Abdul Macangira, Volontaire des Nations Unies au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Pemba, nous parle de son parcours de personne déplacée – fuyant son domicile, luttant pour obtenir l’éducation tant désirée et des cas de discrimination et de violence – et ce que cela signifie pour lui de travailler pour OCHA, au service des mêmes communautés dont il faisait partie.

Je suis né à Cabo Delgado, Quissanga, en 1985, au milieu des troubles de la guerre civile – 30 longues années d’un conflit brutal qui a fait plus d’un million de morts et des centaines de milliers de déplacés.

Et dans un tournant tragique des événements, j'ai perdu mon père un an plus tard, ce qui a laissé ma mère nous élever dans des conditions impossibles.

En 1986, des hommes armés ont attaqué et décimé ma communauté de Namacula, forçant ma famille à fuir à plusieurs reprises dans le même district face à des assauts incessants. Les conditions de vie dans le camp de déplacés étant insupportables, nous sommes retournés dans notre communauté d'origine avant la fin de la guerre.

Nous savions que ce ne serait pas facile, car la violence faisait toujours rage. Ce que nous ignorions, c'est que nous rencontrerions un environnement hostile et discriminatoire, particulièrement marqué parmi les autres groupes ethniques.

Voilà ce que la guerre civile fait à un pays : elle dresse les gens les uns contre les autres, elle crée des tensions, des compétitions et des divisions profondes.

Notre village a été à nouveau attaqué, nous obligeant à chercher refuge dans une communauté côtière relativement plus sûre appelée Dique. C'est là que ma mère s'est remariée avec un pêcheur local, et nous avons enfin trouvé un semblant de paix jusqu'à la fin officielle de la guerre en 1993.

Le tournant pour moi s'est produit vers 2007, lorsque j'ai pu reprendre mes études secondaires à Pemba. J'ai réussi à maintenir d'excellentes notes et c'est ainsi qu'en 2009, j'ai obtenu une bourse pour enfin poursuivre ma licence en relations internationales à Maputo.

Entre 2021 et 2023, mon rêve s'est réalisé grâce au programme de bourses japonais JIKA. J'ai pu compléter mes études par un master en développement social au Japon.

Comment je suis devenu qui je suis aujourd’hui

Je n'étais qu'un enfant, et pourtant les épreuves restent l'un de mes souvenirs les plus marquants de ces années. Aucun enfant ne devrait vivre cela. Mais il est vrai que c'est dans les épreuves qu'on trouve son sens à la vie.

Ce que j’ai vécu m’a inspiré à consacrer ma vie à aider les autres, à avoir un impact positif sur autant de vies que possible.

Le fait d’avoir vécu des déplacements prolongés, des discriminations et des sacrifices a renforcé ma détermination à être là où je suis aujourd’hui, pour aider les autres.

Et c'est ce qui a profondément façonné mon approche du travail : l'empathie, la résilience et une capacité unique à instaurer la confiance entre les personnes et les communautés que je sers.

Mon rêve aujourd'hui ? Servir le plus grand nombre, passer du statut de Volontaire des Nations Unies à celui de fonctionnaire et continuer à défendre et à soutenir ceux dont la voix est souvent ignorée.