L’innovation et l’essor de la technologie numérique ont changé à jamais la façon dont nous travaillons, interagissons, créons et partageons l’information. Les technologies innovantes changent aussi la façon dont le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) soutient les enfants et les jeunes dans le monde.

L’innovation a toujours constitué une part importante de l’UNICEF. Au cours des décennies, notre organisation a soutenu nombre d’avancées, dont la distribution à grande échelle de sels de réhydratation orale, d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, comme Plumpy’nut, et India Mark II, la pompe à eau manuelle la plus utilisée dans le monde. Mais nous devons faire plus. Nous sommes convaincus que de nombreux objectifs de développement durable (ODD) ne seront pas réalisés sans un changement important dans nos méthodes de travail. L’innovation nous offre une occasion de changer et de faire ce que le personnel de l’UNICEF a toujours fait depuis des générations : nourrir une réflexion nouvelle pour repenser les anciens problèmes.  

Les innovations les plus réussies ont résulté de la capacité à mobiliser les partenariats et les financements et de la vaste promesse que la technologie répondra aux besoins des enfants et des communautés. Par exemple, les progrès en technologie numérique nous ont permis de créer RapidPro, un système conçu pour améliorer la qualité, la diffusion et la remontée d’informations vitales dans le domaine de la santé. Grâce à ce système, les partenaires nationaux surveillent la vaccination de millions d’enfants en Indonésie, forment des agents sanitaires au Sénégal, interviennent plus rapidement lors d’une rupture de l’approvisionnement en eau dans les communautés rurales du Zimbabwe et aident les enfants palestiniens handicapés.

Dans le même ordre d’idées, le rapide essor de la téléphonie mobile au cours des deux dernières décennies a permis la création d’U-Report, qui nous permet d’atteindre les enfants et les jeunes par de nouveaux moyens dans les communautés les plus difficiles d’accès et qui leur permet de nous atteindre. Actuellement utilisé par près de 6 millions d’enfants et de jeunes dans plus de 50 pays, U-Report leur donne la possibilité de donner leur avis sur des questions qui les concernent, comme la violence, la prévention du VIH et la santé procréative.

U-Report permet aussi d’intervenir dans les situations d’urgence humanitaires, y compris lors de l’épidémie du virus Ebola, fournissant des informations vitales aux populations concernant la façon de se protéger et leur indiquant où s’adresser pour obtenir de l’aide. Grâce à cette plate-forme, nous avons pu donner des instructions en matière de sécurité à plus de 25 000 personnes lors de l’ouragan Irma qui a frappé les Caraïbes en 2017 et faire connaître aux familles la disponibilité des transferts de fonds lors du glissement de terrain qui a touché la Sierra Leone la même année.

L’UNICEF fait appel aux nouvelles avancées dans le domaine des logiciels et des technologies d’information géographique pour identifier les enfants non accompagnés séparés de leur famille lors des situations d’urgence au moyen du logiciel Primero. Ce dernier les relie aux systèmes de protection sociale et gère actuellement le cas de plus de 10 000 enfants réfugiés syriens.

Nous tirons aussi parti des progrès dans le domaine de la ventilation et de l’analyse des données. Dans le cadre de notre initiative Magic Box, nous avons réuni des partenaires du secteur privé, tels que Google, IBM, Telefónica et Amadeus, afin de recueillir et d’analyser les informations en temps réel. Grâce à ces informations, nous pouvons mieux anticiper les déplacements des personnes et mettre en place des systèmes d’alerte précoce en cas de catastrophes naturelles, comme les séismes, les glissements de terrain ou les inondations. 

L’innovation fait aussi partie de notre travail avec Génération sans limites, le partenariat lancé en septembre 2018 qui vise, d’ici à 2030, à identifier et à améliorer graduellement de nouvelles solutions pour aider chaque jeune à accéder à l’éducation et à la formation des compétences et à lui apporter l’aide dont il a besoin. En Argentine, par exemple, un programme offre aux élèves qui vivent dans les montagnes et dans des régions difficiles d’accès une opportunité qu’ils avaient rarement eue jusqu’alors : être en contact avec des enseignants de l’école secondaire. Les élèves se rendent dans leur classe et sont connectés au moyen de la technologie numérique aux enseignants d’écoles de centres urbains. Ils peuvent ainsi recevoir une éducation de qualité et acquérir des compétences numériques sans avoir à quitter leur communauté.

Le Programme UPSHIFT est un autre exemple de la façon dont nous pouvons utiliser les technologies pour autonomiser les jeunes. Il fournit un système de tutorat et des ressources pour créer des solutions locales. Au Viet Nam, une équipe de jeunes a conçu une nouvelle application pour mettre en relation les personnes handicapées avec des bénévoles qui leur offrent le transport et de l’aide. Cet exemple illustre la façon dont nous pouvons soutenir les jeunes lorsqu’ils s’emploient à résoudre des problèmes locaux dans leur propre communauté. 

Guidé par ces exemples, l’UNICEF s’attache actuellement à résoudre d’autres défis en adoptant des approches innovantes, utilisant les technologies existantes pour répondre aux besoins mondiaux. La chaîne de blocs, un registre numérique public qui peut servir à suivre toutes les tâches allant des paiements aux chaînes d’approvisionnement et de production en passant par la disponibilité des enseignants dans les classes ou les fournitures médicales dans les dispensaires, est un bon exemple. L’année dernière à Astana, au Kazakhstan, l’UNICEF a organisé notre premier « hackathon », un événement qui a réuni un groupe d’innovateurs dont la tâche consistait à trouver des solutions technologiques aux défis majeurs afin de tester la technologie de la chaîne de blocs dans le but d’établir des « contrats intelligents ». Pour une organisation qui dépense des milliards de dollars chaque année pour aider les enfants et les jeunes, le suivi administratif est essentiel. L’UNICEF cherche toujours les façons les plus efficaces de suivre les fonds que nous transférons dans le monde, y compris aux entreprises avec lesquelles nous travaillons, pour fournir des services.

J’ai demandé que d’autres hackathons soient organisés afin d’examiner d’autres questions importantes et de tester de nouvelles idées. On peut aisément imaginer le potentiel que représentent la reconnaissance de l’identité et la reconnaissance faciale dans le soutien des migrants et des réfugiés. On pourrait utiliser la technologie pour permettre aux jeunes déplacés, dont les études sont interrompues, d'obtenir une certification portable. Les possibilités sont illimitées.

Nous multiplions les innovations afin de mieux diagnostiquer la pneumonie et mieux utiliser le traitement par oxygène dans les communautés défavorisées. Notre Division de l’approvisionnement a demandé aux entreprises de nous aider à développer une méthode de détection rapide de la bactérie E. coli afin de pouvoir éliminer la diarrhée, l’une des principales causes de la mortalité infantile. Ces nouvelles approches peuvent nous aider à combler les lacunes qui subsistent entre les communautés et les soins de santé dont ils ont besoin. 

Nous savons aussi que l’innovation va au-delà de la technologie. Notre Division de l’approvisionnement, par exemple, conçoit du mobilier scolaire. Il sera fabriqué localement avec des matériaux locaux et sera facile à assembler et durable. C’est un moyen efficace d’améliorer l’éducation des enfants et des jeunes dans les communautés défavorisées et de créer des emplois locaux.

Cependant, pour identifier ces idées intéressantes, et les améliorer graduellement, un écosystème de soutien solide est nécessaire. Les partenariats larges, sont essentiels avec les gouvernements, les institutions des Nations Unies, les entreprises, les philanthropes, les innovateurs, les enfants et les jeunes. Par exemple, l’UNICEF travaille avec Dalberg, un cabinet de conseil mondial, ainsi qu’avec ARM, un fournisseur de semi-conducteurs, pour apporter un soutien aux enfants vivant dans les régions urbaines en mettant en place des solutions numériques. 

D’ici à 2050, plus de 66 % de la population mondiale vivra dans les villes. Près de la totalité de cette croissance démographique sera concentrée dans les pays à faible revenu ou à revenu moyen, qui sont déjà aux prises avec la pauvreté et manquent d’infrastructures. Pour aider les villes à faire face à cette situation, Tech Bets for an Urban World identifie nombre de domaines où des besoins existent, par exemple, les compteurs d’eau intelligents dans les zones urbaines. Le partenariat a examiné l’accès à l’eau à Nairobi, au Kenya, et a constaté que les investissements dans les compteurs d’eau intelligents pouvaient réduire considérablement les contraintes exercées sur les systèmes de distribution d’eau, tout en faisant des économies au fil des ans et en améliorant l’accès à l’eau potable. Cette solution pourrait s’appliquer à d’autres villes faisant face à des défis similaires. Johnson & Johnson et le Gouvernement de la République de Corée se sont associés à l’UNICEF pour créer, tester et mettre en œuvre des solutions numériques qui ont relié 85 millions d’enfants, des soignants non professionnels et leur communauté aux systèmes de santé publique dans des pays comme l’Indonésie, le Mexique, le Sénégal, l’Ouganda et la Zambie.

Si les partenariats sont essentiels au soutien à l’innovation, le financement l’est aussi. Le Fonds de capital risque de l’UNICEF est le premier outil financier de ce type existant dans le système des Nations Unies. Le financement par le Danemark, la Finlande et trois investisseurs privés représente un fonds de cofinancement de 16 millions de dollars investis pour essayer ou améliorer graduellement des solutions venant du monde entier. Jusqu’ici, nous avons investi dans 20 entreprises ayant des projets prometteurs, comme la distribution de manuels scolaires aux enfants handicapés au Kenya, l’utilisation de drones au Malawi, le recours à la chaîne de blocs pour améliorer les systèmes de paiement de l’État ou la construction d’écoles en Afrique du Sud. 

Au cours de nos activités portant sur l’innovation, nous collaborons aussi avec des organisations apparentées des Nations Unies afin de tirer parti des idées de l’ensemble du système. Par exemple, l’UNICEF copréside le Réseau pour l’innovation de l’ONU avec le Programme alimentaire mondial. L’année dernière, ce Réseau a hébergé six laboratoires d’innovation en matière de données, créant de nouveaux partenariats avec des organisations et le secteur privé autour de nouvelles technologies clés, dont Magic Box.

Pour aider les gouvernements à réaliser les ODD et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, RapidPro est intégré dans le système de planification, de contrôle et de communication des informations des Nations Unies, UN-INFO. Il sera accessible par toutes les équipes de pays des Nations Unies pour suivre les résultats en temps réel au niveau national, y compris par le biais du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement.

Ce ne sont que quelques exemples de la façon dont nous pouvons développer les technologies, les approches de financement et les partenariats et les transposer à une plus grande échelle afin de fournir des services aux communautés dans le monde entier et de les soutenir plus efficacement.

Alors que l’innovation a toujours fait partie de l’histoire de l’UNICEF, nous voulons qu’elle fasse aussi partie de notre avenir. Avec nos partenaires publics et privés dans le monde, nous continuerons à rechercher comment notre mission peut le mieux tirer parti des avantages et de l’efficacité de la technologie pour soutenir les enfants et les jeunes, où qu’ils vivent. 

Cet article est adapté de la Déclaration d’ouverture de la Directrice exécutive lors de la deuxième séance ordinaire du conseil exécutif de l’UNICEF, le 12 septembre 2018.