27 juin 2013

Depuis l'invention d'Internet en 1989, son influence ne cesse de croítre, les pays industrialisés étant au cœur de ce processus et les pays en développement à la périphérie. Mais des lacunes en matière d'informations demeurent entre les deux groupes. C'est ainsi que l'expression « fossé numérique » a fait son apparition dans le langage de tous les jours pour décrire la disparité entre ceux qui ont accès aux toutes dernières technologies de l'information et de la communication et les autres. Il est toutefois important d'étudier la nature de cette fracture numérique et celle d'une fracture sociale au sein de chaque pays entre ceux qui maítrisent le flux d'information et ceux qui n'y ont pas accès.

Avec les prix modiques des technologies de l'information et de la communication et de leur diffusion dans le monde entier, la question est de savoir si l'écart est dû à la disponibilité du matériel et des logiciels et leur accès ou bien aux possibilités sociales et à la propension des sociétés à adopter ces technologies. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de l'Internet où l'information signifie le pouvoir. Les sociétés qui n'ont pas accès aux technologies de l'information et de la communication subissent donc un sérieux recul, ce qui accentue la pauvreté, la morbidité, la dette et l'analphabétisme. Souvent, les populations n'ont pas accès à un téléphone - leur principal souci est d'assurer leur prochain repas.

De toutes les régions en développement, l'Afrique est la moins bien desservie. Le passé colonialiste, des infrastructures physiques et humaines insuffisantes, les longues distances et l'instabilité gouvernementale dans certaines régions ont contribué au retard du développement socio-économique et de l'introduction de l'Internet L'un des facteurs dissuasifs est le prix extrêmement élevé des contrats d'abonnement et de l'accès à Internet qui a empêché de stimuler une demande suffisante pour en réduire le coût1. Ne voulant pas rester à la traíne, de nombreux pays africains ont surmonté cet obstacle en utilisant leurs téléphones portables non seulement pour les communications de base, mais aussi pour l'Internet, les services de santé et même des initiatives et des programmes éducatifs2.

Si l'on parvenait à assurer une large diffusion des technologies de l'information, l'Internet pourrait offrir de nombreuses opportunités en matière de progrès social et économique. L'essor rapide de l'Internet représente une promesse importante pour les nations en développement qui peuvent tirer parti des capacités de diffusion des informations. La création de réseaux électroniques est un moyen puissant, rapide et économique de communiquer et d'échanger des informations et est également très efficace dans les activités de recherche et de développement, dont beaucoup présentent des avantages économiques concrets.

L'accès aux réseaux électroniques renforce également l'impact de la communauté de développement comprenant les organisations internationales et les organisations non gouvernementales qui travaillent localement et dans le monde entier. Il est aussi essentiel pour connecter les jeunes du monde sur une seule plate-forme, comme par les réseaux sociaux, renforçant ainsi les liens, les discussions et les échanges interculturels. Les jeunes issus d'horizons géographiques et économiques différents peuvent ainsi établir des liens entre eux et être exposés à des idées plus progressistes et plus productives. Par exemple, les étudiants qui ont assisté aux conférences India-Pakistan Youth Peace ont eu recours aux médias numériques pour rester connectés et ont même invité d'autres étudiants de leurs campus à participer aux conversations. L'accès à l'information a un impact sur les efforts de démocratisation politique au niveau mondial ainsi qu'à l'échelon national3.

Du fait des facteurs sociétaux dominants, en particulier dans les régions désavantagées sur le plan économique, l'ancienne génération a tendance à considérer que l'Internet a une influence négative sur le tissu culturel, et en empêche donc son introduction dans la société. Il faut donc leur expliquer son utilité et les informer du potentiel qu'il offre. Cela permettra aux aínés d'encourager leurs enfants à s'adapter rapidement, à apprendre à utiliser le média efficacement et à gagner en visibilité à travers le monde.

Un exemple où l'Internet est mis à contribution en Inde est l'initiative lancée par une entreprise nommée e-Choupal. Cette initiative tire profit de l'Internet pour donner les moyens d'être compétitifs aux petits agriculteurs et aux exploitants marginaux qui constituent la majorité des 75 % de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté4. En leur offrant une expertise et des services agricoles, des informations météorologiques fiables et à jour, une transparence dans la tarification ainsi que l'accès aux plus grands marchés, e-Choupal change la manière dont les agriculteurs exercent leur activité et dont les marchés ruraux fonctionnent.

Une autre initiative révolutionnaire, Millenium Development Goals eNabler, a été récemment lancée par l'Alliance mondiale des Nations Unies pour les technologies de l'information et des communications au service du développement en vue d'aider les pays à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l'ONU. eNabler est un portail en ligne où les gouvernements des pays en développement ont accès à des informations importantes sur les meilleures pratiques, à des solutions concernant l'emploi des technologies de l'information et de la communication ainsi qu'à des applications pour leurs besoins en matière de santé, d'éducation et de développement. eNabler offre aussi des informations sur la mise en œuvre efficace des programmes et leur rapport coût-efficacité.

Ces exemples montrent que l'Internet peut aider à réduire non seulement la fracture du développement entre les pays développés et les pays en développement mais aussi la fracture sociale au sein des pays et améliorer la vie des peuples partout dans le monde.
Notes 1 E . M. K Osiakwan, « Is Africa in a Digital Quagmire? », http://www.satsig.net/gispa-afrispa.htm.
2 D. Smith, « Africa calling: mobile phone usage sees record rise after huge investment », http://www.Guardian.co.uk.
3 Dr. S. Madon, « The Internet and Socio-economic development: Exploring the Interaction », (London School of Economics, 2000).
4 http://www.echoupal.com.

 

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