Un jour, je serai

« Je veux simplement une carrière qui me permette d’être indépendante. Pour le dire simplement : je veux être responsable de ma propre vie et ne laisser personne d’autre décider à ma place. »

- Sarita, Népal

« Alors que le monde est confronté à des niveaux d’inégalité insoutenables, nous avons plus que jamais besoin de l’éducation, grand facteur d’égalité. »

– António Guterres, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU)

« Ces enfants sont comme tous les enfants du monde : ils rêvent de devenir enseignants, médecins, avocats, ingénieurs... La différence est que la plupart d’entre eux sont déplacés de force et luttent ne serait-ce que pour rester en sécurité et pour survivre. Avec les bons outils et le bon type de soutien, nous pouvons les aider à réaliser leurs rêves. »

– Amina J. Mohamed,
Vice-Secrétaire générale de l’ONU

« Ces photographies mettent en évidence le rôle crucial que joue l’éducation des enfants dans les crises humanitaires. Elles montrent que, même dans les situations les plus désespérées du monde, les enfants ont l’espoir, la force et la détermination nécessaires pour apporter des changements. Il est de notre devoir de les protéger et de les soutenir. Pour ce faire, il importe aujourd’hui plus que jamais de mettre l’accent sur la solidarité mondiale. »

– Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint
aux affaires humanitaires de l’ONU et Coordonnateur des secours d’urgence

Une personne sur 18 est actuellement touchée par une crise humanitaire. Ces crises peuvent être dues à des conflits, à des catastrophes naturelles ou, comme c’est le cas actuellement, à une pandémie mondiale. Dans le monde, plus de 258  millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire pour survivre.

Cette exposition met en lumière les espoirs et les rêves des enfants touchés par des crises. Tous âgés de 6 à 18 ans, les jeunes présentés ici se sont déguisés pour nous montrer qui ils veulent devenir en grandissant et ont, pour ce faire, déniché des costumes et des accessoires dans leur environnement proche. En capturant la vision de l’avenir de chaque enfant, le photographe Vincent Tremeau nous donne un aperçu unique de leur situation et de leurs défis actuels.

En savoir plus

République démocratique du Congo

La crise en République démocratique du Congo est l’une des situations d’urgence humanitaire les plus considérables et les plus complexes du monde. Les besoins humanitaires dépendent largement des conflits armés, de la pauvreté et des catastrophes naturelles, y compris les inondations. Il existe plus de 100 factions armées et milices différentes dans le pays.

D’après les estimations, 25,6  millions de Congolais ont besoin d’une aide humanitaire et d’une protection en 2020. Ils sont confrontés à des violations persistantes des droits humains, à des déplacements, à une grave insécurité alimentaire, à une malnutrition chronique et à des épidémies de maladies, telles que le choléra, la rougeole et la maladie à virus Ebola. Les niveaux de violences sexuelles liées au conflit sont alarmants.

Lorsque des personnes fuient la violence en quête de sécurité, elles se retrouvent souvent dans des endroits isolés, perdant ainsi l’accès à des biens et services essentiels tels que les soins de santé, l’eau potable et l’assainissement, et l’éducation.

Camp pour personnes déplacées dans le Nord-Kivu (République démocratique du Congo). Les déplacements et la violence ont empoisonné la vie de centaines de milliers de personnes dans cette région. Certaines familles ont été déplacées plus de dix fois au cours de la dernière décennie seulement. [Crédit photo : OCHA/Giles Clarke]

Françoise, 15 ans, République démocratique du Congo, infirmière


« J’ai 15 ans et j’ai un enfant qui s’appelle Chance. Il a 1  an. Quand je vais à l’école, je n’ai honte de rien. Mais d’autres ne comprennent pas pourquoi je poursuis mes études alors que j’ai déjà un enfant. Je leur dis que si j’étudie, c’est précisément parce que je veux aider mon enfant. »

Chandi, République démocratique du Congo, tisseuse de paniers


« J’aimerais apprendre à faire des paniers car cela m’aidera, ainsi que mes futurs enfants et mes petits frères et petites sœurs. Il se pourrait que je me marie avec quelqu’un d’irresponsable, de sale ou même d’alcoolique. Si tel est le cas, je vendrai mes paniers pour payer les frais de scolarité de mes enfants et leur acheter à manger. »

Patrick, 12 ans, République démocratique du Congo, soldat


« Je veux être soldat car je souhaite me battre pour la population. Ma communauté a déjà fui à plusieurs reprises. Moi-même, j’ai déjà fui mon village 12 fois. Chaque fois que nous fuyons, nous ne sommes pas vraiment heureux, parce que nous devons aller dormir dans la brousse, dans des endroits que nous ne connaissons pas vraiment et où nous ne sommes pas en sécurité. Je n’aime pas vraiment la guerre. En temps de guerre, on entend tout le temps des coups de feu, ça me fait mal aux oreilles et je n’aime pas ça. »

Diem, 11 ans, République démocratique du Congo, maçon


« Un jour, je serai un bon maçon, comme mon père. Il a déjà commencé à m’enseigner cet art. Quand des hommes armés sont venus dans mon village, ils ont emmené ma mère et l’ont tuée. Nous avons fui avec mon père. Maintenant, je recommence à aller à l’école. Je voudrais être maçon pour construire des maisons en briques. Pour l’instant, notre maison est faite de boue, mais nous allons bientôt commencer à l’améliorer. Une maison en briques nous permettra de bien dormir la nuit. À cause du revêtement en paille actuel, l’eau s’infiltre chez nous, ce qui est constamment source de dérangement. »

Agnès, République démocratique du Congo, enseignante


« Je suis en première année. Je ne connais pas mon âge. Je voudrais enseigner aux enfants afin qu’ils deviennent intelligents. »

Paradoxe, République démocratique du Congo, soldat


« Je ne connais pas mon âge exact, et je ne vais pas à l’école. Un jour, je serai soldat, pour combattre d’autres soldats. Les soldats ne sont pas gentils parce qu’ils ont tué mon frère. »

Guilin, 10 ans, République démocratique du Congo, soldat


« Je suis en première année d’école. Je veux devenir soldat. »

Crise des Rohingya

L’extrême violence qui frappe l’État rakhine (Myanmar) a forcé des centaines de milliers de Rohingya à traverser la frontière pour se rendre à Cox’s Bazar fin 2017, en faisant ainsi le plus grand camp de réfugiés de la planète. Environ 860 000 Rohingya y vivent aujourd’hui en tant que réfugiés. Le Gouvernement et les agences humanitaires fournissent une assistance aux réfugiés et aux communautés d’accueil qui ont généreusement contribué à soutenir les personnes les plus démunies. La prévention de la COVID-19 dans des conditions de forte densité complique encore la vie quotidienne.

La plupart des réfugiés ont été témoins ou ont enduré des horreurs indicibles au Myanmar. Des villages entiers ont été brûlés, des familles ont été séparées et tuées, des femmes et des filles ont été violées. Les causes profondes de la détresse que ces personnes ont vécue au Myanmar n’ont pas encore été traitées et leur avenir demeure incertain. Une telle situation génère une anxiété et une détresse considérables, qui viennent s’ajouter aux conditions de vie déjà difficiles.

On estime que 600 000 Rohingya sont restés au Myanmar. Parmi eux, environ 130 000 sont déplacés dans le centre de l’État rakhine, et si la plupart sont confinés dans des camps, tous sont confrontés à des restrictions de liberté de mouvement et d’accès aux services. Le conflit en cours dans l’État rakhine continue de les mettre en danger, ainsi que d’autres civils, et entrave leur accès à l’aide humanitaire.

Les familles rohingya fuient pour se réfugier au Bangladesh, à Cox’s Bazar ou dans ses environs. La plupart de ces familles ont quitté leurs villages au Myanmar à pied et en bateau ; leur voyage a duré plusieurs jours, voire plusieurs semaines. [Crédit photo : OCHA/David Dare Parker]

Tasnim Sultana, 10 ans, Bangladesh, enseignant


« Je veux être enseignant parce que c’est un travail professionnel. J’ai un intérêt particulier pour l’enseignement et j’aime mon enseignant. C’est pour toutes ces raisons que je veux devenir enseignant. »

Ismat, 15 ans, réfugié Rohingya au Bangladesh, médecin


« Un jour, j’aimerais devenir médecin. Je voudrais soigner le peuple rohingya, le peuple bangladais, toutes sortes de gens. Quand j’avais 10 ans et que je vivais encore au Myanmar, j’ai dû arrêter d’aller à l’école. J’espère qu’un jour je pourrai poursuivre mes études. »

Jesmin, 12 ans, réfugié rohingya au Bangladesh, soldat


« Je veux devenir soldat pour aller me battre et pour aider à sauver des gens. Quand quatre de mes proches ont été tués au Myanmar, nous avons dû quitter notre maison et nous sommes venus ici, au Bangladesh. Je me sens mieux ici qu’au Myanmar parce que nous avons désormais accès à la nourriture et que nous pouvons dormir. Au Myanmar, nous avions toujours peur et nous ne pouvions pas dormir la nuit. »

Towhidul Islam, 11 ans, Bangladesh, scientifique


« Je veux devenir scientifique pour développer mon pays. C’est mon but, mon rêve. Nous savons que le Bangladesh est un pays en développement, nous devons développer notre pays et, pour ce faire, nous avons besoin de scientifiques. J’ai fait l’expérience suivante : lorsque je mélange du sel dans l’eau, puis que je place un œuf dans le mélange, l’œuf ni ne monte ni ne descend, il stagne au milieu. Cette expérience montre que lorsqu’il est dans le sel, l’œuf flotte à la surface, et lorsqu’il est dans l’eau, il coule. Mais lorsque le sel et l’eau se mélangent, l’œuf ne peut ni monter ni descendre, il stagne au milieu. »

Bassin du lac Tchad

Négligées et affectées par les changements climatiques et par les conflits, des millions de personnes mènent une bataille quotidienne pour survivre dans le bassin du lac Tchad, région qui couvre le Nord-Est du Nigéria, le Niger, le Cameroun et le Tchad.

Ce conflit brutal a déraciné environ 2,8 millions de personnes et a laissé près de 5,2 millions de personnes en situation de grave insécurité alimentaire. La malnutrition dans les zones touchées par le conflit risque de s’aggraver rapidement. De fait, 500 000 enfants sont menacés de malnutrition aiguë sévère. En outre, des enlèvements massifs d’enfants, en particulier de filles, ont eu lieu, tout comme des violences sexuelles, le recrutement forcé d’enfants et d’autres violations des droits humains.

La violence et les combats ont également détruit les cultures vivrières, les économies locales et l’infrastructure. Un demi-million d’enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère.

Les secours d’urgence sont essentiels pour sauver des vies et pour éviter la famine dans la région. Toutefois, la situation en matière de sécurité entrave l’accès à tous ceux qui ont besoin d’aide. D’après les estimations, dans le seul Nord-Est du Nigéria, des centaines de milliers de personnes sont coupées de l’aide extérieure. Selon les plans d’intervention humanitaire révisés dans les trois pays, 12,5 millions de personnes dans les régions touchées ont maintenant besoin d’une aide d’urgence, soit 1,7 million de plus qu’au début de l’année.

Des enfants jouent dans un camp pour personnes déplacées à l’intérieur du pays à Rann, au Nord-Est du Nigéria. Environ 50 000 personnes vivent ici et ne peuvent pas rentrer chez elles en raison de la violence et de l’insécurité. Sur la photo, Serah, 7 ans, l’une des personnes déplacées vivant à Rann, dans l’État de Borno (Nigéria). [Crédit photo : OCHA/Yasmina Guerda]

Tahar Mohamed, 8 ans, Tchad, directeur d’école


« Nous avons pu sauver certains de nos chameaux lorsque notre camp a été attaqué par Boko Haram. Alors que j’avançais à dos de chameau, je ne cessais de me retourner après avoir fui. Mon père m’a dit de me mettre à crier si je voyais un danger. La première nuit, j’ai dormi dans un arbre, parce que j’avais trop peur. Un jour, je veux être directeur d’école. J’aimais bien le directeur dans mon village. Je veux être comme lui. Il nous faisait rire et il nous motivait. »

Fatime, 7 ans, Tchad, chauffeur


« Les coups de feu m’ont réveillée quand notre camp a été attaqué. Tout le monde a été pris de panique. Je ne pouvais pas courir aussi vite que mes frères, mais j’ai essayé de les suivre. Je ne voulais pas perdre ma famille. Le plus difficile a été de ne pas manger pendant 4 jours. Quand je serai grande, je veux être chauffeur. Je ne sais pas comment, mais je veux apprendre à conduire. Je pourrais ainsi faire quelques petites affaires et aider ma famille à faire les courses. »

Kaltouma, 11 ans, Tchad, agricultrice


« Mon père a été tué lorsque notre camp a été attaqué. Il essayait de rassembler quelques affaires pour nous rejoindre, mais Boko Haram l’a attrapé. Un jour, je veux devenir agricultrice. C’est le seul travail grâce auquel je peux être sûre de nourrir ma famille. »

Fatime, 10 ans, Tchad, vendeuse de bijoux


« Ma famille avait une bonne qualité de vie avant que nous soyons contraints de fuir notre village. Mon père vendait des chameaux à des gens riches. Maintenant, nous sommes vivants, Dieu merci, mais nous avons tout perdu, nos chameaux, nos bijoux, tout. Le voyage a été excessivement long sans nos chameaux. Quand je serai grande, je veux vendre des bijoux. Dans ma culture, c’est une honte si une fille ne porte pas de bijoux. Je veux que les filles et les femmes portent de belles choses. »

Martha, 14 ans, réfugiée nigériane au Tchad, agent de police


« Je serai agent de police pour arrêter des criminels comme les membres de Boko Haram. J’utiliserai une arme s’il le faut. »

Adama, 14 ans, réfugiée nigériane au Tchad, footballeuse


« Un jour, je veux devenir footballeuse. Bien sûr que les femmes peuvent jouer au football ; je l’ai vu une fois à la télévision ! Certains garçons du camp disent que le football est réservé aux hommes, mais lorsqu’ils disent ça, je prends le ballon et je leur demande : ’Vous voulez parier ?’ »

Khadija, 15 ans, réfugiée nigériane au Tchad, ingénieure en informatique


« Je veux travailler dans les technologies de l’information pour apprendre et échanger des connaissances. Je suis née dans un village isolé du Nord-Est du Nigéria, sans école et sans eau potable. Ce que j’ai appris, c’est qu’avec Internet, même si vous ne savez pas telle ou telle chose, quelqu’un dans le monde a l’information dont vous avez besoin. C’est le meilleur moyen de partager les connaissances. »

Népal

Dans les zones rurales du Népal, du fait de la pauvreté et de l’inégalité de genre, les filles sont souvent mariées avant de fêter leur 18ème anniversaire. Plus de 48 % des femmes adultes déclarent avoir été mariées avant l’âge de 18 ans.

Le Népal est très vulnérable aux risques naturels, en particulier aux tremblements de terre et aux inondations. Le terrain montagneux du pays pose d’importants défis logistiques pour accéder aux zones reculées et y acheminer les secours.

Nirmala, 26 ans, vit avec ses beaux-parents et sa fille de 3 ans dans un abri temporaire construit après le tremblement de terre qui a frappé le pays en 2015. Leur maison ayant été complètement détruite pendant le tremblement de terre, ils sont dans l’incapacité de rentrer chez eux. Nirmala et sa belle-famille travaillent dans les champs pour gagner leur vie, tandis que son mari est parti à l’étranger pour gagner de l’argent et subvenir aux besoins de sa famille. [Crédit photo : OCHA/Anthony Burke]

Sarita, Népal, ingénieure


« Je veux simplement une carrière qui me permette d’être indépendante. Pour le dire simplement : je veux être responsable de ma propre vie et ne laisser personne d’autre décider à ma place. Je ne suis pas moins capable qu’un homme. Pourtant, beaucoup de villageois de ma communauté désapprouvent encore le travail des femmes, si bien que j’ai beaucoup de défis à relever. »

Poola, 18 ans, Népal, hôtesse de l’air


« Je ne compte pas me marier avant mes 22 ans, voire plus tard, car je dois d’abord avoir le temps de m’entraîner à mon futur métier. Je n’ai jamais voyagé auparavant, mais je pense que je serais une très bonne hôtesse de l’air parce que je serais toujours enthousiaste. Je n’ai pas peur d’être en hauteur. Rien ne me fait peur. La chose qui m’inquiète le plus, ce sont les mathématiques à l’école. C’est une véritable source de stress pour moi. »

Rupali, 17 ans, Népal, couturière


« Penser à ce que j’aimerais faire me rend triste, parce que je ne sais pas si on me permettra de le faire. Je suis mariée depuis cinq ans (depuis l’âge de 12 ans) mais je n’ai pas encore emménagé avec mon mari. J’irai vivre avec lui dans environ trois semaines, lors d’une cérémonie appelée « Gauna ». Je ressens beaucoup de choses à propos de cette situation, beaucoup trop pour pouvoir exprimer ce que je ressens. J’étais si jeune quand nous nous sommes fiancés et je dois désormais aller vivre avec une toute nouvelle famille, même si je ne l’ai jamais rencontrée auparavant. Je ne l’ai pas dit à mes parents, mais j’ai vraiment très peur. J’aurais aimé qu’ils me demandent ma permission. Je ne connais même pas l’âge de mon mari. Alors quand je dis que je veux être couturière, c’est vrai. Mais je sais que ce ne sera pas à moi de décider de mon destin. »

Parmila, 18 ans, Népal, assistante sociale


« Je vois tout le temps des cas de mariage d’enfants et de violence contre les femmes dans mon village, et je veux vraiment y mettre fin. La violence ne passe pas nécessairement par les coups : je pense que le fait d’enfermer une femme chez elle en permanence et de la priver de liberté est également une forme de violence. C’était comme ça que ça se passait dans ma famille. Ma mère n’avait pas le droit de sortir et elle devait toujours servir les hommes d’abord. Ça me mettait tellement en colère de la voir vivre ainsi. Finalement, mes amis et moi avons fait asseoir mes parents et leur avons expliqué que la situation n’était pas acceptable. J’étais vraiment nerveuse avant d’avoir cette discussion, mais maintenant les choses vont mieux et ma mère est fière de moi. Parfois, elle s’approche de moi, met sa main sur mon épaule et me dit : ‘Ma fille fait du bon travail. Elle change les choses. Elle ne sera pas comme moi‘. »

Aseema, 16 ans, Népal, productrice de légumes


« Mes légumes préférés sont les choux-fleurs. Il faut beaucoup de compétences pour faire pousser un bon chou-fleur, compétences dont je ne dispose pas encore. J’espère vraiment qu’à l’avenir je pourrai apprendre. »

Sierra Leone

La Sierra Leone a été le pays le plus durement touché par l’épidémie d’Ebola, avec plus de 14 000 cas, plus de 3 500 décès et 4 000 survivants.

Le premier cas a été détecté en Guinée en mars 2014. Le virus s’est ensuite propagé dans les pays voisins, dont la Sierra Leone.

Plus de 10 000 personnes en Afrique de l’Ouest sont mortes de la maladie à virus Ebola lors de la dernière épidémie.

Garçon sur le chemin de l’école à Moyamba Junction (Sierra Leone). [Crédit photo : Vincent Tremeau]

Michael, 14 ans, Sierra Leone, médecin


« Un jour, je serai médecin pour aider les gens comme ils m’ont aidé quand j’étais malade. Vingt-six personnes sont mortes dans ma famille à cause du virus Ebola, dont mon père, ma mère, mes frères, mes sœurs, mon grand-père, ma grand-mère, mon oncle, mes neveux, ma nièce... Maintenant, je vis chez ma tante. »

Ramatu Bamana, 15 ans, Sierra Leone, infirmière


« Un jour, je serai infirmière. Lorsque mon père a contracté le virus Ebola, personne ne pouvait s’occuper de lui, sauf moi. J’avais quitté la maison, quelqu’un m’a appelée pour me dire que mon père n’allait pas bien, alors j’ai dû aller le voir car j’étais la seule à bien vouloir me rendre à ses côtés. J’ai fait de mon mieux, mais je n’ai pas réussi à le sauver et mon père est décédé. Maintenant, je vis avec ma tante. C’est pour cette raison que je veux être infirmière : si je suis infirmière, je guérirai les membres de ma famille et toutes les autres personnes que je connais. Je vais travailler dur dans mes études et je vais aller à l’école, je vais apprendre les sciences et les mathématiques.  »

Hawa, 18 ans, avec sa fille, Sierra Leone, femme d’affaires


«  Je veux être femme d’affaires pour pouvoir aider ma mère et ma fille. J’ai arrêté d’aller à l’école l’année dernière avant de tomber enceinte. Mon père ne pouvait plus payer les frais de scolarité, alors j’ai dû rester à la maison. Plus tard cette année-là, mon père est mort du virus Ebola. Il n’a jamais eu l’occasion de voir ma fille. Aujourd’hui, nous ne vivons plus qu’avec ma mère. C’est elle qui subvient à nos besoins. J’essaie de travailler au marché parfois et je peux donc apporter mon aide. Un jour, j’y aurai mon propre magasin.  »

Franck, 13 ans, Sierra Leone, avocat


« Un jour, je serai avocat, parce que cela me permettra d’aider mon peuple et mes pairs, surtout les filles. Je veux aider les filles parce que certains hommes les maltraitent. J’ai entendu parler de cette fille qui a été violée sur la route. Elle avait 9 ans. En tant qu’avocat, je pourrai aider ces filles : je me chargerai de l’affaire, je retrouverai l’auteur du crime et le ferai enfermer. Je défendrai les filles parce qu’elles ne sont pas coupables. Les coupables, ce sont les auteurs. Je vais travailler dur à l’école pour devenir avocat. »

Iraq

Près de trois ans après la fin des opérations militaires de l’Iraq contre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), les tensions sociales, ethniques et sectaires persistent. Les intervenants humanitaires mènent leurs opérations dans des contextes politiques et sécuritaires de plus en plus instables.

Environ 1,4 million de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur de l’Iraq, et le pays accueille également plus de 250 000 réfugiés syriens. Parmi ces personnes, plus de la moitié sont déplacées depuis plus de quatre ans. L’insécurité, le manque de perspectives d’emploi et la destruction ou l’endommagement des logements et des infrastructures entravent la capacité des gens à rentrer chez eux. La transition de cette population vers des solutions durables reste au premier rang des priorités de l’ONU.

Syrie

Alors que la crise syrienne entre dans sa dixième année, l’ampleur, la gravité et la complexité des besoins humanitaires restent considérables. Plus de 11 millions de personnes sont dans le besoin, dont 9,3 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire. La crise a fait plus de 6,7 millions de réfugiés et déplacé 6,7 millions de Syriens supplémentaires à l’intérieur du pays. Si le conflit armé dans certaines parties de la Syrie continue de causer des souffrances, la situation a été encore exacerbée par la crise économique actuelle et par la COVID-19.

L’année dernière, le prix des denrées alimentaires de base a augmenté de près de 250 %. En Syrie, huit personnes sur dix vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les familles sont confrontées à des choix difficiles : soit mettre de la nourriture sur la table ou un toit au-dessus de leur tête, soit garder leurs enfants au chaud ou les envoyer à l’école.

Grâce aux structures de soutien familial et communautaire, aux organisations humanitaires non gouvernementales et aux institutions publiques, les Syriens eux-mêmes continuent d’être les intervenants principaux de la crise. En complément de leurs efforts, les organisations humanitaires ont mis en place l’une des plus grandes opérations du monde.

15 septembre 2014, Dahouk (Iraq) : L’hiver approche désormais à grands pas, menaçant d’aggraver une situation déjà désastreuse. D’après les estimations, 600 000 personnes ont un besoin immédiat d’aide pour passer l’hiver, notamment de couvertures thermiques, de chauffage et de carburant. [Crédit photo : OCHA/Iason Athanasiadis]

Gheena, 10 ans, Iraq, infirmière


« Ma mère est infirmière et ça a l’air d’être un travail facile. Elle était occupée quand nous vivions à Mossoul, mais maintenant que nous vivons dans un camp, elle reste à la maison la plupart du temps. Elle dit qu’elle compte sur moi pour faire de longues études et ne pas me marier tout de suite. J’ai ri quand elle a dit cela. Comme si je voulais me marier ! »

Dina, 11 ans, Iraq, ingénieure


« Daesh est en train de détruire l’Iraq, alors je veux un travail qui me permette de reconstruire mon pays. J’avais ma propre chambre dans mon ancienne maison, avant qu’elle ne soit réduite en cendres dans un incendie. Aujourd’hui, nous vivons à 11 dans une tente. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé, mais il est vraiment difficile de faire tenir 11 personnes dans une tente. »

Ahlam, 12 ans, Iraq, dentiste


« Je veux être dentiste pour aider les gens quand ils souffrent. »

Zuha, 10 ans, Iraq, artiste


« Je pratique des activités artistiques presque tous les jours dans le camp. J’aime surtout dessiner des fleurs et des maisons. Mais quand je serai artiste, je ne vendrai pas mes peintures. Je les accrocherai chez moi. Ma mère dit que le bonheur est tout aussi important que l’argent. Elle dit que mon travail artistique rendra d’autres personnes heureuses aussi. C’est pourquoi elle accroche mes dessins dans notre tente, pour la rendre plus jolie. »

Lorand, 13 ans, réfugiée syrienne en Iraq, breakdancer


« Les gens me disent que le breakdance est réservé aux garçons. De tels propos sont ridicules, car je suis bien meilleure qu’eux dans ce domaine. Je pense que le fait d’être différent des autres n’est pas un problème. Mon amie Bellal a 15 ans et elle a teint ses cheveux en bleu en signe de rébellion. Nous rions beaucoup ensemble et nous parlons du fait que si nous continuons ainsi, aucun garçon ne voudra se marier avec nous et nous pourrons être libres pour toujours. Deux de mes amies ont dû se marier cette année. Elles avaient 12 et 13 ans, et je n’ai vu aucune d’entre elles depuis, parce que leurs belles-mères ne les laissent pas quitter leur tente. La veille de son mariage, l’une d’entre elles est venue me voir et nous sommes restées assises par terre pendant qu’elle pleurait parce qu’elle avait terriblement peur. »

Halaz, 14 ans, réfugié syrien en Iraq, avocat des droits humains


« Je ne vais pas devenir n’importe quel avocat. Je vais devenir avocat des droits humains et je travaillerai gratuitement pour défendre toute personne confrontée à des problèmes pendant les guerres et les conflits. C’est en quelque sorte un bon et un mauvais choix de carrière, parce que si je veux beaucoup de travail, il faudra qu’il y ait plus de guerres. Je déteste les guerres. Lorsque nous nous préparions à quitter la Syrie, les balles sifflaient et les bombes tombaient de tous les côtés. Mon frère a fini par recevoir des éclats d’obus dans les yeux et dans les jambes. J’aimerais juste que tous les hommes et femmes politiques puissent s’asseoir à une même table et conviennent ensemble d’un plan d’action. »

Sahel central

Le Sahel central est l’épicentre d’une des crises humanitaires les plus graves du monde.

Plus de 13 millions de personnes, dont 7 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire urgente au Burkina Faso, au Mali et au Niger, soit cinq millions de plus que ce que prévoyaient les estimations au début de l’année 2020.

En moins de deux ans, la violence et l’insécurité ont poussé 7,4 millions de personnes au Sahel central vers des niveaux de faim aiguë, soit trois fois plus qu’il y a un an, et 1,5 million de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer par la violence, soit une multiplication par vingt en deux ans.

La violence fondée sur le genre a atteint des sommets, des millions d’enfants ne sont pas scolarisés et les services sanitaires et sociaux de base font défaut. Les confinements et les autres mesures de prévention de la COVID-19 ont fait basculer 6 millions de personnes supplémentaires de la région dans l’extrême pauvreté.

L’année dernière, 81 travailleurs humanitaires ont été blessés, kidnappés ou tués au Burkina Faso, au Mali et au Niger, selon la base de données sur la sécurité du personnel humanitaire. En 2019, le nombre d’attaques contre les travailleurs humanitaires au Mali a doublé par rapport à 2018.

Des femmes traversent la route à côté d’un camp de personnes déplacées à Diffa, dans le Sud-Est du Niger. La violence au Nigéria, pays voisin, a forcé des millions de personnes à fuir leurs foyers. [Crédit photo : Vincent Tremeau]

Abdel Malik Chaibou, 10 ans, Niger, berger


«  Un jour, je serai berger, pour conduire les animaux aux pâturages. Mon animal préféré est le mouton. »

Sakima, 8 ans, Niger, enseignante


« Mon père m’a dit que plus tard, je serai enseignante comme lui. Je voudrais enseigner aux enfants de troisième année parce que j’ai compris tout ce que le professeur nous a appris . »

Abdoulmalik Sadarachi, 10 ans, Niger, médecin


« Mon père est chauffeur, mais je veux être médecin pour pouvoir vacciner les gens du village. »

Fatimata, 10 ans, Niger, enseignante de l’islam


« Un jour, je serai enseignante dans une école islamique pour aider les gens à mieux comprendre leur religion et, ainsi, éviter les disputes. »

Habou Lamirou, Niger, chauffeur


« Je veux devenir chauffeur pour pouvoir aider mes parents. »

Habiba, 13 ans, réfugiée nigériane au Niger, journaliste


«  J’aimerais être journaliste quand je serai grande, parce que je veux informer les gens sur ce qui se passe dans le monde. »

Amina, 10 ans, réfugiée nigériane au Niger, enseignante


« Je viens du Nigéria. Quand je serai grande, je veux devenir enseignante. »

David, Mali, Président


« Je veux être Président du Mali parce que c’est un bon poste et que cela permet de gagner beaucoup d’argent. Si j’obtenais ce poste, je travaillerais bien pour mon pays. »

Hassane, 15 ans, réfugié nigérian au Niger, soldat


« Je veux devenir soldat pour éliminer Boko Haram. Je viens de Baga, au Nigéria. Je suis venu à Diffa avec ma grand-mère après que Boko Haram a attaqué notre village. Cela fait maintenant six mois que nous avons fui le Nigéria. »

Adama, 10 ans, réfugié nigérian au Niger, soldat


« Je viens de Baga, au Nigéria. Je veux devenir soldat pour pouvoir éradiquer Boko Haram. Je veux les éliminer, car ils ont tué des gens. Nous sommes quatre, dans ma famille, à avoir quitté Baga pour venir à Diffa avec notre grand-père. »

Soumaila Konaté, Mali, forestier


« Un jour, je serai forestier. Ainsi, j’aurai de l’argent. »

Oumarou, réfugié nigérian au Niger, soldat


« Je viens de Baga, au Nigéria. Cela fait maintenant trois mois que nous avons fui. Je veux devenir soldat un jour pour combattre et éradiquer Boko Haram de mon pays. »

Issouf, Mali, éleveur de poulets


« Je veux être éleveur de poulets comme mon père, et aussi parce que j’aime le poulet. »

Fatima, 12 ans, réfugiée nigériane au Niger, policière


« Je viens de Baga, au Nigéria. Je veux être policière. Je veux aider à combattre Boko Haram pour venger mes frères musulmans. Je connais d’autres policières qui étaient mes voisines, je les aimais beaucoup et j’aimais beaucoup le travail qu’elles faisaient pour la communauté. »

Aicha, 12 ans, réfugiée nigériane au Niger, avocate


«  Je viens de Damassak au Nigéria. Je voudrais devenir avocate pour défendre les droits des gens. Je suis née sans bras ni jambes, mais je veux atteindre mon but dans la vie. »

République centrafricaine

Bien que la crise en République centrafricaine soit l’une des pires crises du monde, elle reste largement ignorée. Plus de la moitié de la population a désespérément besoin d’une aide humanitaire et un Centrafricain sur quatre est déplacé, soit à l’intérieur du pays soit en dehors.

L’augmentation continue des activités des groupes armés, des conflits intercommunautaires et des affrontements violents pour le contrôle des ressources naturelles a encore réduit la capacité de la population à supporter les chocs.

En septembre 2020, près de 641 000 personnes étaient déplacées à l’intérieur du pays, soit une augmentation de 8 % par rapport à la même période en 2019. En outre, la COVID-19 a porté un coup dévastateur au secteur économique. La fermeture des écoles a exposé des centaines de milliers d’enfants à des risques supplémentaires de recrutement dans des groupes armés et aux pires formes de travail, notamment dans les mines. Un cas de violence fondée sur le genre est enregistré toutes les heures, et le nombre de cas enregistrés a doublé à Bangui, la capitale du pays. L’insécurité alimentaire et la malnutrition se sont étendues au centre urbain. Seul un Centrafricain sur trois a accès à l’eau potable et aux installations sanitaires.

La République centrafricaine est également l’un des pays les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires, avec plus d’un incident contre les travailleurs humanitaires enregistré chaque jour.

Bangui (République centrafricaine) - 27 février 2014. Un enfant déplacé à la base aérienne de M’Poko où des milliers de familles se sont réfugiées pour fuir la violence qui a largement divisé les communautés sur la base de considérations religieuses. [Crédit photo : OCHA/Phil Moore]

Amadou, République centrafricaine, berger


« Un jour, je serai berger comme l’était mon père. »

Aliou, République centrafricaine, footballeur


« Je veux être footballeur à Paris. »

Chaibou, République centrafricaine, pilote


« Je veux devenir pilote. »

Ibrahim, République centrafricaine, soldat


« Un jour, je serai soldat. »

Hassan, République centrafricaine, soldat


« Un jour, je serai soldat. »

Awa, République centrafricaine, enseignante


« Un jour, je serai enseignante. »

Mustafa, République centrafricaine, photographe


« Un jour, je serai photographe. »

Mahamat, République centrafricaine, footballeur ou musicien


« Un jour, je serai musicien ou footballeur à Barcelone. »

Maimouna, République centrafricaine, infirmière


« Un jour, je serai infirmière. »

Aladi, République centrafricaine, collectionneur de diamants


« Un jour, je serai collectionneur de diamants. »

Photographie de Vincent Tremeau présentée par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires

Né en 1984, Vincent Tremeau est un photographe français basé à Dakar (Sénégal). Diplômé en droit de l’Université de Toulouse, il a effectué plusieurs missions en tant que travailleur humanitaire dans des pays en crise, autant d’expériences qui ont renforcé son intérêt pour la photographie qu’il considère être un outil de témoignage et de sensibilisation à la situation des populations en période de troubles. À partir de 2014, il a poursuivi son engagement en tant que photographe indépendant et a commencé à documenter plusieurs crises humanitaires en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Témoin des difficultés que rencontrent les enfants pour accéder à l’éducation, il a lancé le projet « Un jour, je serai » sur la jeunesse en novembre 2014. Combinant une approche artistique avec un objectif documentaire, Vincent Tremeau dépeint les espoirs et les perspectives de la génération future en Afrique.

Déclaration du photographe