L’Afrique du Sud a annoncé en février 2012 qu’elle introduira une taxe sur le carbone afin de réduire les niveaux élevés des émissions de gaz à effet de serre du pays et de participer à l'effort mondial pour limiter le changement climatique. Des politiques nationales d'atténuation ont été à peine visibles jusqu’à présent, en particulier dans le monde en développement, et l'Afrique du Sud est l'un des premiers pays à en introduire une. Un séminaire du DAES des Nations Unies sur les implications économiques de l'introduction des taxes sur le carbone a eu lieu le 3 avril 2012.

 « L'Afrique du Sud s'est engagée à une réduction de 34% de ses émissions de CO2 d'ici 2020 et à une réduction de 42% d’ici 2025, sous réserve de l'assistance internationale. Jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune aide... Nous prévoyons une réduction de 90% des émissions dans le secteur de l'électricité d'ici 2025 », a déclaré lors de cet événement Konstantin Makrelov, de la Trésorerie nationale de l'Afrique du Sud. 

Le séminaire intitulé «L'économie (et la politique) derrière la taxe sur le carbone en Afrique du Sud » a fourni un forum de discussion sur les implications économiques de l'introduction de taxes sur le carbone dans le pays, y compris son impact sur le PIB et l'emploi. 

Le conférencier principal, Konstantin Makrelov, de la Trésorerie nationale de l'Afrique du Sud, a abordé plusieurs problématiques sur « les implications économiques de l'introduction de taxes sur le carbone en Afrique du Sud ». Il a ouvert sa conférence en se demandant si cette politique de réduction de carbone était nécessaire, étant donné la dépendance de l'Afrique du Sud de l'exploitation minière intensive du carbone et l'industrie lourde, qui ont longtemps bénéficié de la production pas chère de l’électricité au charbon. 

« L’intensité de l'électricité en Afrique du Sud est probablement parmi les plus élevées par rapport aux autres pays » a souligné Konstantin Makrelov, « l'électricité de l’Afrique du Sud contribue à 55% de ses émissions totales. C'est parce que la plupart des entreprises d'électricité d'Afrique du Sud utilisent du charbon ». 

Konstantin Makrelov a également admis que la taxe sur le carbone mettrait de la pression à court terme sur certains secteurs. « Le prix de l'électricité augmentera probablement d'environ 300% de 2007 à 2015 ». Cependant, il ne semblait pas inquiet: « L'impact sur ​​le PIB sera relativement faible. En 2025, il y aura une très faible baisse de la croissance du PIB, et si nous avons une taxe sur le carbone basée sur la consommation, l'impact sur ​​le PIB sera encore plus faible. » 

Il a également admis que certaines industries en Afrique du Sud ne semblaient pas disposées à changer. « Ils veulent un changement à faible coût », dit Konstantin Makrelov. « Comment pouvons-nous procéder ? D'une part, si nous bougeons trop vite, il est possible qu’à un moment donné nous perdions le soutien politique, en raison des coûts structurels ou d'ajustement apportés à l'économie sur le court terme. Mais, d'autre part, si nous allons trop lentement, il est possible que nous n’ayons pas un impact significatif sur l'économie. » 

« Une des choses les plus importantes lors de l'introduction d'une taxe sur le carbone est de savoir comment recycler les recettes. Si le revenu est recyclé de manière efficace, il est probable que l'impact de la taxe carbone sur l'économie soit beaucoup moins négatif et même positif, dans certains cas. Si elle est utilisée pour stimuler l’économie, l'investissement etc., nous pouvons avoir une récompense double ou triple », conclut-il. 

Channing Arndt, professeur d'économie à l'Université de Copenhague et chef du pilier du changement climatique à l’Institut Mondial pour la Recherche sur l’Economie du Développement à l'Université des Nations Unies (UNU-WIDER) a conclu que les options de recyclage des recettes ont des compromis en termes de croissance et d'équité. Des taxes plus élevées sur le carbone conduisent à une plus grande production et à des pertes d'emplois. Il a déclaré que le recyclage par la TVA (ventes) semble être la stratégie qui a le plus petit impact sur la répartition des revenus. 

L’Afrique du Sud semble prévoir une tendance: les politiques d'atténuation pourraient être mises en œuvre dans d'autres pays dans les décennies à venir. Les gestes préventifs, comme l'introduction d'une taxe sur le carbone, permettraient à l'Afrique du Sud d’être l’un des premiers pays à lancer sa transformation vers une économie "plus verte", et d'éviter d'être contrainte à réduire rapidement les émissions dans l'avenir. James Thurlow, économiste à l’Institut Mondial pour la Recherche sur l’Economie du Développement à l'Université des Nations Unies (UNU-WIDER), a exprimé la même idée à la fin du séminaire: « nous ne savons pas vraiment d’où la mission des réductions arrivera, et si le monde va commencer à dé-carboniser. Peut-être que l'Afrique du Sud ferait mieux de commencer en premier, relativement tôt, en sorte que cela lui évite trop de dépenses », a-t-il dit.