Parlez-nous de votre carrière aux Nations Unies
J'ai rejoint l'OCHA en mai 2010, mais je travaille à l'ONU depuis plus de 20 ans. J'ai débuté ma carrière au sein de ce qui s'appelait alors PMSS, où j'ai supervisé les missions sur le terrain du DOMP, notamment au Soudan et aux premiers jours de la crise du Darfour. J'ai ensuite rejoint le Bureau exécutif du DOMP, puis les ressources humaines d'OCHA.
J'ai toujours travaillé dans les ressources humaines, même si mon parcours professionnel à l'ONU n'était pas planifié ; il a simplement évolué au fil du temps. Avant de rejoindre l'ONU, j'ai travaillé dans le secteur privé, après avoir obtenu un diplôme en éducation et en psychologie. Ma passion a toujours été d'aider et de travailler avec les autres.
J'étais également passionnée par le secteur humanitaire, et pour moi, obtenir un poste à OCHA était un rêve devenu réalité.
OCHA était tellement différent à l'époque ! Les choses étaient un peu déstructurées, comme dans le Far West. En tant que responsable de l'organisation, notre mission collective consistait donc à aider l'organisation à standardiser ses processus internes, notamment les modèles et la communication avec le personnel, ce qui a considérablement amélioré nos opérations.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie de famille ?
Cela peut être difficile, mais pour moi, la pandémie a été un véritable défi. Ma fille Emma, aujourd'hui âgée de 10 ans, a reçu un diagnostic de maladie auto-immune. Ce diagnostic, ajouté à la difficulté de gérer l'école en ligne, a rendu les choses encore plus difficiles. Et au milieu de tout cela, je suis moi-même tombée malade, à cause du virus et du stress, ce qui a entraîné des conséquences désastreuses.
Et ce, à un moment crucial pour l'organisation, alors que nous traversions une période difficile, avec des pénuries de financement, des contrats arrivant à échéance au moment le plus difficile, et tant de collègues prêts à nous aider autant que possible.
ONU80 pourrait entraîner des changements importants pour notre équipe administrative. Qu'en pensez-vous ?
Avec l'examen à venir de l'ONU 80, des changements importants semblent imminents, notamment dans les ressources humaines et, plus largement, dans nos tâches administratives. La décentralisation de ces fonctions fait l'objet de discussions croissantes, ce qui suscite de vives inquiétudes quant aux pertes d'emplois potentielles, notamment pour les agents des services généraux comme moi. Après 20 ans de service dévoué, la perspective de perdre mon emploi sans avoir encore droit à une pension est profondément inquiétante.
Mais cela va au-delà de la sécurité de l'emploi. Ce qui m'inquiète, c'est que le système se précipite dans des changements structurels sans comprendre clairement comment ils se traduiront concrètement par un meilleur impact pour les personnes que nous servons.
L'ONU doit évoluer, c'est certain, mais une réforme significative nécessite à la fois des ressources adéquates et le soutien total des États membres. Sans cela, nous risquons de répéter les mêmes erreurs du passé.