Amani Abdelghani, du bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Yémen, nous explique comment fonctionne le Système de notification humanitaire (Humanitarian Notification System ou NHS), pourquoi c’est un outil crucial pour la livraison de l’assistance humanitaire, et comment elle reste motivée en cette période difficile.

Qu’est-ce-que le Système de notification humanitaire et pourquoi est-ce crucial dans votre travail ?

Le Système de notification humanitaire est un mécanisme qui informe les parties prenantes à un conflit armé de la localisation d’une certaine catégorie d’installations et de mouvements qui doivent être protégés selon le droit humanitaire international.

Typiquement, le processus de notifications implique trois étapes :

  1. Une organisation humanitaires fournit des coordonnées GPS et une description de l’installation ou du mouvement d’un convoi humanitaire ;
  2. OCHA partage ces informations avec les points focaux désignés des parties prenantes au conflit ;
  3. La ou les parties confirment – ou devraient confirmer – réception de la notification.

Comment est géré le HNS au Yémen ?

Je dirige l’équipe de de notification et de liaison (NLT), créée en 2015, sous la supervision du chef de l’accès humanitaire et de la coordination civilo-militaire. Nous sommes une équipe de trois personnes, trois femmes, pleines d’énergie et très motivées.

Mon équipe maintient le mécanisme de notification pour la communauté humanitaire au Yémen.

Le travail est intense. Il implique de gérer des communications très sensibles avec les autorités, au nom de la communauté humanitaire, et bien sûr avec nos partenaires, leurs points focaux et notre haute direction.

Le travail est très stressant et imprévisible, mais je n’arrête pas de me rappeler que j’ai choisi cette carrière.

Je suis originaire du Liban. Je sais ce que signifie être en guerre. C’est pourquoi soulager les souffrances des gens signifie tout pour moi, plus que la reconnaissance personnelle, plus que la réussite professionnelle.

Je suis particulièrement fier de mon équipe. Nous sommes une unité forte et indépendante. Nous travaillons par équipes, nous nous relayons 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pendant une semaine, et pendant cette semaine, les deux autres membres de l'équipe s'occupent du travail quotidien.

Ceci, combiné à une forte collaboration et à une communication ouverte, contribue à maintenir une dynamique positive et saine.

Est-ce difficile pour une femme de s’intégrer dans ce domaine professionnel ?

Pour faire court, oui. Mais c’est faisable. Les femmes sont résilientes. Chaque jour, nous sommes nombreuses à nous lever, à aller travailler, à rentrer chez nous et à prendre soin de notre famille, ce qui est une autre tâche en soi.

Je suis maman de deux enfants, je sais à quel point cela peut être difficile. Mais je suis fière de qui je suis aujourd'hui. Au fil du temps, j'ai appris à être une professionnelle, une maman, mais aussi à prendre soin de moi et à demander de l'aide à ma famille lorsque j'en ai besoin.

Et oui, il est tout à fait normal de demander de l'aide – à son partenaire, à ses collègues, à ses amis. Il est tout à fait normal d'admettre que nous avons besoin de temps pour nous-mêmes, ou simplement d'un coup de main.

Mais en tant que femmes, nous avons aussi l’obligation de nous soutenir mutuellement. Une certaine compétition peut être saine : elle nous pousse à devenir la meilleure version de nous-mêmes. Mais elle ne doit jamais se transformer en comparaison malsaine ou en quête de validation, sinon nous ne pourrions pas nous soutenir mutuellement.