Les ministres africains des finances appellent à un FMI "adapté au XXIe siècle"

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Les ministres africains des finances appellent à un FMI "adapté au XXIe siècle"

Ils réclament un renforcement du modèle opérationnel, des instruments de prêt et de la structure de gouvernance afin de pouvoir faire face plus efficacement aux chocs mondiaux tels que la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine et la crise climatique
Afrique Renouveau: 
10 Avril 2023
Par: 

Les ministres africains des finances, de la planification et du développement économique ont appelé à des réformes visant à renforcer le modèle opérationnel, les instruments de prêt et la structure de gouvernance du Fonds monétaire international afin de faire face plus efficacement aux chocs exogènes mondiaux tels que la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine et la crise climatique en cours.

L'appel aux réformes a été lancé lors d'une réunion du Groupe de travail africain de haut niveau sur l'architecture financière mondiale, en marge des réunions de printemps 2023 du Groupe de la Banque mondiale (GBM) et du Fonds monétaire international (FMI), qui se sont tenues à Washington, DC.



Coordonné par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), le Groupe de travail de haut niveau comprend les ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique, l'Union africaine, la Banque africaine de développement, la CEA et Afreximbank, et la Banque mondiale, et inclut la participation du personnel et des administrateurs du FMI. 



Le groupe sert de forum pour élaborer des propositions de réforme de l'architecture financière mondiale et renforcer la voix de l'Afrique sur la scène internationale.



Mme Hanan Morsy, secrétaire exécutive adjointe et économiste en chef de la CEA, a souligné la nécessité de défendre "des demandes concrètes et réalisables qui peuvent être mises en œuvre rapidement, tout en mettant en évidence les déséquilibres structurels qui nécessitent une approche de réforme à plus long terme".



Garantir la disponibilité des prêts



Les ministres se sont déclarés profondément préoccupés par l'insuffisance des ressources du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) du FMI, qui accorde des prêts concessionnels aux pays à faible revenu. Ils ont appelé à une action immédiate pour augmenter les promesses de financement du PRGT afin d'assurer sa viabilité à long terme. 



En outre, des appels ont été lancés pour mettre fin au remboursement des coûts administratifs du PRGT et pour vendre une partie des réserves d'or du FMI à moyen terme afin d'accroître la disponibilité des financements.



Les ministres ont insisté sur la nécessité de réexaminer les limites d'accès au fur et à mesure de la disponibilité des ressources. Plus précisément, ils ont demandé que la limite d'accès annuelle du PRGT soit portée à 200 % de la quote-part et que la limite d'accès cumulée soit portée à 600 % de la quote-part, conformément aux augmentations des limites d'accès au compte des ressources générales (CRG) qui ont été décidées récemment.



Le groupe a également pris note de la forte utilisation des facilités de prêt d'urgence du FMI - la facilité de crédit rapide (FCR) et l'instrument de financement rapide (IFR) - par les pays réagissant à la pandémie de COVID-19. 



Le doublement temporaire des limites d'accès annuelles à ces facilités, d'avril 2020 à décembre 2021, a permis de débloquer d'importantes liquidités. 



Dans le contexte de la polycrise actuelle, les ministres ont exhorté le FMI à relever les limites d'accès annuelles du FCR et de l'IFR de 50 % à 100 % de la quote-part, tout en maintenant les limites d'accès cumulatives plus élevées à 150 % de la quote-part au moins jusqu'à la fin de 2024.



Améliorer les conditions de prêt  



Compte tenu des importants besoins d'investissement à long terme des pays pour atteindre les ODD et lutter contre le changement climatique, il est nécessaire d'accorder des prêts à faible taux d'intérêt et à longue échéance. 



Le groupe a reconnu l'importance du Fonds fiduciaire pour la résilience et la viabilité du FMI comme moyen de fournir des financements à long terme. 



Toutefois, les hausses des taux d'intérêt dans le monde ont entraîné une augmentation du taux d'intérêt du DTS, ce qui se traduit par des charges d'intérêt plus élevées sur les prêts du FMI accessibles par l'intermédiaire du RST. 



Le groupe a demandé le plafonnement du taux d'intérêt du DTS dans le cadre du RST, en particulier pour les pays à faible revenu, et la mobilisation de ressources supplémentaires pour le RST.



Le groupe a également fait part de ses préoccupations concernant les surcharges du FMI, qui sont des paiements d'intérêts supplémentaires dus sur d'importants prêts non remboursés de la GRA. 



Un certain nombre de pays africains doivent s'acquitter de ces surcharges alors qu'ils sont confrontés à des conditions économiques difficiles dans un contexte de chocs mondiaux. 



Dans ce contexte, les ministres ont appelé à la suspension ou à l'annulation des surcharges pendant deux ou trois ans.



Remédier aux déséquilibres systémiques



Les ministres ont souligné l'importance de remédier aux déséquilibres des quotes-parts. Ils ont noté que la formule actuelle des quotes-parts du FMI se traduit par une sous-attribution des quotes-parts aux pays à revenu faible ou intermédiaire, ce qui réduit leur représentation dans la prise de décision et affaiblit l'efficacité du système des DTS. 



Par exemple, malgré une population de plus de 1,4 milliard d'habitants, la quote-part de l'Afrique est inférieure à celle de l'Allemagne, qui ne compte que 83 millions d'habitants. 



Les ministres ont appelé à une réforme de la formule de calcul des quotes-parts, notamment en réduisant le poids accordé aux catégories actuelles de la formule, à savoir l'"ouverture" et les "réserves", et en incluant une nouvelle catégorie qui tienne compte de l'"exposition" ou de la "vulnérabilité". 



La révision des quotes-parts du FMI en 2023 est l'occasion de remédier à ces déséquilibres.



Les ministres ont également exhorté le FMI à développer ses activités de plaidoyer et d'élaboration de politiques sur les déséquilibres mondiaux, notamment en préconisant des ajustements de politiques dans les pays dont la balance des paiements courants est excédentaire et en renforçant les orientations en matière de gestion des flux de capitaux et de mesures macroprudentielles pour les pays déficitaires. 



Pour freiner les échanges transfrontaliers improductifs, il serait utile de procéder à une analyse plus approfondie de l'application potentielle d'une taxe d'accès au marché, d'une taxe Tobin ou d'autres remèdes fiscaux.

Un appel à l'action

Les ministres ont souligné l'importance de faire de 2023 une année d'action, en insistant sur le fait que de nombreuses bonnes idées existent, mais qu'elles doivent être mises en œuvre. 

Ils ont mis l'accent sur les événements à venir, notamment le sommet pour un nouveau pacte financier mondial en juin, le sommet sur l'action climatique, le sommet sur l'ambition climatique et le sommet sur les ODD en septembre, qui constituent des occasions cruciales de promouvoir collectivement le changement et de construire un avenir durable et prospère pour l'Afrique et le monde.