Zein Tayyeb, spécialiste des affaires humanitaires au bureau régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord d’OCHA, joue un rôle crucial dans l’accès et la coordination civilo-militaire dans la région. Au fil des années, elle s’est déterminée à prouver que des femmes fortes et compétentes peuvent réussir et diriger avec confiance dans ce domaine de travail grâce à leur travail acharné et à leur sacrifice personnel.

Qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre cette carrière ?

Mon inspiration vient d’un profond désir de contribuer à trouver des solutions aux défis humanitaires et de participer au travail d’OCHA qui sauve des vies. Je suis passionnée par l’idée d’avoir un impact tangible sur la vie des gens, même lorsque cela nécessite de naviguer dans les complexités de l’engagement avec des acteurs armés et militaires, souvent dans des contextes difficiles.

À chaque déploiement, la résilience et le courage des personnes que je rencontre, des travailleurs humanitaires aux membres des communautés, en passant par les enfants, qui sont souvent les plus touchés par ces crises brutales, sont des sources constantes d’inspiration. Ils ont tous des histoires à raconter, des rêves à poursuivre et des vies à reconstruire.

Bien sûr, il y a des moments où le stress me semble insurmontable et où je me retrouve sur le point d’abandonner et de remettre en question mes choix professionnels.

Et pourtant, c’est dans ces moments-là que des voix résonnent dans mon esprit : celle d’une mère à Idleb qui a abandonné son travail pour s’occuper de ses enfants mal nourris, celle d’un enfant en Somalie qui n’abandonne pas son rêve de devenir un jour médecin pour aider les autres, celle d’un ami qui, bien qu’évacué de Gaza, n’arrête pas de travailler 24 heures sur 24 pour aider les autres.

Quelles sont les meilleures et les pires parties de votre travail ?

L’aspect le plus gratifiant de mon travail est d’être témoin de l’impact direct de la facilitation de l’accès humanitaire. Cela est particulièrement vrai lorsque la fourniture de l’aide nécessite un travail de plaidoyer et de négociation important.

À l’inverse, l’un des aspects les plus difficiles du métier est le sentiment d’impuissance lorsque des milliers de personnes restent inaccessibles malgré tous nos efforts, lorsque l’on entend leurs histoires et que l’on ne peut s’empêcher de ressentir leurs émotions, leur douleur.

C’est pourquoi vous devez accepter la réalité : il y a des limites à ce que nous pouvons accomplir et cela est souvent dû à des facteurs qui échappent à mon contrôle.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans une carrière dans l’humanitaire ?

Abordez cette carrière avec courage, résilience et un esprit ouvert. Ce domaine est incroyablement enrichissant, mais exige une capacité d'adaptation, un engagement envers l'apprentissage et la capacité à trouver la force face aux défis.

En cas de besoin, demandez conseil et orientation. Demander de l’aide n’est pas une faiblesse. C’est plutôt un témoignage de votre dévouement à la croissance personnelle et à la collaboration.

N’oubliez pas de donner la priorité à votre bien-être ! Le travail humanitaire peut être épuisant si vous ne prenez pas de temps pour vous.

N'oubliez jamais de prendre soin de votre santé mentale et physique, de consacrer du temps à vos activités personnelles et de maintenir des liens avec vos proches. Ce n'est pas égoïste, c'est essentiel.

Et enfin, rappelez-vous toujours que votre présence et votre leadership ont véritablement le pouvoir de transformer des vies, souvent de manière inattendue.