Bangui

27 October 2017

Secretary-General's remarks to the National Assembly of the Central African Republic

António Guterres, Secretary-General

[Scroll down for English version]

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Honorables députés, Mesdames et Messieurs,
 
Mbi Bala Ala Koué. [Je vous salue tous.]

C’est pour moi un grand honneur de m’adresser à vous, et à travers vous, à toutes les Centrafricaines et à tous les Centrafricains.
En vérité, en étant chez vous, je me sens doublement chez moi.

Parce que je suis au Parlement et parce que je suis en Centrafrique. J’ai été parlementaire pendant 23 ans, si on compte le temps en tant que Premier ministre, où naturellement je devais répondre face à l’Assemblée […]. J’ai été pendant 23 ans député, représentant le peuple de mon pays.

C’est un immense plaisir de voir mes collègues parlementaires de Centrafrique, de vous entendre parler avec la franchise que j’ai moi-même utilisée quand j’étais député dans mon pays.
Et, en même temps, je me sens chez moi parce que je suis en Centrafrique.

Ce n’est pas la première fois que je visite votre pays. Je suis venu plusieurs fois lorsque j’étais Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. J’ai parcouru un peu le pays et j’ai pu constater l’énorme générosité des Centrafricains qui, même pendant les crises politiques et l’insécurité particulièrement difficiles, n’ont jamais fermé leurs frontières aux réfugiés de la République démocratique du Congo et du Soudan.

C’est cette générosité, cet esprit de solidarité, qu’aujourd’hui je demande à la communauté internationale vis-à-vis de la Centrafrique.

Le peuple centrafricain, qui a toujours ouvert ses portes à ceux qui en avaient besoin, mérite la même solidarité, mérite la même générosité de la part de la communauté internationale que, en tant que Secrétaire général des Nations unies, je suis censé représenter ici aujourd’hui.

J’ai eu l’occasion aussi de visiter des communautés de réfugiés centrafricains au Cameroun, au Tchad et en République Démocratique du Congo et de voir la douleur de l’exil, de sentir combien c’est dramatique la vie de ceux qui voudraient être chez eux avec leur famille, leur communauté, et qui sont dans une situation tragique, dans une pauvreté extrême, dans une totale dépendance de l’aide extérieure, sans pouvoir contribuer à la paix, à la stabilité, à la vie politique, économique et sociale de leur pays.

Je crois bien connaître la souffrance du peuple centrafricain.  

Je veux rendre hommage à la résilience et au courage du peuple centrafricain et à sa détermination à surmonter les défis auxquels il est confronté.

Je voudrais aujourd’hui souligner la solidarité et l’engagement des Nations Unies à vous accompagner pour relever les défis qui restent immenses. Je vous ai entendu et je partage l’analyse de ces défis : l’insécurité, la crise humanitaire, le développement qui tarde à se matérialiser, et le sentiment d’exclusion et de marginalisation des régions où l’Etat demeure absent.

J’ai bien entendu le drame de ceux qui vont à l’hôpital ou au centre de santé et qui ne trouvent rien et qui, à cause de ça, doivent accepter un destin tragique – quelques fois la mort, comme Monsieur le député vient de l’expliquer.
Je sais que la situation reste fragile. Les groupes armés se fragmentent et prolifèrent, rendant plus difficile la gestion de la sécurité.

Les civils, les casques bleus et les humanitaires sont très souvent ciblés.

La Centrafrique est aujourd’hui le pays au monde où le plus de travailleurs humanitaires ont été tués cette année - 12.

Un Centrafricain sur quatre est aujourd’hui déplacé.

Le viol est utilisé sciemment comme une arme de guerre.

La Centrafrique risque de replonger dans des violences ouvertes entre communautés.

C’est une situation qui n’est pas acceptable. Nous devons nous unir pour renverser cette tendance.

Mais il y a des aspects importants à souligner, des aspects positifs qui me donnent de l’espoir.

Vous avez maintenant les principales institutions démocratiques qui sont en place. C’est maintenant qu’il faut mettre fin à la violence et consolider la démocratie. Je serai votre avocat enthousiaste auprès de la communauté internationale pour que les Centrafricains reçoivent la solidarité dont ils ont besoin et qu’ils méritent.

Voilà pourquoi j’ai demandé une augmentation des effectifs de la Force de la MINUSCA au Conseil de sécurité. 

La MINUSCA a démontré sa valeur, avec le sacrifice de la vie de nombreux casques bleus. Bien sûr, nous sommes conscients qu’il faut renforcer et améliorer sa capacité d’action. Les opérations de maintien de la paix sauvent des vies. Dans certains cas, elles peuvent même sauver tout un pays.

Mais je sais que les actes de quelques-uns de nos soldats ont malheureusement terni l’image des troupes.

Je me suis personnellement engagé dans le combat contre l'exploitation et les abus sexuels.

J’ai rencontré cette semaine des victimes et leurs familles, en compagnie de Jane Connors, la première Défenseure des droits des victimes au sein des Nations Unies.

Il est essentiel de faire de notre politique de tolérance zéro à l’égard de ces actes une réalité.

Honorable députés,

Je veux que la MINUSCA continue d’améliorer la performance de son personnel afin de mieux servir les Centrafricains.

Notre Mission doit et continuera à utiliser la force quand la stabilité de l’Etat sera menacée, et à chaque fois que les civils auront besoin de protection, dans les zones où elle est présente et dans la limite de ses moyens.

Mais il faut tenir compte de ce que sont aujourd’hui les règles de ce qu’on appelle les conflits asymétriques. Nous voyons les armées les plus puissantes du monde avoir d’énormes difficultés à maintenir la paix dans des circonstances où les groupes armés pullulent, sont difficiles à détecter, et attaquent là où personne ne peut l’imaginer ou le prévoir.

La MINUSCA n’a pas les équipements de ces forces armées les plus puissantes au monde.

Beaucoup de nos soldats, je les ai vus, sont dans la forêt dans des « pick-ups », pas même des voitures blindées. Ils peuvent être tués à n’importe quel moment avec une arme de chasse, même pas une mitraillette.

Je sais aussi que des soldats ont été tués, pas pendant des opérations militaires, mais quand ils allaient chercher de l’eau pour la donner aux gens qui étaient dans un camp de déplacés. 

Il est très facile de critiquer une force militaire parce qu’elle ne réussit pas à garantir la paix dans tout un pays. Il y certainement des choses à améliorer, il y certainement des renforcements à réaliser, il y a certainement un mandat plus robuste qu’on peut désirer, mais soyons justes, regardez ce qu’il se passe dans d’autres endroits du monde et voyez le sacrifice d’un si grand nombre de soldats, notamment de ceux qui ont sacrifié leur vie.

Je serai extrêmement ferme pour combattre tous les abus. Je peux vous garantir que la tolérance zéro en matière d’abus sexuels est pour moi une question d’honneur.

En même temps, s’il y a d’autres accusations sur d’autres malfaisances commises par des troupes, on veut être informés de façon claire sur ce qui se passe pour pouvoir agir.

Mais il y a une chose que je peux vous garantir : ces forces sont au service du peuple centrafricain et n’ont aucun autre agenda que le bonheur, la survie et la sécurité du peuple centrafricain.

Je l’ai dit, j’étais au Parlement pendant plus de vingt ans, j’ai fait de la politique dans mon pays. Je connais les règles de la politique. Parfois, c’est plus facile de faire de la manipulation politique de la réalité, et cette manipulation politique peut avoir des conséquences terribles.

Par exemple, en Centrafrique les communautés chrétiennes et musulmanes ont vécu ensemble pendant des décennies, des siècles. Mais on entend quelques voix qui essaient, par des manipulations politiques, de diviser des communautés religieuses différentes qui ont toujours vécu ensemble. 

Il faut condamner ces manipulations politiques. […]

Pendant que je préparais ma visite en Centrafrique, on m’avait proposé de me rendre à Bambari. Mais j’ai dit non. Nous avons eu douze soldats de la paix qui ont été tués d’une façon brutale à Bangassou. C’est mon devoir en tant qu’autorité suprême des Nations Unies d’y aller et d’exprimer à ces collègues, à ces camarades, toute ma solidarité face à ce sacrifice immense de douze vies au service du peuple centrafricain. Je suis allé à Bangassou parce que c’est à Bangassou que cela s’est déroulé.

J’étais vraiment surpris quand j’ai constaté par quelques commentaires, oraux et écrits, qui disaient : « voilà ! il va à Bangassou avec un objectif politique pour favoriser une communauté plutôt qu’une autre. » Ça démontre que, quelques fois, la manipulation politique peut être un élément qui sème la méfiance. Premièrement, et plus grave, la méfiance entre Centrafricains, mais aussi la méfiance entre les Centrafricains et les forces onusiennes.

Nous pouvons avoir des défauts. Nous pouvons parfois faire des choses qui ne sont pas bien. Mais vous pouvez être surs que nous sommes ici à votre service. Nous n’avons pas d’autre agenda que l’agenda du peuple centrafricain.

S’il y a des excès, s’il y a des abus, s’il y a des comportements qui ne sont pas corrects, je veux moi-même en être informé pour pouvoir agir avec fermeté, parce que je veux des forces onusiennes qui soient impartiales, sans aucune complicité avec n’importe quel groupe, mais avec [un dévouement] total au peuple centrafricain.

Je veux surtout appuyer ces forces parce que ces femmes et ces hommes qui meurent pour le peuple centrafricain ont aussi le droit de recevoir la même solidarité et le même engagement.
Mais, bien entendu, la force de la MINUSCA ne peut pas à elle seule ramener la paix.

En revanche, son action contribue à créer l’espace nécessaire pour vous permettre de construire la paix à travers le dialogue.

J’ai bien entendu les appels au redéploiement de l’armée centrafricaine. La MINUSCA se tiendra à vos côtés pour appuyer ces efforts. Et vous pouvez compter sur moi pour plaider pour que les FACA puissent disposer des armes et des équipements dont elles ont besoin, dans l’accomplissement de leur mission de protéger toutes les populations centrafricaines. Dans aucun pays au monde la paix ne peut être garantie seulement par des forces étrangères.

En tant que responsable du Secrétariat des Nations Unies, je sens le besoin, l’importance, d’avoir en Centrafrique des forces armées centrafricaines, qui soient elles-mêmes des forces républicaines, des forces au service de tout le peuple, sans discrimination, et des forces qui puissent assurer la paix […].

Je me battrai pour cette sécurité, pour que cela puisse se faire.

Notre objectif c’est qu’elles puissent avoir les équipements, les armements nécessaires pour leur déploiement. Nous sommes même en train de discuter de la possibilité de faire ce déploiement d’une façon progressive, en commençant par des zones qui sont moins dangereuses, où les risques sont moins grands, pour permettre aux forces onusiennes de se concentrer dans les zones les plus dangereuses, et progressivement de remplacer totalement les forces onusiennes dans le pays, parce que vous avez le droit d’être […].

Je voudrais également rappeler solennellement, je l’ai déjà fait, je le répète, un principe fondamental des Nations Unies : la MINUSCA est une mission impartiale. Elle ne favorise aucun groupe politique, religieux ou ethnique. Tous les Centrafricains sont nécessaires à la reconstruction du pays.

C’est pourquoi j’en appelle à vous tous pour relayer ce message auprès des populations que vous représentez, des communautés que vous représentez, et pour contrer tous les discours de haine.

Honorables députés,

Il incombe en premier lieu aux Centrafricains de venir à bout de cette crise.

Personne n’aidera mieux ce pays que ses propres habitants. 

La religion et l’appartenance ethnique sont malheureusement quelques fois manipulées, je l’ai déjà dit, pour diviser les communautés entre elles.

Ceci crée une polarisation dans un pays fragile, alors que votre diversité est une richesse, pas une menace.

Nulle part au monde l’usage de la force n’a, à lui seul, résolu un conflit.

Certes, nous avons besoin de plus de soldats de la paix, mais surtout de plus d’initiatives politiques pour la paix.

Les Nations Unies travaillent main dans la main avec tous les partenaires de l’Initiative africaine. J’encourage toutes les parties à faire avancer le processus, sous la direction du Gouvernement centrafricain.

Une fois de plus, il faut un leadership centrafricain. Il faut une Initiative africaine, et c’est aux Nations Unies d’appuyer le leadership centrafricain et l’Initiative africaine.

Les défis sont immenses, mais vous n’êtes pas seuls. Le mois dernier, à New York, j’ai co-présidé avec le Président Touadéra et le Président de la Commission de l’Union africaine une réunion de haut-niveau pour réitérer la solidarité avec la Centrafrique.

Lors de la Conférence de Bruxelles de novembre 2016, les partenaires internationaux avaient déjà montré qu’ils se tenaient à vos côtés.

J’appelle la communauté internationale à honorer ses engagements. Il ne faut pas oublier que l’aide humanitaire reste cruellement sous-financée.

Nous avons, la communauté humanitaire, les Nations Unies, la société civile, centrafricaine et internationale, fait un appel qui est un peu modeste. On avait déjà l’impression que cette crise centrafricaine était un peu oubliée par la communauté internationale. La preuve a été faite, moins de 40 pourcent de l’appel a été financé.

C’est cette raison qui m’a vraiment convaincu qu’il fallait absolument profiter de la Journée mondiale des Nations Unies pour venir en Centrafrique et pour attirer l’attention de la communauté internationale.

Maintenant, avec les médias tels qu’ils fonctionnent dans le monde, tout est concentré sur la menace nucléaire de la Corée du Nord, sur les crises du Moyen-Orient, et le monde a commencé à oublier le drame du peuple centrafricain. La raison de cette visite, c’est précisément de dire au monde qu’il faut absolument rendre à la Centrafrique la solidarité […].

Il faut que la communauté internationale s’engage, en vous appuyant pour garantir l’accès équitable aux ressources naturelles. Ces ressources qui sont à vous, pas aux groupes armés. Il faut [garantir] la liberté de circulation, une meilleure intégration de certaines régions, et davantage d’investissements dans les infrastructures de base. Et c’est évident que la solidarité internationale est absolument essentielle pour rendre possibles ces projets de développement.

Le Plan national de relèvement et de consolidation de la paix est central dans notre engagement à vos côtés.

La Centrafrique a besoin de programmes de développement pour les zones rurales qui ont été négligées, des écoles, des hôpitaux, des routes. 

Pour aller de Bangui à Bangassou, une force qui allait renforcer Bangassou a pris trois semaines. Si cela arrive à une force qui a des capacités relativement importantes, je me demande ce qui se passe pour les commerçants centrafricains, pour le peuple centrafricain. Pour aller d’une ville à l’autre, il faut des jours, des semaines.

Il faut un investissement massif de la communauté internationale pour vous aider à combler ce déficit. Et il faut [...] des mesures sécuritaires pour que ces investissements soient possibles.

Votre pays a aussi besoin d’institutions solides et de bonne gouvernance.

Je salue vos efforts pour rendre la Cour pénale spéciale opérationnelle, et j’espère qu’elle commencera ses travaux au plus vite.

Nous continuerons aussi à vous soutenir dans la mise en place d’une justice transitionnelle. L’impunité ne peut pas être tolérée.

Mais la justice seule ne saurait suffire. Les pays qui ont connu des traumatismes graves ont un profond besoin de réconciliation. 

Votre Initiative parlementaire de paix montre bien que nous défendons les mêmes valeurs, que nous nous battons pour les mêmes idées.

L’Assemblée nationale a un rôle essentiel à jouer pour rendre l’administration publique efficace, non seulement à Bangui mais aussi au niveau local.

Le réseau naissant de comités locaux de paix et de réconciliation a déjà permis de combler des besoins en l’absence d’autres structures de l’Etat, à Bria et à Bambari par exemple, et dans d’autres endroits.

Et j’aimerais saluer la présence parmi vous de députés femmes. Je vous félicite de réserver un tiers des postes administratifs aux femmes.

Les femmes centrafricaines -- comme Madame la députée vous l’avez souligné de façon tellement éloquente -- les femmes centrafricaines, comme beaucoup d’autres dans le monde -- ce n’est pas seulement en Centrafrique que ces choses se passent, même dans les pays développés, nous observons encore des abus sexuels terribles, on l’a vu récemment avec ce qui se passe dans l’industrie du cinéma. Partout dans le monde, on voit la discrimination vis-à-vis des femmes. Les femmes centrafricaines, comme beaucoup d’autres dans le monde, ont trop souvent été les victimes de la violence et de la discrimination. Il est grand temps que cela change. Et je compte beaucoup sur cette assemblée pour adopter les lois qui sont nécessaires à une totale égalité de la femme […].

Monsieur le Président, Honorables députés, Mesdames et Messieurs,

Nous sommes tous engagés pour le retour à la paix. La cessation des hostilités est sans nul doute un volet important. Mais, au-delà de la paix des armes, il faut la paix des cœurs et la cohésion sociale.
Le peuple centrafricain a trop longtemps souffert. En tant que représentants de ce même peuple, vous avez un rôle central à jouer pour renverser la tendance.

Nous n’avons plus de temps à perdre. Chaque jour qui passe est important car la marge de manœuvre est serrée.

Pour réussir ce pari, les Nations Unies seront toujours à vos côtés, aux côtés de l’Assemblée nationale et aux côtés du peuple que vous représentez.

Merci.
 
*****
Mr. Speaker, Honourable Members, Ladies and Gentlemen,
Mbi Bala Ala Koué. [Greetings to you all.]
It is a great honour to be speaking to you and – through you – to all the people of the Central African Republic.
This is a place in which I feel very much at home, for two reasons.
The first is that I am standing in your Parliament. The second is that I am in the Central African Republic. I served in Parliament for 23 years, counting the time during which, as Prime Minister, I had of course to be accountable to Parliament. So I was a representative of the people of my country as a member of Parliament for those 23 years.
It is a great pleasure to be meeting you, my fellow parliamentarians of the Central African Republic, and to hear you speaking with the same candour that I spoke with when I was a member of my own country’s Parliament.
I also feel at home because I am here, in the Central African Republic.
This is not my first visit. I came several times when I was United Nations High Commissioner for Refugees. I travelled a bit around the country and witnessed the enormous generosity of its people, who – despite particularly difficult political crises and insecurity – never closed the borders to refugees from the Democratic Republic of the Congo and from Sudan.
It is just this kind of generosity and solidarity that I am now asking the international community to show the Central African Republic.
The people of this country, who have always opened their doors to those in need, deserve the same generosity and solidarity from the international community that, as United Nations Secretary-General, I am called upon to represent here today.
I also had the opportunity to visit communities of refugees from the Central African Republic in Cameroon, Chad and the Democratic Republic of the Congo. I witnessed the pain of their exile and the tragedy of people who long to be with their families and communities, but find themselves in a desperate situation, living in abject poverty, completely dependent on outside aid, and unable to contribute to peace, stability or the political, economic or social life of their own country.
I am well aware of the suffering of the people of the Central African Republic.
I wish to pay tribute to their courage, resilience and determination to overcome great adversity.
I wish to assure you of the international community’s solidarity, and its commitment to supporting you as you address the enormous challenges that you continue to face. As I have listened to you, I have shared your concern at those challenges, which include insecurity, a humanitarian crisis, slow and difficult progress towards development and the feeling of exclusion and marginalization suffered in parts of the country where the authority of the State is still absent.
I have heard the tragic accounts of people who arrive at hospitals and health centres, find nothing there, and must resign themselves to a sad fate, sometimes including – as the honourable member just explained – death.
I realize that the situation is still fragile. Armed groups are splintering apart and multiplying, making the security situation more difficult to manage.
Civilians, Blue Helmets and humanitarian workers are frequently targeted.
The Central African Republic holds this year’s international record for the number of humanitarian workers killed: 12.
One in every four people in the country is now a displaced person.
Rape is being used deliberately as a weapon of war.
The Central African Republic is at risk of sliding back into open inter-community violence.
This is not a situation that we can accept. We must come together to turn back the tide.
But I draw hope from some important achievements.
Now that you have major democratic institutions in place, the time has come to end the violence and consolidate democracy. I will be your enthusiastic advocate with the international community, to ensure that you get the support that you need and deserve.
This is why I have asked the Security Council to boost MINUSCA force numbers.
MINUSCA has shown its worth, though many Blue Helmets have sacrificed their lives for it. We realize that its capacity for action must be expanded and improved. Peacekeeping operations save lives. In some cases, they even save entire countries.
However, I know that the actions of some of our troops have tarnished the peacekeepers’ image.
I have made a personal commitment to the fight against sexual exploitation and abuse.
This week, together with Jane Connors, our first Victims’ Rights Advocate, I met victims and their families.
We absolutely must make our policy of zero tolerance of sexual exploitation and abuse a reality.
Honourable members,
I want MINUSCA to continue to improve the performance of its staff, to better serve the people of the Central African Republic.
MINUSCA should and will continue to use force when the State’s stability is under threat, and whenever civilians are in need of protection, in places in which it is present, and within the bounds of its means.
But we need to understand the rules of what are now known as asymmetric conflict. We are seeing the world’s most powerful armies struggling to maintain peace in situations in which armed groups are springing up everywhere, are difficult to detect, and carry out attacks in the most unexpected and unpredictable places.
MINUSCA is not equipped like the world’s most powerful armies.
I have seen with my own eyes how our troops travel the forests not in armoured vehicles, but in pickups. They can be killed at any time not even with a machine gun, but with a shotgun used for hunting.
I also know that troops have been killed not during military operations, but when fetching water to give to the inhabitants of displaced persons’ camps.
It is very easy to criticise a military force for being unable to bring peace to an entire country. There are certainly things that can be improved, capacities that can be boosted, mandates that we wish could be strengthened, but let us be fair: look at the situation in other parts of the world, and look at the sacrifice made by large numbers of soldiers, including some who pay with their lives.
I will be very firm in fighting all abuse. I can guarantee that zero tolerance of sexual exploitation and abuse is a matter of honour for me.
If there are any further accusations of misdeeds committed by troops, we need clear information in order to be able to take action.
I can assure you of one thing. These forces are at the service of the people of the Central African Republic, and have no other agenda than achieving the wellbeing, survival and security of the people of the Central African Republic.
As I explained, for over 20 years I was a member of Parliament and a politician in my own country. I know the rules of politics. It is sometimes easier to manipulate reality for political ends, but that political manipulation can have terrible consequences.
To give you an example, Christians and Muslims have lived together for decades, even centuries, in the Central African Republic. But we have heard the voices of some who want to use political manipulation to divide communities of different religions that have always coexisted.
These political manipulations must be condemned.
When I was planning my visit to the Central African Republic, it was suggested that I should visit Bambari. But I refused. Twelve peacekeepers were brutally killed in Bangassou. I considered it my duty as the highest official of the United Nations to go there and express to those colleagues and comrades my sympathy in the face of the immense sacrifice of twelve lives in the service of the people of the Central African Republic. I went to Bangassou because the events happened there.
I was surprised to hear and see some comments suggesting something like “You see! He’s paying a politically motivated visit to Bangassou to show favouritism for one community over another”. This shows how political manipulation can sometimes end up provoking mistrust, most seriously between the people of the country, but also between the people of the country and the United Nations forces.
We may have our faults, and we may make mistakes. But rest assured that we are here to serve you. We have no agenda other than the agenda of the people of the Central African Republic.
If there are any unjustified actions, instances of abuse or inappropriate behaviour, I want to be personally informed, to be able to take firm action, because I want to see United Nations forces that are impartial, show no complicity with any group, and instead are fully devoted to the people of the country.
Above all, I want to support those forces, because the women and men dying for the people of the Central African Republic have the right to the same solidarity and commitment.
MINUSCA alone cannot bring back peace.
What MINUSCA does do is provide the room you need to build peace through dialogue.
I hear the calls for redeployment of the army. MINUSCA will remain at your side to support efforts to do so. You can count on me to argue for the armed forces of the Central African Republic to get the weapons and equipment they need to fulfil their mission of protecting all sections of the population of the country. There is nowhere in the world where peace can be guaranteed by foreign forces alone.
As the head of the United Nations Secretariat, I am acutely aware of the need and the importance of having in the Central African Republic armed forces from the country itself, armed forces that are at the service of every one of its citizens, without discrimination, and armed forces that can guarantee peace.
I will fight to make sure that that security becomes a reality.
Our aim is to make sure that the armed forces of the Central African Republic have the weapons and equipment required for deployment. We are even discussing how deployment might take place progressively, beginning in the least dangerous, less risky areas, leaving the United Nations forces to focus on the more dangerous areas. The idea is that the armed forces of the Central African Republic should gradually and completely replace the United Nations forces, as you have the right to expect that they should.
I want also to restate once again very firmly a fundamental principle of the United Nations: MINUSCA is impartial. It does not take the side of any religious or ethnic group. The efforts of every citizen of the Central African Republic are needed to rebuild the country.
I would therefore appeal to all of you to take this message back to the people and communities that you represent, to counter any and all hate speech.
Honourable members,
The task of solving this crisis is first and foremost in the hands of the people of the Central African Republic.
Nobody is in a better position to help the country than its own citizens.
Unfortunately, as I have said, religion and ethnic origin have at times been manipulated to create division among communities.
This has polarized a fragile country, even though its diversity is an asset, not a threat.
Nowhere in the world has the use of force settled a conflict on its own.
We need not just more soldiers of peace, but more political initiatives for peace.
The United Nations will work hand in hand with all African Initiative partners. I encourage all the parties to move the process forward under the guidance of the Government of the Central African Republic.
Once again, we need leadership from inside the Central African Republic, and we need an African Initiative. The job of the United Nations is to support leadership from inside the Central African Republic, and to support the African Initiative.
You are facing a daunting challenge, but you are not alone. Last month President Touadéra, the Chairperson of the African Union Commission and I jointly chaired a high-level meeting in New York to restate our solidarity with the Central African Republic.
International partners had already expressed their commitment to supporting you at the Brussels Conference in November 2016.
I call on the international community to honour its commitments. Funding for humanitarian aid is still cruelly lacking.
Together, the humanitarian community, the United Nations, civil society in the Central African Republic and the world, made what was a rather modest appeal. We already had the impression that the world was forgetting the crisis in the Central African Republic. that proved correct, as the appeal met less than 40 percent of its funding target.
That was what convinced me that I needed to take advantage of United Nations Day to visit the Central African Republic and refocus the international community’s attention on it.
The way that the world media works today, everyone is concentrating on the North Korean nuclear threat and the crises in the Middle East, and the world is beginning to forget the tragedy of the people of the Central African Republic. The reason for my visit is precisely to tell the world that the Central African Republic still needs its solidarity.
The international community must commit itself to helping you to guarantee equitable access to natural resources. Those resources belong to you, not to the armed groups. There must be free movement, better integration of some regions, and more investment in basic infrastructure. It goes without saying that international solidarity is absolutely vital to these development projects.
The National Recovery and Peacebuilding Plan is a central part of our commitment to supporting you.
The Central African Republic needs development programmes for neglected rural areas. It needs schools, hospitals and roads.
Reinforcements for Bangassou took three weeks to get there from Bangui. If that can happen to relatively well-equipped troops, I wonder what could happen to the country’s traders, or to ordinary people. Travelling from one town to another takes days or weeks.
The international community must make a huge investment to help you to fill this gap. That investment will also require security measures.
The Central African Republic also needs solid institutions and good governance.
I applaud your efforts to get the Special Criminal Court up and running, and I hope it will begin operating soon.
We will also continue to support your efforts to establish a transitional justice mechanism.
Justice alone is not enough, however. Countries that have lived through serious trauma have a deep need for reconciliation. 
Your own parliamentary peace initiative demonstrates that we are defending the same values and fighting for the same ideas.
The National Assembly has a vital role to play in ensuring the efficient delivery of government services, not just in Bangui, but at the local level.
The emerging network of local peace and reconciliation committees has already helped to meet that need in places with no State entities present, including, for example, Bria and Bambari.
I wish to acknowledge the presence among you of women members of the Assembly, and congratulate you on reserving one third of administrative posts for women.
As the honourable lady has just so eloquently emphasized, the women of the Central African Republic, like so many other women elsewhere, have all too often fallen victim to violence and discrimination. These phenomena are not confined to the Central African Republic. Even in developed countries we are still seeing terrible sexual abuse – of the kind recently exposed in the film industry. Discrimination against women is seen all across the world. It is high time that that situation changed. I am counting on this National Assembly to adopt the laws we need for full equality for women.
Mr. Speaker,
Honourable Members,
Ladies and Gentlemen,
We are committed to a return to peace. A cessation of hostilities is undoubtedly an important component of that. However, we need not just a peace brought by silenced weapons. We also need to bring peace in hearts and social cohesion.
The Central African Republic’s suffering has been long. As representatives of that same people, you have a central part to play in turning the situation around.
We have no time to lose. We have so little room for manoeuvre that every day that passes is vital.
The United Nations will remain at your side – at the side of the National Assembly and at the side of the people that you represent.
Thank you.