Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour
le développement
durable
II. Elimination de la pauvreté 7.La lutte
contre la pauvreté est la principal défi auquel est confronté le monde
d'aujourd'hui et un élément essential du développement durable, en
particulier pour les pays en développement. Bien que ce soit é chaque
pays qu'il incombe au premier chef d'assurer le développement durable et
de lutter contre la pauvreté et qu'on ne puisse jamais trop souligner le
rôle des politiques et des stratégies de développement nationales, il
importe toutefois de prendre des mesures concertées et concrètes pour
réaliser les objectifs ayant trait é la pauvreté convenus sur le plan
international, notamment les objectifs de développement figurant dans
Action 21, les résultats des autres grandes conférences des Nations
Unies et la Déclaration du Millénaire. Il faudra agir a tous les niveaux
afin: a) Réduire de moitié é l'horizon 2015, la proportion de la population
mondiale dont le revenu est inferieur é un dollar par jour et celle des
personnes qui souffrent de la faim, et, au même horizon, réduire de
moitié la proportion des personnes qui n'ont pas accès é l'eau potable;
b) Créer un fonds de solidarité mondial pour éradiquer la pauvreté et
promouvoir le développement humain et le développement social dans les
pays en développement, selon des modalité qu'il appartiendra é l'assemblée
générale de déterminer, tout en soulignant le caractère volontaire des
contributions et la nécessite d'éviter les doubles emplois avec les fonds
existants des Nations Unies et en encourageant la participation du
secteur privé et des citoyens, aux cotés des gouvernements, au financement
des initiatives;
c) Elaborer des programmes nationaux de développement durable et de développement
local et communautaire, lé ou il convient de le faire dans le cadre de
stratégies de réduction de la pauvreté que les pays se sont appropriées,
pour promouvoir le renforcement du pouvoir d'action des pauvres et de
leurs organisations. Ces programmes devront refléter leurs priorités et leur permettre
d'avoir plus facilement accès aux ressources productives et
aux services et institutions publics, en particulier aux terres, aux
ressources en eau, aux possibilités d'emploi, au crédit, é l'éducation et aux
soins de santé.
d) Promouvoir l'égalité d'accès et la pleine participation des femmes, sur
un pied d'égalité avec les hommes, é la prise de décision é tous les niveaux,
en intégrant une perspective sexospécifiques dans toutes les politiques et
stratégies, en éliminant toutes les formes de violence et de
discrimination é l'égard des femmes et en améliorant le statut, l'état de santé et le
bien-être économique des femmes et des filles en leur donnant
pleinement accès, é égalité de chances, aux possibilités économiques, é la terre, au crédit,
é l'éducation et aux services de santé.
e) Elaborer des politiques et des moyens permettant d'améliorer l'accès
des autochtones et des sociétés autochtones aux activités économiques,
et leur assurer davantage de possibilités d'emploi en appliquant la ou
il convient des mesures touchant, par exemple, a la formation, a
l'assistance technique ou aux facilites de crédits. Prendre acte de ce
que la dépendance traditionnelle et directe a l'égard de ressources
renouvelables et des écosystèmes, y compris les récoltes durables,
continue d'être essentielle pour le bien-être culturel, économique et
physique des autochtones et des sociétés autochtones.
f) Fournir des services de santé de base é tous et réduire les risques pour
la santé dus é l'environnement, compte tenu des besoins particuliers des
enfants et des liens qui existent entre la pauvreté la santé et l'environnement,
en apportant des ressources financières, une assistance technique et des
transferts de connaissances aux pays en développement ou en transition;
g) Faire en sorte que les enfants du monde entier, quel que soit leur
sexe, puissent terminer leurs 'études primaires et jouissent de
l'égalité d'accès é tous les niveaux d'éducation;
h) Ouvrir l'accès aux ressources agricoles é ceux qui vivent dans la
pauvreté spécialement aux femmes et aux sociétés autochtones, et promouvoir, lorsqu'il convient de le faire, des dispositifs en
matière de régime
foncier qui reconnaissent et protègent les systèmes de gestion des
ressources autochtones et collectives;
i) Mettre en place des infrastructures rurales de base, diversifier
l'économie
et améliorer pour les pauvres campagnards les transports et l'accès aux marchés,
é l'information sur les marchés et au crédit, afin de favoriser l'agriculture
et le développement rural durables;
j) Transférer aux petits et moyens exploitants, aux pêcheurs et aux
pauvres campagnards, spécialement dans les pays en développement, des
techniques et connaissances de base concernant l'agriculture durable, y
compris dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, en
appliquant, entre autres, des approches faisant appel é de multiples
parties prenantes et des partenariats entre le secteur public et le
secteur privé visant é accroitre la production agricole et la sécurité alimentaire;
k) Améliorer l'approvisionnement alimentaire et en réduire le cout, y
compris grâce é l'adoption de technologies et de techniques de gestion
ayant trait aux récoltes et é la production alimentaire, ainsi que par la
mise en place de systèmes de distribution équitables et efficaces, en
promouvant par exemple des partenariats locaux entre habitants et
entreprises des villes et des campagnes;
l) Combattre la désertification et atténuer les effets de la sécheresse et
des inondations par des mesures telles qu'une meilleure utilisation de
l'information
et des prévisions climatologiques et métrologiques, des systèmes d'alerte
précoce, une meilleure gestion des terres et des ressources naturelles,
des pratiques agricoles et de la conservation des écosystèmes, afin d'inverser
les tendances actuelles et de réduire au minimum la dégradation des sols
et des eaux, y compris en fournissant des ressources financières
adéquates
et prévisibles pour la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies
sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés
par la sécheresse ou la désertification, en particulier en Afrique
7 , ce qui est un des moyens d'éradiquer la pauvreté.
m) Elargir l'accès aux moyens d'assainissement pour améliorer la
santé publique et réduire la mortalité néonatale et infantile, en donnant
é l'adduction d'eau et aux moyens d'assainissement la priorité qui convient
dans les stratégies nationales de développement durable et les stratégies
de réduction de la pauvreté lé ou elles existent.
8. La fourniture d'eau potable salubre et de services adéquats d'assainissement
est nécessaire pour protéger la santé humaine et l'environnement. A cet
égard, nous convenons de réduire de moitié d'ici é 2015, la proportion de
personnes qui n'ont pas accès é l'eau potable ou qui n'ont pas les moyens de
s'en procurer (comme indiqué dans la Déclaration du Millénaire) et la
proportion de personnes qui n'ont pas accès à des services d'assainissement
de base, y compris en agissant à tous les niveaux pour :
a) Mettre au point et mettre en service des systèmes d'assainissement
efficaces pour les logements;
b) Améliorer les équipements sanitaires dans les 'établissements publics,
particulièrement dans les écoles;
c) Promouvoir des pratiques d'hygiène sures;
d) Promouvoir une action éducative et une sensibilisation à l'intention des
enfants, qui sont des agents de changement des comportements;
e) Promouvoir l'emploi de technologies et de pratiques abordables et
socialement et culturellement acceptables;
f) Mettre au point des modes de financement et des partenariats
novateurs;
g) Intégrer l'assainissement dans les stratégies de gestion des ressources
en eau.
9. Agir conjointement et s'efforcer davantage de collaborer à tous les
niveaux pour élargir l'accès des services énergétiques fiables et
abordables pour le développement durable, suffisamment pour faciliter la
réalisation des objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire, y
compris celui qui consiste à réduire de moitié d'ici é2015, la
proportion d'êtres humains vivant dans la pauvreté sachant que l'accès à l'énergie
facilite l'éradication de la pauvreté en permettant la production d'autres
services importants. Il s'agit notamment d'agir à tous les niveaux pour :
a) Améliorer l'accès à des services et ressources énergétiques fiables,
abordables, économiquement viables, socialement acceptables et
respectueux de l'environnement, en tenant compte des spécificités et de
la situation de chaque pays, par divers moyens comme le développement de
l'électrification rurale et la décentralisation des systèmes
énergétiques, l'augmentation de l'utilisation des sources d'énergie
renouvelables et des combustibles liquides et gazeux moins polluants, ou
l'augmentation des rendements énergétiques, en
intensifiant la coopération régionale et internationale à l'appui des
efforts nationaux, y compris par le renforcement des capacités ainsi que
par une assistance financière et technologique et des mécanismes de
financement novateurs, y compris aux niveaux méso et microéconomique, en
tenant compte des éléments particuliers qui interviennent dans la
fourniture de cet accès aux pauvres;
b) Améliorer l'accès aux technologies modernes de la biomasse et aux
sources et aux réserves de bois de chauffage et commercialiser l'exploitation
de la biomasse, y compris l'utilisation des résidus agricoles, dans les
zones rurales et là ou de telles pratiques peuvent être maintenues
durablement;
c) Promouvoir une utilisation durable de la biomasse et, lorsqu'il
convient, d'autres sources d'énergie renouvelables, en améliorant les
modes d'exploitation actuels, gr稍e, par exemple, à une meilleure gestion des
ressources, éune utilisation plus efficace du bois de chauffage et au
lancement de produits et de technologies nouveaux ou améliorés;
d) Soutenir la transition vers une utilisation moins polluante des
combustibles fossiles liquides et gazeux, là ou ils sont considérés
comme plus respectueux de l'environnement, plus acceptables socialement et d'un
meilleur rapport cout-performance;
e) Elaborer dans le domaine de l'énergie, au niveau du pays, des
politiques et des dispositifs réglementaires qui contribueront à créer les
conditions économiques, sociales et institutionnelles nécessaires dans ce
secteur pour améliorer l'accès à des services énergétiques fiables,
abordables, économiquement viables, socialement acceptables et
respectueux de l'environnement, pour le développement durable et l'éradication de la pauvreté dans
les zones rurales, périurbaines et urbaines;
f) Renforcer la coopération internationale et régionale pour améliorer
l'accès à des services énergétiques fiables, abordables, économiquement
viables, socialement acceptables et respectueux de l'environnement, ce
qui fait partie intégrante des programmes de réduction de la pauvreté en
facilitant la création de conditions favorables et en renforçant les
capacités, une attention particulière 'étant accordée, lorsqu'il convient, aux
zones rurales et isolées;
g) Soutenir et faciliter de façon accélérée, avec l'aide financière
et technique des pays développés, y compris grâce à des partenariats entre les
secteurs public et privé l'accès des pauvres à des services énergétiques
fiables, abordables, économiquement viables, socialement acceptables et
respectueux de l'environnement, en tenant compte du rôle décisif que
revêt
l'élaboration de politiques énergétiques nationales favorables au développement
durable, en gardant à l'esprit que les pays en développement ont besoin de
renforcer considérablement leurs services énergétiques pour améliorer
le niveau de vie de leur population et que les services énergétiques ont des
effets favorables du point de vue de l'éradication de la pauvreté et du
relèvement du niveaux de vie.
10. Accroitre la contribution du développement industriel à l'éradication de
la pauvreté et à la gestion durable des ressources naturelles. Il s'agit
notamment d'agir à tous les niveaux pour :
a) Fournir une assistance et mobiliser des ressources pour accroitre la
productivité et la compétitivité industrielles ainsi que le développement
industriel des pays en développement, y compris par le transfert des
technologies respectueuses de l'environnement à des conditions
préférentielles
convenues de part et d'autre;
b) Apporter une assistance pour accroitre les possibilités d'emploi
générateur de revenus, en tenant compte de la Déclaration de l'organisation
internationale du Travail (OIT) relative aux principes et droits
fondamentaux au travail
8;
c) Promouvoir le développement des microentreprises et des petites et
moyennes entreprises, y compris au moyen d'activités de formation, d'éducation
et d'amélioration des compétences techniques, l'accent 'étant mis spécialement
sur l'agro-industrie, qui fournit des moyens d'existence aux populations
rurales;
d) Fournir, lorsqu'il convient de le faire, un appui financier et
technologique aux populations rurales des pays en développement pour leur
permettre de tirer parti des possibilités de gagner leur vie de manière
sure et durable offertes par l'exploitation minière à petite échelle;
e) Aider les pays en développement émettre au point de technologies peu couteuses
et sures permettant de produire ou d'économiser du combustible
pour la cuisine et le chauffage de l'eau;
f) Fournir une aide à la gestion des ressources naturelles pour créer des
moyens d'existence durables pour les pauvres.
11. D'ici é2020, améliorer sensiblement les conditions de vie des 100
millions de personnes, sinon plus, qui vivent dans des taudis, comme
proposé dans l'initiative "Villes sans taudis". Il s'agit
notamment d'agir à tous les niveaux pour :
a) Améliorer l'accès des pauvres en milieu urbain et rural la terre et
à la propriété à un logement adéquat et à des services de base, en
prêtant spécialement
attention aux femmes chefs de famille;
b) Utiliser des matériaux peu couteux et durables et des technologies
appropriées pour la construction de logements adéquats et surs pour les
pauvres, grâce à une assistance financière et technologique fournie
aux pays en développement, en tenant compte de leur culture, de leur climat
et de leurs réalités sociales particulières, ainsi que de leur exposition
aux catastrophes naturelles;
c) Accroitre le nombre d'emplois décents, le crédit et les revenus
disponibles pour les pauvres vivant en milieu urbain, en appliquant des
politiques nationales appropriées, promouvant l'égalité des chances entre
les femmes et les hommes;
d) Supprimer tout obstacle injustifié d'ordre réglementaire ou autre,
rencontré par les microentreprises et le secteur informel;
e) Aider les autorités locales à élaborer des programmes de rénovation des
quartiers de taudis dans le cadre de plans d'aménagement urbain et
faciliter l'accès à l'information sur la législation du logement, en
particulier pour les pauvres.
12. Prendre des mesures immédiates et efficaces pour éliminer les pires
formes de travail des enfants telles que définies par l'organisation
internationale du Travail dans sa convention No 182, et élaborer et
mettre en œuvre des stratégies pour l'élimination des formes de travail
des enfants qui sont contraires aux normes internationalement acceptées.
13. Promouvoir la coopération internationale visant à aider les
pays en développement, s'ils le demandent, à lutter contre le travail des enfants
et ses causes profondes, en ayant recours, entre autres moyens, à des
politiques économiques et sociales axées sur l'état de pauvreté tout en
soulignant que les normes relatives au travail ne doivent pas être
invoquées à des fins protectionnistes.
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7. Recueil des Traités de
l'Organisation des Nations Unies, vol. 1954, No 33480.
8. Voir OIT, Déclaration sur les
principes fondamentaux et les droits sur le lieu de travail, adoptée par
la Conférence international du Travail à sa quatre-vingt-sixième session,
Genève, 16 juin 1998 (Genève, Bureau international du Travail, 1998).
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