Layla Haso est conseillère en responsabilité envers les personnes affectées auprès du coordinateur humanitaire régional adjoint pour les opérations transfrontalières en Syrie au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Elle préside également le groupe de travail interinstitutions sur l'aide humanitaire aux populations affectées.

Dans cet entretien, elle nous parle du nouveau « mécanisme de validation » qui place les communautés affectées au centre de la prise de décision :

Qu’est-ce qui a conduit à la création d’un « mécanisme de validation » dans la façon dont vous communiquez avec les communautés locales ?

Depuis des années, les collègues d’OCHA dans toutes les opérations s’efforcent de renforcer notre responsabilité envers les personnes touchées, ce qui a jeté les bases des changements que nous apportons aujourd’hui.

Lorsque j’ai rejoint le groupe de travail sur la responsabilité envers les personnes affectées (AAP) en 2023, la première chose que j’ai faite a été de revoir l’ensemble de l’architecture AAP déjà en place.

C’est ainsi que nous sommes arrivés à la Safe Line – une ligne d’assistance téléphonique interinstitutions pilote nous permettant d’entendre directement les communautés.

Au lendemain du tremblement de terre, la désinformation était monnaie courante. Nous avons donc également mis en place le Rumour Tracker, un outil de communication conçu pour suivre les informations circulant sur les réseaux sociaux afin de garantir qu’elles reflètent fidèlement la réalité sur le terrain.

Mais une lacune majeure persistait : consulter les membres de la communauté, et non pas simplement les écouter. Leur faire savoir comment nous utilisons leurs commentaires fait partie intégrante du processus de confiance.

Nous avons constaté que les communautés accordaient principalement leur confiance à la protection civile et aux groupes de bénévoles, plutôt qu’aux ONG, qui sont nos partenaires de mise en œuvre.

Rien qu’en Syrie, il existe plus de 300 groupes de bénévoles. Nous les avons donc d’abord cartographiés, puis nous avons commencé à former ces groupes de bénévoles en leur expliquant le concept de coordination et le rôle d’OCHA.

En conséquence, nous avons désormais regroupé des groupes de bénévoles au sein d’un groupe de travail de la communauté de pratique locale qui fonctionne indépendamment des ONG mais comprend comment les décisions sont prises et est activement impliqué dans ce système.

Donnez-nous un exemple concret

Prenons l'exemple des refuges dignes. L'année dernière, des personnes ont exprimé leurs inquiétudes quant à la chaleur insupportable qui y régnait en raison des matériaux utilisés. Nous avons informé le groupe et invité le groupe de travail de la communauté de pratique locale à valider ses directives pour les refuges dignes grâce à notre nouveau système.

Les représentants de la communauté ont fait venir un ingénieur de confiance de leur communauté. J'ai veillé à ce qu'il y ait au moins une femme et un aîné parmi eux.

Les participants ont voté pour leur modèle d'abri préféré. Étonnamment, tous se sont prononcés en faveur des abris en béton, l'option la plus économique.