3 avril 2020 — Il y a dix jours, j’ai lancé un appel à un cessez-le-feu immédiat partout sur la planète en vue de renforcer l’action diplomatique, de créer les conditions nécessaires à l’acheminement d’une aide vitale et de ramener l’espoir dans les endroits qui sont parmi les plus exposés à la pandémie de COVID-19.

Cet appel partait d’un constat élémentaire : il ne devait y avoir qu’un seul combat dans le monde aujourd’hui, celui que nous menons en commun contre la COVID-19.

Nous savons que la pandémie a de profondes répercussions sociales, économiques et politiques, notamment en matière de paix et de sécurité internationales.

Nous voyons, par exemple, que des élections sont reportées, qu’il est de plus en plus difficile de voter, que des restrictions durables sont apportées aux déplacements, que le chômage explose et que d’autres facteurs encore pourraient contribuer à la montée du mécontentement et des tensions politiques.

Par ailleurs, les groupes terroristes ou extrémistes pourraient tirer profit de l’incertitude créée par la propagation de la pandémie.

Malgré cela, mon appel à un cessez-le-feu mondial a trouvé un écho aux quatre coins du monde.

Il a reçu le soutien d’États Membres dont le nombre ne cesse d’augmenter – ils sont quelque 70 à ce jour –, de partenaires régionaux, d’acteurs non étatiques, de réseaux et d’organisations de la société civile et de tous les Messagers de la paix des Nations Unies et défenseurs des objectifs de développement durable.

Les chefs religieux, dont le pape François, ont joint leur voix et apporté leur autorité morale à cet appel, tout comme les citoyens qui se mobilisent en masse sur Internet.

Pour ne citer qu’un exemple, l’appel lancé sur Avaaz a déjà recueilli le soutien de plus d’un million de personnes. À chacune d’entre elles, je souhaite exprimer ma profonde gratitude.

Aujourd’hui, je publie une mise à jour des réactions et de l’effet suscités par mon appel à un cessez-le-feu mondial.

Un nombre important de parties à des conflits se sont dit prêtes à répondre à l’appel.

Comme indiqué dans la mise à jour, il s’agit de parties à des conflits dans les pays suivants : Cameroun, Colombie, Libye, Myanmar, Philippines, République centrafricaine, Soudan du Sud, Soudan, Syrie, Ukraine et Yémen.

Toutefois, la distance est grande de la parole aux actes – entre les mots et leur traduction concrète sur le terrain et dans la vie des gens.

La mise en œuvre d’un cessez-le-feu se heurte à d’énormes difficultés car les conflits durent depuis des années, la méfiance est profonde, nombreux sont ceux qui voudraient le faire échouer et il reste encore bien des craintes.

Nous savons que les premières avancées sont fragiles et facilement réversibles.

Dans nombre de situations parmi les plus graves, nous n’avons constaté aucun recul des hostilités, certains conflits s’étant même intensifiés.

Nous avons besoin d’une action diplomatique vigoureuse face à ces difficultés.

Pour faire taire les armes, les voix pour la paix doivent être les plus fortes.

Dans toutes ces situations, mes représentants spéciaux et mes envoyés spéciaux – et, dans certains pays, les coordonnateurs résidents – avec le plein appui du Siège et, chaque fois que nécessaire, mon intervention personnelle – ont pris contact avec les acteurs du conflit pour les aider à mettre en place un cessez-le-feu sur le terrain, condition préalable à une paix durable.

Permettez-moi de vous donner quatre exemples des initiatives diplomatiques entreprises.

Au Yémen, malgré le soutien exprimé en faveur d’un cessez-le-feu par le gouvernement, Ansar Allah et beaucoup d’autres parties, y compris le commandement des forces conjointes, le conflit a empiré.

Mon envoyé spécial prépare une rencontre où les parties viendront discuter de la gestion de la crise provoquée par la COVID-19 et d’un mécanisme de cessez-le-feu à mettre en place sur tout le territoire.

Je demande à tous les gouvernements et mouvements concernés et à tous leurs soutiens de mettre fin à ce conflit catastrophique et au cauchemar humanitaire – et de s’asseoir à la table des négociations.

En Syrie, où les premiers décès liés à la COVID-19 ont été signalés, mon envoyé spécial a appelé à un cessez-le-feu « complet et immédiat » sur l’ensemble du territoire pour permettre au pays de concentrer tous ses efforts contre la maladie. Le cessez-le-feu d’Idlib qui avait été négocié par la Turquie et la Fédération de Russie est toujours en vigueur.

Il est indispensable toutefois d’instaurer un cessez-le-feu permanent dans l’ensemble du pays pour permettre à l’aide humanitaire de parvenir à toutes celles et ceux qui souffrent depuis dix ans.

En Libye, le Gouvernement d’entente nationale et l’Armée nationale libyenne du maréchal [Khalifa] Haftar ont accueilli favorablement l’appel à arrêter les combats. Pourtant, les affrontements se sont multipliés sur toutes les lignes de front, ce qui entrave les efforts de lutte contre la COVID-19.

J’exhorte les deux parties – et tous les autres acteurs directement ou indirectement impliqués dans ce conflit – à cesser immédiatement les hostilités pour permettre aux autorités de faire face à la menace que constitue la COVID-19, à assurer un accès sans entrave à l’aide humanitaire et à mettre en œuvre le cessez-le-feu qu’elles étaient en train de négocier sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies.

Enfin, en Afghanistan, alors que les combats se sont intensifiés, il a été annoncé, le 26 mars, qu’une équipe composée de 21 membres, dont cinq femmes, avait été constituée pour négocier directement avec les Taliban.

Le Gouvernement et les Taliban ont également établi des contacts techniques en vue d’une première libération de prisonniers.

Alors que le spectre de la COVID-19 menace le pays, je crois que le moment est venu pour le Gouvernement et les Taliban de cesser les hostilités. Je leur promets mon soutien total.

Dans toutes ces circonstances extrêmement difficiles, sans oublier les autres, j’adresse un appel particulier à tous les pays qui ont une influence sur les parties en guerre et leur demande de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire du cessez-le-feu une réalité.

J’appelle tous ceux qui peuvent faire une différence à faire cette différence, c’est-à-dire : exhorter les combattants du monde entier à déposer les armes et faire pression sur eux.

La paix a une chance, mais nous en sommes encore loin. Il est urgent d’agir. La COVID-19 va bientôt s’abattre sur tous les théâtres de conflit.

Le virus a montré avec quelle rapidité il pouvait traverser les frontières, dévaster les pays et bouleverser les vies.

Le pire est encore à venir.

C’est pourquoi nous devons faire tout notre possible pour apporter la paix et l’unité dont notre monde a désespérément besoin pour combattre la COVID-19.

Nous devons mobiliser toutes les énergies pour la vaincre.

Je vous remercie.

 

Signez l'appel pour un cessez-le-feu mondial ! Joignons-nous au Secrétaire général pour faire taire les armes au milieu de la crise du COVID-19.

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