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Langues et multilinguisme

Sauvegarder les langues en danger

Les langues, avec leurs implications complexes en termes d’identité, de communication, d’intégration sociale, d’éducation et de développement revêtent une importance stratégique pour les peuples et pour la planète. Or, du fait des processus de mondialisation, elles se trouvent de plus en plus menacées ou disparaissent purement et simplement. Lorsque les langues s’éteignent, la diversité culturelle, qui fait la richesse de l’humanité, s’amenuise. Car, avec elles, ce sont aussi des perspectives, des traditions, une mémoire collective et des modes uniques de pensée et d’expression - autant de ressources précieuses pour garantir un avenir meilleur - qui se perdent.

Dans ce contexte, il est urgent d’agir afin de promouvoir le multilinguisme, c’est-à-dire d’encourager l’élaboration de politiques linguistiques régionales et nationales cohérentes qui contribuent à un usage approprié et harmonieux des langues au sein d’une communauté et d’un pays donnés. De telles politiques favorisent l’adoption de mesures permettant à chaque communauté de locuteurs d’utiliser sa langue maternelle dans l’espace public et en privé et donnant aux locuteurs la possibilité d’apprendre et d’utiliser d’autres langues locales, nationales et internationales. Les personnes dont la langue maternelle est une langue nationale ou internationale devraient être incitées à apprendre et utiliser d’autres langues du pays ainsi que d’autres langues régionales et internationales.

Promotion et conservation des langues

La préservation et la défense des langues autochtones est un droit fondamental des peuples. En adoptant la résolution 2000/22 du Conseil économique et social sur l’établissement de l’Instance permanente sur les questions autochtones, organe subsidiaire du Conseil, les Nations Unies et les États Membres se sont engagés à résoudre les problèmes qui se posent aux peuples autochtones, en particulier dans la préservation des langues et des cultures. Par ailleurs, la journée internationale de la langue maternelle est célébrée le 21 février de chaque année afin de promouvoir la diversité linguistique et culturelle et le multilinguisme.

De nombreux organismes des Nations Unies tels que le PNUD, l’UNICEF, le FNUAP, l’UNESCO ou l’OIT ont fait rapport à l’Instance permanente en mai 2006. Il en ressort que de plus en plus de formations en langues autochtones sont organisées sur le terrain, et que de nombreuses publications, visant à faire valoir le droit des populations autochtones, sont produites dans ces langues. Ainsi, les objectifs du Millénaire pour le développement ont été traduits dans plusieurs langues; de même, l’OIT a fait traduire la Convention n° 169 relative aux peuples autochtones et tribaux en plusieurs langues, dont des langues autochtones, et prévoit de traduire aussi divers supports didactiques dans ces langues. Dans le cadre du programme de microfinancement du Fonds pour l’environnement mondial, le PNUD a organisé des formations en langues autochtones, en particulier en Amérique latine.

Il existe encore bien des obstacles à l’utilisation et la protection des langues et des cultures autochtones, comme le souligne le rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme des populations autochtones (A/60/358). Dans ce contexte, l’UNESCO insiste sur la nécessité d’élaborer des programmes scolaires adaptés du point de vue linguistique et culturel, dans lesquels l’histoire, les valeurs, les langues et les traditions orales soient reconnues, respectées et encouragées.

La Division des statistiques du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat travaille étroitement avec l’Instance permanente en vue d’influer les pratiques nationales de recensement pour obtenir des données sur les populations autochtones, notamment sur la pratique et la préservation de leurs langues.

À la fin de 2005, ce département a publié des données sur les groupes nationaux et ethniques sur son site Internet. Le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique utilise la base de données « Ethnologue » en vue de recueillir aussi des données sur la diversité linguistique et le nombre de locuteurs des langues autochtones.

Le rôle de l’Instance permanente sur les questions autochtones est primordial. Elle doit poursuivre ses efforts pour aider ses 16 membres à garantir que les préoccupations autochtones relatives aux langues soient prises en compte de façon plus systématique dans toute la gamme des activités de l’ONU.