L’IAUP, forum mondial pour les dirigeants de l’enseignement supérieur

L’Association internationale des recteurs d’université (IAUP) est une association internationale de dirigeants d’établissements d’enseignement supérieur – présidents, recteurs, vice-chanceliers et chanceliers – du monde entier. Organisation caritative, l’IAUP célébrera son cinquantième anniversaire en 2015. Elle tient une assemblée générale tous les trois ans dans différentes parties du monde afin de discuter de questions importantes liées à l’enseignement supérieur. La première de ces conférences triennales a eu lieu en 1965 en Angleterre et la dernière a eu lieu en 2014 à Yokohama, au Japon. Chaque conférence aborde un thème spécifique et donne aux membres de l’Association l’occasion de discuter des problèmes et des changements auxquels sont confrontés les établissement d’enseignement supérieur.

En plus de la conférence triennale, l’IAUP organise des conférences semi-annuelles dans des lieux d’une grande importance culturelle et historique. Il peut s’agir de réunions du Comité exécutif de l’IAUP, de groupes d’intérêts, de commissions, de groupes de travail, de réunions de conseillers ou même de réunions régionales organisées par des universités et des établissements d’enseignement supérieur locaux. L’IAUP bénéficiant de l’appui de diverses associations régionales d’université, les représentants gouvernementaux, les organismes d’accréditation et les professionnels des relations publiques assistent aux débats. Afin de promouvoir la participation locale, l’IAUP a créé des Conseils régionaux que les présidents régionaux dirigent bénévolement, représentant l’IAUP dans leur région. Ces éducateurs éminents mobilisent les recteurs, les vice-chanceliers, les chanceliers et les présidents d’université dans la réalisation de la mission et des objectifs de l’IAUP.

L’objectif principal de l’IAUP est de renforcer la mission internationale et la qualité de l’enseignement supérieur dans le monde. L’Association offre un forum aux dirigeants et aux établissements de l’enseignement supérieur pour discuter dans un contexte mondial et interculturel des problèmes majeurs auxquels sont confrontés aujourd’hui les institutions de l’enseignement supérieur. Elle comprend plus de 350 membres issus de 77 pays qui se réunissent pour discuter des problèmes rencontrés par les universités dans le monde et mènent des activités pour promouvoir la paix et la compréhension internationale par le biais de l’éducation. Elle vise à fournir une vision mondiale de l’enseignement supérieur, à promouvoir les échanges entre les universités et l’établissement de réseaux ainsi que la collaboration entre les dirigeants d’université.

L’IAUP et les Nations Unies

Les objectifs de l’éducation mondiale étant en accord avec les principes de la Charte des Nations Unies, l’IAUP travaille très étroitement avec l’Organisation, ses programmes et ses institutions spécialisées, par exemple dans le cadre de la Commission IAUP/ONU sur l’éducation en matière de désarmement, de prévention de conflits et de paix. L’IAUP est la seule organisation extérieure à diriger cette commission avec l’ONU. Les délégués de la commission sont nommés par le Président de l’IAUP. Elle joue aussi un rôle vital dans la création de l’Année internationale pour la paix aux Nations Unies et est reconnue chaque année lors des activités organisées à cette occasion. La Commission travaille avec les bureaux de l’ONU œuvrant à la paix, au désarmement et à la résolution des conflits pour promouvoir leurs objectifs.

Un autre programme commun important, l ’Impact universitaire (UNAI), une initiative mondiale, associe les établissements universitaires et les Nations Unies afin de promouvoir les objectifs de l’Organisation en organisant des activités et des recherches contribuant à une culture commune de responsabilité sociale et intellectuelle. Les activités lancées par les membres visent à soutenir et à mettre en œuvre dix principes fondamentaux.

En août 2014, l’UNAI comptait environ 1 000 membres, un nombre très impressionnant. Lors de la création de l’UNAI en novembre 2010, la première mesure a été d’augmenter le nombre d’établissements prenant part à ce projet mondial tout en partageant des informations sur leurs activités. Le nombre important d’institutions membres aujourd’hui montre son succès au cours de ses trois premières années. De nombreux établissements publient et mettent à jour sur leur site web des informations sur les activités liées à l’UNAI. Leurs dirigeants ainsi que d’autres membres de l’IAUP m’ont souvent dit que l’UNAI les a aidés à promouvoir le rôle de leur établissement dans un monde globalisé. Je pense que les Nations Unies et l’IAUP, par le biais de cette dernière, construisent une relation bénéfique pour tous.

Un groupe nommé Action des étudiants pour promouvoir l’innovation et la réforme par l’éducation (ASPIRE) a été mis en place dans certains établissements membres de l’UNAI. Cette initiative, créée par des étudiants, encourage et soutient également les dix principes de l’UNAI. Le premier groupe ASPIRE a été établi en République de Corée en 2010, puis d’autres ont suivi en Autriche, au Japon, aux États-Unis ainsi que dans d’autres pays. Les étudiants des groupes ASPIRE s’engagent à travailler ensemble pour relever les défis mondiaux liés à l’énergie, à la disponibilité des denrées alimentaires et à la pauvreté. Ils estiment que pour y parvenir, il faut apprendre à dépasser les divergences entre les pays, les cultures, les religions, les valeurs et les points de vue. En tant que jeune génération, ils estiment aussi qu’ils peuvent proposer des idées et des solutions plus innovantes aux questions mondiales. L’IAUP soutient pleinement les activités menées par ASPIRE avec l’initiative de l’UNAI.

C’est ainsi que les programmes de l’ONU encouragent et aident les enseignants, le personnel et les étudiants à travailler ensemble pour un monde meilleur. La Charte des Nations Unies et les principes de l’UNAI incarnent les idées et les valeurs fondamentales de l’enseignement supérieur.

Nos défis

La dix-septième Conférence triennale tenue à Yokohama, au Japon, en juin 2014, avait pour thème « L’avenir de l’enseignement supérieur ». Lorsque nous avons commencé les préparatifs de la conférence, j’ai d’abord pensé qu’il aurait été préférable de choisir un thème plus spécifique qui encouragerait les membres à travailler sur des sujets et des questions concrètes. Puis, je me suis dit que le thème devait couvrir un vaste éventail d’idées et inciter à travailler ensemble pour construire un monde meilleur. « L’avenir de l’enseignement supérieur » exige non seulement des connaissances, de l’expérience et des compétences, mais aussi la collaboration, de la patience et de la passion. Le fait de travailler au sein d’une communauté internationale présente des défis, mais aussi des atouts. En particulier, depuis le séisme et le tsunami qui ont eu lieu au Japon en 2011, je suis convaincu que nous vivons dans un seul et même monde et devons travailler de concert pour le bien commun.

Le début du XXe siècle a été marqué par de grandes découvertes qui ont changé le monde. En 1903, Wilbur et Orville Wright ont fait voler dans l’air glacial un engin « plus lourd que l’air » à Kitty Hawk, en Caroline du Nord. Cette première initiative a ouvert l’ère des vols supersoniques et des lancements de fusée. La première transmission de la voix humaine, réalisée par l’inventeur canadien Reginald Fessenden, en 1902 a ouvert la voie à la radiodiffusion et à la communication simultanée. Cette invention a permis la transmission simultanée des images et de la voix dans le monde et le développement des appareils mobiles. La première chaîne de montage conçue en 1908 par Henry Ford pour la Ford, modèle T, a permis à chacun de posséder sa propre voiture, donnant naissance au monde motorisé d’aujourd’hui.

Ces avancées scientifiques et technologiques ont, toutefois, changé non seulement nos modes de vie, mais aussi la structure même de la société. Les demandes pour des réformes sociales par la classe ouvrière, associées à l’émergence des mouvements démocratiques dans le pays autocratiques d’Europe, ont progressivement donné lieu à des tensions mondiales qui ont mené à la Première Guerre mondiale en 1914 et à la révolution russe en 1917. La technologie moderne porte avec elle des forces destructrices qui surpassent l’imagination. La Première Guerre mondiale a fait plus 10 millions de morts. Au plus fort de la Deuxième Guerre mondiale, des armes nucléaires ont été utilisées pour la première fois, le désespoir jetant une ombre sur le monde. La société moderne, qui s’est rapidement développée au XXe siècle, de travailler ensemble afin d’assurer un développement durable à l’échelle mondiale. En somme, nous devons créer un meilleur avenir. À cet égard, les attentes vis-à-vis de l’enseignement supérieur sont, et devraient être, plus grandes que jamais. La croissance démographique et l’évolution des attentes et des valeurs sociales ont donné lieu à des changements quantitatifs et qualitatifs dans l’enseignement supérieur. Les universités médiévales enseignaient les sept arts libéraux ; les universités modernes offrent une éducation qui assure une préparation à l’emploi. Les méthodes d’enseignement ont également beaucoup changé avec le développement de l’apprentissage à distance et d’autres technologies éducatives. Mais quand on regarde le monde dans son ensemble, d’importantes disparités demeurent. Nous qui travaillons dans l’enseignement supérieur devons continuellement nous tenir informés des événements actuels et examiner les dernières évolutions qui se produisent. De nombreuses cultures, religions, et valeurs différentes coexistent dans le monde d’aujourd’hui. Il est important de respecter la culture, la religion et l’histoire de toutes les nations et de tous le peuples et d’essayer de comprendre les points de vue de chacun. Dans l’enseignement supérieur, nous avons pour vocation de respecter la diversité tout en faisant preuve d’empathie envers ceux qui sont dans le besoin et en apprenant à voir les choses de leurs points de vue. Cette attitude reflète précisément l’esprit de la Charte des Nations Unies et ses principes.

Avec l’appui des Nations Unies, l’IAUP continuera à promouvoir l’enseignement supérieur dans le monde et à veiller au respect de normes rigoureuses pour l’enseignement supérieur en encourageant la mobilité et la diversification par le biais de projets comme l’UNAI et ASPIRE. Dans les régions où l’éducation et la recherche sont peu développées en raison de l’instabilité sociale, nous apportons aussi notre appui aux étudiants et aux éducateurs par le biais de projets comme la Commission IAUP/ONU sur l’éducation en matière de désarmement, de résolution des conflits et de paix. Je suis convaincue qu’ensemble l’IAUP et les Nations Unies peuvent favoriser le développement de nouvelles idées et de nouvelles solutions pour établir la paix dans le monde.