Benedetta Di Cintio, du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Cameroun, explique comment la préparation humanitaire contribue à atténuer les effets des catastrophes naturelles sur les communautés.
Pourquoi la préparation est-elle un élément essentiel de la réponse humanitaire au Cameroun ?
Dans le nord du Cameroun, la montée des températures, la sécheresse persistante et la désertification sont des risques importants pour les communautés locales.
La pénurie d’eau oblige les populations à se rapprocher des rivières, où elles sont davantage exposées aux inondations.
Alors que les précipitations diminuent, la fréquence des jours de fortes précipitations augmente, entraînant des inondations dévastatrices qui détruisent les maisons, les écoles, le bétail et les récoltes.
Dans ce contexte, nous avons dû chercher des moyens de transformer la probabilité d’inondations graves en une analyse exploitable qui pourrait servir aux décideurs humanitaires.
Comment traduire les prévisions météorologiques en informations exploitables ?
En mars 2024, nous avons collaboré avec le Centre de données humanitaires, la FAO et le PAM pour réaliser une analyse de l'impact des inondations avant la saison des pluies d'avril à octobre.
Les conclusions de cette analyse ont permis de lancer plusieurs mesures de préparation, d'anticipation et de réponse rapide qui ont contribué à protéger certaines habitations, écoles et marchés avant le pic des inondations.
La communauté humanitaire du pays fait de l'analyse des risques un élément essentiel de la planification humanitaire, notamment dans le Plan de réponse humanitaire 2025.
L'implication des organisations locales dans la préparation, l'action anticipative et les interventions rapides s'est avérée essentielle pour fournir une assistance adéquate aux populations touchées.
Ces interventions se déroulaient dans une région où plus de 70 % des partenaires opérationnels étaient issus des communautés locales.
De même, nous impliquons les communautés affectées, car elles sont au cœur de notre intervention. Avec les autorités locales, elles ont également joué un rôle essentiel dans la collecte de données et le partage des alertes. Des mécanismes efficaces de retour d'information et de traitement des plaintes ont été mis en place tout au long des phases de préparation et d'intervention afin de garantir une communication bidirectionnelle rapide et de qualité.
Quel impact le sous-financement a-t-il sur ce travail ?
Nous sommes tous préoccupés, y compris par nos partenaires locaux, par le fait que le contexte financier actuel entraînera inévitablement une réduction de ce travail.
La capacité des partenaires humanitaires à mettre en œuvre des mesures d'alerte précoce et à planifier des mesures d'urgence internes est déjà affectée, notamment en ce qui concerne le prépositionnement de fournitures essentielles, indispensables pour intervenir rapidement en cas d'urgence.