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Déclaration de Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA, PRÉSIDENTE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE prononcée par S. E. Yemdoago Eric Tiare, Représentant permanent du Burkina Faso auprès de l’ONU

12 novembre 2018

Excellence, Monsieur Ion Jinga, Représentant permanent de la Roumanie et Président de la Commission de consolidation de la paix,

Excellence, Monsieur Issa Konfourou, Représentant permanent du Mali, de la part du Représentant du G5 Sahel,

Excellence, Monsieur Ma Zhaoxu, Représentant permanent de la Chine et Président du Conseil de sécurité,

Excellence, Madame Inga Rhonda King, Représentante permanente de Saint-Vincent-et-Grenadines et Présidente du Conseil économique et social,

Madame Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

Merci pour l’occasion qui m’est ainsi offerte de m’adresser à vous aujourd’hui.

La question de la paix et de la sécurité dans le Sahel ne cesse de gagner en importance.

En nous offrant l’occasion de nous rencontrer et de rapprocher nos positions, la Commission de consolidation de la paix concourt à nous permettre de dégager une approche stratégique et cohérente de cette problématique.

Quand on sait que 20 différentes stratégies ont été arrêtées pour faire face à la situation sécuritaire dans le Sahel, rationaliser notre approche ne pourrait que nous permettre de faire l’économie de toute confusion et d’obtenir les meilleurs résultats possibles.

 

Chers collègues, le temps nous étant compté, permettez-moi de faire brièvement les deux observations suivantes.

Premièrement, il est essentiel de nouer des partenariats pour pouvoir mettre efficacement en œuvre la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

Le moins que l’on puisse dire c’est que les défis et maux auxquels la région du Sahel fait face sont complexes.

L’extrémisme violent, les inégalités généralisées et la misère profondément enracinée, les violences sexistes, les menaces transfrontalières et la détérioration des conditions climatiques sont autant de fléaux qui viennent battre en brèche le tissu social et rapprocher le spectre de l’instabilité.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • Plus de 5 millions de réfugiés et de personnes déplacées internes ;
  • Au moins 5,8 millions de personnes en proie à l’insécurité alimentaire ;
  • Et 24 millions de candidats à l’assistance humanitaire, auxquels sont affectés 12 % de l’enveloppe globale d’aide humanitaire pour 2018.

À l’évidence, il n’y a pas de solution unique à une si complexe situation.

D’où l’impératif pressant d’amener les nombreuses initiatives de consolidation de la paix à faire davantage preuve de coopération, de coordination et de cohérence dans leur action, l’ONU et ses partenaires, dans le cadre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, devant ainsi notamment œuvrer à renforcer les liens entre la paix et la sécurité, l’assistance humanitaire et le développement économique.

La présente session annuelle de la Commission de consolidation de la paix offre l’occasion d’aller de l’avant dans cette entreprise de coordination proprement dite.

J’exhorte les États Membres de la région du Sahel à faire fond sur la vocation de lieu de rencontre qui est celle de la Commission de consolidation de la paix pour nouer de solides et durables partenariats. Il est essentiel de s’assurer des partenaires dans la région et la sous-région, ainsi que dans le secteur privé. Je me réjouis de voir que des représentants de ces deux sphères sont parmi nous aujourd’hui.

Deuxièmement, je voudrais évoquer l’impératif de pourvoir à la pleine et effective participation des jeunes et des femmes, agents de paix, à toute entreprise dans ce domaine.

L’autonomisation des femmes est une caractéristique bien marquée de mon mandat, encore renforcée par ma propre expérience personnelle.

En ma qualité de Ministre de la défense de l’Équateur, j’ai pu voir de moi-même le sort fait à la femme en temps de conflit et entendu trop de femmes dire avoir été mises à l’écart en essayant d’apporter leur contribution à tel ou tel processus de paix.

Plus jamais. La preuve est faite que tout accord de paix voit ses chances de durer au moins pendant 15 ans augmenter de 35 % dès lors que les femmes sont associées à sa conclusion.

Abstraction faite du bien-fondé moral de l’exclusion de plus de la moitié de la population de toute contribution à l’entreprise de paix et de sécurité, le bilan positif de sa participation se passe de commentaires. Les informations faisant état des efforts déployés par des groupements de femmes et des chefs religieuses de la région faisant vigoureusement entendre leur voix sont autant de raisons d’espérer.

En ce qui concerne la jeunesse, on retiendra que près de 65 % de la population de la région est âgée de moins de 25 ans.

Il serait dès lors impossible d’asseoir durablement la paix faute d’associer les jeunes à la recherche de solutions de paix et de sécurité.

De même, accompagner les jeunes très tôt, c’est leur épargner le fardeau de ressentiments nés de décennies de conflit et leur permettre d’agir en champions de la paix, qui viendront jeter des ponts entre les groupes.

Ils sont une génération avide de changement, de chances, pétrie d’idées nouvelles et férue d’innovations. Ce potentiel, nous devons nous interdire de le ruiner.

Il nous faut ouvrir aux jeunes des pistes nouvelles pour leur permettre d’apporter leur solidarité, notamment en leur offrant des possibilités d’emploi décent. Le maintien de la paix et de la sécurité est à ce prix.

 

Excellences, pour terminer, permettez-moi de rappeler ici que l’Assemblée générale a donné à sa présente soixante-treizième session le thème « Faire de l’ONU une organisation pour tous ».

Pour les populations du Sahel, une ONU pour tous, c’est une ONU qui concourt à leur donner les moyens de leur autonomisation, et qui les protège contre la violence dans leur vie et leurs moyens d’existence.

Les défis complexes de la région du Sahel transcendent les frontières et font fi de tous ordres institutionnels. D’ampleur régionale, ces défis ne peuvent être domptés qu’à la faveur d’une approche régionale multilatérale. Agissant de concert avec la Commission de consolidation de la paix, l’ONU peut parvenir à renforcer la coordination et donner aux populations les moyens de réussir.

Je me réjouis par avance de pouvoir travailler avec vous.

Je vous remercie.