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V. Renforcer la capacité des États de prévenir le terrorisme

74. Dans les pays en développement comme dans les pays développés, les terroristes exploitent les lacunes existantes pour financer, organiser, équiper et former leurs recrues, mener leurs attaques et éviter d’être appréhendés. Le renforcement des capacités de tous les États doit donc être la pierre angulaire de la lutte mondiale contre le terrorisme. D’autres sections du présent rapport traitent d’initiatives importantes prises dans ce domaine. La présente section est spécifiquement consacrée à l’identification des moyens par lesquels les États peuvent renforcer leur capacité à prévenir le terrorisme ainsi que des moyens dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour prêter assistance aux États dans ce domaine.

75. Les initiatives régionales et sous-régionales ont favorisé les échanges relatifs aux pratiques optimales et aux enseignements tirés en matière de renforcement des capacités, ainsi que les contributions régionales à l’action de la communauté internationale. J’engage les États qui doivent relever des défis similaires à coopérer pour renforcer leurs capacités, notamment en tirant parti des avantages de la coopération Sud-Sud.

76. En matière de renforcement des capacités, il est essentiel que ceux qui fournissent une assistance collaborent afin d’assurer une utilité maximale à l’action internationale. Les États doivent assumer leur part de responsabilité en tirant le meilleur parti de l’assistance qui leur est proposée. J’exhorte toutes les entités concernées à assurer le suivi de l’assistance qu’elles fournissent, par exemple en mettant en place ou en renforçant des programmes de tutorat sur le terrain.


A. Domaines prioritaires

1. Promouvoir l’état de droit, le respect des droits de l’homme et l’instauration de systèmes de justice pénale efficaces

77. La lutte que nous menons de concert contre le terrorisme se fonde sur le respect des droits de l’homme et l’état de droit. Le renforcement du cadre juridique international au sein duquel nous nous employons à prévenir et à combattre le terrorisme doit constituer une priorité. La résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité y contribue en stipulant que les États doivent veiller à ce que toutes les personnes qui participent au financement, à l’organisation, à la préparation ou à la perpétration d’actes de terrorisme ou qui y apportent un appui soient traduites en justice et à ce que ces actes de terrorisme soient érigés en infractions graves dans la législation et la réglementation nationales. Les États devraient pouvoir appliquer cette législation et traduire en justice les auteurs des actes susmentionnés, dans le respect des droits de l’homme.

78. L’Organisation des Nations Unies peut, dans une grande mesure, aider les États à mettre en place un système de justice pénale efficace et fondé sur la primauté du droit, qui remplisse les fonctions susmentionnées. Par exemple, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a acquis une expérience très utile dans des domaines tels que l’assistance fournie sur le plan législatif pour faciliter le contrôle des drogues, lutter contre la criminalité transnationale organisée, le blanchiment de l’argent, le terrorisme et la corruption et renforcer la coopération internationale, notamment en matière d’extradition et d’entraide judiciaire. Les capacités de l’ONUDC sont renforcées par l’action de ses 22 bureaux extérieurs, qui jouent un rôle particulier consistant à promouvoir la prestation d’une assistance technique aux États, à la demande de ces derniers, concernant les instruments universels relatifs à la prévention et à la répression du terrorisme international. Plus particulièrement, le Service de la prévention du terrorisme de l’ONUDC s’est imposé comme un prestataire d’assistance technique en matière de rédaction de textes législatifs et de coopération internationale, ainsi que dans le domaine de la formation des personnels des services de justice pénale. Il reste encore beaucoup à faire en matière de législation et de renforcement de la capacité institutionnelle et administrative des États à appliquer leur législation. J’engage l’ONUDC à poursuivre la mission extrêmement utile dont il s’acquitte dans ce domaine.

79. Comme indiqué plus haut, le PNUD, qui dispose d’une présence inégalée dans 166 pays, assume un rôle vital dans la promotion de la bonne gouvernance. Il peut intégrer certains aspects de la lutte contre le terrorisme dans ses programmes en contribuant à faire ratifier et à faire appliquer les normes internationales de lutte contre le terrorisme, en appuyant et en renforçant les capacités des systèmes de justice et de maintien de l’ordre et en mettant tout particulièrement l’accent sur le respect du droit international relatif aux droits de l’homme. Par ailleurs, comme par le passé, le Département des opérations de maintien de la paix continue d’être extrêmement bien placé pour assurer la formation des forces de police nationale en matière de lutte contre des phénomènes tels que les enlèvements, les prises d’otages et dans les enquêtes relatives aux assassinats, aux meurtres et aux attentats. J’engage le Département à poursuivre cette action. Parallèlement, nous devons veiller à ce que toutes les forces de police comprennent bien les implications des normes relatives aux droits de l’homme. Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme devrait donc continuer à mieux faire connaître le droit international relatif aux droits de l’homme, particulièrement dans le contexte du terrorisme et de la lutte contre le terrorisme.

2. Promouvoir une éducation de qualité et la tolérance religieuse et culturelle

80. L’UNESCO assume un rôle de premier plan dans le domaine crucial de l’éducation et de la promotion de la tolérance, notamment par le biais du dialogue interconfessionnel et intraconfessionnel. L’organisation devrait élargir ses programmes actuels de renforcement des capacités des systèmes éducatifs pour y intégrer l’éducation en matière de droits de l’homme, les valeurs partagées sur le plan international, la compréhension mutuelle, la prévention des conflits et une réflexion critique sur tous les aspects des systèmes éducatifs nationaux, qui passe par l’élaboration de normes relatives aux programmes d’étude, la formation des enseignants et la sélection des manuels.

3. Lutte contre le financement du terrorisme

81. Un certain nombre d’organismes des Nations Unies et leurs partenaires, notamment le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et Interpol œuvrent déjà pour s’assurer que les États disposent de la législation et des institutions leur permettant de se conformer pleinement aux normes et obligations internationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

82. Je lance un appel pour que la formation du personnel des systèmes de justice pénale soit développée et qu’on fournisse aux pays une assistance technique qui tienne compte du niveau de développement des secteurs financiers et des risques propres à chaque pays. En outre, je demande instamment que l’on poursuive les initiatives conjointes, telles que le groupe de travail constitué par l’ONUDC et Interpol pour apporter une assistance technique dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et que les bases de données pertinentes soient étoffées.

4. Sécurité des transports

83. Depuis un certain temps, les groupes terroristes choisissent en particulier de mener des attaques contre les infrastructures essentielles, notamment les réseaux de transport et les moyens servant au transport maritime et aérien des passagers et des marchandises. Plusieurs organismes des Nations Unies dont les activités touchent aux transports, en particulier l’Organisation maritime internationale (OMI), l’Organisation mondiale des douanes (OMD) et l’OACI, jouent déjà un rôle de premier plan pour renforcer les capacités de protection des États Membres dans des domaines qui vont de la sécurité des conteneurs à la protection contre les systèmes portables de défense aérienne. À cet égard, je me félicite notamment de l’adoption en 2004 d’un Code international renforcé pour la sûreté des navires et des installations portuaires, que l’OMI se charge de faire appliquer.

84. J’exhorte vivement l’OMI, l’OMD et l’OACI à continuer de renforcer leur coopération et à recenser les domaines dans lesquels la sécurité des transports n’est pas bien assurée par les États. J’encourage également à développer les programmes d’assistance technique mis en place par chaque organisme et invite les États à s’en servir pour faire en sorte que les normes internationales soient appliquées. Chaque État devrait, à cet égard, appliquer les normes de l’OACI mises à jour en novembre 2005 et le Cadre de normes visant à sécuriser et à faciliter le commerce mondial adopté par l’OMD en juin 2005. J’encourage également la Direction du Comité contre le terrorisme à continuer de renforcer ses activités, dans le cadre de visites dans les pays et en étroite coopération avec l’OMI et l’OACI afin de recenser les besoins des États, notamment dans le domaine de la protection des infrastructures essentielles. La Direction du Comité devrait aussi étudier les voies et moyens de faciliter la diffusion des pratiques qui se sont révélées les plus efficaces tout en assurant la confidentialité de l’information.

5. L’Internet au service de la lutte contre le terrorisme

85. Dans le présent rapport, il a été souligné à plusieurs reprises qu’il était absolument nécessaire que la communauté internationale prenne des mesures pour lutter contre l’exploitation faite par les terroristes de l’Internet. Réciproquement, tous les États doivent pleinement exploiter l’Internet afin de lutter contre le terrorisme. C’est ainsi que nous pourrons retourner contre les terroristes l’une de leurs armes favorites. L’Internet est un instrument puissant et sans pareil dont on peut se servir pour empêcher la diffusion des idéologies terroristes en soulignant la situation désespérée des personnes qui en sont victimes, en tissant des liens entre les populations et les établissements d’enseignement dans les différents pays, et en recueillant et en exploitant ensemble les informations sur les terroristes présumés. Les États devraient agir de concert pour tirer le meilleur parti de l’Internet dans tous ces domaines, tout en préservant la confidentialité de l’information.

6. Renforcement de la protection des cibles vulnérables et des moyens d’intervention face aux attaques contre ces cibles

86. Tous les États Membres n’ont pas les mêmes moyens de protéger les cibles vulnérables et d’intervenir en cas d’attaques contre ces cibles, et les moyens peuvent malheureusement faire le plus défaut là où l’on en a le plus besoin. J’exhorte instamment les États Membres à passer en revue les mandats de l’ONU sur l’assistance au renforcement des moyens de prévenir des attaques terroristes contre les populations. Les organismes des Nations Unies devraient en outre recenser et accroître les possibilités pour les États Membres d’échanger les pratiques les plus efficientes en ce domaine. J’engage vivement Interpol à collaborer dans ce sens avec le Secrétariat, notamment avec son Département de la sûreté et de la sécurité, qui se trouve avec les États Membres sur le terrain. Étant donné que bon nombre des cibles des terroristes, telles que les infrastructures, les magasins et les restaurants, sont des propriétés privées, il conviendrait de veiller davantage à établir des partenariats entre les secteurs public et privé. Je prie également l’ONUDC, en collaboration avec l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice, de poursuivre ses efforts visant à assurer la protection des grandes manifestations et des grands rassemblements.

7. Renforcement de la capacité des États à éviter que des terroristes s’emparent de matières nucléaires, biologiques, chimiques ou radiologiques et assistance pour qu’ils se préparent à mieux faire face à de telles attaques

87. L’Agence internationale de l’énergie atomique et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques se sont employées activement à aider les États à se doter des moyens pour empêcher que des terroristes s’emparent de matières nucléaires, biologiques, chimiques ou radiologiques et réagir efficacement en cas d’attaque avec de telles armes. Je les exhorte vivement à conjuguer leurs efforts pour déceler les lacunes éventuelles en ce domaine et y remédier.

88. Je propose en outre que les États Membres étudient la possibilité de demander au Conseil de sécurité de contribuer à faciliter la fourniture d’une assistance technique pour empêcher la mise au point, l’acquisition et l’utilisation par des terroristes d’armes de destruction massive, par l’intermédiaire de la Direction du Comité contre le terrorisme et du groupe d’experts assistant le Comité du Conseil créé par la résolution 1540 (2004). L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité pourraient également envisager d’adopter une résolution appelant tous les États à apporter le concours et l’assistance requis dans le cas d’attaque terroriste perpétrée avec des armes de destruction massive. Il pourrait être également nécessaire de formuler ou de réviser les instructions destinées aux États Membres en ce qui concerne leur réaction à une telle attaque, notamment les procédures de notification et de demande d’une aide internationale.

89. Afin d’empêcher des terroristes d’acquérir des matières chimiques, les États devraient veiller à ce que les normes de sécurité les plus strictes soient appliquées dans leurs usines chimiques. Je demande instamment aux organismes compétents des Nations Unies de les y aider chaque fois que cela est nécessaire. Il conviendrait également d’élaborer un dispositif permettant à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, en collaboration avec d’autres organismes compétents au sein du système des Nations Unies, d’apporter l’aide requise et de coordonner les opérations d’intervention et de secours en cas d’attaque à l’arme chimique ou en cas d’émission d’agents chimiques.

90. Afin de prévenir une attaque biologique et de s’y préparer, il est nécessaire de lancer une initiative d’envergure visant à renforcer le système de santé publique des États. La consolidation des systèmes de santé publique dans le monde aura de multiples effets positifs, elle permettra notamment de réduire le nombre de personnes qui chaque année succombent à des maladies infectieuses. Cette même initiative peut empêcher des terroristes qui seraient tentés de faire usage d’agents pathogènes à des fins sinistres d’atteindre leurs cibles et d’obtenir l’effet escompté. L’Organisation mondiale de la santé a accompli un travail magnifique en apportant aux États l’assistance technique dont ils avaient besoin pour améliorer leur système de santé publique, mais les efforts doivent être redoublés. Il est capital que les États Membres apportent leur appui en mobilisant des ressources, en faisant preuve de volonté politique et en coopérant. L’ONU devrait quant à elle constituer une base de données complète et unique sur les incidents biologiques et promouvoir l’échange d’informations afin de faciliter l’évaluation des menaces et des risques et d’appuyer le enquêtes judiciaires. Il est également nécessaire de mettre à jour la liste des experts en biologie et des laboratoires d’analyses biologiques, mise à la disposition du Secrétaire général.

91. Sur le plan général, l’ONU doit renforcer la coordination des activités visant à préparer une intervention à la suite d’une attaque terroriste perpétrée avec des armes de destruction massive. Plus particulièrement, elle doit examiner et renforcer l’efficacité du dispositif de coordination interorganisations actuelle pour les opérations d’aide et de secours, notamment en ce qui concerne l’évaluation des risques, la gestion des interventions d’urgence et des crises, l’aide aux victimes et les plans de relèvement d’urgence, de sorte que tous les États puissent recevoir l’aide dont ils ont besoin. Les dispositifs d’intervention humanitaire de l’ONU sont disponibles dans l’éventualité où des attaques terroristes ont des conséquences graves sur le plan humanitaire et une aide internationale s’impose. Plusieurs initiatives ont déjà été lancées en vue de renforcer les moyens des organisations humanitaires d’intervenir rapidement et de façon efficace en cas d’urgences humanitaires en général.

B. Mobiliser les ressources nécessaires à la lutte contre le terrorisme

92. Ces dernières années, la demande d’assistance technique adressée aux organismes des Nations Unies par les États Membres a considérablement augmenté. Les ressources n’ont toutefois pas été à la hauteur de cette augmentation sans précédent. Qui plus est, l’assistance technique fournie par les Nations Unies dans le domaine de la lutte contre le terrorisme est en grande partie financée par des contributions volontaires, lesquelles sont généralement aléatoires et ne permettent pas aux organismes de planifier à long terme. J’invite par conséquent les États Membres à rechercher des sources de financement supplémentaires et plus fiables.

93. À titre d’exemple, on estime que depuis 2003 la demande et l’offre relatives à l’assistance technique du Service de la prévention du terrorisme de l’ONUDC ont au moins triplé du point de vue du contenu et du nombre d’activités requises. Durant la même période, les ressources de base allouées au Service pour fournir des conseils d’experts et assurer les fonctions d’appui n’ont cependant pas varié, obligeant de ce fait à recourir aux contributions volontaires, ce qui présente des inconvénients majeurs sur le plan pratique. Dans ces conditions, les États Membres devraient étudier la possibilité d’accroître le financement, au titre du budget ordinaire de ces types d’activité.

C. Promouvoir la coordination des activités de lutte antiterroriste à l’échelle du système des Nations Unies

94. Il existe au sein du système des Nations Unies et parmi les partenaires un large éventail d’organisations, de départements, d’organes, d’entités et de groupes qui contribuent activement à renforcer les moyens des États de prévenir le terrorisme. Ainsi, les membres de l’Équipe spéciale de la lutte contre le terrorisme représentent 23 entités distinctes. Nombre d’entre elles sont des organisations indépendantes et des institutions spécialisées qui ont leurs propres arrangements en matière d’administration. L’annexe I du présent rapport donne un aperçu de leurs diverses et multiples activités.

95. Cette multiplicité ne fait que souligner l’ampleur des activités menées par les organismes des Nations Unies dans ce domaine. Elle traduit en outre la nécessité de prendre des mesures particulières et multiformes face à la menace complexe que représente le terrorisme. Dans le même temps, elle nous oblige à veiller à la cohérence des initiatives prises par les différents organismes des Nations Unies et à éviter le gaspillage des maigres ressources du fait d’un mauvais partage de l’information et du chevauchement des tâches. C’est en militant activement en faveur de l’amélioration de la coopération et de la coordination que l’Organisation des Nations Unies pourra aider du mieux qu’elle pourra les États à renforcer leurs capacités de lutter contre le terrorisme.

96. C’est dans le cadre du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste que nous déployons essentiellement des efforts pour renforcer la cohérence et l’efficacité des activités d’assistance technique. Dans la résolution 1373 (2001), il est demandé au Comité non seulement de veiller au respect des obligations, mais également de faciliter la fourniture d’assistance technique aux États de sorte qu’ils puissent renforcer les moyens à leur disposition pour remplir leurs obligations dans la lutte contre le terrorisme. La demande que le Comité a initialement adressée aux États pour qu’ils indiquent les mesures qu’ils ont prises pour appliquer la résolution a été très bien reçue. Au moment de l’élaboration du présent document, les 191 États Membres avaient transmis au moins un rapport au Comité, et beaucoup d’entre eux en avaient présenté deux ou trois, voire davantage. Ces documents ont permis pour la première fois au monde entier d’avoir une vue d’ensemble de la législation et des dispositions institutionnelles existant dans les États Membres et de recenser les domaines dans lesquels il existe des lacunes.

97. Afin d’intensifier les efforts accomplis pour gagner en efficacité sur les plans de la collaboration et du renforcement des capacités des États, le Comité contre le terrorisme a établi la Direction du Comité contre le terrorisme, qui est devenue opérationnelle à l’automne de 2005. Les visites que celle-ci a effectuées dans les différentes capitales et le dialogue qu’elle a mené avec les États et les organisations internationales, régionales et sous-régionales compétentes ont permis au Comité de dépasser le cadre des rapports et de mieux suivre et apprécier les initiatives prises effectivement par les États pour lutter contre le terrorisme. Le nouvel organe a également permis au Comité de mieux recenser et classer par ordre de priorité les besoins des États en matière d’assistance technique.

98. La Direction du Comité contre le terrorisme a effectué 7 visites à ce jour et compte en effectuer 10 autres d’ici à la fin de 2006. Je me félicite que des représentants d’autres organismes des Nations Unies, et quelquefois même d’organisations régionales, aient participé à ces visites. Je demande instamment aux organisations concernées de s’appuyer davantage sur de telles synergies entre les diverses entités. Une fois que les besoins ont été déterminés, les ressources humaines et financières disponibles pour l’assistance technique devraient répondre aux besoins exprimés.

99. Je note également avec satisfaction que la Direction du Comité contre le terrorisme dispose d’un nouvel outil lui permettant de déterminer de façon systématique et transparente dans quelle mesure les États satisfont aux obligations énoncées dans la résolution 1373 (2001). Elle pourra ainsi recenser les domaines d’intervention prioritaires dans les différents pays. Il est demandé aux fournisseurs d’assistance technique, notamment aux donateurs bilatéraux, de veiller à partager les informations dont ils disposent sur les projets d’assistance en cours ou achevés, en assurant la confidentialité qui se doit. J’exhorte vivement la Direction du Comité contre le terrorisme à collaborer étroitement avec tous ceux qui fournissent l’assistance technique et à leur communiquer les informations dont ils peuvent avoir besoin dans le cadre de leurs programmes d’assistance.

1. Améliorer l’échange d’informations

100. Les entités des Nations Unies qui s’occupent de la lutte antiterroriste étant nombreuses et diverses, il est essentiel d’améliorer autant que possible la coordination et l’échange d’informations. À cette fin, je recommande la création d’un groupe informel composé d’organismes d’assistance technique des Nations Unies, de donateurs et de bénéficiaires, qui pourrait se réunir une ou deux fois par an pour échanger des informations.

101. L’effort de coordination devra également permettre d’améliorer l’échange d’informations sur le terrain. Plusieurs mécanismes novateurs pourraient être adoptés à cette fin.

102. Premièrement, je veillerai à ce que les informations sur tous les moyens employés par les Nations Unies dans la lutte antiterroriste soient centralisées - sous forme de manuel accessible en ligne. Ce manuel est indispensable autant aux États qu’aux équipes de pays des Nations Unies. On y trouvera, entre autres choses, des informations sur les contacts avec les centres de liaison des organismes des Nations Unies et des fournisseurs d’assistance, ainsi que des informations claires sur les sources, notamment les pratiques optimales dans certains domaines clefs et les réponses aux questions qui reviennent fréquemment. Je demande à l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme d’agir en collaboration avec les entités concernées pour élaborer ce manuel dans les meilleurs délais.

103. Deuxièmement, les activités d’assistance technique doivent être mieux coordonnées et renforcées dans les pays. Nous devons tirer meilleur parti des bureaux de pays des Nations Unies. Nous devrions disposer de centres de liaison à l’échelle du système et veiller, dans les activités de lutte contre le terrorisme, à la fluidité de la circulation de l’information, notamment en provenance et en direction des bureaux extérieurs, de sorte que ces activités répondent, quel que soit le pays, à l’approche globale de l’ONU. Les coordonnateurs résidents et les autres hauts fonctionnaires des bureaux extérieurs sont bien placés pour percevoir les signes de sympathie populaire pour des groupes ou des idéologies terroristes, les activités de recrutement de terroristes ou signaler les messages de haine véhiculés par les médias. En portant ces manifestations à l’attention du système des Nations Unies et de la communauté internationale, ils peuvent faciliter des interventions rapides.

104. Troisièmement, il faut renforcer les synergies entre organisations internationales, régionales et sous-régionales. Nous devons consolider et tirer le meilleur parti des arrangements et mécanismes actuels et créer de nouvelles voies de coopération en respectant le principe de confidentialité. L’ONU, notamment l’Office contre la drogue et le crime et la Direction du Comité contre le terrorisme, peuvent jouer un rôle de premier plan dans la création de mécanismes et de centres régionaux de lutte contre le terrorisme. À cet égard, la fluidité de la circulation de l’information est fondamentale et l’échange de conclusions d’analyses et d’évaluations entre tous les acteurs présents dans le pays est prioritaire. Nous devrions nous efforcer d’organiser des visites interinstitutions pour échanger des points de vue et alléger d’autant la charge qui pèse sur les États.

2. Rationaliser les mécanismes d’établissement de rapports

105. Les obligations liées à l’établissement de rapports, excessivement lourdes, posent un problème dans l’ensemble du système comme je l’ai indiqué dans mon récent rapport intitulé « Définition et exécution des mandats : analyse et recommandations aux fins de l’examen des mandats » (A/60/733). En ce qui concerne les rapports liés à la lutte contre le terrorisme, certaines mesures pratiques devraient y remédier en partie.

106. Premièrement, il conviendrait d’évaluer dans quelle mesure c’est le manque de dynamisme, d’intérêt, de volonté ou de capacité qui explique la diminution du nombre de rapports adressés au Conseil de sécurité au titre de la résolution 1267 (1999) et de celles qui lui ont succédé, les résolutions 1373 (2001) et 1540 (2004).

107. Deuxièmement, étant donné que la majorité des États qui n’ont pas fait parvenir leurs rapports aux trois comités sont situés dans certaines régions, les comités devraient rechercher une solution régionale pour sensibiliser ces pays à la question. Le Conseil pourrait, sans déroger au principe de la présentation de rapports individuels par les États, élaborer un mécanisme pour aider et conseiller les États d’une région donnée ou charger un État Membre de le faire.

108. Troisièmement, les comités devraient tout faire pour coordonner les demandes d’information, à la fois entre eux et avec d’autres institutions internationales, afin de s’assurer que les informations ont bien été reçues et d’éviter que des demandes distinctes ne soient adressées pour les mêmes informations. Le document final du Sommet mondial de 2005 encourage le Conseil de sécurité à renforcer les normes des rapports demandés aux États, compte dûment tenu des mandats respectifs de ses organes subsidiaires chargés de la lutte antiterroriste. J’espère que le Conseil examinera les recommandations déjà faites par les groupes d’experts qui appuient ses comités de lutte contre le terrorisme et prendra des mesures à cet égard. En outre, les demandes d’informations devraient être formulées selon l’État requis, et assez espacées pour lui laisser le temps d’appliquer ou d’examiner les législations nationales ou les procédures pertinentes, ce qui éviterait la prolifération de rapports qui apportent peu d’informations nouvelles.

3. Institutionnaliser l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme

109. L’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, qui est rattachée à mon cabinet, est un mécanisme important qui a les moyens d’assurer la coordination et la cohérence d’ensemble de l’action menée par le système des Nations Unies pour lutter contre le terrorisme. Cette équipe a déjà fait la preuve de son efficacité, non seulement en m’aidant à élaborer des recommandations relatives à une stratégie, mais également en facilitant la coopération entre les diverses entités concernées du système; aussi, je compte prendre des mesures pour l’institutionnaliser au Secrétariat. Il faudra à cette fin doter mon cabinet d’une modeste capacité de soutien pour coordonner et développer les activités de l’Équipe, notamment en ce quiconcerne l’application des décisions prises à la suite des délibérations des États Membres sur les recommandations figurant dans le présent document.

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