L’une des premières résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies, concernant le terrain sur lequel est situé le Siège de l'Organisation, donne à celle-ci « les droits exclusifs sur le sous-sol du terrain cédé et, en particulier, le droit d’y faire toute construction souterraine et d’en tirer son approvisionnement en eau ». Il s’agissait, de nombreuses façons, d’une métaphore pour les droits de « Nous, les peuples », la Charte qui a constitué les Nations Unies, et leur droit légitime à la richesse naturelle de la terre qui est la leur. C’était aussi une métaphore d’un sens différent, un rappel que, quelle que soit l’abondance du visible, l’invisible est aussi atteignable.
L’eau est visible à Djouba, la capitale du Soudan du Sud située sur la rive gauche du Nil, mais dans le quartier de Munuki, situé à la périphérie de la ville, des puits profonds sont construits pour puiser une eau potable invisible, mais souvent contaminée. La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a créé un tout nouveau système hydraulique dans la région, amenant l’eau potable à la surface en faisant simplement fonctionner un robinet. Au-delà des océans, au Viet Nam, le projet « Robinet » de l'UNICEF encourage les clients des restaurants à donner un dollar ou plus pour l’eau qu’il leur est servie gratuitement, ce qui crée des fonds pour fournir de l’eau aux enfants qui n’y ont pas accès. À l’ouest, la National University of Singapore a mis en place un système de drainage afin « d’améliorer le captage de l’eau et créer un débit de base plus important nécessaire à l’embellissement des canaux de la ville » dans le cadre de la base de données de l’« Inventaire vert » de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Au nord de Tashtak, au Kirghizistan, où les enfants devaient traverser la rue la plus fréquentée du pays pour aller chercher de l’eau dans les villages voisins, chaque semaine un enfant était renversé par une voiture ou un camion. Malgré les contributions faites par tous les résidents, les fonds réunis ont été insuffisants pour installer des bornes fontaines dans la rue. Le HCR est alors intervenu et a octroyé, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, la somme d’argent manquante. Il a fallu sept mois pour finir les travaux et installer dans le village 12 bornes fontaines qui assurent aujourd’hui l’approvisionnement en eau potable à environ 800 habitants.
Ces exemples montrent comment chaque bureau ou chaque institution de l’ONU contribue à l’effort déployé pour répondre aux besoins en eau et, comme notre couverture « La quête de l’eau », trouvent un écho dans ce numéro. Lorsque l’Assemblée générale a prié son Président de convoquer un dialogue de nature opérationnelle afin d’examiner les moyens d’améliorer l’intégration et la coordination des travaux menés par les Nations Unies sur les objectifs et cibles relatifs à l’eau au titre du volet de son action consacré au développement durable, elle a décidé que les dialogues seront « circonstanciels, informels, ouverts à tous, à composition non limitée et participatifs ». Nous espérons que ce numéro aussi est informel, inclusif et à composition non limitée. Et avec vos points de vue et vos réponses sur la Décennie d’action pour l'eau et l’objectif de développement 6, qu'il sera également interactif.
« On dit que l’eau sera le déclenchement de la prochaine guerre », a déclaré le Président de l’Assemblée générale Miroslav Lajčák lors d’une rencontre avec les étudiants de la Seton Hall University, membre de l’initiative Impact universitaire depuis quelques mois. « Assurons-nous qu’il n’y aura pas de nouvelle guerre et que nous traitons l’eau de façon responsable. »
Il le faut.
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