Trois milliards de jeunes ont fait front lors de la séance plénière d'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Sommet Rio +20) qui s'est tenue à Rio de Janeiro en juin dernier. Ils ont demandé un changement et appelé les dirigeants mondiaux à prendre des mesures pour assurer un avenir durable à nos enfants et à nos petits-enfants. Ces trois milliards de jeunes de moins de 25 ans, dont certains avaient l'accent néo-zélandais, se sont exprimés d'une voie docile, mais ferme. De fait, Britanny Trilfford, 17 ans, a fait savoir aux dirigeants que nous ne pouvions pas accepter de nouvelles promesses qui ne seront pas tenues. Elle aurait pu les attaquer sur la question de l'environnement. Mais tandis qu'elle prenait la parole à la Conférence, les jeunes en Europe avaient des difficultés à trouver un emploi dans une région aux abois, mise à mal par la crise de la dette, les jeunes du Moyen-Orient tentaient de retrouver leurs repères après les soulèvements des pays arabes et les tensions causées par un programme d'armes nucléaires présumé en Iran continuaient d'agiter les esprits, alors que les sanctions imposées par les puissances occidentales continuaient d'affecter les nombreux jeunes de ce pays.
En juin 2012, lorsque le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a exhorté les dirigeants mondiaux à ne pas oublier que le temps était la ressource la plus précieuse que nous possédions, il se référait au besoin urgent de créer un cadre institutionnel pour le développement durable et la création d'une économie verte. Mais ce n'était pas un hasard si ses déclarations opportunes ont fait immédiatement suite à d'autres tempêtes qui couvaient sur le front économique international et humanitaire. Le Secrétaire, soutenu par de nombreuses autres voix, a appelé à la paix dans les territoires instables et entre les pays, conseillant par exemple à la Turquie et à la Syrie de faire preuve de retenue suite à la destruction de l'avion turc par les forces syriennes ce même mois, ce qui avait, entre autres événements notables, amené la Turquie a examiné ses options militaires. L'année a connu de nombreuses perturbations dans les relations, divers organismes internationaux, y compris l'ONU, ayant été soumis à des pressions pour qu'ils interviennent dans certaines situations. Malgré son emploi du temps chargé, Ban Ki-moon a pris le temps d'exhorter les jeunes à « se faire entendre ». Il a fait cette déclaration dans le contexte de la Conférence de Rio +20, soulignant l'importance que les jeunes exercent une pression sur leurs dirigeants pour qu'ils en fassent plus pour assurer un avenir durable. Ses mots, toutefois, peuvent s'appliquer à chaque situation qui touche l'humanité.
Le Secrétaire général comprend très bien le rôle important des jeunes dans la réalisation des objectifs qu'il s'est fixé. La création d'Action by Students to Promote Innovation and Reform through Education (ASPIRE), une initiative menée par des étudiants pour soutenir les principes de l'Impact universitaire des Nations Unies (UNAI) - qui a été conçue par le Secrétaire général lui-même - est un outil dont les jeunes se servent pour insuffler un enthousiasme, une vigueur et une urgence qui peuvent faire défaut lorsqu'il s'agit de traiter des problèmes d'actualité. Le but d'ASPIRE est d'agir. Personne ne s'attend à ce que cette initiative puisse à elle seule apporter des changements significatifs, mais elle peut peut-être faire une chose plus importante: promouvoir le dialogue entre les civilisations.
« Il ne s'agit pas de l'avenir que nous voulons », a déclaré Karuna Rana, Représentante du Grand groupe pour les enfants et les jeunes en parlant du document final du Sommet de la Terre Rio +20 de cette année. « Les enfants et les jeunes sont frustrés par le manque d'ambition de ce document final » a-t-elle ajouté. C'est un exemple de notre pouvoir. Nous avons une voix et cette voix devient de plus en plus forte. Nous observons et voyons comment certaines décisions peu judicieuses peuvent avoir des conséquences sur notre avenir, un avenir dans lequel nous vivrons. Plus important, la déclaration a suscité des réactions. Les enfants et les jeunes ont estimé que le document final manquait d'envergure. On l'a donc examiné de manière encore plus critique afin de le rendre plus puissant et plus ambitieux. Cela ne peut pas être plus simple - attirer l'attention pour que les questions soient prises plus au sérieux.
Considérons quelques questions majeures : les jeunes héritent d'un monde surexploité, affaibli par une mauvaise gestion de l'économie, par des conflits et des maux sociaux. Les pouvoirs en place - quels qu'ils soient - ont tenté d'examiner ces questions. En effet, les nations du monde se sont engagées à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d'ici à 2015, mais les gouvernements peuvent-ils y parvenir seuls ? Peuvent-ils réaliser ces objectifs même avec les organisations non gouvernementales et la société civile ? Quel rôle les jeunes peuvent-ils jouer ? Quel est le groupe le plus frustré par cette période d'incertitude mondiale ?
De nouveaux groupes ASPIRE sont créés partout dans le monde, même dans les régions les plus instables. C'est en grande partie parce que les jeunes ressentent le besoin de prendre les affaires en main et de ne pas se gaver de beaux discours et de promesses non tenues. Les étudiants d'ASPIRE reconnaissent l'importance de l'éducation et de l'innovation pour résoudre les problèmes mondiaux. Pour changer le monde, nous devons le comprendre tel qu'il est et, pour ce faire, l'éducation est essentielle. Tant que nous aurons ce niveau de compréhension, nous pourrons aborder les problèmes. Pour aller encore plus loin, en même temps que nous cherchons à comprendre le monde tel qu'il est, nous devons nous comprendre les uns les autres. Nous ne pouvons pas ignorer le rôle social important joué par les médias sociaux à cet égard. Ils ont contribué à propager la culture. Aujourd'hui plus que jamais, les gens ont conscience de tous les maux qui existent grâce à l'accès aux images et à l'information sur ces platesformes de médias sociaux. En fait, des groupes ASPIRE ont tiré pleinement avantage des médias sociaux pour promouvoir leurs projets et leurs idées. ASPIRE cherche à atteindre trois objectifs : se connecter, collaborer et changer.
Nous vivons à l'âge de l'interconnectivité. Les jeunes sont équipés d'outils pour se connecter et exprimer leur solidarité avec les autres. En 2001, j'ai assisté à une conférence des Nations Unies consacrée à la réalisation des OMD et ai rencontré des jeunes remarquables et motivés venus du monde entier. J'ai passé de très bons moments avec ces personnes passionnées qui partageaient mes idées mais, honnêtement, je ne pensais pas les revoir un jour. C'était sans compter sur le pouvoir d'Internet. Comment n'y avais-je pas pensé ? Depuis, j'ai rencontré plusieurs d'entre elles en personne et me suis reconnecté aux autres par Internet. En fait, plusieurs d'entre nous travaillent sur des projets pour améliorer l'humanité. J'ai aussi assisté récemment à une conférence sur les affaires étrangères et rencontré des agents du changement jeunes, brillants, issus de cultures et de milieux différents dont les points de vue étaient radicalement différents. Ce que nous avions en commun, c'était notre désir de faire du monde un endroit où la vie est plus facile pour tous. Nos différentes races, croyances et religions n'ont pas d'importance. Le fait que nous nous soyons réunis pour discuter des problèmes mondiaux, dans un cadre officiel ou non, suggère que le mouvement existe. Le dialogue interculturel ne doit pas nécessairement prendre la forme de réunions et de documents officiels. Il s'agit d'amitié et de compréhension. Nous voulons tous faire du monde un endroit plus agréable à vivre pour tous, nous comprenons les problèmes des autres, nous cherchons à mettre ces problèmes sur le devant de la scène et à agir pour y remédier. Le dialogue a lieu à travers nos actions car, au bout du compte, elles sont plus éloquentes que nos paroles.
La collaboration est cruciale pour apporter les changements que nous voulons. Nous devons nous exprimer collectivement. C'est pourquoi ASPIRE encourage les jeunes à penser à l'échelle mondiale, mais à agir à l'échelon local. Il semble tout à fait logique que pour changer le monde, nous devons d'abord nous concentrer sur notre voisinage immédiat. En agissant de manière responsable et en montrant le bon exemple, nous pouvons garantir notre avenir. Si nous trouvons d'autres façons de collaborer à travers les frontières, nous pourrons garantir un avenir plus harmonieux. Les sections d'ASPIRE dans le monde trouvent des moyens de travailler avec les populations dans leurs communautés respectives et entre elles. Fini le temps où nous étions silencieux tandis que les « gardiens de nos affaires » prenaient les décisions fondées sur l'idéologie, les jeux du pouvoir et les gains financiers. Un mouvement mondial est né. Il y a un adage que j'aime utiliser et qui s'applique à la discussion présente : nous pouvons sauver le monde parce que nous avons le pouvoir qui compte le plus - notre courage. ❖