Cet article présente un bref aperçu du système d’enseignement supérieur allemand et illustre comment il contribue à la promotion des principes de l’initiative Impact universitaire des Nations Unies (UNAI).

Le système d’enseignement tertiaire allemand est très différent. Il comprend 392 établissements d’enseignement supérieur et compte environ 2,4 millions d’étudiants et de personnels universitaires. Ces établissements sont groupés en 121 universités, 215 universités de sciences appliquées ( « Fachhochschulen ») et 56 académies d’arts ou de musique1.

Généralement, les universités se concentrent sur la recherche de base avec un programme théorique et axé sur le recherche. Les universités allemandes sont traditionnelle- ment responsables de la formation de la génération d’universitaires suivante et accréditées pour proposer, entre autres, des licences, des maîtrises et des doctorats.

D’un autre côté, les programmes des universités des sciences appliquées sont davantage orientés vers l’application et les travaux pratiques supervisés par l’industrie et/ou d’autres établissements pertinents. Ces universités proposent seulement des licences et des maîtrises.

Les académies d’arts et de musique visent à intégrer l’enseignement, la pratique et la recherche artistiques et offrent une formation pratique et théorique jusqu’au niveau du doctorat.

Environ 95 000 programmes de premier cycle et 6 800 programmes de deuxième cycle sont offerts dans les établissements d’enseignement supérieur en Allemagne. En plus des deux diplômes universitaires (licence et maîtrise), certains cours sont sanctionnés par des examens d’État; par exemple la médecine, le droit et la formation des enseignants. Enfin, certains programmes conduisent à un « Diplom » qui confère à son titulaire une qualification professionnelle.

La structure variée du système universitaire allemand soutient intrinsèquement l’un des principes de base de l’UNAI « … donner à chaque personne intéressée la possibilité d’acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour poursuivre des études supérieures ».

Le système d’enseignement supérieur est également différent selon les régions. Chacun des 16 États fédéraux (Bundesländer) a une législation différente dans ce domaine. Pour permettre la mobilité des étudiants en Allemagne, toutefois, certains principes génériques s’appliquent à la formulation des législations en matière d’éducation. Par exemple, la Constitution fédérale allemande stipule spécialement la liberté de l’enseignement dans le paragraphe 3 de l’article 5 : « l’art et la science, la recherche et l’enseignement sont libres… ». Cette disposition constitutionnelle fondamentale soutient un autre principe de l’UNAI «… un engagement à la liberté d’enquête, d’opinion et d’expression ».

L’Allemagne, au niveau fédéral, a récemment pris des engagements financiers à la recherche dans les établissements de l’enseignement supérieur par le biais de l’« initiative d’excellence ». Selon la conférence des recteurs des universités allemandes, 41,2 millions d’euros ont été consacrés à l’enseignement supérieur en 2010. Actuellement, seul l’État de la Basse-Saxe fait payer des droits d’inscription. Dans les 15 autres États, aucun droit n’est imposé. L’appui financier accordé aux universités et l’engagement général à offrir aux Allemands ainsi qu’aux étudiants étrangers une éducation gratuite au niveau de l’enseignement supérieur démontrent un nouvel engagement envers les principes de l’UNAI «… renforcer les capacités des systèmes d’enseignement supérieur dans le monde et les opportunités d’éducation pour tous quels que soient le sexe, la race, la religion et l’appartenance ethnique ».

En plus des fonctions humboldtiennes de recherche et d’enseignement classiques, les universités allemandes remplissent de plus en plus d’autres fonctions dans leurs communautés. Ces fonctions sont décrites dans la troisième mission de l’université2. En Allemagne, cette mission est axée sur le transfert des connaissances à destination des partenaires de l’industrie par la production de connaissances codifiées sous forme de droits de propriété intellectuelle comme les brevets, les licences ou les droits d’auteur ou par la coproduction des connaissances par le biais de la recherche sous contrat avec l’industrie. D’autres aspects concernent la création d’entreprises, l’université et les autorités régionales assurant la fonction d’incubateur requise pour les entreprises issues de la recherche universitaire. Les compétences d’universités sont de plus en plus appliquées dans l’élaboration et/ ou la mise en œuvre des politiques.

Intégrer de manière significative la troisième mission aux fonctions classiques de l’enseignement et de la recherche est un défi et suscite des controverses. Toutefois, c’est un aspect essentiel qui démontre de manière concrète la valeur ajoutée qu’apportent les universités à la société. La prise de conscience et la mise en œuvre croissantes de la troisième mission des universités soulignent la contribution à un autre principe de base de l’UNAI « … un engagement à promouvoir la durabilité de la société ».

Aujourd’hui, les établissements d’enseignement supérieur comptent environ 11,3 % d’étudiants étrangers. Ce qui justifie l’internationalisation c’est, entre autres, la reconnaissance que les universités ont la responsabilité d’éduquer la prochaine génération de citoyens et de dirigeants du monde. De plus, la collaboration dans le domaine de la recherche permet d’avoir une perspective mondiale sur des défis comme le changement climatique, la pauvreté et la sécurité énergétique. L’Office allemand d’échanges universitaires et la Fondation Alexander von Humbolt sont des partenaires importants du système d’enseignement supérieur pour favoriser les échanges d’étudiants et de personnels universitaires. Ce faisant, l’environnement universitaire allemand est enrichi par une diversité de personnes et d’idées et intégré efficacement dans un réseau universitaire mondial. Ces activités d’internationalisation soutiennent d’autres principes de l’UNAI «… encourager la citoyenneté mondiale au moyen de l’éducation et un engagement à promouvoir le dialogue et la compréhension entre les cultures et "désapprendre" l’intolérance ».

En Allemagne, il est généralement admis que l’enseignement supérieur est un agent puissant de la transformation personnelle et sociétale. Dans une certaine mesure, une nouvelle culture de responsabilité intellectuelle telle que proposée par l’initiative UNAI est dans le droit fil du système d’enseigne- ment supérieur.    ❖

Notes

1    Conférence des recteurs des universités allemandes (HRK): Higher Education Compass, semestre de l’été 2013.

2    Laredo, Philippe, «Toward a third mission for Universities”, présenté au séminaire de recherche organisé par l’UNESCO à l’intention du comité scientifique régional pour l’Europe et l’Amérique du Nord, Paris, 5-6 mars 2007. Disponible à : http://portal. unesco.org/education/es/files/53913/11858787305Towards_a_third_Mission_universities.pdf/.