« Il me donnait de l’argent, de la nourriture … En échange de faveurs sexuelles. Je suis tombée enceinte et quelques mois après, il est parti en me laissant avec l’enfant ».

Il est strictement interdit au personnel de l’ONU d’échanger de l’argent, de la nourriture ou d’autres faveurs contre des relations sexuelles. Les opérations de paix de l’ONU font tout leur possible pour empêcher ce type de comportement répréhensible, mais des cas impardonnables continuent de se produire. Dans certains cas, des enfants sont conçus et abandonnés dans les environnements de conflit où leur père était en service, comme dans le récit ci-dessus d’une mère en République démocratique du Congo.

Depuis 2006, l’ONU a reçu plus de 700 plaintes en matière de paternité et de pension alimentaire impliquant le personnel des opérations de paix. 95 % d’entre elles concernent du personnel militaire ou policier fourni par les États Membres de l’ONU pour servir sous la bannière de l’ONU.

Les États Membres ont la responsabilité de répondre à ces demandes, mais plus de 70 % d’entre elles restent non résolues, laissant 500 enfants sans reconnaissance juridique ni soutien financier.

« Les enfants qui naissent ainsi sont trop souvent confrontés à la pauvreté, à la stigmatisation et à l’insécurité », a déclaré le Secrétaire général António Guterres. « Ils méritent d’être reconnus, soutenus et traités avec dignité. Les Nations Unies sont déterminées à faire de cet objectif une réalité. Mais nous ne pouvons pas y parvenir seuls. »

Certains États Membres s’efforcent de résoudre les plaintes malgré les difficultés liées à la navigation dans de multiples systèmes juridiques et contextes socio-économiques. Certains localisent les pères et guident les mères sur la manière de déposer une plainte dans leur pays. Certains ont mis en place des points focaux nationaux de paternité pour faciliter les tests ADN et aider les mères à accéder à une représentation bénévole et à une assistance pour les frais de justice.

Ces États Membres restent toutefois minoritaires. Dans la plupart des cas, les réponses des États Membres aux demandes sont lentes. Parfois, ils ne répondent pas du tout.

« Certaines de ces demandes sont en attente depuis plus d’une décennie et un certain nombre d’enfants engendrés par des personnels en uniforme ont atteint l’âge adulte », explique Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, le département qui reçoit et traite les demandes.

L’ONU s’efforce d’aider les victimes d’inconduites sexuelles à obtenir justice et à faire rendre des comptes aux auteurs. Nous facilitons les contacts avec les autorités du pays où elles souhaitent déposer leur plainte et pouvons les aider à payer les frais juridiques. Lorsque le père est un fonctionnaire civil de l’ONU, l’ONU exécute les décisions de justice et déduit les salaires pour s’assurer que les auteurs s’acquittent de leurs obligations parentales.

En outre, le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles a aidé les mères à s’engager dans des activités génératrices de revenus et à payer les frais de scolarité et les uniformes de leurs enfants.

L’ONU prend aussi des mesures pour aider les États Membres à traiter plus rapidement les cas, par exemple en facilitant la collecte d’ADN et le paiement transfrontalier des pensions alimentaires pour enfants.

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