3 août 2023

L’allaitement est l’un des meilleurs investissements que la société puisse faire pour la santé et la survie des enfants et des femmes. Malgré un grand nombre de preuves qui soulignent ses avantages et indiquent la mise en place de certaines interventions nécessaires, les taux d’allaitement n’ont pratiquement pas changé au cours des dernières décennies. En fait, ils sont en recul dans certaines régions. Le coût du non-allaitement est très élevé et a des conséquences pour les personnes, les familles et les communautés.

Les femmes continuent d’être confrontées à la difficulté de concilier l’allaitement et le travail. Dans les familles traditionnelles élargies, les femmes de la famille se chargent de partager les tâches domestiques et ménagères. Ces dernières années, les hommes ont joué un rôle plus actif dans le soutien de la dyade mère-enfant, ce qui a permis d’améliorer les taux d’allaitement. L’idée du partage entre les deux parents des responsabilités des tâches domestiques et des soins, y compris de l’allaitement, gagne du terrain et devrait être soutenue au niveau sociétal.

L’une des raisons les plus courantes pour laquelle l’allaitement est interrompu plus tôt que ne le recommande l’Organisation mondiale de la santé est la nécessité pour les femmes de reprendre le travail et/ou le manque de soutien sur le lieu de travail. Le congé de maternité est essentiel pour permettre un allaitement précoce, exclusif et continu. Un congé de maternité plus long est associé à des taux de mortalité infantile plus faibles dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Pour chaque mois de congé de maternité supplémentaire rémunéré, la mortalité infantile est réduite de 13 %.

Près de la moitié des pays remplissent les trois conditions de la convention n° 183 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) : donner droit à un congé de 14 semaines à raison d’au moins deux tiers du salaire antérieur, payé par une assurance sociale ou des fonds publics. Malheureusement, 649 millions de femmes ne bénéficient pas d’une protection adéquate. Environ 50 pays n’accordent pas le droit à des pauses d’allaitement et la plupart des pays qui le font ne les autorisent que pendant six mois, alors qu’il est recommandé de continuer d’allaiter pendant deux ans ou plus après la naissance. Près de deux tiers des pays n’accordent pas aux pères le droit au congé de paternité qui leur permettrait de créer un lien avec leur enfant et de soutenir la mère qui allaite. Le congé parental, qui existe actuellement dans 68 pays sur 185, est recommandé après un congé de maternité par les normes de protection de la maternité de l’OIT et peut permettre de combler le fossé entre les femmes et les hommes. Les autres besoins non satisfaits en matière de protection sociale maternelle et parentale comprennent l’exclusion de certaines catégories de travailleurs, ainsi que l’absence de rémunération adéquate pendant le congé et d’une législation anti-discrimination. Tous ces facteurs ont une incidence sur l’adoption des normes de protection maternelle et parentale.

L’établissement et le maintien de l’allaitement exclusif nécessitent que toutes les mères qui travaillent aient droit à un congé de maternité payé d’au moins 18 semaines et, de préférence, de 6 mois ou plus. Un congé de paternité de 15 jours ou plus permettrait aux pères de soutenir la dyade mère-enfant. Les deux parents doivent être informés des avantages et de la gestion de l’allaitement ainsi que de leurs droits aux congés de maternité, de paternité et à un congé parental. Lorsque les parents sont soutenus par leur employeur lorsqu’ils reprennent le travail, il leur est probablement plus facile de poursuivre l’allaitement de leur nourrisson et de leur jeune enfant.

Une fois que la mère a repris le travail, la mise à disposition de salles d’allaitement maintenues dans des conditions hygiéniques, d’installations de stockage, de pauses d’allaitement et l’accès à une garderie peut l’aider à continuer d’allaiter aussi longtemps qu’elle le souhaite. Les salles d’allaitement et les pauses sont des interventions peu coûteuses qui peuvent s’inscrire dans le cadre d’une politique favorable à la famille et qui présentent plusieurs avantages pour le lieu de travail. Devenir un lieu de travail favorable à l’allaitement peut réduire l’absentéisme des employées et augmenter leur taux de retour au travail, leur satisfaction professionnelle et leur fidélisation. Les autres résultats comprennent l’augmentation de la productivité, l’avantage concurrentiel et les économies associées à un lieu de travail plus sain. Les taux d’allaitement peuvent aussi augmenter.

Amal Omer-Salim, directrice exécutive de l’Alliance mondiale pour l’allaitement maternel. Photo : WABA

Parmi les autres dispositions importantes pour les parents qui travaillent figurent des aménagements du temps de travail flexibles, dans la mesure du possible, pour permettre aux femmes d’allaiter et à leur partenaire de s’occuper des enfants et de soutenir l’allaitement. En plus d’un environnement favorable à l’allaitement, les dispositions antidiscriminatoires et de protection de l’emploi sont également très importantes.

Le retour au travail pouvant être difficile, des conseils en matière d’allaitement et un soutien pendant la période prénatale et postnatale aideront les mères qui travaillent à surmonter les difficultés courantes et à renforcer leurs compétences et leur confiance en elles. Ce soutien peut être fourni ou rendu accessible par le biais des services de santé sur le lieu de travail ou par l’accès à des groupes de soutien ou à des consultants en lactation.

Les points essentiels du plaidoyer sont les suivants :

  • Plaider en faveur de l’amélioration des congés de maternité, de paternité et du congé parental rémunérés au niveau national afin de soutenir l’allaitement exclusif et continu.
  • Fournir une assistance technique aux gouvernements nationaux et aux employeurs afin d’élaborer, de renforcer et de mettre en œuvre des politiques favorables à l’allaitement sur le lieu de travail pour toutes les catégories de travailleuses, y compris celles qui sont employées dans le secteur informel.
  • Aider à mobiliser les capacités et les ressources pour mettre en œuvre, surveiller et faire respecter la législation et les politiques qui soutiennent l’allaitement dans le cadre du travail.
  • Développer et diffuser des outils de plaidoyer pour présenter les meilleures pratiques pouvant inspirer d’autres lieux de travail et décideurs politiques.
  • Collaborer avec les syndicats ainsi qu’avec d’autres organisations nationales afin de plaider en faveur d’une meilleure protection sociale parentale qui soutient l’allaitement.

L’Alliance mondiale pour l’allaitement maternel (WABA) coordonne la campagne annuelle de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel qui a lieu principalement pendant la première semaine d’août. Le thème de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel 2023 (#WBW2023) porte sur l’allaitement et l’emploi ou le travail et a pour slogan « Permettre l’allaitement : agir en faveur des parents qui travaillent ». Il vise à montrer les effets des congés payés, du soutien sur le lieu de travail ainsi que les nouvelles normes en matière d’allaitement telles que les parents eux-mêmes les perçoivent. Les publics ciblés, notamment les gouvernements, les décideurs politiques, les secteurs de la santé, les employeurs, les communautés et les parents verront également qu’ils ont tous un rôle essentiel à jouer dans l’autonomisation des familles et le maintien d’un environnement favorable à l’allaitement. La version des Nations Unies de la campagne « Allaitement et travail… C’est possible » se concentre sur l’amélioration des droits en matière de maternité et d’allaitement.

Bonne Semaine mondiale de l’allaitement maternel 2023 !

 

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