27 juin 2013

Dans sa plus grande partie, la péninsule arabe est caractérisée par un climat sec et aride et des ressources en eau rares. La pluviosité annuelle moyenne est de moins de 250 mm dans 70 % de la région et de moins de 100 mm dans les pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG). Les ressources en eau disponibles sont estimées à 265 km3, les eaux de surface représentant 225 km3 et les eaux souterraines 40 km3. Plus de 65 % de ces ressources proviennent de pays extérieurs de la région, via l'Euphrate, le Tigre et le Nil, une situation qui risque d'engendrer des conflits liés au partage des ressources en eau. Sept pays de la région figurent parmi les pays les plus menacés au monde par la pénurie d'eau.


La consommation annuelle par habitant des ressources renouvelables est de moins de 500 m3 dans 70 % de la région. La consommation moyenne par habitant est de 800 m3, avec des variations allant de 2 181 m3 dans la sous-région du Machrek à 374 m3 dans la sous-région du CCG. Le secteur agricole absorbe 88 % de ces ressources, tandis que la consommation domestique est de 7 % et la consommation industrielle de 5 %.
Le défi consiste non seulement à approvisionner en eau la population de la région, mais à l'approvisionner aussi en eau potable, la pollution de l'eau étant un problème majeur qui, dans de nombreux cas, rend les ressources en eau déjà rares inutilisables. La pénurie chronique d'eau est donc un défi majeur pour la péninsule arabe. Afin de pouvoir approvisionner en eau les populations ainsi que les secteurs agricole et industriel, un grand nombre de pays se sont vu contraints d'utiliser d'autres ressources en eau, y compris l'exploitation des eaux souterraines fossiles, la réutilisation des eaux usées et le dessalement de l'eau de mer - des options qui sont coûteuses et qui ont des effets néfastes sur l'environnement et la préservation des ressources en eau.


Le prix de l'eau dans la région reste très bas, ce qui ne reflète pas la valeur économique réelle des ressources en eau rares et qui incite au gaspillage de l'eau sans réel souci de la préserver. Dans la majorité des pays arabes, le financement des installations de dessalement a été principalement assuré par l'État et, en partie, par des investisseurs étrangers. Cependant, avec les nouvelles stratégies de développement adoptées au cours des deux dernières décennies et la réduction des fonds alloués par le gouvernement, la dépendance vis-à-vis du financement extérieur s'est accrue, les États arabes se tournant vers le secteur privé pour obtenir des fonds supplémentaires.


Accès à l'eau potable salubre. La croissance démographique élevée (2,6 % par an) et l'urbanisation rapide, associées à une réduction des fonds publics, présentent des défis majeurs pour répondre à la demande croissante en eau destinée à la consommation humaine dans la région. Des études révèlent qu'environ 50 millions de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, l'approvisionnement en eau pour usage domestique étant particulièrement insuffisant dans les régions rurales ainsi que dans certaines grandes villes de la région.
En 2004, la proportion de la population utilisant des sources d'eau potable améliorées était inférieure de 13 % dans les régions rurales à celle des villes. Au Maroc, 56 % seulement de la population rurale avait accès à l'eau potable, contre un taux impressionnant de 99 % pour la population urbaine. Dans les pays les moins avancés (PMA), les chiffres indiquent qu'un peu moins de la moitié de la population rurale n'a pas accès à des sources d'eau potable améliorées.

Mais l'accès des régions rurales n'est pas le seul défi pour la région. Certains grandes zones urbaines, par exemple Amman, Damas et Sanaa, font régulièrement face à une pénurie d'eau et les coupures y sont fréquentes pendant les moins d'été secs. Au Yémen, selon la Banque mondiale, le prélèvement annuel d'eau équivaut à une fois et demie le taux d'apport, les taux étant encore plus élevés dans le bassin de Sanaa. La croissance démographique rapide (3,6 % par an) prend de vitesse les nouveaux systèmes d'approvisionnement. Alors que la ville de Sanaa connaít de graves pénuries, les ressources sont de plus en plus souvent déviées vers les cultures de khat, une plante narcotique qui consomme 40 % des eaux souterraines extraites pour l'agriculture dans le bassin, soit plus que la consommation de la ville proprement dite. Cela démontre une demande concurrentielle très supérieure à l'approvisionnement domestique.


En termes de progrès vers la réalisation de l'Objectif du Millénaire pour le développement visant à assurer un développement durable (OMD 7) - en particulier la cible 10 qui vise à réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de la population qui n'a pas accès de façon durable à l'eau de boisson salubre et à des services d'assainissement de base - les études indiquent que pour atteindre cet objectif dans le monde arabe il faudra approvisionner en eau potable 83 millions de personnes d'ici à 2015. Entre 1990 et 2004, l'accès à l'eau potable dans l'ensemble de la région arabe s'est stabilisé (82 % de la population), mais a baissé de 68 à 63 % dans les pays les moins avancés de la région. Dans les pays du CCG ainsi que dans les sous-régions du Machrek et du Maghreb, une hausse a été toutefois enregistrée qui a atteint respectivement 100 %, 94 % et 86 %. Le manque d'améliorations dans la région indique que des efforts significatifs sont nécessaires pour réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de la population qui n'a pas accès à l'eau de boisson salubre, en particulier dans les pays arabes les moins avancés où la situation s'est dégradée. Les interventions seront nécessaires à tous les niveaux pour intégrer l'eau dans les stratégies nationales de développement et réduire le fossé entre les régions urbaines et rurales.


Accès à un assainissement de base. Dans la péninsule arabe, on estime que 80 millions de personnes n'ont pas accès à des services d'assainissement de base. La situation s'est améliorée au cours des 15 dernières années. Toutefois, en 2004, dans les PMA arabes, la proportion de la population ayant accès à des installations d'assainissement améliorées était toujours de 42 %. La situation était plus satisfaisante dans d'autres sous-régions, avec respectivement 99 % de la population des pays du CCG et 87 % et 84 % pour le Maghreb et le Machrek. Sans une action urgente, on estime que 124 millions de personnes dans la région seront sans accès à un assainissement de base en 2015, dont la moitié dans les PMA arabes.


Une fois de plus, des disparités importantes existent en matière d'assainissement entre les zones urbaines et les zones rurales. La proportion de la population rurale qui a accès à des services d'assainissement améliorés dans l'ensemble de la région a augmenté, passant de 54 à 59 %, alors qu'elle a diminué de 87 à 85 % dans les zones urbaines, ce qui est dû en partie à la migration rurale vers les villes et à la croissance de la population urbaine. Dans les PMA arabes, 26 % seulement de la population rurale a accès aux services d'assainissement, contre 60 % dans les régions urbaines, soulignant une fois de plus l'importance de mettre en place des structures adéquates dans les PMA afin de fournir aux 74 % de la population restante l'accès à un assainissement de base. La réalisation de la cible 10 de l'OMD 7 dans la région demeure un défi sérieux dont le coût se chiffre à 23 milliards de dollars. Le manque d'accès entraíne aussi des risques associés à la mauvaise qualité de l'eau et au manque d'hygiène, ainsi qu'à la pollution des ressources en eau.


Pour résoudre le problème lié à l'accès à l'eau et à l'assainissement, en particulier en termes d'approvisionnement, il faudrait créer un mécanisme visant à développer et à mettre en œuvre une stratégie et une politique de gestion intégrée des ressources en eau. Cela comprendrait la mise en place de stratégies adaptées à la région afin de faire face à la demande importante en ressources en eau déjà rares et à leur usage irrationnel. Ces efforts devraient viser à créer un environnement favorable à la mise en œuvre des principes de la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) dans les politiques, les réglementations et les cadres institutionnels. Il est aussi important de mettre en place des capacités nationales et régionales pour la gestion intégrée de l'eau, de l'assainissement et de la demande en eau dans le cadre de la GIRE, et d'améliorer le choix des technologies et les investissements pour le développement des ressources en eau. Il faut fournir aux responsables des informations claires sur la manière d'atteindre la cible 10 de l'OMD 7, en mettant l'accès sur les PMA dans la région arabe.
Références
Abu-Zeid, K., A. Abdel-Megeed and O. Elbadawy, « Potential for Water Savings and Reuse in the Arab Region » (http://water.cedare.int/mainview.aspx?dt=files15\File1765.pdf).
CESAO, Assessment of the Role of the Private Sector in the Development and Management of Water Supply in Selected ESCWA Member Countries, E/ESCWA/SDPD/2003/14 (NY: United Nations, 2003).
CESAO, Updating the Assessment of Water Resources in ESCWA Member Countries, E/ESCWA/ENR/1999/13 (NY: United Nations, 2003).
CESAO, The Millennium Development Goals in the Arab Region 2007: A Youth Lens, E/ESCWA/EAD/2007/Booklet.1 (Beirut: Nations Unies, 2007).
PNUE, GEO Annuaire 2004/2005 (2004).


**Photo courtesy wateraid /abir abdullah

 

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