Le gouvernement de la République-Unie de Tanzanie reconnaít le rôle central de l'éducation pour atteindre l'objectif visant à améliorer la qualité de vie de ses citoyens. Assurer l'accès à l'éducation primaire pour tous est, selon lui, le moyen le plus fiable pour construire un avenir durable pour le pays. Cette idée est pleinement énoncée dans Tanzania Development Vision 2005 et la Stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté. La Tanzanie est également signataire de plusieurs accords internationaux, y compris sur l'Éducation pour tous (EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Lors de l'indépendance de la nation, les dirigeants du pays ont proclamé l'ignorance l'ennemi du progrès, de même que la pauvreté et les maladies. Des stratégies ont été élaborées, des projets ont été définis et des investissements ont été faits pour promouvoir l'éducation dans le pays. La Tanzanie a connu la construction sans précédent d'écoles primaires et secondaires ainsi que celle de sa première université. L'éducation primaire a été offerte à tous, des écoles ont été construites dans chaque village et l'éducation des adultes a été développée pour alphabétiser les citoyens les plus défavorisés qui n'ont jamais vu une salle de classe. Résultat : un nombre d'inscriptions élevé dans les écoles primaires, des taux d'alphabétisation remarquables dans le pays ainsi qu'un nombre accru de cadres et de techniciens. La Tanzanie a été un des pays enregistrant les taux d'alphabétisation les plus élevés en Afrique, atteignant 98 % au milieu des années 1980.
Toutefois, ce succès a été interrompu par les problèmes économiques dus à l'augmentation du prix du pétrole, du niveau élevé de la dette, de la faim, de la sécheresse et de la performance économique faible. En réponse à la mise en œuvre des programmes d'ajustement structurel, le gouvernement a introduit des mesures de partage de coût, gelé le recrutement des enseignants et réduit les dépenses générales de l'éducation. Ces mesures ont entraíné une pénurie d'enseignants et de matériel pédagogique, l'absence d'entretien des infrastructures scolaires, l'interruption dans la construction de salles de classe, ainsi qu'une pénurie d'enseignants. Cela s'est traduit par une baisse du nombre d'inscriptions, une hausse des taux d'abandon scolaire, une réduction des taux de réussite aux examens nationaux, la dégradation des établissements, la détérioration de l'environnement d'apprentissage et une baisse des taux d'achèvement. Le partage du coût a eu des effets négatifs sur le système éducatif, en particulier pour les orphelins, les enfants issus de familles au revenu bas et les groupes vulnérables, comme les enfants de la rue incapables de payer les frais scolaires et les autres frais obligatoires. En conséquence, le taux net de scolarisation est passé de 67,6 % en 1985 et 57 % en 2000.
Avec le début des réformes économiques structurelles au milieu des années 1980, il est clairement apparu qu'il fallait revoir le système éducatif et recommander des moyens pour promouvoir les progrès. En 1995, une politique en matière d'éducation et de formation a été formulée pour servir de cadre de mise en œuvre des réformes recommandées. L'accent a été mis sur l'amélioration de l'accès à l'éducation à tous les niveaux et la fourniture d'une éducation équitable et de qualité à la fois pour les garçons et pour les filles, ainsi que l'amélioration de la gestion et du financement de l'éducation.
En 1997, le gouvernement a mis au point un Programme de développement du secteur de l'éducation (PDSE) visant à établir un cadre de développement réalisable et cohérent. Il a appelé à la mise en commun des ressources humaines, financières et matérielles en sollicitant la participation de toutes les parties prenantes clés chargées de la planification, de la mise en œuvre, du suivi et de l'évaluation de l'éducation. Comme il était clair qu'il était impossible de réaliser le développement de l'ensemble du secteur de l'éducation, le gouvernement a décidé de commencer par l'éducation primaire et de passer progressivement au secondaire et à l'enseignement supérieur.
Pour soutenir le PDSE, le gouvernement a lancé en 2002 le Programme de développement de l'éducation primaire (PEDP), qui a été mis en œuvre durant deux phases de cinq ans, la première de 2002 à 2006 et la deuxième (PEDP II) de 2007 à 2011. La première phase comprenait quatre éléments clés : l'augmentation des inscriptions, l'amélioration de la qualité, la mise en place de capacités et le renforcement des arrangements constitutionnels. Le Programme a été stratégiquement conçu pour atteindre les OMD et les objectifs opérationnels de l'EPT ainsi que pour répondre aux défis importants auxquels fait face l'éducation primaire. Pour faciliter la mise en œuvre du PEDP, le gouvernement a pris un certain nombre de décisions de grande portée :
- éliminer les frais de scolarité et autres contributions obligatoires qui sont liées à l'inscription et à la fréquentation scolaire afin que tous les enfants remplissant les conditions puissent bénéficier de l'éducation;
- créer des subventions individuelles pour l'achat de livres scolaires et de matériels pédagogiques et d'apprentissage, ainsi que financer la réparation des établissements, le matériel administratif et les examens en milieu scolaire. En outre, le gouvernement a introduit des subventions pour la construction d'établissements scolaires et l'achat d'équipement;
- ouvrir dans chaque école primaire deux comptes bancaires séparés, un pour les subventions individuelles et l'autre pour les subventions pour le développement, afin d'assurer une gestion efficace des fonds et la mise en œuvre efficace des projets;
- rendre obligatoire les inscriptions et la fréquentation de l'école primaire, et mettre au point les stratégies pour assurer que tous les enfants remplissant les conditions sont inscrits;
- diffuser les directives et les manuels pour la mise en œuvre du PEDP, y compris pour l'achat de manuels par l'école, le financement des manuels de gestion, la construction et des manuels sur le renforcement des arrangements institutionnels; et
- mettre en place à une plus grande échelle un projet pilote lié au Programme d'éducation complémentaire en Tanzanie (COBET) pour toucher tous les enfants déscolarisés et ceux qui ont dépassé l'âge scolaire.
Au cours des cinq dernières années, la mise en œuvre du PEDP a porté ses fruits. Au vu de ces succès, l'objectif de l'éducation primaire pour tous sera probablement atteint avant 2015. Les inscriptions dans le primaire ont augmenté, passant de 554 835 en 2004 à 795 011 en 2007, soit une augmentation de 43,3 %. Le nombre d'élèves inscrits dans le primaire est passé de 4,4 millions en 2000 à 8,3 millions en 2007 (dont la moitié sont des filles), et le taux net de scolarisation est en hausse, passant de 58,8 % en 2000 à 97,3 % en 2007. Le nombre d'écoles primaires a également progressé, passant de 11 873 en 2001 à 15 624 en 2007. Le taux de réussite aux examens de fins d'études primaires a augmenté de manière drastique, passant de 22 % en 2000 à 70,5 % en 2006. De même, le taux de transition de l'école primaire à l'école secondaire est monté en flèche, passant de 20,3 % en 2000 à 67,3 % en 2007.
La fourniture de manuels et autres matériels pédagogiques et d'apprentissage, comme les manuels de sciences et de mathématiques, a permis d'améliorer le ratio livre-élève, de 1/20 en 2000 à 1/3 en 2007, grâce à l'introduction de subventions individuelles dans les écoles primaires en vue d'améliorer la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage. Le gouvernement a également recruté 45 796 enseignants qui ont été nommés dans les écoles connaissant une pénurie importante d'enseignants. L'environnement de l'enseignement et de la formation a connu une nette amélioration grâce à la construction de 36 641 salles de classe et de 12 588 logements de qualité pour les enseignants.
L'inspection et la supervision des écoles ont été renforcées : 42 bureaux d'inspection ont été pourvus de moyens de transport fiables, 30 bureaux ont été remis en service et tous les bureaux de district ont été équipés d'ordinateurs pour traiter les rapports de supervision. En outre, 50 813 enseignants du primaire sous-qualifiés ont reçu une formation, acquérant les compétences requises pour enseigner. Enfin, la modification des programmes scolaires a été entreprise en vue d'assurer une éducation fondée sur les compétences et de répondre aux besoins des élèves ainsi qu'aux défis généraux. Grâce à ces initiatives, la Tanzanie a atteint un taux d'inscriptions dans le primaire de 97,3 % et est déterminée à intégrer les 2,7 % restants bien avant la date butoir des OMD fixée à 2015.
Malgré ces succès, un certain nombre de défis demeurent qu'il convient d'examiner pour soutenir le développement du PEDP :
- continuer à améliorer l'environnement de l'enseignement et de l'apprentissage en construisant davantage de salles de classe, en les équipant et en fournissant un logement aux enseignants ainsi qu'une salle de classe qui leur est réservée;
- dispenser régulièrement une formation aux enseignants en service afin d'améliorer les compétences pédagogiques scolaires et professionnelles, en particulier en sciences, en mathématiques et en langage oral et écrit;
- continuer à développer les capacités des secteurs clés de l'éducation, en particulier les comités de l'enseignement scolaire qui gèrent les affaires quotidiennes des écoles;
- améliorer la performance des élèves en sciences, en mathématiques et en anglais, en particulier des filles; ceci nécessite non seulement un changement dans les comportements, mais aussi la fourniture de matériel et d'installations pédagogiques;
- assurer un environnement adéquat pour les élèves handicapés physiques et mentaux; et
- renforcer la fourniture des soins ainsi que l'aide aux enseignants et aux élèves infectés par le VIH/sida.
Pour faire face aux défis qui constituent une menace à l'éducation primaire pour tous, le gouvernement a mis au point le PEDP II en tant que processus de suivi visant à renforcer les succès réalisés jusqu'à ce jour afin d'assurer la viabilité de la réforme de l'éducation primaire. Ce Programme couvre sept pôles stratégiques : l'augmentation des inscriptions, l'accent étant mis sur l'accès et la parité entre les sexes dans l'éducation préscolaire et primaire; l'amélioration de la qualité de l'enseignement; le renforcement des capacités; l'examen des questions intersectorielles; le renforcement des arrangements institutionnels; la recherche en matière d'éducation; et le suivi et l'évaluation pédagogiques.
En examinant ces défis, le gouvernement est déterminé à augmenter à la fois les ressources financières et autres ressources nécessaires pour assurer l'amélioration du système éducation dans le pays. Il est cependant évident que, compte tenu de notre situation économique, nous ne pouvons résoudre ces questions sans un soutien international. Le gouvernement et le peuple tanzaniens lancent un appel à leurs partenaires du développement pour qu'ils continuent de soutenir l'agenda du développement de manière à réaliser les objectifs de l'EPT et les OMD.
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