Bujumbura

06 May 2023

Secretary-General's remarks at the 11th high-level meeting of the Regional Oversight Mechanism of the Peace, Security and Cooperation Framework for the Democratic Republic of the Congo and the region [Scroll down for all French and all English versions]

António Guterres, Secretary-General

 

Excellences,

Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,

Excellences, Chers amis,

Avant de commencer mon intervention, permettez-moi d’exprimer toute ma solidarité et de présenter mes condoléances aux peuples et aux gouvernements de la République Démocratique du Congo et du Rwanda, victimes d’inondations catastrophiques ces derniers jours.

C’est une nouvelle illustration de l’accélération du changement climatique et de son impact désastreux sur des pays qui n’ont en rien contribué au réchauffement de la planète.

Excellences,

La région des Grands Lacs recèle d'énormes richesses :

Richesses naturelles – grâce à ses vastes ressources.

Et richesses culturelles – émanant de ses populations.

Mais année après année, cette incroyable richesse est minée par les vols, les conflits et les crises.

Pendant des décennies, les peuples de la région ont été victimes de pillages et de violences.

La signature – il y a maintenant dix ans – de l'Accord-cadre a suscité beaucoup d’espoirs.

Elle a marqué un tournant, lors duquel les pays de la région ont pris des engagements concrets afin de mettre fin aux cycles récurrents de violence – notamment dans l’est de la RDC – et de construire une paix et une sécurité durables.

Je félicite les pays signataires ainsi que les institutions garantes pour le travail accompli pour mettre en œuvre l'Accord-cadre.

Malheureusement, la crise actuelle souligne tout le chemin qu’il reste à parcourir.  

Malgré nos efforts collectifs, plus d'une centaine de groupes armés – congolais et étrangers – opèrent aujourd'hui encore et menacent ainsi la stabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs.

La présence de ces groupes armés – le M23, l’ADF, les FDLR, CODECO, le RED-Tabara et d’autres – entraîne des drames humanitaires et des abus graves des droits humains, y compris des violences sexuelles.

Elle alimente également la méfiance et les tensions récentes entre pays de la région.

En RDC, depuis la résurgence du M23 en novembre 2021, plus de 500,000 personnes ont dû fuir.

La situation dans la province d’Ituri reste aussi extrêmement préoccupante.

Il est temps que cesse la violence.

Je réitère mon appel envers tous les groupes armés :

Déposez les armes – immédiatement – et rejoignez le processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration.

J’exhorte également les responsables politiques et communautaires à en finir avec les discours de haine et d’incitation à la violence.

Toutes les parties doivent mettre en œuvre les décisions prises dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi sans délais et sans exception.

Seul le dialogue – un dialogue constant et sincère – permettra de trouver des compromis durables.

Je salue les efforts récents des dirigeants de la région afin d’éviter une escalade des tensions.

L’Organisation des Nations unies et la MONUSCO continueront d’appuyer les initiatives régionales, y compris la Force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est – et j’appelle tous les partenaires internationaux à en faire de même.

Je salue le consensus des acteurs de la région autour des mesures non-militaires visant au désarmement, au retour et à la réinsertion des groupes armés étrangers dans leur pays d’origine.

La lutte contre l’impunité représente une autre étape importante.

Les auteurs de crimes transfrontaliers et internationaux doivent être traduits en justice.

Dear friends,

The Democratic Republic of the Congo and the region are rich in natural resources.

The Congo basin is home to the second largest rainforest in the world – accounting for 10 percent of global biodiversity.

It has an abundance of unique animal and plant species and many precious minerals.

The heritage of the DRC belongs to the Congolese people.

We must ensure that it becomes a source of prosperity and development – not of conflict, rivalries and unsustainable exploitation.

Peace and development must go hand in hand, and for peace to be sustainable, the voices of women, young people and displaced persons must be fully heard – in all political, security and judicial processes.

Let us not forget them.

Excellencies,

I encourage the signatory countries, the African Union, the International Conference on the Great Lakes Region and the Southern African Development Community to redouble their efforts.

In this context, I welcome the initiative taken by the Peace and Security Council of the African Union in February to revitalize the Framework.

The United Nations remains fully engaged, by your side.

Only together can we achieve the common objectives of peace, security and cooperation of the Addis Ababa Framework.

The peoples of the region are counting on us.

I thank you.

***
[All French version]

Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,

Excellences, Chers amis,
 
Avant de commencer mon intervention, permettez-moi d’exprimer toute ma solidarité et de présenter mes condoléances aux peuples et aux gouvernements de la République Démocratique du Congo et du Rwanda, victimes d’inondations catastrophiques ces derniers jours. 
 
C’est une nouvelle illustration de l’accélération du changement climatique et de son impact désastreux sur des pays qui n’ont en rien contribué au réchauffement de la planète. 
 
Chers amis,

La région des Grands Lacs recèle d'énormes richesses :

Richesses naturelles – grâce à ses vastes ressources.

Et richesses culturelles – émanant de ses populations.

Mais année après année, cette incroyable richesse est minée par les vols, les conflits et les crises.

Pendant des décennies, les peuples de la région ont été victimes de pillages et de violences.

La signature – il y a maintenant dix ans – de l’Accord-cadre a suscité beaucoup d’espoirs.

Elle a marqué un tournant, lors duquel les pays de la région ont pris des engagements concrets afin de mettre fin aux cycles récurrents de violence – notamment dans l’est de la RDC – et de construire une paix et une sécurité durables.

Je félicite les pays signataires ainsi que les institutions garantes pour le travail accompli pour mettre en œuvre l’Accord-cadre.

Malheureusement, la crise actuelle souligne tout le chemin qu’il reste à parcourir. 

Malgré nos efforts collectifs, plus d’une centaine de groupes armés – congolais et étrangers – opèrent aujourd’hui encore dans le pays et menacent ainsi la stabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs.

La présence de ces groupes armés – le M23, l’ADF, les FDLR, CODECO, le RED-Tabara et d’autres – entraîne des drames humanitaires et des abus graves des droits humains, y compris des violences sexuelles.

Elle alimente également la méfiance et les tensions récentes entre pays de la région.

En RDC, depuis la résurgence du M23 en novembre 2021, plus de 500,000 personnes ont dû fuir.

La situation dans la province d’Ituri reste extrêmement préoccupante.

Il est temps que cesse la violence.

Je réitère mon appel envers tous les groupes armés :

Déposez les armes – immédiatement – et rejoignez le processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration.

J’exhorte également les responsables politiques et communautaires à en finir avec les discours de haine et d’incitation à la violence, qui ne font qu’exacerber les tensions et nous éloigner de la paix.

Toutes les parties doivent mettre en œuvre les décisions prises dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi sans délais et sans exception.

Seul le dialogue – un dialogue constant et sincère – permettra de trouver des compromis durables.

Je salue les efforts récents des dirigeants de la région afin d’éviter une escalade des tensions.

L’Organisation des Nations unies et la MONUSCO continueront d’appuyer les initiatives régionales, y compris la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est – et j’appelle tous les partenaires internationaux à en faire de même.

Je salue le consensus des acteurs de la région autour des mesures non-militaires visant au désarmement, au retour et à la réinsertion des groupes armés étrangers dans leur pays d’origine.

La lutte contre l’impunité représente une autre étape importante.

Les auteurs de crimes transfrontaliers et internationaux doivent être traduits en justice.

Chers amis,

La RDC et la région regorgent de ressources naturelles.

Le Bassin du Congo abrite ainsi la deuxième plus grande forêt tropicale au monde – représentant à lui seul 10 pour cent de la biodiversité mondiale.

Il accueille des milliers d’espèces animales et végétales uniques et de nombreux minéraux précieux.

Le patrimoine de la RDC appartient au peuple congolais.

Nous devons veiller à ce qu’il devienne une source de prospérité et de développement – et non de conflit, de rivalités et d’exploitation non viable.

La paix et le développement doivent aller de pair – l’un ne va pas sans l’autre – et, pour que la paix soit durable, il faut que les voix des femmes, des jeunes et des personnes déplacées soient pleinement entendues dans tous les processus – politiques, sécuritaires et judiciaires.

Ne les oublions pas.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

J’encourage donc les pays signataires, l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs ainsi que la Communauté de développement de l’Afrique australe, à redoubler d’efforts pour relever ces défis.

Dans ce contexte, je salue l’initiative prise par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en février visant à revitaliser l’Accord-cadre.

Les Nations Unies resteront pleinement engagées à vos côtés.

Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons parvenir aux objectifs communs de paix, de sécurité et de coopération contenus dans l’Accord-cadre d’Addis Abeba.

Les peuples de la région comptent sur nous.

Je vous remercie.

***
[All English version]

Your Excellencies, Ladies and Gentlemen Heads of State and Government,
Chairperson of the African Union Commission,
Excellencies, Dear friends,

Before I begin my speech, allow me to express my solidarity and condolences to the people and governments of the Democratic Republic of Congo and Rwanda, victims of catastrophic floods in recent days.

This is a new illustration of the acceleration of climate change and its disastrous impact on countries that have not contributed in any way to a warming planet.

Dear friends,

The Great Lakes region is enormously rich.

Naturally rich - thanks to its vast resources.

And culturally rich thanks to its people.

But year after year, this incredible richness is undermined by theft, conflict and crises.

For decades, the peoples of the region have suffered from looting and violences.

The signing of the Framework, ten years ago, raised many hopes.

It marked a turning point, where countries in the region made concrete commitments to end the recurring cycles of violence – particularly in the eastern Democratic Republic of the Congo – and build lasting peace and security.

I commend the signatory countries as well as the guarantor institutions for their efforts to implement the Framework.

Unfortunately, the current crisis shows that much still remains to be done.

Despite our collective efforts, more than 100 Congolese and foreign armed groups are still operating in the country today, threatening the stability of the entire Great Lakes region.

The presence of these armed groups, notably the M23, the ADF, the FDLR, CODECO, the RED-Tabara and others, gives rise to humanitarian tragedies and serious human rights abuses, including sexual violence.

It also fuels the mistrust and recent tensions between the countries of the region.

In the DRC, since the resurgence of M23 in November 2021, more than 500,000 people have had to flee.

The situation in Ituri Province remains extremely worrisome.

It is time for the violence to end.

I reiterate my call to all the armed groups:

Lay down your arms – immediately – and rejoin the demobilization, disarmament and reintegration process.

I also urge the political and community leaders to put an end to hate speech and incitement to violence, which only exacerbate tensions and move us further away from peace.

All parties must implement the decisions taken under the Luanda and Nairobi processes without delay and without exception.

Only through steady and sincere dialogue can lasting compromises be found.

I salute the recent efforts of the leaders of the region to prevent an escalation of tensions.

The United Nations and MONUSCO will continue to support regional initiatives, including the East African Community Regional Force - and I call on all international partners to do likewise.

I welcome the consensus among regional actors around non-military measures for the disarmament, return and reintegration of foreign armed groups in their countries of origin.

The fight against impunity is another important step.

The perpetrators of cross-border and international crimes must be brought to justice.

Dear friends,

The Democratic Republic of the Congo and the region are rich in natural resources.

The Congo basin is home to the second largest rainforest in the world – accounting for 10 percent of global biodiversity.

It has an abundance of unique animal and plant species and many precious minerals.

The heritage of the DRC belongs to the Congolese people.

We must ensure that it becomes a source of prosperity and development – not of conflict, rivalries and unsustainable exploitation.

Peace and development must go hand in hand, and for peace to be sustainable, the voices of women, young people and displaced persons must be fully heard – in all political, security and judicial processes.

Let us not forget them.

Excellencies,

I therefore encourage the signatory countries, the African Union, the International Conference on the Great Lakes Region and the Southern African Development Community to redouble their efforts to meet these challenges.

In this context, I welcome the initiative taken by the Peace and Security Council of the African Union in February to revitalize the Framework.

The United Nations remains fully engaged, by your side.

Only together can we achieve the common objectives of peace, security and cooperation of the Addis Ababa Framework.

The peoples of the region are counting on us.

I thank you.