Sept ans et à mi-parcours de l'échéance fixée à 2015 pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, les réussites sont encore réalisables. Il est possible d'atteindre les OMD, qui fixent des cibles mesurables pour réduire de moitié l'extrême pauvreté sous toutes ses formes, si les pays mettent en œuvre des stratégies de développement nationales et reçoivent le soutien de la communauté internationale.


Le rapport annuel publié par les Nations Unies en juin 2007 montre que des progrès remarquables ont été accomplis même dans les régions où les défis sont les plus grands. Ces progrès témoignent du degré d'engagement sans précédent des pays en développement et de leurs partenaires de développement envers la Déclaration du Millénaire, ainsi que d'un certain succès dans l'établissement du partenariat mondial formulé dans la Déclaration.


Selon des estimations fournies par la Banque mondiale en 2007, le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour est passé de 1,25 milliard en 1990 à 980 millions en 2004. Même en Afrique subsaharienne, la proportion de pau-vres s'est stabilisée et a commencé à baisser, passant de 46 à 41 % de la population. Le nombre d'enfants scolarisés en école primaire est passé de 80 % en 1991 à 88 % en 2005. La mortalité infantile - un fléau de l'humanité de longe date - a chuté, grâce aux traitements efficaces et bon marché contre la rougeole, le paludisme, les maladies diarrhéiques et d'autres maladies.


On entend souvent dire que l'Afrique subsaharienne continue d'être en proie à la guerre et à la corruption des gouvernements. C'est faux. Des progrès importants ont été réalisés pour améliorer les politiques économiques et combattre la corruption. De nombreux pays africains montrent la voie en créant des programmes nationaux qui ont donné des résultats impressionnants en peu de temps. Par exemple, la productivité agricole a considérablement augmenté au Malawi; la scolarisation primaire est en hausse au Ghana, au Kenya, en République-Unie de Tanzanie et en Ouganda; le paludisme est maítrisé au Niger, au Togo et en Zambie; le reboisement est pratiqué sur une grande échelle au Niger; et le Sénégal est en voie de réduire de moitié la proportion de personnes sans accès à l'eau et à l'assainissement.


Ces réussites démontrent que les OMD peuvent être atteints même dans les pays très pauvres grâce à un engagement fort des gouvernements et à des stratégies soutenues par un financement adapté de la communauté internationale. Le moment est venu de tirer parti de ces succès en soutenant le leadership des gouvernements d'Afrique et dans d'autres parties du monde touchées par l'extrême pauvreté. Ces cibles ne sont pas ambitieuses, mais visent à répondre aux besoins et aux droits de l'homme de base. Si nous échouons, les conséquences seront dévastatrices : 30 millions d'enfants supplémentaires souffriront de malnutrition d'ici à 2015; 10 millions d'enfants mourront chaque année de maladies qui peuvent être évitées; des millions de personnes infectées par le VIH mourront parce qu'elles n'auront pas eu accès aux médicaments qui sont facilement accessibles dans les pays riches; plus de 70 millions d'enfants ne seront pas scolarisés; et 600 millions de personnes n'auront pas accès à l'assainissement de base.


Les insuffisances sont plus graves en Afrique subsaharienne, mais même les régions qui ont accompli des progrès importants, y compris certaines régions de l'Asie, font face à des défis dans des domaines comme la santé et l'environnement durable. D'un point de vue général, le manque de perspectives d'emploi pour les jeunes, l'inégalité des sexes, l'urbanisation rapide et non planifiée, la déforestation, la pénurie grandissante d'eau et la forte prévalence du VIH restent des obstacles omniprésents. D'autre part, l'insécurité et l'instabilité des pays en conflit et en période post-conflit rendent les efforts de développement à long terme très compliqués. D'autre part, un échec dans l'accomplissement des OMD peut augmenter le risque d'instabilité et de conflit. En dépit du consensus affirmant que le développement et la sécurité sont interdépendants, les actions de la communauté internationale traitent souvent ces deux éléments comme deux sujets indépendants.


Pour que les pays puissent voir des progrès, il faut examiner les disparités entre les différents groupes de la population. Souvent, les populations vivant en milieu rural, les enfants, les femmes non scolarisées ou les foyers les plus pauvres, ne progressent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés. Ceci est particulièrement flagrant dans le domaine de l'accès aux services de santé et à l'éducation. Pour pouvoir atteindre les OMD, les pays vont devoir mobiliser des ressources supplémentaires et cibler des investissements publics profitant aux populations pauvres. Avec l'aide des Nations Unies, de nom-breux pays en développement - notamment en Afrique - ont progressé dans la préparation de stratégies visant à atteindre les OMD. À la mi-2007, 41 pays d'Afrique subsaharienne avaient déjà entamé un processus de préparation des stratégies de développement nationales alignées sur les OMD, ainsi que d'autres objectifs de développement convenus avec les Nations Unies.


En règle générale, ces stratégies doivent adopter une approche de grande envergure visant à obtenir une croissance favorable aux populations pauvres, y compris par le biais de la création d'un grand nombre de perspectives supplémentaires de travail décent. Ceci exigera en retour la mise en place de programmes complets pour le développement humain, en particulier dans les domaines de l'éducation et de la santé, ainsi que le développement de la capacité de production et l'amélioration des infrastructures physiques. Dans chaque cas, il convient de s'efforcer de quantifier les ressources requises pour la mise en œuvre de ces programmes. La mise en œuvre doit s'appuyer sur une approche à moyen terme des dépenses publiques. Il est nécessaire de disposer d'un système statistique national solide et d'une comptabilité publique améliorée pour soutenir ces efforts.


Les OMD doivent également être systématiquement intégrés aux stratégies de reprise post-conflit en coordonnant les opérations de sécurité et les opérations humanitaires grâce à des actions de développement sur le long terme. Les OMD fournissent des objectifs que les pays peuvent utiliser comme références pour opérer la transition entre l'aide et la reprise, et le développement sur le long terme. Il est impossible pour les pays les plus pauvres et les plus défavorisés de réussir à atteindre ces OMD sans une aide internationale. Les pays riches doivent atteindre l'objectif d'aide publique au développement fixé à 0,7 % du produit national brut. Cela exige, notamment, que les pays du G8 respectent la promesse faite en 2005 à Gleneagles (Écosse) de doubler l'aide accordée à l'Afrique d'ici à 2015 et réaffirment leur engagement au Sommet du G8 en 2007 à Heiligendamm (Allemagne). Or, depuis 2005, l'aide accordée au continent africain et aux pays les plus pauvres en général, à l'exception de l'allègement de la dette et de l'aide humanitaire, a à peine augmenté.


Il est essentiel que les pays donateurs renouvellent leurs efforts pour augmenter l'aide au développement. Et pour assurer une bonne gouvernance, les donateurs doivent informer chaque pays du montant d'aide qui lui sera versé dans les années à venir pour que les gouvernements puissent planifier les investissements pour atteindre les OMD. En complément de leur partenariat de développement, et comme il en a été décidé à Doha, en 2001, lors de la Quatrième Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), les gouvernements doivent redoubler leurs efforts pour conclure de façon équitable et satisfaisante les négociations commerciales actuelles - un résultat qui garantirait que le système commercial international et les arrangements commerciaux mondiaux soient plus propices au développement dans les pays en développement.


Répondre au défi du changement climatique doit être un élément nouveau mais essentiel de la stratégie de développement de chaque pays. Cependant, et il s'agit là d'un enjeu important, ceci doit désormais constituer une partie accrue du programme de développement international. Tous les partenaires de développement doivent collaborer de façon intense dans la conception d'une stratégie mondiale commune visant à traiter ce problème mondial.