Lena Ellen Becker, conseillère juridique allemande auprès de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), considère les droits des femmes comme un élément essentiel de la consolidation d'une paix durable.

Dans la ville de Lietnhom, au Soudan du Sud, une jeune femme est libérée après des mois de détention pour avoir refusé de se soumettre à la demande de sa famille de la marier de force. Des cas comme ceux-ci révèlent comment les violations des droits individuels peuvent devenir des points de friction et alimenter des tensions communautaires plus vastes dans le pays.

Pour y remédier, la stratégie de Mme Becker commence par des tribunaux itinérants qui s’attaquent à des problèmes graves comme le viol et le meurtre, des crimes qui, lorsqu’ils ne sont pas résolus, créent des cycles de vengeance entre les individus et les communautés.

Les tribunaux mobiles brisent ces cycles en offrant des voies de résolution légitimes, comme en témoignent l'augmentation des signalements à la police et les demandes de visites répétées de la communauté.

Les tribunaux mobiles mettent également en lumière les limites des pratiques coutumières. Tout en offrant une médiation communautaire accessible, les tribunaux traditionnels à prédominance masculine, qui s'appuient sur le consensus communautaire plutôt que sur les normes juridiques, négligent souvent les droits des victimes de crimes graves et renforcent les normes patriarcales qui enferment les femmes dans des cycles de vulnérabilité.

Dans l’État de Warrap, cette idée guide les consultations de Lena avec plus de 300 habitants, autorités et dirigeants sur la réforme du droit coutumier, qui date de 1975, en centrant stratégiquement la voix des femmes car leur exclusion de la justice traditionnelle crée les conflits que les tribunaux mobiles sont ensuite appelés à résoudre.

L'examen s'attaque aux causes profondes du conflit : établir que le mariage nécessite le consentement des mariés adultes plutôt que celui de leurs familles, répond directement à des cas comme celui de la jeune femme détenue à Lietnhom.

Ces accords exercent également une pression indirecte sur le système de prix de la mariée dans lequel certaines familles traitent les filles comme des marchandises, avec des prix moyens de la mariée dépassant 20 000 dollars équivalents en bétail, des coûts qui poussent les jeunes hommes à se livrer à des vols de bétail ou à des enlèvements de filles, ce qui déclenche des violences intercommunautaires nécessitant un jugement par des tribunaux mobiles.

Les tribunaux mobiles apportent un soulagement immédiat ; la réforme du droit coutumier s'attaque aux causes profondes tout en respectant l'appropriation communautaire des solutions. Il en résulte un changement structurel qui prévient les conflits futurs.

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