« L’humilité doit être au cœur de tout ce que nous faisons », déclare Edem Wosornu, directrice de la Division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), dans cette interview.
Vous avez été en première ligne face à de nombreuses crises au cours de votre mandat à l'OCHA. Quel a été le plus grand défi d'accès auquel vous avez été confronté ?
L'accès humanitaire est au cœur de toutes nos actions. De Gaza au Soudan, nous sommes quotidiennement confrontés à des défis d'accès : obstacles administratifs et bureaucratiques, blocages physiques et retards, autant de facteurs qui créent un cercle vicieux de négociations et de compromis.
Durant mon mandat à la tête d’OCHA Somalie, avec DSS et d’autres partenaires, nous avons mené des missions sur le terrain pour étendre la présence humanitaire à travers le pays.
Certaines zones étaient devenues isolées en raison de la présence d'Al Shabaab et d'autres groupes armés. Nous ignorions ce que nous allions trouver, et les risques étaient réels. Mais finalement, ces missions nous ont permis d'ouvrir de nouvelles voies d'aide.
En tant que personnels d'OCHA, nous avons pris l'initiative de permettre à nos partenaires humanitaires de suivre le mouvement.
L'accès humanitaire n'est pas seulement un processus ; il fait partie intégrante de notre identité. Le leadership d'OCHA, que ce soit sur le terrain ou au siège, est essentiel pour diriger et défendre le système humanitaire.
L'accès est au cœur de la mission d'OCHA. Quelle est notre valeur ajoutée et quels sont, selon vous, les points à améliorer ?
Nos atouts résident dans notre neutralité et dans nos rapports factuels et fondés sur des données. Nous n'agissons pas par intérêt personnel ; nous sommes un catalyseur et un défenseur du système humanitaire.
En collaboration avec les autorités d'accueil, nous devons veiller à appliquer des normes similaires dans tous les contextes et garder à l'esprit que l'impact de notre plaidoyer et de nos actions dépasse largement les frontières nationales.
Nous devons écouter et responsabiliser nos partenaires locaux et nationaux dans nos démarches d'accès, et non pas simplement parler en leur nom. L'humilité est essentielle. Et nous devons continuer à placer les personnes au cœur de nos stratégies et démarches d'accès.
La réinitialisation humanitaire (Humanitarian Reset) nous incite à repenser en profondeur notre mode de fonctionnement. Quelle est la place de l'accès dans ce programme plus vaste ?
Le « Reset » nous invite à affiner notre identité en tant qu'OCHA. L'accès est au cœur de cette démarche.
Dans un monde où le respect du droit international humanitaire s'érode et où les attaques contre les travailleurs humanitaires se multiplient, il est plus crucial que jamais de disposer d'un opérateur neutre agissant au nom de toutes les organisations humanitaires et défendant leurs intérêts. C'est là que nous intervenons.
Notre ressource la plus précieuse est notre personnel. En cette période de forte raréfaction des ressources, il est plus crucial que jamais de partager nos connaissances à travers nos opérations tout en investissant dans notre engagement auprès des communautés et en veillant à ce que leurs voix soient entendues.
Nous devons revoir nos relations avec les autorités d'accueil, tant pour ce qui est de notre séjour que de la préparation de notre départ.