La faim et l'insécurité mondiales sont un problème récurrent dans la plupart des régions du monde en développement. Parmi les nombreuses biotechnologies qui sont disponibles et les différentes applications, la modification génétique (GM) des cultures devrait recevoir une attention particulière. Les cultures génétiquement modifiées possédant des gènes provenant d'espèces différentes pourraient alléger les pénuries alimentaires. Malgré l'optimisme initial suscité par l'utilisation des OGM qui permettent d'augmenter le volume et la qualité des récoltes, des questions demeurent sur leurs bénéfices. En outre, le public n'est pas toujours favorable à la création de ces plantes comme option viable pour résoudre la faim dans le monde.

Lorsqu'on aborde la question de la sécurité alimentaire, il est important de prendre en compte l'impact environnemental des cultures OGM. Les cultures OGM peuvent ne pas germer; tuer non seulement les insectes ravageurs mais d'autres organismes qui sont bénéfiques aux plantes; réduire la fertilité des sols; et transférer les propriétés insecticides ou la résistance aux virus à des plantes sauvages proches des espèces cultivées.

Parmi la communauté scientifique, certains disent que les recettes des denrées agricoles d'exportation à haut rendement contribuent à réduire la sécurité alimentaire et la faim dans les pays en développement. Toutefois, beaucoup se posent des questions sur la portée pratique de cette affirmation. Si quelques variétés de cultures, spécialement créées par la biotechnologie, peuvent améliorer les rendements, la biotechnologie ne peut pas à elle seule résoudre le problème de la faim dans le monde en développement.

Toutefois, la biotechnologie peut offrir des avantages dans des domaines comme la gestion du bétail, l'entreposage des produits agricoles et le maintien des rendements des cultures actuels, tout en réduisant l'utilisation des engrais, des herbicides et des pesticides. Le réel défi est de savoir si nous saurons exploiter les avantages des solutions biotechnologiques. Mais quelles sont ces solutions ?

La biotechnologie offre une alternative très prometteuse aux aliments synthétiques et permet d'améliorer la gestion des ressources phytogénétiques. Conjuguée à d'autres technologies agricoles avancées, elle offre un moyen de contribuer au développement d'une production durable et d'une consommation responsable. Lorsque les OGM présentent des avantages pour les petits agriculteurs, les révolutions vertes deviennent une réalité.
LUTTER CONTRE LA FAIM ET LA MALNUTRITIONLa malnutrition est le terme lié au domaine médical qui désigne la faim. Selon les estimations récentes de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, 854 millions de personnes dans le monde sont mal nourries, soit 12,6% sur les 6,6 milliards de personnes qui peuplent la planète. Sur ces 854 millions, un grand nombre, dont les enfants sont les victimes les plus visibles, vivent dans les pays en développement. La malnutrition favorise les maladies, comme la rougeole et le paludisme.

La biotechnologie peut contribuer à combattre la faim et la malnutrition dans le monde. En voici un exemple.
LE RIZ DORÉDans 188 pays, environ 140 millions d'enfants des groupes à revenus bas, en particulier en Afrique et en Asie du Sud-Est, présentent des carences en vitamine A. Cette situation constitue un problème de santé publique. L'Organisation mondiale de la santé estime que 250 000 à 500 000 enfants deviennent aveugles chaque année à cause de carences en vitamine A, et la moitié meurent dans les 12 mois après avoir perdu la vue. Le riz doré, créé par des chercheurs en Allemagne et en Suisse, contient trois nouveaux gènes-deux provenant de la jonquille et l'autre d'une bactérie-qui aident à produire de la provitamine A. Ce riz est disponible et pourrait être distribué en masse, dû en partie au fait que les sociétés de biotechnologies ont renoncé à leurs droits sur les brevets. C'est un exemple parmi des centaines d'autres, indiquant comment la biotechnologie peut être mise à contribution pour aider les pays.
PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIREUn secteur technologique contrôlé presque exclusivement par le secteur privé et défini par la protection des brevets suscitent des inquiétudes. Les brevets permettent aux grands laboratoires privés d'avoir un contrôle important sur les gènes des plantes, ce qui a des conséquences inquiétantes. Si les agriculteurs doivent acheter des semences durant chaque saison des semailles, cela a des conséquences sur leurs revenus et sur la sécurité alimentaire. Même si des sociétés comme Monsanto et AstraZeneca ont annoncé qu'elles ne commercialiseraient pas la technologie appelée «Terminator» ou la stérilisation des semences conçue génétiquement pour empêcher une semence de germer une deuxième fois, l'industrie de la biotechnologie détient au moins une soixantaine de brevets pour la germination des semences ou les procédés de contrôle de la germination des plantes. Cette privatisation des ressources génétiques d'une plante représente non seulement un désavantage pour la recherche agricole dans les pays en développement, mais menace les moyens de subsistance des petits agriculteurs en Afrique, en Amérique latine et en Asie qui gardent une partie des semences d'une année pour les semer l'année suivante.

Les droits de propriété intellectuelle (DPI) sur des produits biotechnologiques ou des procédés utilisés pour les produire pourraient avoir un impact négatif pour les pays en développement. Ces droits sont détenus non seulement par des sociétés privées, mais aussi par des organisations publiques, rendant impossible d'utiliser un aspect de la biotechnologie pour améliorer les espèces de culture sans enfreindre un brevet. À cause de ces droits, il n'a pas toujours été possible de séparer les perspectives biotechnologiques des intérêts commerciaux en jeu. Une conséquence majeure des DPI dans le domaine de la biotechnologie agricole est que de nombreux pays en développement qui n'ont pas encore investi dans la biotechnologie ne parviendront jamais à rattraper leur retard.

DES POSSIBILITÉSLes décisions doivent s'appuyer sur une recherche minutieuse. Les chercheurs en biotechnologie sont souvent très spécialisés, mais ils devraient aussi avoir des compétences pour gérer la question complexe de la faim et de la sécurité alimentaire dans les pays en développement.

La biotechnologie peut offrir des possibilités considérables pour le monde en développement. L'utilisation de cultures à haut rendement, résistant aux maladies et aux insectes ravageurs aura des conséquences directes sur l'amélioration de la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et la conservation de l'environnement. Les cultures OGM produiront de meilleurs rendements et utiliseront moins de terres, ce qui pourra augmenter la productivité globale et offrir aux pays en développement un moyen de répondre à leurs besoins et de réduire la faim dans le monde. Au total, 90 % des 13,3 millions de cultivateurs d'OGM sont des fermiers des pays en développement. Avec 7,6 millions d'hectares cultivés, l'Inde occupe le quatrième rang des 14 principaux pays producteurs de cultures OGM. Par exemple, en Inde, cinq millions d'agriculteurs cultivent le coton Bt (bacillus thuringiensis), une technologie qui permet à la culture de se protéger contre certains insectes sans recourir aux pesticides. Ce changement a été possible grâce aux propriétés du coton Bt qui permet des rendements plus élevés (31%), réduit l'utilisation de pesticides (39 %) et génère des profits plus importants équivalant à 250 dollars par hectare.

Grâce aux moyens biotechnologiques, il est aujourd'hui possible d'extraire jusqu'à 90 % de l'huile d'une plante. Étant donné la diminution des réserves mondiales d'hydrocarbone, il est probable que les huiles végétales, comme le biodiesel, se trouveront en concurrence avec le pétrole, le charbon et le gaz en termes de prix et de qualité.
RÉFLEXIONS FINALESLes disponibilités alimentaires mondiales sont abondantes, pas rares. La production mondiale de céréales et d'autres produits alimentaires est suffisante pour fournir au moins 2 kg par jour par personne. La vraie raison de la faim dans le monde est la pauvreté qui frappe le plus durement les femmes-qui jouent un rôle prépondérant dans la famille sur le plan de la nutrition. Les économistes font valoir que le problème de la faim nécessite des solutions politiques et pas seulement agrotechniques. Selon eux, au lieu de considérer la biotechnologie comme une avancée dont on n'a pas encore prouvé l'efficacité, les décideurs devraient s'appuyer sur l'important corpus de recherche qui montre que les solutions pour éliminer la faim ne sont pas technologiques en soi, mais ancrées dans les réalités socio-économiques. Cela ne veut pas dire que la technologie, y compris la biotechnologie, ne joue pas un rôle dans la réduction de la pauvreté, mais qu'elle ne peut passer outre les forces politiques et sociales immédiates qui maintiennent les populations dans la pauvreté. L'industrie mondiale de la biotechnologie a orienté une vaste majorité de ses investissements dans une gamme limitée de produits qui ont des marchés vastes et garantis dans les pays industrialisés-produits qui ne sont guère pertinents pour répondre aux besoins des populations pauvres du monde.

Les applications de la biotechnologie peuvent apporter une solution significative au problème de la faim dans le monde. Le vert c'est la couleur de l'écologie, et aussi de la biotechnologie agricole, de la fertilité, du respect de soi et du bien-être. À mon avis, les responsables devraient considérer les découvertes et les atouts qu'offre la biotechnologie moderne comme un outil important pour réduire le problème de la faim dans le monde.