compétences polyvalentes que l’enseignement supérieur devrait développer.

En réalisant stratégiquement la diversification et la mondialisation, les universités peuvent continuer à maintenir et à développer leur position en tant que dirigeants intellectuels dans la société. Les points de vue divergent sur la manière de traiter ces domaines, qui sont des phénomènes qui se produisent partout dans le monde, mais cela vient d’un malentendu majeur. La diversification et la mondialisation sont d’excellents moteurs pour réaliser le développement durable de notre société mondiale; pour les universités, elles doivent fonctionner comme une excellente stratégie afin de développer les ressources humaines qui ouvriront l’avenir d’un monde incertain.

L’initiative Impact universitaire des Nations (UNAI), lancée officiellement en novembre 2010, travaille avec des établissements d’enseignement supérieur du monde entier afin de réaliser une société mondiale durable. Les jeunes sont parrainés en coopération avec l’Association internationale des recteurs d’université (IAUP) dont les dirigeants de l’Université J.F Oberlin sont des membres très actifs.

En éliminant les influences politiques et idéologiques, l’IAUP améliore la qualité de l’enseignement supérieur dans la communauté internationale et encourage la paix et la compréhension internationale. Compte tenu de l’impact de la mondialisation sur l’enseignement supérieur au XXIe siècle, censé avoir un avenir bien défini, nous nous employons à discuter de problèmes internationaux sur la base d’une compréhension culturelle mutuelle et à chercher des solutions intellectuelles. L’objectif principal consiste à promouvoir la mission internationale des établissements d’enseignement et d’améliorer la qualité de l’enseignement offert par les établissements membres ainsi que la capacité à répondre à la conscience internationale et à la société mondiale par le biais de l’éducation dans un monde de plus en plus interconnecté. Dans le cadre de cette mission, nous menons diverses activités, notamment des travaux visant à élaborer une vision mondiale de l’enseignement supérieur; à renforcer les activités d’échange des établissements d’enseignement supérieur dans le monde; à promouvoir des échanges d’étudiants et d’enseignants ainsi que des projets de recherche conjoints. Nous promouvons aussi les opinions et les activités des dirigeants du Japon au sein de la communauté internationale; encourageons le développement d’une société durable et compétitive à l’échelle internationale grâce au réseau et aux projets conjoints des dirigeants de l’enseignement supérieur; et faisons progresser la paix et la compréhension internationale de l’enseignement supérieur.

Yoshiro Tanaka, Doyen et Vice-Président exécutif de l’Université J.F. Oberlin, à Tokyo, au Japon. Photo offerte par l’auteur.

Il est important non seulement d’affirmer que l’avenir est un droit, mais de faire ce qui est nécessaire pour être prêt pour l’avenir. Il est important que nous relevions ces défis avec sérieux.

Le travail de l’UNAI et de son organisation universitaire, l’Action des étudiants pour promouvoir l’innovation et la réforme par l’éducation (ASPIRE), est un effort de collaboration. Lorsque l’innovation est au cœur de ces efforts et que ceux-ci deviennent une conviction, le monde peut passer à une nouvelle étape.  Ces initiatives se sont concrétisées non seulement grâce au travail des organisations internationales, mais aussi parce que les dirigeants partagent les mêmes points de vue sur les problèmes. Ce n’est rien d’autre que reconnaître que la diversification et la mondialisation sont des objectifs qui doivent être atteints afin de parvenir à la coexistence humaine. Leur réalisation ainsi que la sagesse permettront à l’humanité de se développer de manière durable. L’enseignement supérieur est un moteur puissant à cette fin et doit représenter un espoir pour toutes les sociétés et pour tous les peuples. Bien que la diversification et la mondialisation posent leurs propres défis, elles constituent des éléments importants dans la poursuite du développement et doivent être réalisées. C’est une autre étape qui doit être franchie.

Le processus de Bologne a été créé en 1999 pour accroître la compétitivité internationale des universités européennes. Après 20 ans, le monde a changé de manière spectaculaire et l’avenir est de plus en plus difficile à prévoir. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de rassembler les connaissances des dirigeants de l’enseignement supérieur et de promouvoir le développement de la société mondiale. Nous pouvons échanger nos idées sur la manière dont l’éducation peut y contribuer. Il faut s’attendre à ce que le débat sur la création d’un avenir prospère grâce à l’enseignement supérieur soit animé.

Mais nous devons nous rappeler que nous n’avons pas été parfaits. Il n’est pas facile de réformer les établissements, mais il est encore plus difficile de changer l’état d’esprit des gens. Les êtres humains ont tendance à résister au changement. Mais nous savons ce qui doit changer. Si vous n’avez pas le choix, vous ne pouvez pas éviter le risque.

De nombreux jeunes ont du mal à choisir de sacrifier le plaisir à court terme pour les avantages à long terme. Les programmes d’autoformation sont importants pour réussir ses études. Et alors que la possibilité d’aller à l’université est une bonne occasion d’être confronté à d’innombrables nouvelles valeurs, les attitudes envers l’éducation universitaire sont très importantes. L’éducation à la paix comme programme de base à l’université est un thème très important et précieux pour enrichir les programmes d’autoformation. Par le biais de l’enseignement supérieur, nous croyons que les personnes progresseront vers leurs idéaux avec détermination et préparation.

 

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