11 juin 2012

L'énergie est à la base du développement humain. De la création d'emplois à la compétitivité économique, en passant par le renforcement de la sécurité et l'autonomisation des femmes, l'énergie constitue le grand intégrateur. Elle concerne tous les secteurs et est au cœur des intérêts fondamentaux de tous les pays. Aujourd'hui plus que jamais, le monde doit veiller à ce que les bienfaits de l'énergie moderne soient accessibles à tous et que l'énergie soit produite aussi proprement et aussi rationnellement que possible. Il s'agit là avant tout d'une question d'éthique, mais également d'un problème urgent et d'importance pratique. C'est dans ce contexte que l'initiative sur l'énergie durable pour tous a été lancée le 7 novembre 2011 par le Secrétaire général Ban Ki-moon.

À un moment de grande incertitude économique, de grandes inégalités, de très forte urbanisation et de chômage élevé des jeunes, se dégage, et continue de se dégager, un consensus sur la nécessité d'agir de manière coordonnée face aux problèmes mondiaux comme le développement durable. Mais nous ne partons pas de zéro. Les nouvelles technologies, qu'il s'agisse des cellules photovoltaïques améliorées, de l'infrastructure de comptage avancée, des véhicules électriques et des réseaux intelligents, constituent un bon point de départ pour progresser. La manière dont nous saisirons ces opportunités pour créer de la richesse et des emplois, renforcer l'éducation et la fabrication locale sera essentielle pour engager une vraie révolution.

LES ACTIONS de l'ONU

L'initiative sur l'énergie durable pour tous vise principalement trois objectifs interdépendants d'ici à 2030 :

• Parvenir à un accès universel aux services énergétiques modernes - accès à l'électricité, aux combustibles modernes et aux technologies de cuisson, de chauffage et à des fins productives;

• Doubler le taux d'amélioration de l'efficacité énergétique;

• Multiplier par deux la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial.

Ces trois objectifs sont complémentaires. De plus en plus abordables, les techniques d'exploitation des énergies renouvelables apportent les services énergétiques dans des collectivités rurales qu'il serait excessivement coûteux et peu pratique d'alimenter par des réseaux électriques classiques. L'efficacité accrue des dispositifs utilisés pour l'éclairage et d'autres applications entraíne une diminution de l'énergie consommée et permet donc de réduire la quantité d'électricité nécessaire au fonctionnement de ces systèmes. Les gains d'efficacité qu'enregistrent la production et l'utilisation de l'électricité diminuent la charge des réseaux électriques et permettent l'alimentation d'un plus grand nombre de foyers et d'entreprises. Enfin, l'alternative - l'expansion incontrôlée des systèmes énergétiques à partir des combustibles fossiles, comme aujourd'hui- bloquerait le monde sur une voie non viable pour le climat mondial.

Le Secrétaire général Ban Ki-moon a constitué un Groupe de haut niveau chargé d'élaborer un Programme d'action et de renforcer la dynamique actuelle en faveur de l'initiative sur l'énergie durable pour tous. Dans une contribution au processus de Rio+20, le Secrétaire général a décrit l'initiative en ces termes :

« À Rio+20, nous demanderons à toutes les parties prenantes de prendre l'engagement, au niveau mondial, de réaliser les objectifs de l'initiative Énergie pour tous d'ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, tous les pays et tous les secteurs devront adopter des mesures visant à définir les politiques et les décisions d'investissement nécessaires pour un avenir énergétique plus viable. Les pays industrialisés doivent accélérer la transition vers des technologies à faible émission de carbone. Quant aux pays en développement, dont un grand nombre affichent une croissance rapide et à grande échelle, ils ont là l'opportunité de dépasser les options énergétiques classiques et de se porter directement vers des alternatives énergétiques plus propres qui devraient contribuer à améliorer le développement économique et social. »

Le programme d'action établira des mesures et des engagements à échéances définies qui marqueront de façon radicale le passage des approches et des systèmes énergétiques actuels vers de nouvelles trajectoires qui viseront les objectifs suivants :

• Formuler un engagement politique ferme;

• Mettre en place des cadres politiques et réglementaires stables;

• Financer la transformation;

• Renforcer les capacités locales et nouer des partenariats au niveau mondial;

• Garantir la responsabilité et la présentation de rapports transparents;

• Renforcer la base analytique;

• Diffuser l'information.

Le système des Nations Unies coopère et collabore dans le cadre d'ONU-Énergie (www.un-energy.org) qui favorise la création de nouveaux partenariats et de meilleures communications et facilite les actions menées sur le terrain.

UNE NOUVELLE RÉVOLUTION

Réfléchir à la transition vers un système énergétique radicalement différent et inclusif est un problème auquel est confrontée la présente génération. C'est dans cette optique que Jeremy Rifkin, économiste et Président de la Fondation pour les tendances économiques, cite dans le dernier numéro du magazine Making It, les nombreuses crises interdépendantes comme motivation pour décrire un « nouvel âge de l'économie ». Cette description prend corps dans la conjonction des « technologies de la communication » et des « nouveaux systèmes énergétiques ». Cette troisième révolution industrielle offre des perspectives intéressantes. En octobre 2001, Christiana Figueres, Directrice de la Convention-cadre des Nations Unie sur les changements climatiques (CCNUCC), a utilisé le terme pour motiver la communauté des affaires à agir pour atténuer les changements climatiques. « Une économie à faible production de carbone nécessite un changement de paradigme multidimensionnel au travers d'un spectre large, du comportement individuel aux politiques nationales. Mais je peux vous assurer que ce changement ne se fera pas du jour au lendemain. Nous venons tout juste de jeter les bases de la nouvelle économie; nous sommes en pleine construction, et quand il y a un chantier, il y a des gravats et de la poussière. »

Au-delà du secteur énergétique et dans la perspective de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) en juin 2012, il est de plus en plus reconnu que dans un monde où les ressources et le carbone sont limités, une transition vers une économie verte est nécessaire pour assurer un développement durable. Cependant, ce changement ne peut se faire au détriment des priorités de développement des pays en développement, et toute définition d'une économie verte devra inclure diverses opportunités pour promouvoir le développement économique et réduire la pauvreté.

Pour relever ces défis, l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a lancé l'initiative pour une industrie verte qui vise à accélérer l'économie dans les secteurs manufacturiers et les secteurs connexes. Elle fournit à la communauté internationale et aux gouvernements nationaux une plate-forme pour promouvoir le rôle positif de l'industrie dans la réalisation du développement durable. Le développement industriel vert est donc un pilier intégral du concept de l'économie verte, car il fournit un cadre aux pays en développement pour assurer le « verdissement » de leur processus d'industrialisation et promouvoir des entreprises qui fournissent des biens et des services environnementaux. À cette fin, un cadre global sur la question de l'énergie mondiale est nécessaire.

SAUTER LES ÉTAPES

Alors que ces questions trouvent un écho dans les pays développés et les pays en développement, nous devons être conscients de l'impact sur les pays les moins avancés. Un précédent existe dans des pays comme le Rwanda et l'Éthiopie qui mettent en place des plans nationaux sophistiqués afin d'examiner les questions des énergies durables pour l'économie entière.

Un exemple de transformation radicale parvenue dans tous les recoins de la planète nous est fourni par l'industrie du téléphone mobile et le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). Ce précédent influence aujourd'hui les possibilités de réseaux intelligents même dans les coins les plus reculés de la planète. À l'avenir, les réseaux intelligents pour les pays en développement pourraient fournir une fonctionnalité similaire aux réseaux intelligents dans les pays industrialisés, même s'ils suivront vraisemblablement une voie et un cadre différents. Les contraintes, comme l'absence d'une bonne gouvernance, des capitaux d'investissement limités, une infrastructure inappropriée et l'absence d'un secteur de l'énergie bien rôdé, freinent les pratiques innovantes qui devraient se produire de manière organique. Les immenses besoins en matière d'infrastructure électrique pour réaliser l'accès universel offrent une occasion unique de tirer les leçons des questions indissociables des TIC et des systèmes énergétiques et d'aller de l'avant sans nécessairement répéter toutes les étapes de développement précédentes.

UNE ANNÉE IMPORTANTE

L'Assemblée générale des Nations Unies a déclaré 2012 l'Année internationale de l'énergie durable pour tous, plaçant l'énergie au cœur du processus multilatéral. C'est une occasion unique de partager des modèles qui fonctionnent, sont réalisables à différentes échelles et peuvent permettre de combler les lacunes existant dans le financement ou les capacités actuels. C'est aussi une chance d'assurer que la dynamique politique qui émerge actuellement dans ce domaine soit maintenue. Les partenariats existants, comme Norwegian Energy+ et le Partenariat mondial pour l'électricité durable/ONU-Énergie offrent des moyens de prendre des engagements et d'instaurer un dialogue avec un grand nombre de partenaires, ainsi que de mener des actions concrètes.

Nous ne pouvons pas traiter légèrement et superficielle- ment une question qui a des conséquences profondes dans la vie de tous. Nous devons prendre des engagements avec un grand nombre de partenaires et trouver des moyens de suivre les progrès. Pour commencer, visitez http://www.sustainableenergyforall.org et rejoignez-nous !

 

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