27 juin 2013

L'eau est essentielle à la vie et, sans eau, nous ne pourrions pas vivre. C'est pourtant le lot de nombreuses personnes dans le monde. L'accès à l'eau potable et aux infrastructures d'assainissement pose un problème urgent et difficile, en particulier dans un grand nombre de pays en développement.

Selon un rapport publié en mars 20101 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 2,6 milliards de personnes, soit environ 39 % de la population mondiale, vivent sans avoir accès à des infrastructures d'assainissement améliorées, c'est-à-dire sans latrines. En outre, selon l'OMS, 1,1 milliard de personnes - environ 17 % de la population mondiale - ne sont pas alimentées en eau potable.

La pénurie de sources d'eau potable et le manque d'infrastructures d'assainissement dans de nombreuses régions rurales ont provoqué des problèmes de santé pouvant entraíner la mort, comme la dysenterie, le choléra et autres maladies diarrhéiques qui font, en moyenne, 1,6 million de victimes par an. Les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables et représentent environ 90 % de ces décès2. En effet, les maladies diarrhéiques tuent plus d'enfants que le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose conjugués3. D'autres problèmes liés à la consommation d'eau non potable, comme le trachome cécitant et les parasites intestinaux, sont très courants dans les pays en développement et entraínent chaque année plusieurs centaines de millions de décès4.

Selon l'Objectif 7 du Millénaire pour le développement des Nations Unies, la proportion de personnes n'ayant pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d'assainissement de base devrait être réduite de moitié d'ici à 20155. En termes numériques, 88,5 % de la population mondiale devrait avoir accès à l'eau potable d'ici à 2015. Il est certes encourageant de constater que nous apportons des efforts soutenus à la réalisation cet objectif, mais il faut aussi reconnaítre que ces progrès ne sont pas uniformes. L'objectif visant à améliorer l'assainissement est loin d'être atteint. Si, actuellement, 61 % de la population mondiale a accès à des services d'assainissement améliorés, atteindre la cible de 75 % exigera un effort sans précédent alors que la date butoir approche. À ce titre, l'OMS met non seulement en place et soutient des technologies et des systèmes économiques et respectueux de l'environnement, mais assure aussi la surveillance du secteur mondial de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement. Une révolution dans ce domaine concerne la désinfection de l'eau par rayonnement UV solaire. Placée dans des bouteilles d'eau en plastique PET (polyéthylène théréphtalate), l'eau contaminée par les agents pathogènes de la diarrhée est purifiée par le soleil, une méthode efficace et économique qui peut être adoptée dans de nombreux pays en développement faisant face à une pénurie d'eau potable6.

À mesure que la population mondiale augmente, les besoins alimentaires ainsi que les besoins en eau douce à des fins agricoles augmentent. Nombre de régions équatoriales, comme l'Afrique subsaharienne7, connaissent une grave pénurie d'eau et de longues périodes de sécheresse qui sont aggravées par les changements climatiques et la déforestation, ce qui a des conséquences négatives sur les rendements agricoles à court terme. Plus inquiétant, la sécheresse transforme sur le long terme les terres agricoles arables en terres arides, ce qui réduit encore plus la production alimentaire déjà limitée. Cette relation de cause à effet montre que les activités humaines sont liées à l'environnement et que la conservation de l'environnement est donc notre seul espoir de limiter les problèmes en cascade dont on ne semble jamais voir la fin.

Alors que tant de personnes ont un besoin vital en eau dans le monde, il est déplorable que tant d'autres en fassent usage sans aucune considération. Beaucoup pensent à tort que l'eau douce est une ressource abondante mais, en réalité, cette eau est en quantité limitée et risque de devenir de plus en plus rare. La pénurie d'eau est une réalité que l'on ne peut ignorer. Ce qui est problématique, c'est que notre consommation élevée, en partie due à la fois à la population mondiale, qui ne cesse de croítre, et aux besoins de plus en plus importants, nécessite une très grande consommation d'énergie pour le traitement et la purification des eaux.

La consommation élevée et le gaspillage ne sont pas les seuls responsables de la situation. La catastrophe pétrolière causée par BP dans le golfe du Mexique, qui a fait la une des médias en 2010, a replacé la question de la pollution de l'eau au centre des débats. L'explosion de la plate-forme de forage Deepwater Horizon a causé des dégâts catastrophiques à grande échelle sur les habitats marins du golfe. L'immense fuite de pétrole a mis en danger la vie d'espèces marines comme les poissons et les oiseaux de mer, et l'ingestion du pétrole par les microbes a contribué à réduire les niveaux d'oxygène dans l'eau. Les chercheurs ont découvert dans la mer la présence de nombreux panaches issus de la combustion des hydrocarbures qui n'étaient pas visibles à la surface. Ce ne sont que quelques-unes des conséquences. Les familles qui dépendent de la pêche et de l'industrie du tourisme dans le golfe ont également subi les retombées économiques de cet accident.

Les catastrophes comme la fuite de pétrole de BP, qui font l'objet d'une couverture médiatique, ne sont pas les seules responsables de la pollution de l'eau. Avec l'urbanisation et l'industrialisation croissantes, des fleuves comme le Gange en Inde sont très pollués. À Kanpur, par exemple, les tanneries déversent des eaux usées et des substances chimiques dans le Gange, profanant le fleuve considéré comme sacré par des millions d'Indiens8. Autrefois symbole de la vie, le Gange, où de nombreux Indiens continuent de s'y baigner et d'en boire l'eau, est devenue un flot turbide et toxique, une terrible humiliation pour l'Inde.

Des pays ont pourtant répondu aux préoccupations environnementales en utilisant l'eau de façons plus innovantes. Les barrages hydroélectriques captent la force motrice de l'eau pour produire de l'électricité, généralement à l'aide d'une turbine et d'un générateur. En Chine, la construction des barrages de Baihetan et de Wudongde ainsi que celle du barrage des Trois Gorges qui devrait être bientôt opérationnel représente un sérieux effort pour utiliser l'énergie renouvelable. La construction des barrages devrait être terminée d'ici à 20159.

En tant que source d'énergie renouvelable la plus utilisée, la puissance hydroélectrique pourrait être la source énergétique de l'avenir, à condition que les gouvernements veillent à ne pas dégrader les écosystèmes en construisant des réservoirs artificiels. La situation difficile à laquelle nous faisons face aujourd'hui est étroitement liée à d'autres problèmes sociétaux et environnementaux découlant de l'allocation des ressources, de la consommation énergétique et de la pollution. Le manque d'accès à l'eau potable et aux infrastructures d'assainissement améliorées dont souffre un grand nombre de personnes chaque jour, illustre les problèmes liés à la mise en place d'infrastructures et de soins de santé préventifs ainsi qu'à l'allocation équitable des ressources dans de nombreuses parties du monde. Et avec la croissance démographique, l'impact négatif sur l'environnement est amplifié. Le mode de vie de l'homme moderne, y compris le gaspillage et la pollution de l'eau, ont des conséquences catastrophiques sur l'environnement et sur notre vie. L'eau est une ressource que nous devons apprendre à considérer comme un bien sacré. Mais l'avenir n'est pas forcément sombre. Nous avons apporté des solutions en sensibilisant le public, en mobilisant l'aide humanitaire et en promouvant la production d'énergie propre.

Notre dépendance à l'eau souligne l'importance de la conserver. Il s'agit non seulement de réduire le gaspillage mais aussi d'empêcher la dégradation des rivières, des lacs et des mers. Au cours des siècles, le manque d'eau a symbolisé le déclin de la vie pour de nombreuses grandes civilisations. L'eau sera toujours essentielle pour l'homme, quelles que soient l'époque et les croyances, et notre avenir collectif en dépend. L'eau représente la vie. En préservant l'eau, nous sauvons des vies. Notes

1 OMS, « La santé et les services d'approvisionnement en eau de boisson salubre et d'assainissement de base » http://www.who.int/water_sanitation_health/mdg1/en/index.html
2 Water.org, « Water facts ». http://water.org/ learn-about-the-water-crisis/facts.
3 WaterAid, « Second biggest killer of under-fives being ignored».
http://www.wateraid.org/uk/about_us/newsroom/7655.asp

4 OMS, ibid.

5 UNESCO, « Faits et chiffres : Les Objectifs du Millénaire pour le développement et l'eau» http://www.unesco.org/water/wwap/facts_figures/mdgs.shtml

6 CRDI, « La désinfection de l'eau par rayonnement solaire »
http://www.idrc.ca/en/ev-26972-201-1-DO_TOPIC.html

7 ONU, « Water Scarcity » http://www.un.org/waterforlifedecade/scarcity.html

8 J. Thottam, « How India's Success Is Killing Its Holy River »,
Time, 12 juillet 2010: 16-21.

9 « Hydropower Stations Dot Yangtze River » http://www.china.org.cn/english/news/190253.htm

 

La Chronique de l’ONU ne constitue pas un document officiel. Elle a le privilège d’accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingués ne faisant pas partie du système des Nations Unies dont les points de vue ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Organisation. De même, les frontières et les noms indiqués ainsi que les désignations employées sur les cartes ou dans les articles n’impliquent pas nécessairement la reconnaissance ni l’acceptation officielle de l’Organisation des Nations Unies.